so, we meet again.

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Je tente de trouver une solution, quelque chose qui pourrait expliquer tout ce bordel. Parce que oui, clairement, y'a quelque chose qui ne va pas du tout. Déjà qu'on me pique mon identité, oui ça me gonfle et pas qu'un peu. Mais en plus, on s'en ai pris à Jordan. Et même si ça fait quelques années qu'on ne s'est pas vues, je tiens toujours à elle. Et imaginer qu'on puisse vouloir lui faire du mal ça me met hors de moi. Enfin, peut être que la légère jalousie qui pointe le bout de son nez n'est pas anodine au fait que je me sente un peu tendue pour le moment. J'aimerai pouvoir effacer tout ça et repartir de zéro mais ce n'est clairement pas possible. La gêne finira surement par passer enfin je l'espère. " Et moi je viens d'arriver et même si je peux être chiante parfois, je ne pense pas avoir énervé quelqu'un suffisamment pour ça. " Je tente de détendre l'atmosphère comme je peux. Ce n'est pas facile mais là, j'ai envie de parler d'autre chose. Enfin, de quelque chose qui me trotte dans la tête depuis quelques minutes. C'est pas facile à mettre sur le tapis mais j'ai besoin de réponses. Ou peut être que je suis juste curieuse. Elle fronce les sourcils. J'espère qu'elle ne m'enverra pas sur les roses. Elle n'en sait rien qu'elle me dit. Puis elle détourne le regard. Et merde, si je la mets mal à l'aise on n'est pas rendues. Elle dit qu'elle s'attendait à tout sauf à ça. " Oui c'est sur. " Je rigole légèrement aussi. C'est vrai qu'on aurait pu s'attendre à tout comme retrouvailles, sauf à ce cas de figure. On avait fait plus simple. Je me mets à rougir lorsqu'elle parle de sous entendus. Oui j'en ai vu passer quelques uns et pas des plus subtiles. Alors forcément, même si ce n'était pas moi de base, ça arrive à me faire quelque chose. " T'as pas à te sentir conne ! Tu ne savais pas. " Je souffle avant de poursuivre même si ma voix a perdu quelques décibels. " Et puis ça aurait tout à fait pu être réellement moi. " Faut bien l'avouer, Jordan c'est Jordan. Et même si on n'a jamais su mettre de mots sur notre relation, c'était quelque chose de vraiment agréable. Elle finit par changer de sujet ce qui n'est peut être pas plus mal après tout. Enfin, si on pouvait essuyer tout ça et recommencer, ce serait bien. " Pour les deux en fait, on m'a engagé dans une galerie à Brooklyn. J'ai débarqué y'a quelques semaines maintenant et puis je compte bien y rester. " Je souris même si je sens le léger malaise. Celui là pour le faire disparaitre il faudrait du temps je pense. " Et toi alors tu fais quoi par ici ? Ca fait longtemps que tu es à New York ? " Le serveur va en avoir marre de moi mais je relève le bras pour commander un mojito. J'allais finir bourrer mais la situation actuelle s'y prêtait tout de même.

« Et moi je viens d'arriver et même si je peux être chiante parfois, je ne pense pas avoir énervé quelqu'un suffisamment pour ça. » Alors elle n’a pas changé, elle a toujours eu ce petit côté chiante et précieuse, que j’ai toujours adoré soit dit en passant. De toute manière, même quand elle m’énervait, elle me donnait envie de l’embrasser. Alors là faut dire que la retrouver dans ces conditions, c’est plutôt étrange, et frustrant aussi. Moi qui pensait que nos retrouvailles seraient plus… enfin moins… enfin pas pareilles quoi. Merde. Je perds le fil de mes pensées, elle me perturbe beaucoup plus qu’elle ne le devrait. Et puis finalement, vient le questionnement légitime, mais qui me met plus mal à l’aise qu’autre chose. Merde alors, je vais vraiment lui dire un truc pareil ? Mes pensées divaguent, j’imagine ce qu’auraient pu être nos retrouvailles si elle avait été la Eden avec qui je discute depuis des semaines. Je vais péter un plomb je crois. Je me sens mal, ma tête tourne, et je commande un nouveau verre. J’ai envie de vomir, y’a qu’elle pour me mettre dans des états pareils. « T'as pas à te sentir conne ! Tu ne savais pas. » Bien sûr que non je savais pas, et si j’avais su, crois moi que ça se serait passé autrement. « Et puis ça aurait tout à fait pu être réellement moi. » Je tourne vivement la tête vers elle pour tenter de comprendre le sous-entendu qu’elle vient de lâcher. Mais c’est sans doute moi qui débloque et qui voit des signes où il n’y en a pas. Putain mais quelle conne ! Jordan ressaisis toi putain ! Un fantôme du passé qui ressurgit et je suis plus moi même ! Où est passée la fille assurée, qui rit de tout et qui se fout des préjugés. Faut croire qu’Eden a plus d’influence sur moi et sur mon coeur que je ne voudrais le penser. C’est pas bon signe. Je m’efforce alors de changer de sujet, c’est mieux pour tout le monde. Nos nouvelles commandes arrivent et je tente au mieux de ne pas la regarder dans les yeux trop longtemps. Elle m’avoue qu’elle vient pour bosser et pour vivre, et qu’elle compte rester. C’est pas bon pour moi ça. Et je crois que ma tête lui fait aisément comprendre, même si son interprétation doit être erronée. J’ai juste peur pour moi, de la savoir dans le coin. Juste la revoir me perturbe alors la savoir habiter dans la même ville que moi à nouveau, je vais devenir dingue. « Et toi alors tu fais quoi par ici ? Ca fait longtemps que tu es à New York ? » Je me mords la joue alors que nos consos arrivent et je me jette sur mon cocktail pour en boire quelques gorgées. Ma tête tourne déjà, je suis pas sortie de l’auberge. « Ça va faire deux ans que j’suis là, j’ai bougé pas mal depuis que j’ai quitté L.A. j’avais besoin d’air. Et puis je suis tombée amoureuse de New York, j’ai acheté un appart immense que je partage avec 5 énergumènes hauts en couleurs. Et je bosse pas vraiment, enfin je dépanne quelques ordis de temps à autre, je crée des applications que je vends sous un pseudo, rien de bien follichon. » Je hausse les épaules et bois à nouveau, j’ai jamais été ce genre de personne à se réfugier dans l’alcool, mais ce soir, c’est visiblement mon seul allié. « Et du coup, tu bosses dans quoi ? » J’ai besoin de parler de tout et de rien, comme deux vieilles amies qui se retrouvent, mais je ne parviens pas à être aussi naturelle que je l’aurais été si je n’avais pas discuté avec cette fausse Eden entre temps.

so, we meet again.

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Je ne sais pas laquelle de nous deux finirait la première par rouler sous la table. Il faut dire qu'on enchaîne plutôt facilement les verres là. La situation s'y prête mais bon, faut que je pense à sortir mon aspirine des cartons avant de me coucher. Demain, le réveil sera très compliqué à n'en pas douter. Mais pour le moment, pour survivre à cette soirée, l'alcool est nécessaire. Je ne sais pas pourquoi je lui avoue que cet échange aurait pu venir de moi. Ca me met mal à l'aise et ça la met mal à l'aise également. Ca se voit, rien qu'à la virulence qu'elle met à tourner la tête vers moi. Oui, c'est vraiment une connerie de lui avoir dit ça. Je sais qu'il faut que j'apprenne à tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler et voilà encore la preuve qu'il faut vraiment que je m'y tienne. Forcément mes joues rougirent légèrement face à ça. Je ne pouvais pas lui dire ça non plus. Ce n'était pas avec moi qu'elle avait parlé, ce n'était pas moi qui lui plaisait. C'était juste cette nana avec qui elle parlait. Enfin, il fallait qu'on change de sujet, là ça n'allait plus. Et de l'alcool. Il me faut de l'alcool. Toujours un peu plus pour noyer le désespoir et la gêne. Elle se jette sur son cocktail lorsqu'il arrive et je fais la même chose. Je n'ai même plus soif mais ça devient vital. Je continue de siroter mon verre en écoutant sa réponse. " Cinq colocataires. Ah oui ça fait du monde ! " En effet, moi qui ai besoin de mon intimité, jamais je ne pourrais vivre avec autant de monde. Elle a tout mon respect sur ce sujet. Et puis elle me parle de son travail. De ce qu'elle fait. Ca ne m'étonnes pas vraiment mais bon ce n'est pas banal. " Oh, quelles applications ? Peut être que j'en connais ? " Je souris pour lui tenter de lui montrer ma bonne foi. Elle me retourne la question, me demande ce que moi je fais. " Je travaille dans une galerie d'art. Enfin on expose que des photographies. Pas les miennes, du moins pas encore. Même si je sais pas si elles mériteraient d'être exposées. " J'ai toujours du mal à accepter mon travail. A savoir si ce que je faisais était bien ou pas. Mais c'est normal, on est toujours critique avec ce qu'on fait. Je reprends une gorgée mais me stoppe prise d'un léger vertige. " J'crois que je commence à être bourrée. " Je lâche ça assez sérieusement avant d'éclater de rire. Oui vraiment, j'ai trop bu. " J'ai plus la même résistance qu'à l'époque je crois. " Ah ça oui, j'ai vieilli en fait. Et ça se ressent dans ces moments là.

Nous voilà parties à boire, et à nous raconter des banalités. Parler de la pluie et du beau temps serait sans doute le même genre de chose. Futile. Mais nous en avons visiblement besoin, pour apaiser un peu les tensions qui se sont crées à cause de cette personne qui nous a dupées, ou plutôt moi, en usurpant son identité. « Cinq colocataires. Ah oui ça fait du monde ! » Je souris et hoche la tête en pensant à mes acolytes, cette colocation est une vraie bénédiction, surtout pour moi qui déteste être seule. J’ai mon chien aussi, ça aide. Je lui raconte du coup un peu ce que je fais pour m’occuper, pour répondre à sa question, même si je ne suis pas très enthousiaste. Un jour peut-être je trouverai ce qui me passionne vraiment. « Oh, quelles applications ? Peut être que j'en connais ? » Son sourire me fait comprendre qu’elle veut s’intéresser à ce que je fais, même si je ne suis pas dupe. Elle veut juste apaiser les tensions, et je n’ai pas à lui en vouloir de ça. « J’ai créé un jeu qui a pas mal marché, mais je doute que tu joues beaucoup. Sinon j’ai fait une application qui scanne les documents, une application de retouches photos et un thermomètre. Celui là c’est celui qui m’a pris le moins de temps et qui a le mieux marché. » Je hausse les épaules en souriant, les gens sont cons quand même. Tu vas sur la météo t’as la même chose, un thermomètre ça sert à rien. A moi de poser les questions et d’en savoir plus sur la vraie Eden. « Je travaille dans une galerie d'art. Enfin on expose que des photographies. Pas les miennes, du moins pas encore. Même si je sais pas si elles mériteraient d'être exposées. » Je souris, cette fois de manière plus vraie. Eden a toujours aimé la photo, que je me souvienne. Souvent je râlais quand elle me prenait en photo, et parfois je me prenais au jeu. La plupart des photos que j’ai de moi de l’époque où on se côtoyait, c’est elle qui les prenait. « Génial, tu as réalisé une partie de ton rêve alors. Je suis sûre que tes photos mériteraient d’être vues par plus de monde. » Ce n’est pas un compliment pour faire plaisir, c’est un vrai compliment, sincère, honnête.

Eden reprend une gorgée de son cocktail mais s’arrête et je sens que quelque chose ne va pas. Je fronce les sourcils en ne la lâchant pas des yeux. « J'crois que je commence à être bourrée. » Et elle rit. Je tiens beaucoup mieux à l’alcool qu’elle, ça a toujours été, même si avant il lui en fallait plus que ça. « J'ai plus la même résistance qu'à l'époque je crois. » Ça pourrait me faire rire, mais elle m’inquiète plus qu’autre chose. « Je vais te raccompagner, j’ai pas envie que tu rentres seule. » Non, ce n’est pas une manière détournée de m’inviter chez elle, je m’inquiète vraiment, c’est plus fort que moi. Je me bats un peu avec elle pour payer nos consommations et finalement je la laisse faire, en profitant pour commander un uber via mon application sur mon téléphone. Au moins, ça sera débité sur ma carte. « Allez viens Cendrillon, c’est l’heure de rentrer. » Je glisse ma main sous son bras pour venir encercler sa taille et la soutenir. Elle tient debout, mais j’ai pas envie qu’elle perde l’équilibre vu le vertige qu’elle vient de se taper. « Depuis combien de temps t’as pas bu comme ça hein ? » Je lui souris, la taquinant un peu, et nous sortons du bar pour prendre un peu l’air. Le chauffeur privé arrive rapidement et je lui ouvre la porte pour qu’elle s’engouffre à l’intérieur. J’hésite à monter avec elle, ne voulant pas lui faire croire que je veux la raccompagner jusque chez elle. Alors comme un gentleman, je me penche pour la regarder. « Ça va aller ? »

so, we meet again.

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Cinq colocataires... Ca m'impressionne mais quand on y pense, ça parait tout à fait normal pour Jordan. Je ne sais pas pourquoi mais ça ne me choque pas. Voir pas du tout. En y réfléchissant, j'imagine assez mal Jordan vivant dans un appartement avec vu sur Central Park, bien grand, lumineux, luxueux et propre à en manger par terre. J'dis pas qu'elle a des soucis avec la propreté ou une autre connerie mais elle est tellement naturelle et pas prise de tête que ça ne colle pas. Enfin, de ce que je m'en souviens. Elle aussi elle a quelques a priori sur moi vu ce qu'elle me dit concernant ses applications. " Qui te dis que je ne joue pas sur mon téléphone ? " Je prends un air légèrement outré avant d'éclater de rire. " Bon d'accord... Je tente mais je suis tellement nulle que j'abandonne bien vite. Par contre pour scanner des documents ou les retouches photos là tu m'intéresses ! Enfin... oui l'application et euh oui. " Tourner sept fois sa langue dans sa bouche putain !!! Forcément je me mets à rougir. Non, mais quelle idiote. J'arrive à m'emmêler les pinceaux et à bafouiller comme une ado. Encore. Elle est belle l'image de la nana sure d'elle, fière de ce qu'elle est et surtout forte. Enfin avec tout ce que j'ai bu, je pense avoir perdu de ma superbe il y a un bon moment de cela. Elle me sourit lorsque je lui parle de mon métier. Jordan connait mon amour pour la photographie et même, elle en a fait les frais. J'ai encore quelques clichés d'elle d'ailleurs. Bien rangés quelque part, je sais où ils sont. Jamais j'aurai pu m'en séparer. Même s'il y avait des choses de ma vie de Los Angeles que j'aurai bien laissé de côté, pas elle. Enfin, de toute façon j'ai beaucoup trop bu pour réfléchir pour le moment. Mon cerveau flotte dans de la vodka a l'heure qu'il est. Je le lui avoue simplement. Je ne vois pas pourquoi je lui cacherai ça, elle a du le remarquer que je n'étais pas dans mon état normal de toute façon. Mes yeux doivent surement briller et je ris comme une parfaite idiote. C'est peut être ça qui l'a décidé à me raccompagner. Je ne sais pas si à ce moment là j'ai réellement compris ce que je faisais d'ailleurs. Parce que j'accepte sans rechigner. Je râle juste pour payer les consos de ce soir, parce que ça, c'est à moi de le faire. J'ai l'impression que c'est de ma faute si on a autant vu alors c'est normal. Je la vois pianoter sur ton téléphone et je ne peux m'empêcher de grimacer. Parce que je l'imagine parler à l'autre moi et ça ne me plait pas beaucoup ça. Enfin, elle revient bien vite à moi ce qui balaye cette idée de ma tête. Surtout lorsque je sens son bras m'encercler. J'avoue que j'en profite peut être un peu pour me coller à elle. Ou peut être que je n'ai plus aucun équilibre. Enfin, c'est en titubant qu'on se déplace. " Oui mon prince, je te suis. " Je rigole, comme une gamine, ma main s'agrippant à celle qu'elle a posé sur mon corps. " Quand j'ai bu pour oublier que l'autre m'avait trompé je crois. " Légère grimace qui se pose sur mon visage bien vite balayée par l'air plus frais lorsqu'on arrive dehors. Une voiture se pose face à nous et elle m'aide à y monter. C'est bizarre, ça ne ressemble pas du tout à un taxi ça. Ils sont jaunes normalement non ? Enfin, elle se penche pour me demander si ça va aller. Rentrer chez moi. Oula, ça va être compliqué. Je lui attrape la main et la fais grimper à l'intérieur du véhicule. " Faut que tu me dises où j'habite. " J'ai un air sérieux sur le visage avant de me rendre compte qu'elle n'en sait surement rien elle non plus. " Attends ! " J'attrape mon sac et sors un bout de papier, là où j'ai noté mon adresse. Faut dire que vivre sur une péniche c'est assez spécial alors les gens ne la trouve pas souvent. Je lui tends le papier pour qu'elle indique au chauffeur où nous déposer avant de me laisser tomber sur elle. Ma tête repose sur son épaule alors que je joue avec sa main. " Je pense que ma péniche va beaucoup tanguer ce soir. " Même si l'eau est calme, c'est dans ma tête qu'il y a une tempête. Je somnole presque le temps du trajet, si bien que j'ai l'impression qu'on est arrivées en moins de deux minutes. " Ah ! c'est chez moi ! " Je parle un peu fort peut être et surtout je me redresse rapidement. Mais je sors bien vite de la voiture, salue le chauffeur et tire la blonde avec moi. " Tu veux visiter ? " En fait, je ne lui laisse pas vraiment le choix. Y'a encore quelques cartons qui traînent, mais dans l'idée, je suis déjà bien installée. Je galère un peu à ouvrir la porte mais je finis par y arriver. J'allume la lumière et la laisse passer avant de fermer derrière elle. "J'te présente mon chez moi ! " Je suis fière d'habiter ici, c'est étrange et je ne sais même pas si ça me ressemble. En tout cas, ça étonne tout le monde. " J'te propose un truc à boire où t'as assez bu pour ce soir ? " Moi j'ai soif, mais je sais pas de quoi. Alors je me plante face au frigo bien rempli et attends que la réponse ne se dévoile d'elle même.

Eden a bu. Beaucoup. Trop. enfin trop vite en tout cas, et si je tiens plutôt bien à l’alcool, ça n’a pas l’air d’être son cas. Dans mes souvenirs, elle me suivait plutôt pas mal, et c’était d’ailleurs dans ce genre de cas qu’on finissait la nuit ensemble. Mais je préfère ne pas repenser à ça au risque de dérailler complètement. Si la Eden de Matchmaker aurait été franchement open pour qu’on retente un truc dans le genre, la vraie Eden près de moi n’est pas cette même personne, il faut donc que j’arrête de penser à ça au risque de me prendre une taule monumentale. Je décide alors de ramener la blonde chez elle, ça vaudra mieux pour tout le monde. Après avoir commandé un Uber, je prends la jeune femme sous mon aile, la soutenant pour avancer et ne pas qu’elle se casse un truc, surtout avec ses échasses. « Oui mon prince, je te suis. » Je ne peux m’empêcher de rire à ses bêtises, elle est quand même sacrément éméchée. Je lui demande depuis combien de temps elle n’a pas bu comme ça, la réponse est sans appel. « Quand j'ai bu pour oublier que l'autre m'avait trompé je crois. » Je grimace un peu et nous arrivons dans la rue. Je l’aide à grimper dans la berline et sans que je m’y attende, elle attrape ma main et me tire à l’intérieur. Mon coeur s’accélère, je suis pas sûre que ce soit une bonne idée. Mais en même temps ça ou la laisser se débrouiller seule dans cet état, je préfère encore la suivre. « Faut que tu me dises où j’habite. » Je ris un peu bêtement. « Je vais avoir du mal. » Elle farfouille dans son sac et me donne son adresse que je fais parvenir au chauffeur alors que la voiture vient de prendre la route. Eden vient poser sa tête sur mon épaule et de manière naturelle et sans doute un peu trop tendre, je retire une mèche de cheveux qui lui barre le visage. « Je pense que ma péniche va beaucoup tanguer ce soir. » Je souris sans comprendre ce qu'elle raconte et dépose mine de rien un baiser sur ses cheveux. J’en avais presque oublié l’odeur. « T’inquiètes pas, je serai là si ça tangue trop. » Je me laisse aller à une douceur que je ne me connaissais pas, en espérant seulement qu’à son réveil elle aura oublié tout ça. « Ah ! c'est chez moi ! » dit-elle d’un coup me faisant sursauter. « Ok capitaine Hadock, on se calme. C’est une péniche ça ! » J’avais pas fait gaffe que l’adresse sur le papier menait à un quai, et sa référence à une péniche qui tangue tout à l'heure me revient en tête. Elle faisait pas une métaphore, elle vit vraiment sur une péniche... La voilà déjà dehors et je remercie le chauffeur avant de sortir à mon tour, tirée par la blonde. « Tu veux visiter ? » J’ai le choix ? Je suis pas très péniche logiquement, j’ai un peu le mal de mer. Mais bon depuis qu’on m’a expliqué que le fond des péniches sont plats justement pour ne pas sentir le bateau tanguer, ça me rassure un peu. « Euh… si tu veux. » Je la suis, monte sur le bateau et la laisse se débattre avec ses clés. Une fois la porte ouverte et la lumière allumée, je laisse mon regard balayer la pièce principale. C’est mignon, ça n’a rien d’un yacht luxueux sur lequel je l’aurai imaginée habiter, mais ça lui correspond pas mal au final. « J'te présente mon chez moi ! » « C’est super sympa. J’aime beaucoup. » J’entre un peu plus, marchant doucement tout en regardant tout autour de moi. « J'te propose un truc à boire où t'as assez bu pour ce soir ? » me demande-t-elle alors qu’elle a ouvert le frigo et qu’elle reste plantée devant. « De l’eau. De l’eau ce sera parfait. » Je m’approche d’elle et glisse une main à sa taille en me postant derrière elle, sur le côté. Je tends le bras pour attraper une bouteille d’eau dans la porte et referme le frigo à sa place. « Tu sais quoi, enlève tes pompes, va t’asseoir, je fais comme chez moi et je t’apporte un verre d’eau ok ? » Je la pousse un peu pour qu’elle rejoigne le salon et j’ouvre quelques placards stratégiques pour trouver les verres. Je nous en sers deux, et la retrouve dans le salon, elle a l’air au bout de sa vie. « T’es sûre que ça va aller ? » Je m’assieds près d’elle dans le canapé et lui donne son verre sans la lâcher des yeux. J’avais presque oublié à quel point elle était belle.

so, we meet again.

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Je flotte. Je divague. J'ai l'impression d'être dans un nuage. Je me laisse porter par tout ça, par l'alcool, mais surtout par Jordan. Je m'en remets à elle. Mais en même temps, ce n'est pas bien étonnant. Je lui fais confiance. Totalement confiance. Même si le temps était passé depuis notre dernière rencontre. Je ne sais pas comment le dire mais je le voyais qu'elle n'avait pas changé. Ou du moins qu'elle ne me trahirait pas. C'était indescriptible. Mais c'était vrai. Je me suis même autorisée une petite sieste éclair dans la voiture, lovée contre elle. Elle n'a pas l'air de me croire quand je lui parle de péniche mais j'ai pas la force de me battre avec elle pour le moment. Elle la verrait bien assez tôt de toute façon. Mon embarcation. Cette maison qui flotte sur l'eau. J'ai encore du mal à y croire et y'a des matins où lorsque je prends mon petit déjeuner sur le pont supérieur, j'ai l'impression d'être encore dans un rêve. Mais je pense que j'aime cette sensation. Celle d'avoir l'impression de découvrir chaque jour quelque chose de nouveau, de toujours m'émerveiller. J'espère ne jamais m'arrêter de le faire. Tomber dans la routine serait bien trop ennuyeux. On arrive enfin et je ne peux m'empêcher de rire lorsque Jordan réalise que je ne plaisantais pas en parlant de mon "appartement". Une vraie péniche oui. " Ouaip' ! " Je ne lui laisse pas le choix, elle viendra bien la visiter. De toute façon j'ai encore un peu de mal à marcher toute seule alors il faudra bien qu'elle me raccompagne. Je suis trop bourrée je pense pour voir qu'elle est un peu mal à l'aise à l'idée de monter à bord. Ou même de venir chez moi. Si jamais ça doit créer une certaine nuance. Je la laisse parcourir vite fait les lieux, qu'elle découvre mon univers. Même s'il reste quelques affaires emballées, je n'ai pas honte de mon intérieur. Ca parait un peu en bordel encore mais c'est que je n'ai pas encore trouvé la place de chaque objet. Ca viendra avec le temps j'en suis certaine. Je vais me poster face au frigo, voulant offrir une boisson à mon invitée. Mais c'était sans compter son corps qui vient se placer derrière moi et sa main qui se posa sur ma hanche. Je frémis bien malgré moi à ce contact et ferme brièvement les yeux. Le fait qu'elle ne puisse pas me voir est un avantage pour moi. Je suis figée et je le reste jusqu'à ce que je la sente bouger pour attraper une bouteille d'eau. Je vais avoir l'air con à rester plantée là. " Je... d'accord... " Je me laisse pousser par elle, rejoins mon salon et plus précisément mon canapé, abandonnant mes chaussures au passage. Je les rangerai demain, ce n'est pas pressé. Dans un mouvement peu élégant je m'avachis dans mon canapé et l'attends. Je replies mes jambes sur le côté, me tournant vers la place qu'elle allait occuper. Elle prend place, me demande si ça va. Ca peut se comprendre vu que mon regard est planté sur elle sans que je puisse m'en empêcher. J'évite soigneusement ses yeux mais ses lèvres par contre, je les dévore. Ou plutôt je m'imagine les dévorer en me mordant ma propre lèvre inférieure. Je reprends mes esprits et récupère le verre, enfin. " Oui oui... Enfin je crois. " Je le bois d'une traite avant de le poser sur la table basse. Même si j'ai bu, le fait d'être chez moi, avec elle, comme ça, je reprends peu à peu possession de mon corps. " Pardon pour ce soir, j'ai un peu abusé je crois mais c'est ... tout ça. Le fait de te revoir, cette usurpation de profil mais oui surtout de te revoir. Je crois que je n'étais pas prête. " Je rigole doucement en me passant la main dans les cheveux. " Mais je suis contente hein ! De t'avoir revue et tout... J'espère que je n'ai pas gâché ta soirée. " Elle ne s'imaginait certainement pas finir sur ma péniche au moment où elle était entrée dans ce bar.

Je ne laisse pas le choix à la jeune femme que d’aller s’asseoir sur le canapé pendant que je nous sers de l’eau. De l’eau c’est parfait, surtout qu’on a bien assez bu. Enfin moi je tiens bien, mais elle c’est pas la même histoire. Je reviens vers elle et lui donne son verre avant de m’asseoir et lui demande si elle va bien. Je voudrais pas la laisser là et repartir en sachant qu’elle ne va pas bien. Cette soirée me chamboule carrément, je sais pas comment me comporter avec elle, c’est tellement flou tout ça. « Oui oui... Enfin je crois. » Elle descend son verre d’eau d’une traite et le pose sur la table basse avant de replonger son regard dans le mien. Enfin presque. Elle louche sur ma bouche là ou je rêve ? Elle se mords la lèvre inférieure et je soupire, sentant une chaleur s’immiscer au creux de mes reins. Je bois à mon tour mon verre d’eau d’une traire, mais le garde entre mes mains, pour les garder occupées, faudrait pas que je fasse n’importe quoi que je pourrai regretter. « Pardon pour ce soir, j'ai un peu abusé je crois mais c'est ... tout ça. Le fait de te revoir, cette usurpation de profil mais oui surtout de te revoir. Je crois que je n'étais pas prête. » Je la regarde, esquisse un sourire en la voyant rire. Moi ça me fait pas vraiment rire, ça me chamboule plus qu’autre chose. Je sais plus quoi penser, plus ressentir. « Tu m’étonnes. » Ouais c’est ça, ferme-la Jordan, dire des trucs comme ça c’est comme rien dire du tout. Baissant les yeux, je fais tourner le verre entre mes doigts. « Mais je suis contente hein ! De t'avoir revue et tout... J'espère que je n'ai pas gâché ta soirée. » Je relève le regard vivement pour le plonger dans le sien. « Quoi ? Mais non pas du tout, au contraire même ! C’est juste que.. » Je soupire un peu et me passe une main sur le visage comme pour me réveiller, ou me laisser le temps de savoir si je dois poursuivre cette discussion ou non. Je repose mon regard sur la blonde, plonge mes yeux dans les siens, ses pupilles sont dilatées, avec un peu de chance elle ne se souviendra pas de notre discussion demain matin. « C’est juste que c’est bizarre. Enfin j’veux dire… j’ai discuté avec cette personne qui n’était pas toi, j’ai cru que… j’sais pas, qu’on pourrait peut-être essayer quelque chose, que y’avait de l’espoir ou j’en sais rien. Et puis j’me suis pris en pleine face que tout ce blabla c’était pas toi… » Je ris, je ris parce que faut bien que je me foute de ma propre gueule, je suis pathétique. « Enfin bref, je sais plus ce que je voulais dire. Mais t’inquiètes. J’ai arrêté de croire en quoi que ce soit nous concernant quand j’ai compris que c’est pas avec toi que je discutais. » Je soupire fortement, j’ai perdu une occasion de me taire. « Je vais aller chercher la bouteille d’eau. » C’est ça, fuis.

so, we meet again.

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Je rigole mais c'est avant tout pour cacher ma gêne. Je m'excuse oui. Quoi faire d'autre. je l'ai contrainte à me ramener ici parce que j'avais trop bu. Bien sur, ce n'était pas ce que j'avais prévu de base. De devoir me faire raccompagner par quelqu'un parce que j'avais trop bu. Enfin, je sais que c'est Jordan qui me l'a proposé mais elle s'est senti obligée de le faire vu mon état. Oui, sinon je suis pas certaine qu'elle serait là. Au final c'était peut être un mal pour un bien. Elle a l'air de comprendre et d'accepter mes excuses, enfin c'est comme ça que je le vois. Jusqu'à ce que je m'excuse de lui avoir gâché la soirée. Là, elle n'a pas l'air d'être d'accord. Je la vois relever les yeux, les plonger dans les miens qu'elle avait quitté quelques instants auparavant. Elle me dit que c'est le contraire. En gros que je n'ai pas gâché sa soirée. Je ne sais pas pourquoi mais cette révélation me réchauffe le coeur. Au moins, je ne me voyais plus totalement comme étant un fardeau. Elle laisse sa phrase en suspend et je la fixe un peu anxieuse de ce qu'elle va bien pouvoir dire. Finalement, elle aurait mieux fait de ne pas continuer. Elle rigole, moi je commence à me crisper. Et mes dents se serrent encore encore plus lorsque je comprends qu'elle aurait préféré passer la soirée avec celle qui m'avait pris mon identité. L'alcool ne m'aide vraiment pas. Les émotions sont décuplées et mes yeux me picotent doucement. Je détourne le regard en soupirant doucement. Oh je sais ce qu'il se passe et je n'aime pas du tout ça. Je suis juste jalouse. Jalouse d'une autre moi. Jalouse de celle avec qui elle avait conversé pendant je ne sais combien de temps. Mais lorsque Jordan se lève pour aller chercher la bouteille, je l'en empêche, l'attrapant par la main pour la stopper. " T'aurais préféré être avec elle hein. Cette autre moi. " Je lâche ça d'un ton amer. Ma main quitte la sienne comme brûlée par ce simple contact. " Concrètement, elle a quoi de plus que moi ? Même si tu pensais me parler je comprends bien que ce qu'elle t'a dit n'a rien à voir avec ma vie. Donc ? " Je me perds dans mes phrases, je réfléchis trop avant de les sortir. C'est compliqué de parler de moi et de ... mon autre moi. Parce que vu de l'extérieur, je suis jalouse de ma propre personne. C'est complètement con. Je croise mes bras sur ma poitrine, fixant n'importe quoi dans la pièce à part son visage. Je tiens bien debout malgré l'alcool qui coule dans mon sang. Cette bouderie continue tout doucement de me desoualer. " Tu sais quoi ? En fait je crois que je ne veux pas savoir. Tu ferais mieux d'aller la retrouver. " Je siffle entre mes dents, je ne veux pas comprendre. Ou plutôt j'ai peur de comprendre. Mais l'avouer ce serait bien trop douloureux. Alors je mens, je m'échappe, je suis de mauvaise foi. Ca par contre, on ne me changerait jamais. Mes réactions de gamine capricieuse sont toujours là, enfouies en moi. Merci papa, merci maman pour tout ça.

Je ne sais pas pourquoi je l’ouvre, franchement, j’ai perdu une belle occasion de me taire. En plus mon discours est confus, et ce qui se voulait être une sorte de déclaration de je sais pas quoi, se trouve être un amassis de conneries. J’aurai presque honte. Je tiens bien à l’alcool, c’est pas ça le problème. Je crois que le vrai problème, c’est que je suis en compagnie de la seule fille qui ne m’ait jamais fait tourner la tête, et que clairement… ça me fait tourner la tête. Faut croire que certaines choses ne changent pas. Je me déteste d’avoir pris la parole et comme je sais si bien faire, je préfère fuir, me proposant d’aller chercher la bouteille d’eau. Mais sans que je ne l’ai vu venir, Eden se lève d’un bond et se saisit de mon bras pour m’empêcher de bouger, me forçant à me tourner pour plonger mon regard dans le sien. « T'aurais préféré être avec elle hein. Cette autre moi. » Je fronce les sourcils, n’arrivant pas à saisir le sens de sa question. Elle retire furtivement sa main alors que j’attends qu’elle s’exprime un peu mieux si elle veut une réponse. « Concrètement, elle a quoi de plus que moi ? Même si tu pensais me parler je comprends bien que ce qu'elle t'a dit n'a rien à voir avec ma vie. Donc ? » Je secoue la tête, je suis presque choquée de son comportement, du revirement de situation. Je voulais juste essayer de lui dire à quel point j’étais perturbée de la retrouver, et elle, elle me parle de la personne qui a usurpé son identité ? Mais qu’est-ce qu’elle a ? La voilà qui croise ses bras contre sa poitrine comme un enfant énervé, on aura tout vu. « Eden je crois que… » Elle ne me laisse même pas finir ma phrase. « Tu sais quoi ? En fait je crois que je ne veux pas savoir. Tu ferais mieux d'aller la retrouver. » Ok. Alors là c’en est trop. « Mais arrête putain ! Tu t’entends parler ? » Il m’en fallait pas plus pour sortir de mes gonds. Nous revoilà plusieurs années en arrière, c’est ridicule. « Tu es en train de me faire une crise de jalousie face à… face à rien !? Face à du vent ? Mais putain tu comprends pas que y’a pas deux toi ? Que cette personne je lui ai parlé parce que je pensais que c’était toi ? » Je pointe mon doigt sur son thorax et la pousse d’une simple pression de mon index. « Toi. C’est à toi que je pensais parler. C’est toi que j’avais envie de voir, de prendre dans mes bras, d’embrasser. Tu comprends ça ? Je m’en tape de ce spectre, de cette personne qui m’a vendu du rêve avec du vent. C’est avec toi que je suis ce soir ok ? Donc maintenant t’arrête de jouer les gamines. » J’suis pas v’nue ici pour souffrir ok ? « Ce que j’essayais de te dire c’est que… » Je me radoucis un peu, et soupire. « Cette personne m’a fait croire qu’elle… que tu… enfin qu’on pourrait retrouver ce qu’on avait avant, et c’est juste frustrant d’imaginer que tu ne le penses pas vraiment. Toi, la vraie toi j’veux dire… » J’arrive pas à m’exprimer putain.