Je suis pas arrivée dans les premiers, et y’a déjà pas mal de monde, suffisamment pour que je ne reconnaisse pas grand monde, mais dans le lot, il y a bien Elias, mon coloc avec qui je joue à la guerre depuis que je le connais. On sort souvent tous les deux, on se bat pour les filles qu’on trouve jolies - faut dire qu’on a à peu près les mêmes goûts - et c’est ce qui anime nos soirées. Je le regarde draguer cette fille brune plutôt mignonne et je me promets de tirer son numéro un peu plus tard dans la soirée pour le rendre malade. Je vois bien comme il la regarde, il veut la mettre dans son lit. A moi de l’en empêcher, et j’y prendrai un malin plaisir. En attendant, je pioche un nouveau numéro. 13. Jour de chance ? Je balaye la salle des yeux en cherchant le fameux numéro apposé sur les poitrines de ces demoiselles. C’est une idée ingénieuse, une manière de mater sans avoir de scrupules. Comme si je pouvais avoir des scrupules à mater les seins des filles. Bref. Je déambule dans le bar et tombe soudainement sur Callie, jeune femme au charisme atypique et au corps pulpeux que j’ai rencontrée il y a quelques semaines et avec qui j’ai passé un moment pour le moins exotique. « Callie !? » Un large sourire étire mes lèvres et je m’approche pour la prendre dans mes bras, une accolade qui se veut amicale, j’imagine. « C’est trop drôle de se voir ici ! » Je ris légèrement, aussi amusée que surprise, avant de laisse glisser mon regard sur le numéro qu’elle porte fièrement. « C’est pas vrai… La vie est une canaille ! » Je lui montre le papier que je tenais dans ma main avec le numéro de Callie. « Tu es mon date ! » Je ris un peu et tends mon verre à sa hauteur pour qu’elle puisse trinquer avec le sien. « Comment tu vas depuis la dernière fois ? J’imagine que tu n’as pas trouvé ton âme soeur puisque tu es là… » Je grimace un peu, une grimace mignonne qui lui montre que je ne suis pas du tout là pour juger bien au contraire. Après tout, je suis là moi aussi !

Callie. C’est trop drôle de la voir ici. Nous ne nous sommes vues qu’une fois, mais j’ai l’impression d’avoir une connexion avec elle que je n’ai que très rarement avec mes rendez-vous, qu’ils viennent de matchmaker ou d’autre chose d’ailleurs. Cette fille a une aura tellement agréable, apaisante, qu’on ne peut décemment pas la détester. Je crois qu’elle a eu une déception amoureuse, sûrement une fille (ou un mec) qui n’en valait pas la peine. Callie est le genre de fille qui me donnerait envie de la cajoler, de prendre soin d’elle, pas de jouer avec elle comme avec les autres. Un petit coup de coeur sûrement, mais pas quelque chose qui me pousserait à en vouloir plus. Pas sur le plan amoureux en tout cas. Elle deviendra peut-être une amie, l’avenir nous le dira. En tout cas, l’accolade qu’elle m’offre volontiers fait chaud au coeur. « Je suis heureuse de te voir Jordan ! Même si je dois avouer que je ne suis pas surprise de te voir ici. » Je ris un peu, amusée par sa remarque. « Ah oui ? » Un air faussement innocent. Bien sûr que c’est évident de me voir ici. Qui d’autre à part moi !? Je lui annonce que je suis son date, et inversement, le destin est un petit canaillou parfois. « Le numéro soixante-neuf ? Voyez-vous ça, je ne savais même pas qu'on était autant à cette soirée. A croire que l'organisateur est au courant de tes prouesses... » Je lui donne une tape sur l’épaule alors que je ris de bon coeur face à sa plaisanterie. « Eh ! C’est un pur hasard ! » Ouais, mais c’est quand même super drôle quand on y pense. Mais son compliment sur mes ‘prouesses’ est quand même agréable à entendre. « Si avec ça je les fait pas toutes tomber… » Je ris à nouveau et nous prenons place autour de la table pour discuter tranquillement. « Je dois t'avouer que je n'ai pas vraiment cherché non plus. La seule fois où j'ai cru la trouver, ça c'est plutôt mal fini. » Je grimace un peu avant de lui répondre. « Oui, c’est bien ce que j’ai cru comprendre la dernière fois, même si j’ai pas vraiment eu le temps de poser plus de questions que ça… » Ce sur quoi elle réenchérit d’ailleurs. Il faut dire que mon départ a été un peu précipité. « Et toi, ça a été avec ta coloc ? Ça avait l'air assez urgent la dernière fois. » Je hoche la tête en souriant légèrement. « Oui oui, c’était pas grand chose au final, le lave linge qui a lâché et y’avait de l’eau partout, et évidemment j’étais la seule joignable, les autres colos étaient tous en vadrouille. Elle a eu de la chance que ça lâche pas plus tôt ! » J’adresse à la brune un petit rire accompagné d’un regard pétillant de malice et de charme. « Alors, tu as eu des rendez-vous intéressants jusque là ? Je viens d’arriver j’ai pas eu le temps de me faire une idée sur la marchandise. »

Callie est une fille gentille, ça se sent au premier abord, je comprend même pas comment quelqu’un a pu lui vouloir du mal. Elle n’est que gentille, je ne ressens aucune once de méchanceté en elle. J’imagine que comme tout le monde elle peut s’énerver, mais j’ai presque du mal à l’imaginer. La conversation se mène tout à fait naturellement, comme si on se connaissait depuis un moment, alors que nous nous sommes vues qu’une seule fois, et quelle fois ! « Oh, tu es la quatrième personne que je vois arriver face à moi depuis le début de la soirée et je dois t’avouer que c’est une bouffée d’air. Je ne sais pas si c’est parce que c’est le début, mais tout le monde a l’air complètement stressé. » Je ris un peu, flattée qu’elle me compare à une bouffée d’air. « J’ai tout de même décroché deux numéros de téléphone, mais le troisième rendez-vous m’a achevée. Qui drague en parlant sans arrêt de son travail et en ne te laissant pas placer le moindre mot ? » Je ris à nouveau en secouant la tête. « Peut-être que c’est le stress comme tu dis, y’en a qui racontent n’importe quoi quand ils stressent. Mais bon deux numéros, c’est cool, tu t’en sors bien ! » Je lui adresse un petit clin d’oeil charmeur, comme à mon habitude. « Après ce sera peut-être différent pour toi. Tu as le beau rôle ! Tu pioches les numéros et peut juger de qui est en face avant de venir t’asseoir, alors que moi j’attends juste à cette table que les gens viennent me chercher. Je suis quasiment sûre qu’il y a dû en avoir une ou deux qui a tourné les talons en me voyant. Il faut dire que contrairement à beaucoup, je ne suis pas sur mon trente-et-un. » Cette fois je secoue la tête à la négative. « Je suis sûre que tu dis n’importe quoi. Tu te vois comme les autres ne te voient pas Callie. Et puis y’a pas de beau rôle ou de mauvais rôle, en plus je suis sûre que tu pourrais changer si tu voulais ! » Je lui souris à nouveau et sirote mon cocktail, penchant un peu la tête sur le côté. « Bon, t’as les numéros de date des deux à qui tu as chopé les numéros ? Je vais peut-être pas marcher sur tes plates bandes quand même, ça se fait pas ! » Je vais déjà essayer de le faire avec Elias, je vais pas emmerder la Terre entière non plus. Et puis vu le manque de confiance en elle de la brune, ça me ferait chier de lui casser ses plans.

Je suis ravie de croiser un visage familier et agréable. Je préfère voir Callie qu’une autre fille avec qui j’ai couché mais avec qui le feeling n’est pas trop passé. C’est logique je pense d’ailleurs. Callie est une fille adorable de ce que j’ai pu voir, et ressentir surtout. J’espère de tout mon coeur qu’elle trouvera chaussure à son pied. « Je crois que ce sont les numéros douze et vingt-trois. Mais je ne suis sûre de rien. J’ai essayé de plus retenir leurs prénoms que leurs nombres. » Je ris, parce qu’elle a raison, retenir un nombre c’est pas génial. Sauf qu’on rencontre beaucoup de filles qui ont le même prénom, c’est chiant, ça peut porter à confusion. Je hoche la tête en souriant. « Ok, je note. » Dans ma tête, évidemment. Faudrait pas que je drague les filles qui ont plu à Callie, ce serait con de lui retirer du crédit. Y’a déjà un tableau de moi nue dans son salon, je pense que c’est suffisant ! « Mais ça ne me dérange pas si tu arrives à avoir leurs numéros. Elles ne m’appartiennent pas et puis… » Je la regarde se mordiller la lèvre inférieure alors que je penche la tête, attendant la fin de sa phrase. « J’suis pas contre le fait que tu leur apprennes deux-trois petits trucs avant que j’arrive. Ça m’évitera de tomber sur des mauvais coups, il faut dire ce qu’il est. » Je ris à nouveau, flattée de son discours. Secouant légèrement la tête, amusée, je lui réponds tout sourire. « Arrête de me brosser dans le sens du poil, t’as un truc à me demander ou quoi ? » J’ai pas l’habitude d’avoir ce genre de compliment, même lorsqu’il est dissimulé de cette manière. Je sais que je suis pas une empotée en ce qui concerne les relations sous la couette, il m’est arrivé très peu de fois de ne pas arriver à donner du plaisir à mes partenaires, mais c’est soit parce que j’étais pas dans le mood, soit c’est elles qui ne l’étaient pas. Et puis, la proportion est moindre, ça doit être du 1%, et encore. En général, je m’en tire pas trop mal, sans vouloir me vanter, et Callie me rassure sur ce point. « Bon alors donne moi leur numéro, je passe avant pour déblayer le terrain et je te les laisse une fois qu’elles sont prêtes ! » Je ris à nouveau et secoue la tête en grimaçant. « Ah non mon dieu quelle horreur… » Je déteste parler des filles comme des objets, je les respecte beaucoup trop pour m’amuser à jouer avec elles de cette manière. « Et sur les deux, y’en a pas une qui te plait plus de l’autre ? Qui pourrait être plus… particulière ? » Je lui fais mes yeux de canaille sous ce sous-entendu, parce que oui, Callie mérite l’amour, je le ressens au plus profond de moi, et j’aimerai vraiment qu’elle le trouve. Elle a visiblement assez souffert comme ça.

Je taquine la brune, parce que j’ai bien senti que je pouvais être naturelle en sa présence, et c’est quelque chose de vraiment agréable, surtout dans ce genre de soirée. « Eh mince, moi qui pensait pouvoir en rajouter jusqu’à ce que je puisse te demander de m’aider à déménager. J’aurais dû la jouer plus subtile. » Je ris à sa réponse avant de hocher la tête. « Oh tu sais, j’ai pas les muscles d’un déménageur mais le jour où t’as besoin de déménager, n’hésite pas ! » Je plie mon bras pour faire grossir un peu mon biceps et ris un peu en le tâtant. « Regarde, je peux porter plus de trucs que tu crois ! » Nous rions toutes les deux et je dois bien avouer que c’est une bouffée d’oxygène. Nous continuons de plaisanter à propos des deux filles de qui elle a pu récupérer le numéro. Je ne suis pas le genre de fille à traiter les femmes comme de la merde, et puis je suis tellement féministe que ce serait tout bonnement impossible pour moi. J’essaie de poser des questions à la brune concernant les deux filles en question. Je suis de nature curieuse, et surtout j’aimerai beaucoup qu’elle trouve chaussure à son pied. « Difficile à dire en dix minutes de rencontre. Je ne juge pas particulièrement au physique et les deux avaient des styles très différents. » Je la regarde sourire et souris à mon tour. « Et puis, je suis convaincue que l’amour frappe à ta porte quand tu t’y attends le moins. Matchmaker c’est plus pour les rencontres d’ordre pratique, non ? » Je hausse un peu les épaules puis hoche la tête pour lui faire comprendre que je ne suis pas sûre d’être d’accord avec elle. « Franchement, j’en sais trop rien. Tu vois moi par exemple, j’ai retrouvé une ex sur Matchmaker. Pas genre juste une fille avec qui j’ai couché une fois, mais une fille qui a compté. Et j’me dis que j’sais pas, c’est un peu le destin qui choisit pour nous quoi ! » C’est étrange d’évoquer Eden, surtout avec une fille que je connais à peine. Mais je sens que je peux faire confiance à Callie, c’est pour ça d’ailleurs que c’est sorti tout naturellement. « D’ailleurs je t’ai jamais demandé. C’est quoi qui t’a donné envie de t’inscrire sur ce site. Une belle déception si j’ai bien compris, c’est ça ? » Je ne la force pas à se livrer, elle le fera si elle en a envie. je suis loin d’être le genre à forcer la main à quelqu’un pour quoi que ce soit, j’estime que chacun est libre de penser et d’agir comme il l’entend. Callie se livrera seulement si elle en a envie. Mais je veux simplement qu’elle sente que je suis de confiance et que je ne la trahirai pas.