Sujet: Primo mortem ft Callie Johnson Mar 5 Sep - 15:17
Primo mortem.
C'était la première fois que cela arrivait à Autumn, et ça lui faisait un choc. En entrant à l’hôpital elle ne s'attendait pas à autant de violence, autant de haine, et pourtant elle venait de perdre son premier patient à cause de cela. Encéphalogramme plat, le coeur c'est arrêté, on ne peut plus rien y faire. Ces images tournent sans cesse dans la tête de la jeune interne, elle va devoir aller annoncer la mort aux proches du patient, alors que ses propres larmes font bataille pour sortir. Comment quelqu'un peut il détester à ce point quelqu'un d'autre parce que son orientation sexuelle est telle qu'elle est ? Ce n'est pas une arme, ce n'est pas un crime, c'est uniquement de l'amour ! Comment peut on détester quelqu'un par rapport aux gens qu'il aime ? Autumn se sentait si mal, si malade de ce monde. Comment la haine pouvait l'emporter sur l'amour ? Cela restait pour elle un mystère. Elle aurait voulu pouvoir changer tout cela, elle aurait aimé pouvoir être utile.
C'est le coeur lourd et les larmes aux bords des yeux qu'elle se dirigeait vers la salle d'attente, allant annoncer la terrible nouvelle aux gens qui tenaient à son patient, elle cherchait ses mots, comment annonce-t-on une chose pareille ? Rien ne pourrait consoler une personne qui viens de perdre un être qui lui était cher. Elle ravala ses larmes, pris son courage à deux mains et s'avança, elle n'était pas prête, mais elle devait le faire.
Elle se rappellera toujours de ce patient, pour une terrible raison, c'est le premier patient qu'elle avait perdu. Mais elle essaierait de penser à ça avec le sourire, en pensant aux quelques bons moments avant qu'il ne parte, les blagues qu'il faisait entre deux opérations, le sourire désolé lorsque Autumn devait changer ses pansements et vérifier l'état des plaies. Elle espérait simplement que ses souvenirs aideraient à faire oublier la douleur de perdre un patient. Un patient qui ne méritait pas son sort. Avec un peu de chance, elle essaya de se convaincre qu'il était mieux là ou il était maintenant.
Sujet: Re: Primo mortem ft Callie Johnson Mer 6 Sep - 1:08
La nouvelle était tombée la semaine dernière. L’un de ses petits protégés s’était fait frapper dans la rue en raison de son orientation sexuelle. Comme si c’était nécessaire. Il avait été rejeté par sa famille, placé dans l’un des appartements que l’association avait mis à sa disposition. Alors ils étaient un peu la seule famille qu’il lui restait. Ça n’avait pas étonnée Callie de savoir qu’elle était le numéro d’urgence qu’il avait entré dans son téléphone, mais elle avait tout de même été surprise de recevoir l’appel. Bien sûr, c’était déjà arrivé et cela arrivera sûrement encore, puisque les gens étaient suffisamment bêtes pour croire qu’on choisissait son orientation sexuelle et que certaines étaient plus valables que d’autres. Mais lui, il était très discret là-dessus. Il avait déjà été mis à la porte parce qu’il avait osé s’assumer, alors il était retourné dans le placard aussi vite qu’il en était sorti. Les seules personnes au courant étaient les membres de sa famille et le garçon avec lequel il flirtait depuis plusieurs mois. Celui-là même pour lequel il avait enfin osé dévoiler la vérité à ses parents, quitte à être mis à la porte. Alors cela laissait peu de choix sur l’identité de la personne qui avait pu s’en prendre à lui. Callie avait remonté plusieurs pistes, mais cela n’avait pas été difficile de remonter la piste de l’agresseur. Son cousin fanfaronnait fièrement devant ses amis pour les coups qu’il lui avait donné et le fou rire qu’il avait eu en s’enfuyant lorsqu’un commerçant avait appelé l’ambulance, laissant gésir sur le trottoir le corps inanimé du fils de sa tante maternelle. La jeune femme avait enregistré tout ce qu’elle avait entendu, en ayant toutefois beaucoup de mal à le croire. Comment pouvait-on ainsi se retourner contre un membre de sa famille au point de le battre jusqu’à ce qu’il perde connaissance ? Elle comprenait celui qui avait été mis à la porte – c’était ce qui lui était également arrivé –, mais elle avait du mal à croire que l’un de ses frères ou de ses cousins vienne la battre de la sorte. Ces gens-là étaient juste des monstres, quoi qu’ils pouvaient dire sur la communauté LGBT, c’était eux qui avaient tous les tords. Callie avait longuement hésité à l’idée de parler de toute cette histoire avec son protégé, persuadée qu’il n’accueillerait pas particulièrement bien la nouvelle. Le rejet de sa famille l’avait déjà profondément meurtri et, finalement, le fait que cet incident lui ait provoqué une légère amnésie ne pouvait être que pour le mieux. Il avait simplement oublié les trois dernières heures avant l’agression, ce n’était pas trop grave. Mais cela avait rendu la tâche plus ardue pour la jeune femme afin de retrouver celui qui avait organisé tout cela. Et après réflexion, le jeune homme avait le droit de savoir. Peu importe les séquelles avec lesquelles il sortirait de l’hôpital, il devait être en mesure d’éviter son cousin et cette situation, afin qu’elle ne se reproduise plus. C’était pour lui annoncer cette atroce nouvelle que Callie était venue à l’hôpital ce jour-là. Elle avait rapidement été envoyée dans la salle d’attente et avait aussitôt compris que quelque chose n’allait pas comme prévu. Alors elle s’était assise sur la petite chaise inconfortable, serrant contre elle sa pochette remplie au maximum de papiers concernant le dépôt de plainte qu’elle ne va pas tarder à déposer au commissariat, attendant qu’on vienne lui expliquer de quoi il en retournait. Là, coincée entre les quatre murs blancs de la salle d’attente, dans cet environnement stérile si loin de son habitat naturel où règne en maitre la créativité, elle se sent un peu dépassée. Elle est la seule famille qu’il lui reste, même s’ils ne sont pas liés par le sang. Et puis finalement, la voilà, cette interne à la chevelure flamboyante qu’elle a déjà croisé à de nombreuses reprises. Callie se lève en la voyant arriver, par politesse mais aussi parce qu’elle est incapable de rester juste assise, à attendre le verdict. Lorsque l’interne relève la tête, la peintre remarque tout de suite ses yeux embués et aussitôt, son cœur se serre. Elle sert un peu plus la pochette contre elle, comme pour calmer son cœur qui se met à battre de plus en plus fort, ne voulant pas croire ce qu’elle s’apprête à dire. « Laissez-moi deviner, vous venez pour m’annoncer une mauvaise nouvelle ? » demande-t-elle, comme pour lui enlever une épine du pied. Parce qu’elle se doute que ça ne doit pas être facile à annoncer. Parce qu’elle a déjà deviné la sentence qui va être prononcée.
Dernière édition par Callie Johnson le Dim 10 Sep - 16:26, édité 1 fois
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Sujet: Re: Primo mortem ft Callie Johnson Dim 10 Sep - 16:23
Primo mortem.
La phrase a du mal à sortir de sa bouche et c'est avec un peu de soulagement qu'Autumn acquiesce à la question de la jeune femme. Malheureusement, c'est une mauvaise nouvelle et elle aurait voulu crier au monde entier son indignation, sa tristesse. Mais elle savait aussi qu'elle devait rester professionnelle, elle devait rester calme et rassurer les patients, pas l'inverse. Et elle se déteste de devoir annoncer une nouvelle pareille, elle voit la peine que cela fait à la seule personne qui restait au patient, mais ça fait partit du travail qu'Autumn à choisit, ce n'est pas évident, vraiment pas, elle en est encore toute bouleversée. "Je suis désolée, nous avons fait tout ce que nous avons pu, il n'a... Il n'a pas survécu. Mes condoléances." S'entendit-elle dire, la voix tremblante. Le jeune homme avait succombé à ses blessures alors qu'ils l'emmenaient au bloc opératoire, ils avaient tenté de le maintenir en vie aussi longtemps que possible, mais une hémorragie interne c'était déclenchée et ils n'avaient pas réussi à la stopper a temps. Autumn s'en voulait de ne pas avoir pu aider, elle aurait aimé avoir réagit plus rapidement, elle aurait aimé sauver ce patient, le voir sourire après l'opération. Hélas, la vie en à décidé autrement. Sortant de ses tristes pensées, elle posa doucement une main sur l'épaule de la jeune femme. "Mademoiselle Johnson, si vous avez la moindre question... Je suis la." La rousse aimerait pouvoir en faire plus, pouvoir aider la jeune femme à surmonter la perte, mais elle ne savait pas comment si prendre, bien sûr au niveau médical elle savait comment cela se passait, les cinq étapes du deuil etc, mais la théorie diffère quelques fois de la pratique. Elle aimerait pouvoir faire plus et c'est pour cela qu'elle deviendrais chirurgienne, afin de sauver des vies, afin de ne plus avoir à annoncer la mort de patients, elle deviendrais une des meilleures, elle le devait. La perte de ce patient n'était donc pas veine, il ferait d'Autumn une championne, elle sauvera des vies pour compenser sa mort.
Sujet: Re: Primo mortem ft Callie Johnson Lun 11 Sep - 18:56
Elle a un peu la nausée alors qu’elle comprend ce que l’interne s’apprête à lui dire. Elle voit dans son regard que les nouvelles ne sont pas bonnes. Elle l’a compris dès qu’elle a franchi la porte du service, lorsque tout ce personnel en blouse blanche était en train de se bousculer dans les couloirs et qu’on lui avait demandé avec empressement de gagner la salle d’attente. Ils avaient voulu lui éviter de voir le pire, avaient eu peur qu’elle soit sur leur dos, à les empêcher de travailler. Mais ce n’était pas son genre. Callie avait juste attendu sagement, patientant avec cette boule au milieu des entrailles, alors qu’elle s’imaginait déjà le pire. On l’avait prévenue que c’était une possibilité, que cela risquait d’arriver. Mais elle avait été utopiste, n’avait pas pris cette considération en compte un seul instant. A présent, elle s’en mord les doigts. Surtout lorsque son regard effleure le visage blafard de l’interne, qui ne semble pas être dans son assiette. C’est sans doute la première fois qu’il lui faut annoncer ce genre de choses. Il y a bien un début à tout. Mais tout le monde espère qu’il n’y aura jamais de début à ça. « Je suis désolée, nous avons fait tout ce que nous avons pu, il n'a... Il n'a pas survécu. Mes condoléances. » Callie passe sa langue sur ses lèvres, déglutit. Elle a du mal à y croire. Tout parait si irréel. Il y a une semaine encore, elle le croisait encore en rentrant chez elle. Ce jeune homme si vivant, si plein de vie. Il avait hérité de ce logement qui faisait presque face à la porte d’entrée de la peintre. Ils avaient pris l’habitude de se croiser presque tous les jours, avaient rapidement sympathisés malgré leur différence d’âge. Ils étaient humains avant tout et c’est ce qu’avaient tendance à oublier ces abrutis qui s’en prenaient à la communauté LGBT avec autant de haine. Alors elle reste là, perdue dans ses pensées, accablées par ses souvenirs. Avec les larmes au bord des yeux. Incapable de bouger jusqu’à ce que l’interne prenne une nouvelle fois sur elle pour l’extraire de ses songes. « Mademoiselle Johnson, si vous avez la moindre question... Je suis là. » En cet instant précis, Callie sait qu’elle a plutôt besoin d’une épaule sur laquelle s’appuyer. Mais elle sait également que l’interne n’est pas là pour ça, qu’elle fait ce qu’elle peut mais que son travail n’est pas de la réconforter. Alors elle se contente d’hocher la tête dans un premier temps, incapable de trouver ce qu’il lui faut dire. Elle met quelques instants à reprendre ses esprits, se disant qu’il lui faut finir de régler cette histoire au plus vite. Parce qu’une fois qu’elle se sera mise à ressasser, à se morfondre, il n’y aura pas de retour en arrière possible. Elle sera juste incapable de s’occuper de ce qui doit être fait. Alors elle ferme les yeux, pousse un léger soupir malgré sa gorge nouée. Lorsqu’elle rouvre ses paupières, une larme unique s’échappe de ses yeux embués, roulant sur sa joue sans qu’elle n’y fasse attention. Elle ne veut pas craquer, pas maintenant, ce n’est pas le moment. Cela ne ferait que rendre les choses plus difficiles. « A vrai dire, j’ai quelques documents à vous faire remplir. Pour le dossier. » Elle désigne sa pochette, toujours serrée contre elle, afin de compléter ses dires. Si elle s’occuper de cela au plus vite, qu’elle se rend rapidement au commissariat par la suite pour faire la déclaration, le dépôt de plainte, alors elle sera libre plus rapidement. Libre de se laisser aller, de commencer son deuil à sa façon. « Vous avez peut-être un bureau où on pourrait gérer tout ça ? » demande-t-elle en désignant la salle d’attente où un gamin attendant le retour de ses parents, les fixe avec son air béat. Il la met mal à l’aise. Elle ne veut que personne n’en entende plus de ce qui est arrivé à son petit protégé. Il mérite le respect, même après être décédé.
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