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(tessa + event 1), this is where it starts tonight.

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Asteria Drake
Asteria Drake
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MessageSujet: Re: (tessa + event 1), this is where it starts tonight. (tessa + event 1), this is where it starts tonight. - Page 2 EmptyLun 3 Juil - 12:08


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tessa dyer & aodren adkins

James, il était toujours plus ou moins là, dans un coin de son esprit, c’était son fils et il ne pourrait jamais l’oublier complètement, il n’en avait même pas l’envie. C’était douloureux souvent de penser à son fils, mais il avait aussi de tellement bons souvenirs avec ce dernier, qu’évidemment, il ne voulait pas l’oublier, il chérissait ses souvenirs, puisqu’ils étaient tout ce qui lui restait de son fils. Il avait encore des photos, soigneusement rangées dans ses affaires et se replonger dedans, ça faisait autant de bien que de mal, mais c’était le passé, ces moments terminés et heureux qu’ils avaient eu ensemble. Les recherches elles, elles remuer forcément un truc plus difficile à assumer au fond de ses tripes. Ça lui rappelait la disparition de son fils. Ce jour terrible où il avait reçu un appel en plein milieu de sa journée pour lui dire que son enfant avait disparu. Ça lui rappelait les premières quarante-huit heures qui avaient été insupportable, puis le reste, le temps qui s’étalait, qui devenait long et qui ne changeait absolument rien. Ça lui rappelait les tensions qu’y avait eu entre sa femme et lui, pendant trois ans, les efforts qu’il avait fait pour elle, pour leur mariage et qui n’avaient été que des échecs qui n’avaient faits que le pousser un peu plus vers la sortie, parce qu’il ne supportait même plus de se tenir dans la même pièce que la femme qu’il avait épousée des années plus tôt. Tout ça, ça lui rappelait trop de mauvaises choses, alors lui, il préférait laisser tomber, il préférait avancer dans sa vie plutôt que de rester bloquer là-dessus, parce que ça lui faisait trop mal et ça avait déjà causé trop de dégât dans sa vie. Peut-être bien que ça le rendait particulièrement égoïste, mais si chacun devait gérer les choses à sa façon, lui c’était comme ça qu’il avait décidé de le faire et il n’avait pas franchement envie qu’on vienne lui rebalancer cette histoire à l’infini dans la tronche.

Ce n’était évidemment pas Tessa qui l’avait fait. Ça ne datait pas d’aujourd’hui, la douleur qui était revenue s’imposer à lui, tortionnaire, au fond de son cœur. C’était Jess qui avait réveillé ça, quelques jours plus tôt et il savait qu’elle ne l’avait pas fait volontairement, que ça avait été parce qu’il était tombé par hasard sur un dossier qui trainait là. Il n’avait même pas censé être là lui. Il était juste passé à l’improviste chez ses mères pour prendre quelques nouvelles. Il avait cru, même, que ce serait mieux d’être chez elle plutôt qu’à l’appartement, alors que Tessa était encore au boulot et que dès qu’il se retrouvait tout seul là-dedans, il se retrouvait en proie à ses interrogations et ce n’était pas non plus facile à gérer. La crainte de perdre Tessa, à cause de tout ce qu’il pouvait commencer à ressentir pour lui n’était pas non plus agréable, il ne pouvait pas imaginer sans qu’elle en fasse partie, alors, évidemment, à chaque fois qu’il se retrouvait tout seul dans son coin à réfléchir à leur histoire, il flippait grave, c’était stressant et il se cherchait des moyens de fuir ces réflexions. Il était définitivement doué pour vivre dans un genre de déni, qui lui semblait bien rassurant à lui. Au moins, avec Tessa, il savait qu’il n’était pas obligé de s’étendre pendant de nombreuses heures sur ce qu’il pouvait ressentir vis-à-vis de son fils. Elle comprenait qu’il n’en ait pas franchement l’envie et dès qu’elle était là, elle chassait toutes ses peurs, toutes ses questions et les craintes qui allaient avec. Là encore alors qu’il avait été pas loin de se mettre à pleurer, elle avait réussi à le faire rire et tant qu’elle était dans ses bras, il se sentait complètement apaisé. « Je rigolais. Moi non plus j’en avais pas. » On aurait facilement pu le croire avec sa réplique, il l’avait su au moment où il l’avait prononcée, mais non, il n’avait pas pensé à quoi que ce soit de sexuel. « Je suis assez ouvert d’esprit, mais je tiens quand même à mon intimité. » Assez ouvert pour se lancer dans une aventure assez particulière avec sa meilleure amie, pas assez pour se mettre à faire ça sur une couverture en plein milieu de Central Park, avec plein de gens autour d’eux. Il lâcha un rire à la suite de la proposition de Tessa. « Ouais, on peut toujours faire ça. » Il regarda un peu autour de lui, sans oser retirer la main qu’il avait dans le dos de la blonde, est-ce qu’il était vraiment obligé de l’enlever ? Lui, il trouvait qu’elle était très bien là, sa main après tout. « Alors, on commence par lequel ? » Ils avaient le choix, après tout, c’était blindé de monde et puis dans le fond, peut-être qu’ils ne s’amuseraient pas longtemps à essayer de deviner la vie des gens, y avait des chances pour que très vite, ils se retrouvent à dériver sur d’autres sujets en oubliant tout ce dont ils avaient pu parler plus tôt et ce serait clairement pas une mauvaise chose.
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Rafe Hollins
Rafe Hollins
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MessageSujet: Re: (tessa + event 1), this is where it starts tonight. (tessa + event 1), this is where it starts tonight. - Page 2 EmptyLun 3 Juil - 14:48

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Dans un monde pareil, on touchait du bois quand on grandissait dans une famille ‘normale’, avec deux parents, les enfants résultant d’une union équilibrée et évidente, et le bonheur planant partout autour. Tessa, elle savait qu’en apparences, elle, elle était chanceuse; elle avait ses deux parents, ils l’aimaient, ils étaient attentionnés, gentils, disponibles. Elle pourrait avoir un problème au beau milieu de la nuit, qu’ils embarqueraient bien assez tôt dans leur voiture, depuis le New Jersey, direction le coeur de Manhattan, sans s’poser de question. Et les secrets de sa famille, au fond, ils étaient bien cachés sous un quotidien qui était, finalement, plutôt aisé. Au-delà des choses qu’elle pourrait trainer comme un fardeau, ses parents lui payaient son loyer, ses parents lui avaient payé son Université, ils n’avaient pas trop rechigné à ce que leur fille s’installe dans la grande et cosmopolite New York. Et ils visitaient souvent. Et même, si on devait leur laisser ça, toutes les critiques qu’ils balançaient, elles n’étaient pas cruelles ou faites pour blesser; c’était juste leur façon bien à eux, d’s’inquiéter pour la femme de vingt-sept ans qu’elle était. La Dyer elle-même avait bien du mal à s’voir avoir cet âge déjà; elle était une jeune fille dans un corps de femme, avec des responsabilités d’adulte, et soi-disant des tournants de vie qui devaient être synonymes d’une certaine maturité dont elle était tristement dépourvue. Y’avait qu’à voir la façon dont elle se comportait avec les autres; elle était sur un site de rencontre, agissant avec une légèreté déconcertante, parce qu’au fond, quand elle se plantait dans un rencard, elle pouvait rentrer, raconter ses malheurs à Aodren, et être avec lui. Maintenant, en plus du reste, ils en arrivaient à être ensemble sans leurs vêtements, et indéniablement, ajouter les bons plaisirs qu’il parsemait à travers tout son corps, avec ses attentions, était un poids non négligeable dans la balance. Qu’avait-elle à chercher ailleurs? L’amour? Tessa n’savait même plus si elle y croyait, si elle était une désespérée ou une cynique. Elle savait que l’affection d’Aodren, peut-être celle de ‘juste un ami’, peut-être juste des gestes portés sur elle de façon platonique, comme le meilleur ami qu’il était, suffisait à faire battre son coeur à la chamade, et à éclipser tous les autres gens - les mauvais, comme les bons. Pourtant, elle devait bien admettre, qu’ils avaient sûrement une façon bien trop différente d’voir la vie; Aodren avait fait tout un tas de choix très matures, très jeune; il s’était marié, il avait eu un enfant, le tout, dans les premières années de sa vingtaine. Et il avait tout assumé; et comme si c’n’était pas assez, tout un tas de merde lui était tombé sur la gueule. Et ça aussi, il l’assumait, tant bien que mal. Maintenant, tout c’qu’il avait pour un tant soit peu se consoler, quand le chagrin revenait au grand galop, accompagné des regrets et de l’amertume qui pouvait naître d’un passé qui aurait pu être tout beau, mais avait tourné à la catastrophe, il n’avait que Tessa, l’immature et irresponsable Tessa, qui n’savait pas quoi dire. Heureusement qu’il avait d’autres gens responsables autour de lui; peut-être ses soeurs, peut-être ses mères. Avec la blonde qui lui servait de colocataire tous les jours, tout ce que le brun pouvait faire, presque, c’était juste vivre dans le déni; s’occuper de chatons tout juste récupérés, s’concentrer sur du sexe sans conséquence - en apparences, du moins - et aller à la Pride, juste pour s’vider la tête.

Il devait au moins l’savoir, quand même, que Tessa, elle n’avait pas grand-chose de la personne responsable et assez à l’aise avec ses opinions, pour en avoir sur tout, et pour toujours avoir une parole emplie de conviction, pour consoler tout le monde. Elle n’savait pas ce qu’il était préférable de faire, dans cette histoire incroyable, déstabilisante et destructrice qui débordait encore si souvent sur la vie de l’Adkins, et de tous les gens autour de lui. C’était impossible, de juste tourner la page, de juste tout abandonner et délaisser cette histoire comme si c’était un passé fini; et quoiqu’il en dise, Aodren n’l’avait pas fait, il n’était pas insensible à cette histoire, ni aux conséquences qui continuaient d’écrire les choix qu’il faisait, aujourd’hui. Rien que pour ça, alors, Tessa ne l’verrait jamais comme quelqu’un d’égoïste, ou une mauvaise personne; au contraire, elle s’disait qu’il était juste blessé, qu’il souffrait, et que dans sa tête à lui, le seul choix qu’il avait pour essayer d’un peu gérer ça, c’était de n’plus chercher, de n’plus se bercer d’illusions et de les sentir exploser en mille morceaux quand la piste refroidissait, toujours sans résultat. Et puis oui, qu’y avait-il à espérer, maintenant? Tessa n’pourrait pas juger Aodren pour penser comme ça, tout comme elle n’pourrait pas juger ou Gina, ou Jessica, pour avoir leurs propres volontés et espoirs. C’n’était de toute manière, pas à elle de juger qui que ce soit; elle n’connaissait rien de ces peines-là, et quand bien même elle avait, elle aussi, souffert de la disparition de James, ça n’avait rien été de comparable avec la peine d’un père, d’une mère, ou d’un autre membre de la famille. Mais aussi immature semblait-elle être, pourtant, la blonde n’aimait pas être rappelée à son impuissance; elle n’aimait pas brusquement se souvenir qu’elle n’pouvait être que là, à côté d’Aodren à poser sa main sur la sienne, sa joue contre son épaule, et à se réconforter elle-même autant qu’elle essayait de le réconforter lui. Il avait ri avec elle, et c’était la seule victoire que Tessa pouvait s’autoriser, dans ce monde d’adultes où les choses étaient compliquées et douloureuses, et où elle faisait partie des chanceux. Peut-être n’était-ce pas pour rien, au fond, qu’ils étaient si proches; c’n’était pas pour rien non plus, que le brun avait décidé de venir vivre avec elle, quand il s’était séparé de Gina. Et puis, il était resté, depuis; elle voulait bien croire que c’n’était pas par défaut, ou parce qu’il était trop intimidé pour lui dire qu’il voulait chercher son propre appart’ - irrémédiablement, ça voulait dire, alors, qu’il était bien avec elle, dans son petit monde décalé de fille de vingt-sept ans, qui n’semblait pas avoir vraiment vingt-sept ans. « T’as raison. J’avais totalement oublié qu’en plus, t’avais déjà eu assez de péripéties pour la journée. » plaisanta-t-elle de plus belle, d’un faux air compatissant, avant que son sourire ne se fasse son propre chemin jusqu’à sur ses lèvres; pauvre Aodren, qui s’était fait draguer par un homme, fallait le préserver maintenant - heureusement, il était sauf maintenant. Y’avait peu d’gens qui étaient assez ambitieux pour aller s’mettre à draguer deux personnes enlacées comme ils l’étaient, là maintenant. « Hmmmm... » songeuse, Tessa se colla un peu plus contre le jeune homme, tandis que de ses yeux, elle cherchait parmi la foule; ici et là, elle vit quelques visages, avant que son attention n’s’accroche sur une fille, un peu plus loin, des couleurs plein les cheveux, avec des lunettes, des grosses chaussures aux pieds malgré l’été, et des vêtements courts. « Elle. » elle désigna; « Elle doit être genre... barrista, ou barmaid, déjà... » et Tessa, elle trichait un peu, ne basant pas vraiment sa première hypothèse sur son imagination, plutôt sur l’allure de la fille en elle-même - personne avec ses cheveux n’pourrait bosser dans un bureau, ou quelque-chose de sérieux. Mais maintenant qu’elle avait dit ça, déjà, son esprit partait un peu partout; New York était pleine de possibilités, hein, et mieux valait penser à la vie des autres, qu’à la leur à eux deux.
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Asteria Drake
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MessageSujet: Re: (tessa + event 1), this is where it starts tonight. (tessa + event 1), this is where it starts tonight. - Page 2 EmptyLun 3 Juil - 15:59


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Il savait bien Aodren qu’il ne pouvait pas juste tourner la page et prétendre que toute cette histoire avec son fils n’était jamais arrivée. Ce n’était pas ce qu’il essayait de faire au quotidien parce qu’oublier était complètement impossible, à moins d’un gros traumatisme crânien sans doute. Il voulait juste reprendre sa vie en mains, sans que cette histoire ne revienne à tout va compliquer les choses. Peut-être qu’on pouvait le considérer comme un pauvre type qui se souciait plus de sa propre vie que de celle de son enfant, parce qu’il avait fait le choix d’abandonner les tentatives de retrouver le petit. Il avait vu les dégâts que ça avait causé dans la vie de Gina, il se demandait comment elle faisait pour avoir encore son boulot alors qu’il semblait qu’elle était arrêtée tous les deux mois, il avait vu qu’elle avait essayé aussi, qu’elle avait fait un tas d’efforts pour garder la tête hors de l’eau, mais il l’avait vue rechuter à chaque fois. Ça avait fait partie de ces trucs trop dur à supporter, l’impression que, quoi qu’il fasse pour essayer d’aider sa femme, ce n’était jamais suffisant. Ça l’avait épuisé ça aussi, ça l’avait encore plus motivé à l’idée de laisser tomber. Peut-être que c’était parce qu’il n’avait pas envie d’être comme elle, ou de finir comme ses parents qui sombraient dans l’alcool et pour qui les choses ne s’arrangeaient jamais. Il savait qu’il y en avait des comme ça, des personnes tellement bouffées par l’espoir que même des dizaines d’années plus tard, ils continuaient de chercher et que toute leur vie n’avait toujours tournée qu’autour de ça. Il ne voulait pas devenir comme ça lui. Il voulait avoir une chance de vivre sa vie malgré tout et peut-être que ce serait toujours avec une douleur dans le fond du cœur parce qu’il n’oublierait jamais son fils, mais au moins, il aurait une vie et peut-être d’autres enfants et aucun ne remplacerait jamais son fils, mais au moins, il serait quand même heureux.

Il n’avait que trente-deux ans, après tout, il en avait eu vingt-neuf quand il avait quitté sa femme avec la volonté de reconstruire quelque chose, loin des peines de son passé et pour l’instant, fallait bien admettre qu’il n’avait rien construit de concret, mais au moins, il ne s’était pas enfoncé dans la dépression et puis, il était encore assez jeune pour avoir le droit à sa nouvelle vie. Ça viendrait, peut-être, un jour. Pour l’instant, il ne cherchait peut-être pas plus loin que le bout de son nez, trop occupé à batifoler avec Tessa, sans vraiment savoir où est-ce que cette histoire finirait par les conduire. Droit dans un mur, peut-être. Peut-être pas, après tout, ils étaient deux adultes, majeurs et consentants. Et Tessa elle finirait bien par trouver quelqu’un qu’elle aimerait et qui l’aimerait en retour et leur histoire à eux deux, ce serait oublié, il redeviendrait son meilleur ami, sans les bénéfices qu’il y avait à côté et lui à ce moment -là, il pourrait peut-être ravaler da jalousie injustifiée pour passer à autre chose. Il n’aimait pas imaginer qu’elle parte avec un ou une autre, mais est-ce qu’il avait vraiment le droit de la retenir ? Est-ce qu’il devrait au moins tenter sa chance, quitte à être celui qu’elle abandonnerait définitivement derrière lui, parce qu’il avait rompu toutes les clauses de leur contrat ? Il ne voulait même pas penser à tout ça. Ils feraient mieux de profiter de l’ambiance joyeuse et festive au lieu de se prendre la tête pour des histoires trop compliquées à gérer. « Ouais, t’imagine, il revient pour demander s’il peut se joindre à nous. » Il lâcha un rire, même s’il était ouvert d’esprit, il n’avait pas trop envie de tenter ce genre d’expérience. Peut-être qu’il pourrait éventuellement – s’il devait se mettre à y réfléchir un jour – trouver l’idée du plan à trois intéressante, avec deux filles, mais avec un autre gars, ça ne le tentait pas du tout. Preuve irréfutable que son hétérosexualité n’était définitivement pas remise en doute aujourd’hui. Du regard, il avait sondé la foule, avant de s’arrêter sur la jeune femme que Tessa avait désignée. « Attends, je commence vraiment à me faire vieux. » Il plissa les yeux pour essayer d’apercevoir la fille en question avant de se pencher pour attraper sa boite à lunettes qu’il avait ramenée avec lui, pour pouvoir mettre ses lunettes sur son nez. Soit il était vraiment vieux, soit il passait trop de temps à s’abîmer les yeux devant des écrans, quoi qu’il se disait que ça pouvait aussi être génétique et pourtant, Myra elle, elle avait une bonne vue. « Elle pourrait être musicienne aussi. Tatoueuse sinon, ou étudiante. » Elle ne devait pas travailler dans un bureau, elle avait un look trop particulier pour qu’un patron l’embauche là-dedans. Elle était jeune, alors peut-être qu’elle était encore à l’université. « Elle doit être du genre à faire tous les festivals de musique possible, l’été. » C’était tout un tas de cliché qu’ils attribuaient au style de cette fille, m’enfin, les clichés, c’était bien la seule façon d’essayer un tant soit peu de deviner la vie de quelqu’un au premier regard. Maintenant, il se demandait ce que les autres pouvaient bien penser d’eux. Probablement qu’ils devaient se dire qu’ils étaient un couple, vu comment ils étaient enlacés. L’idée, bien qu’agréable à imaginer, était complètement fausse.  
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Rafe Hollins
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MessageSujet: Re: (tessa + event 1), this is where it starts tonight. (tessa + event 1), this is where it starts tonight. - Page 2 EmptyLun 3 Juil - 19:59

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Vivre à grande échelle, à New York, Tessa elle n’aurait jamais pu soupçonner que ça ressemblait à ça; à une gigantesque ouverture, la projetant dans un monde qu’elle n’avait jamais imaginé, avant. Le New Jersey, c’n’était pas si loin et pourtant, elle n’avait jamais été jusqu’à New York; ses parents n’avaient pas semblé être des grands fans des villes comme ça, et jeune adolescente qu’elle avait été en obtenant son permis, il n’lui était certainement pas venu à l’idée d’aller faire une excursion à la Grande Pomme, avec une bande d’amis. Certains l’avaient fait, mais évidemment, la Dyer avait été élevée pour être responsable, pour marcher droit, et ces préceptes avaient été infiniment plus lourds à ses épaules, quand les inquiétudes de ses parents avaient été démultipliés par l’emprisonnement d’Adam. Parfois, avec sarcasme, la blonde s’disait qu’elle était même chanceuse d’avoir pu à l’Université, tant ses géniteurs avaient semblé psychoter sur le monde extérieur, les mauvaises influences, et toutes ces choses qui pouvaient venir sans crier gare, et bouleverser toute une vie. Tessa n’pouvait pas les blâmer, puisque bien souvent, elle s’était elle-même retrouvée à s’poser ce genre de questions: est-ce que tel ou tel de ses amis pourrait mentir à son sujet, et la conduire en prison? Est-ce que tel ou tel de ses amis pourrait un jour avoir l’idée d’aller faire un vol à main armée dans une petite boutique, juste pour quelques bouteilles d’alcool? Est-c’qu’ils étaient tous, de vrais amis? Et la vérité c’était qu’au fond, la jeune femme n’en avait pas beaucoup, de vrais amis; elle avait des copains, des copines, des gens avec lesquels elle aimait s’amuser, rire, danser, fêter. Si elle devait organiser son anniversaire demain, sa liste d’invités serait longue comme le bras, et elle ne se priverait pas d’vouloir être bien entourée. Mais ils n’étaient pas des amis, pas intimes, pas des gens avec lesquels elle faisait tomber les masques et qui, eux aussi, faisaient tomber les masques en sa présence. C’était comme ça que fonctionnaient la plupart des gens, non? C’n’était même pas une question de prudence, mais de norme sociale; Tessa, elle se confiait bien rarement sur ce qui la tracassait, et selon la personne qui se retrouvait en face d’elle, ça venait plus ou moins facilement. L’évidence dans sa vie, c’était Aodren; et au fond, si elle devait être honnête, peut-être qu’il n’était devenu une vraie évidence que depuis qu’il avait emménagé avec elle. Avant, ils avaient été amis, ouais, mais il avait eu sa vie, il avait eu sa petite famille, sa femme, son fils, et la Dyer avait appris à garder ses problèmes pour elle. Ils lui avaient semblé tellement décalés des couches culottes, des futures écoles auxquelles inscrire James parce qu’à New York, les places étaient vite prises, les factures d’une famille de trois personnes, et ainsi de suite. Ça devait être un retour en arrière bien déprimant en soit, que de se retrouver sans enfant, célibataire, à vivre en colocation avec une fille qui vivotait plus qu’elle ne prenait les choses au sérieux. Pauvre Aodren, s’était-elle souvent dit; mais il fallait croire qu’au fur et à mesure, contre toute attente, ils s’étaient adaptés l’un à l’autre. Et évidemment, à chaque fois qu’elle rentrait de mauvaise humeur, triste, en pleurs même, ou particulièrement énervée, le brun avait toujours été là, il n’avait jamais manqué d’poser la question, et les hésitations des premiers temps s’étaient dissipées. Ses histoires de coeur, de boulot, de tordage de cheville au bord du trottoir quand on courait après un taxi, n’étaient pas grand-chose, comparé à la disparition de son fils, ou son divorce, ou les jugements qui venaient partout de sa famille, s’était-elle dit, au début.

Et tout autant qu’il s’était révélé évident qu’Aodren était là pour elle, même à travers ça, Tessa avait fini par se dire qu’elle, quoiqu’il fasse, elle ne le jugerait jamais. Parce qu’elle n’avait pas de meilleure réponse que lui, parce qu’elle n’savait même pas comment mener sa propre barque, et parce que quoiqu’il advienne, elle avait toujours été persuadée qu’à l’histoire dramatique de l’Adkins, il n’y avait aucune, vraiment aucune, réponse parfaite. Elle, elle ne pourrait jamais enterrer James, elle n’pourrait jamais dire qu’il était mort, que c’était fini, et vivre comme ça; elle s’doutait qu’il en était de même avec Aodren - c’n’était pas parce qu’il disait que c’était ‘mieux comme ça’ qu’il vivait très bien avec ce songe. Ils n’pouvaient pas savoir, ils n’pourraient jamais savoir, mais il se tuerait à imaginer, à laisser son esprit partir dans tous les sens, ou à déverser ses efforts dans des recherches, des tentatives, des espoirs bons à être réduits en mille morceaux. Elle ne l’poussait à rien, alors; elle ne l’pousserait à jamais rien, quand il était question de son fils perdu - c’n’était même pas ses affaires, diraient certains. Mais peut-être aussi, qu’elle était même réticente à le pousser à d’autres choses; ces fameuses choses entre eux deux. Elle n’voulait pas le pousser à devoir prendre des décisions qui pourraient encore peser sur son coeur; elle n’voulait pas le pousser à dire des mots qui lui feraient mal, elle n’voulait pas le pousser à être plus responsable qu’elle dans toute cette histoire stupide. On pourrait presque croire alors, qu’elle se taisait par bienveillance, plus que par frousse; mais en toute honnêteté, c’était probablement juste un savant mélange de ces deux genres. Elle préférait penser à Aodren, plutôt qu’à au combien elle était pathétique, avec son coeur qui s’perdait dans ses propres caprices, à en devenir complètement imprudent. Parler des autres était alors l’option facile qu’elle choisissait toujours; un instant plus tôt, elle s’était repliée sur Jessica, et maintenant, elle avait opté pour des inconnus, certaine qu’au moins eux, ils n’seraient pas venus pour rappeler à Aodren qu’il avait perdu son fils, et qu’il était censé ‘agir différemment’ dans cette histoire. Mais quand elle le vit plisser les yeux un premier coup, un deuxième coup, et quand elle l’entendit marmonner ses paroles, la blonde ne put s’empêcher d’adopter un air totalement incrédule, le dévisageant comme elle ne l’avait jamais dévisagé - pour l’coup, elle semblait presque plus le juger d’être myope que d’être un ‘mauvais père’ ou n’importe quoi d’autre. « Quand même, dis moi que tu l’fais exprès, genre t’essayes de faire une blague ou quelque-chose du genre... » mais à le voir tirer ses lunettes, il était bel et bien sérieux; et Tessa, tout ce qu’elle put faire, c’est lâcher un rire, aussi dénué de cruauté que très spontané. Elle ne se moquait pas pour être méchante, évidemment, mais il allait bientôt falloir qu’il les porte tout le temps, ces fameuses lunettes, s’il n’arrivait pas à voir une fille à quoi?... hm, dix mètres d’eux? « Combien j’ai de doigts? » elle se retrouva à prendre un air sérieux, pointant trois doigts à quelques centimètres du champ de vision de son ami. Toujours collée contre lui, elle n’avait pas envie d’aller plus loin pour faire un peu plus sérieux - de toute manière, elle n’était pas ophtalmo. Elle se concentra au moins assez vite sur la fille à nouveau, la fameuse inconnue de laquelle ils étaient censés deviner la vie; « Je fais tous les festivals de musique, l’été. » Tessa marmonna, d’un air faussement vexé, ou suspicieux, incapable de savoir ce qu’il sous-entendait. « Maintenant que j’y pense... à un moment j’avais bien envie d’me teindre les cheveux, enfin, mettre du rose dedans. Et puis j’ai eu mon job. Apparemment même si j’passe plus de temps au sous-sol, j’dois quand même avoir l’air présentable. » la blonde en roula des yeux; mine de rien, même si elle faisait quelque-chose qui la fascinait, quelque-chose qu’elle adorait, elle râlait souvent sur son job. Et à raison, s’disait-elle, parce qu’on était pas prêt encore de la promouvoir à quoique ce soit. Non, elle était toujours l’idiote de stagiaire sous payée qui ne râlait pas trop, histoire de pas s’faire foutre à la porte. « J’dirais qu’elle est lesbienne. Et vegan, à voir ses fringues. » les ‘fringues responsables’ se reconnaissaient bien assez vite, fallait bien l’admettre; « Et sa dernière copine l’a larguée, ce qui l’a poussée à abandonner son groupe de musique, et maintenant-... elle essaye de passer à autre chose, parce qu’elle est trop orgueilleuse pour essayer de rattraper la situation. » et voilà que son imagination était partie loin, Tessa, douée pour inventer les dramas dans la vie des autres, mais incapable de gérer la sienne à elle.
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Il n’avait jamais cru qu’il pourrait avoir une vie si compliquée. Il n’avait jamais été le genre de mec qui cherchait les complications pourtant. Lui, chacun des choix qu’il avait fait dans sa vie, ils avaient été très simples. Il devait même admettre qu’il n’avait jamais eu pour grande vocation de se mettre à enseigner l’espagnol. Il avait juste fait le choix qui lui semblait le plus facile au moment où il avait dû quitter le lycée. L’espagnol c’était sa langue maternelle alors, il ne pouvait pas dire que les cours avaient été inutiles, mais ça avait sans aucun doute été beaucoup plus simple que pour ceux qui avaient passé les premières années de leurs vies à ne parler que l’anglais. Alors, ses études, ça avait été le choix le plus simple qu’il avait eu devant lui et s’il s’était tapé autant d’années d’études afin de pouvoir enseigné à l’université, c’était probablement parce que dans le fond, il n’avait pas su quoi faire après. Mais il n’était pas question de tout plaquer pour se contenter du job de barman qu’il avait occupé en dehors des cours pour pouvoir s’occuper de sa famille. Il ne s’était vraiment pas compliqué la vie et même si ça pouvait paraitre impressionnant qu’il soit resté sur les bancs de la fac jusqu’à obtenir un doctorat, lui, il avait juste l’impression que ça avait été un choix qu’il avait fait par flemme, ou parce qu’il avait été peu désireux de quitter sa zone de confort. Au final, aujourd’hui encore, il était à la fac, du côté des enseignants, mais bon, sa fac, il ne l’avait jamais vraiment quittée. Il aimait ce qui était simple, Aodren, alors pourquoi il avait fallu que sa vie devienne si compliquée ? Elle l’avait été dès le départ, à cause de son père, de sa mère, du système dans lequel il avait été balancé, mais au-delà de ça, il avait toujours fait en sorte que tout soit simple et le voilà qui se retrouvait avec une vie beaucoup trop compliquée.

Compliquée, parce que son fils avait disparu du jour au lendemain et que la tragédie planerait toujours sur sa vie, qu’il le veuille ou non, c’était là en lui, partout autour de lui, parce que tout le monde savait qu’il était le pauvre gars qui avait perdu son fils. Pendant les repas entre collègues, y en avait toujours un pour relever la tête d’un air inquiet quand les autres commençaient à parler de leurs enfants, comme s’il craignait qu’il ne supporte pas le choc et reparte en dépression d’un coup. C’était ce genre de regards qui étaient finalement beaucoup plus difficile à gérer que n’importe quelle discussion sur les enfants des autres. Il avait perdu son fils, ça ne lui avait pas donné un genre de phobie pour les enfants. Il adorait passer du temps avec son neveux, peut-être que c’était aussi un moyen de combler une absence, mais il aimait vraiment s’occuper du petit Henry. Alors les gens pouvaient parler d’enfants sans craindre qu’il ouvre la fenêtre pour se jeter dans le vide. Sa vie, elle était compliquée aussi, ces derniers temps parce qu’il ne savait plus trop ce qu’il faisait avec Tessa. Ils s’étaient lancés dans ce truc qu’il avait cru pouvoir gérer et qu’il aurait pensé sans conséquences, mais plus le temps passait, plus il semblait qu’y en avait des conséquences et elles auraient pu être bonnes si seulement elles ne menaçaient pas de réduire en miettes son amitié avec la jeune femme. Il préférait alors ne pas parler de tout ça. Tant qu’il n’amenait pas de problème sur le tapis, y avait pas de problème et c’était très bien comme ça. Alors autant qu’ils s’amusent à essayer de deviner la vie des gens, ce serait beaucoup moins compliqué, ça au moins. Il soupira de cet air faussement vexé alors qu’il se moquait de lui et des lunettes qu’il avait besoin pour voir la fille qu’ils avaient choisi comme victime. « C’est ça moque-toi. Quand on a une bonne vue on a pas le droit de juger ceux qui voient flou tout ce qui est à plus de trois mètres. » Trois ou plus, il n’avait jamais mesuré. Mais concrètement, la fille, il la voyait, il savait de laquelle Tessa parlait mais c’était quand même mieux de la voir avec un peu plus de clarté que complètement floue. « Cinq. » Qu’il répondit à sa question, sachant très bien qu’y en avait eu que trois. Il les attrapa, les doigts qu’elle lui présentait, pour repousser sa main et sans vraiment y faire attention, il garda sa main dans la sienne. « C’était pas une critique, c’est sympa les festivals de musique. » Il n’avait pas forcément l’occasion d’y aller lui, parce qu’il avait eu un fils et qu’après son fils avait disparu et que tout était devenu compliqué, mais il trouvait toujours ça sympa, alors elle n’avait pas besoin de se sentir vexée par sa remarque. « T’as signé un contrat dans lequel ils disaient ‘interdiction d’avoir les cheveux roses’ ? Si c’est pas le cas, ils ont pas le droit de te virer pour ça. Moi je trouve que ça t’irait bien le rose dans les cheveux. » Tout irait bien à Tessa, il avait l’impression de toute façon. Il avait déjà vu des filles à l’université avec des couleurs un peu flashies et originales dans les cheveux, ça pouvait rendre bien. « Et puis il doit exister des machins temporaires pour ça. J’ai une étudiante, elle a des mèches de couleurs différentes toutes les trois semaines j’ai l’impression. » Il n’y connaissait rien lui en coloration et vu la tronche de ses cheveux, on pouvait se douter qu’il ne passait pas plus de cinq minutes à s’en occuper tous les matins, mais il savait observer les autres et y avait vraiment une fille comme ça dans sa classe, qui semblait changer de couleur de cheveux hyper régulièrement. Il se reconcentra sur l’autre fille plutôt que sur les cheveux de Tessa qu’il s’était mis à observer. « Et elle a vu son ex dans la foule, c’est pour ça qu’elle s’est rapprochée comme ça de la fille à côté d’elle, pour que son ex pense qu’elle l’a déjà complètement oubliée. » Ou peut-être que la fille à côté était sa copine. Ils n’en savaient rien, ils ne faisaient qu’inventer un scénario qui était probablement loin de la réalité. « A tous les coups, c’est quand même son ex qu’elle se tapera ce soir. » Ils partaient d’un rien pour inventer tout et n’importe quoi, mais c’était forcément mieux ça que de parler des sujets plus graves, de son fils ou d’eux deux. Le déni c’était bien et tant pis pour cette pauvre fille qui leur servait à éviter de trop s’attarder sur leurs vies à eux. 
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Rafe Hollins
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MessageSujet: Re: (tessa + event 1), this is where it starts tonight. (tessa + event 1), this is where it starts tonight. - Page 2 EmptyMar 4 Juil - 4:06

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Plus souvent qu’elle n’serait prête à l’admettre, Tessa se plaisait surtout à parler des autres, plutôt que d’elle-même. Y’avait des moments où elle était le sujet de conversation et débats, favori de ses parents; celui sur lequel ils se prenaient la tête plus que de mesure, comme si c’était à eux d’écrire la vie de leur fille de A à Z. Plus jeune, quand Adam avait encore été à la maison, la cadette des Dyer avait eu une allure discrète et distraite - une personnalité qui lui avait permis de développer ses propres passions, ses propres talents, loin des choix arbitraires de ses parents. Elle avait, certes, dû apprendre à jouer du piano, instrument choisi par ses géniteurs, mais elle avait aussi eu la possibilité, à l’adolescence, de gratter sa première guitare; un choix bien à elle, qui lui appartenait complètement, encore aujourd’hui. Tessa, elle n’aurait jamais commencé à peindre si, parfois, elle n’avait pas été juste oubliée par l’attention critique de ses parents; quelle perte de temps que de peindre, quand elle aurait pu briller à beaucoup d’autres choses. Sans doute un sport de compétition, ou quelque-chose à même d’aiguiser son esprit - à n’pas en douter, ils avaient eu leurs idées bien à eux, et ils avaient dû être bien désolés d’voir leur fille, briller dans un domaine qui avait juste l’allure du paysage alentours. Ouais, l’art, c’était sympathique, mais c’n’était souvent que ça; des tableaux accrochés à des murs pour les puristes, ceux qui y étaient vraiment accrochés, rares comme tout dans le monde moderne; Tessa, en plus, elle avait aimé les toiles anciennes, les tableaux qui sentaient le vieux et avaient besoin de toute l’attention du monde. Parfois, elle se disait que si elle avait eu une passion pour les arts modernes et contemporains, ses parents n’auraient encore moins compris - mais elle serait bête, d’croire qu’ils ne jugeaient pas âprement la carrière qu’elle avait choisi de suivre. Pour eux, ça devait être ‘normal’ que leur fille stagne depuis si longtemps au même poste: comment monter en grade, dans un monde tel que celui dans lequel elle s’était lancée? Il semblait que c’était comme espérer briller dans un monde où elle aurait été la seule à vivre; mais depuis qu’elle travaillait au musée, Tessa découvrait surtout au combien l’art était un domaine dévalorisé par la société, maltraité et délaissé par le monde d’aujourd’hui. Des gens continuaient de venir au MoMa, évidemment, c’était sans conteste le musée le plus célèbre de tout le pays, et elle avait une chance inespérée d’y travailler - quelque-chose qu’elle, elle voyait, mais certainement pas une vision que ses parents, ou le reste du monde, étaient capables d’avoir également. Pour eux, elle était juste, encore une stagiaire, payée moins que si elle faisait ce boulot, cet autre travail, ou encore ceci; des carrières que ses parents avaient martelé contre son crâne en guise de contre-argument, des raz-de-marée d’avis contre lesquels elle avait toujours dû lutter. Vivre son rêve n’était pas facile, et force était de constater que même quand elle nageait en plein dans cet océan, c’n’était que pour découvrir que celui-ci était plein de requins. Alors y’avait bien qu’avec Aodren, que la blonde s’autorisait de critiquer ses collègues, ses employeurs ou l’endroit dans lequel elle travaillait; si elle devait balancer des phrases pareilles à ses parents, ils bondiraient sur l’opportunité pour lui rappeler qu’ils... ‘le lui avaient bien dit’! Elle, souvent, elle voulait juste oublier, s’oublier un p’tit peu également, le temps que les choses se fassent sans doute - y’aurait bien un moment où, à ce niveau-là au moins, et peut-être même à d’autres niveaux, sa vie s’arrangerait, non? Suffisait d’être patiente, qu’elle essayait de se consoler.

Elle essayait aussi d’être patiente avec son propre coeur, ravalant celui-ci quand il semblait battre si fort qu’il était prêt à remonter dans sa poitrine. Probablement qu’un beau matin, tout ce qui les concernait, Aodren et elle, lui semblerait totalement évident et aisé, et qu’elle y verrait clair, et qu’elle aurait toutes les bonnes réponses. Probablement qu’elle pourrait se défaire des sentiments parasitaires qui la trahissaient, et menaçaient de semer le trouble dans leur relation. Encore une fois, il suffisait qu’elle patiente, il suffisait qu’elle rassemble ses idées, et fasse preuve d’assez de dévotion et d’bonne volonté pour s’laisser le temps. Ça n’aidait sans doute pas, alors, d’inviter Aodren à chaque événement auquel elle voulait assister; Tessa aurait peut-être dû venir toute seule ici, ou peut-être qu’elle devrait faire autre chose, avec MatchMaker, que lorgner sur quelques profils, se poser des questions, regretter, et trop vite revenir vers Aodren. Pour vérifier parfois, s’il n’avait pas eu de nouvelle activité avec une autre femme, ou même, dans les pires moments, pour lui parler, comme si y’avait pas des milliers d’autres hommes et femmes, qui mériteraient d’être connus. C’n’était pas qu’elle avait touché le fond au point de croire que personne n’pourrait lui faire oublier Aodren, si elle se donnait la peine d’essayer. C’était juste qu’elle n’essayait pas; où qu’elle soit, quoiqu’elle fasse, souvent, quand son esprit vagabondait, elle pensait à son meilleur ami. A pourquoi il n’était pas encore rentré, pourquoi est-ce qu’il avait fait tel ou tel geste - était-ce un signal discret, visant à lui dire quelque-chose sans utiliser des mots, ou était-ce juste quelque-chose d’anodin, qu’elle était la seule à interpréter plus que de mesure? La Pride aurait été une parfaite occasion de se divertir, pour Tessa; pas forcément en allant bécoter quelqu’un d’autre, ou en ramassant des numéros à la pelle - mais parce que l’ambiance était toujours bonne, les gens, ouverts d’esprit, et qu’elle aurait au moins pu trouver plein d’explications à pourquoi Aodren n’était pas là. Rien que l’fait qu’il ne fasse pas partie de la communauté LGBT, et que ça puisse, potentiellement, être embêtant pour lui de s’faire draguer par un homme, par hasard, comme ça, en marchant imprudemment vers le bar pour aller chercher des bières. Il se faisait vieux, en plus, qu’il disait; dans tous les songes qui la subjuguaient littéralement quand il était question de son ami, elle n’avait qu’à peine pensé à ses fameuses lunettes - elle le trouvait mignon avec, ça lui donnait un côté nerd attachant; des mots qu’elle n’avait jamais prononcé à haute voix, bien sûr. Mais quand même, maintenant, elle en arrivait presque à être presque inquiète, à c’qu’il ait autant de problèmes de vue. « Damn... j’vais vraiment faire attention à bien ranger les produits ménagers, pas que tu nous fasses des pâtes à la javelle un de ces jours. » elle plaisanta, ne feignant qu’à moitié son air inquiet, et forçant son ricanement. Elle n’était pas sa mère, pas sa copine, mais c’était comme si elle avait envie, soudainement, de lui caresser les cheveux, ou la joue, ou la main, pour lui dire que c’n’était pas si grave, qu’elle l’aimait quand même, et que les lunettes, ça lui allait bien de toute façon. Elle n’eut pas le temps, pourtant, de faire un moindre geste pour rattraper ses paroles sarcastiques, sa main retenue entre les doigts d’Aodren; Tessa ne résista pas à laisser retomber celle-ci avec la paume du jeune homme, leurs doigts lovés les uns dans les autres. Et voilà qu’elle reparlait d’elle, et que des cheveux roses, elle partait vers un truc compliqué et déplaisant; si bien qu’elle en soupira, « Bah, peut-être pas me virer, mais repousser la potentielle-peut-être-future promotion qu’ils ont en stock pour moi, sans doute. » ouais, tout ça pour des cheveux roses; apparemment, ça n’faisait pas professionnel. Mais techniquement, ils devaient bien juger que plein de choses chez Tessa n’faisaient pas professionnelles, pour n’pas daigner l’embaucher sérieusement, avec un contrat de travail stable. « A moins que ton étudiante ait un truc temporaire qui durerait une soirée, ça s’annonce compliqué. Et même, j’serais plus frustrée qu’autre chose de pas pouvoir les garder... » et même si elle sourit, d’un air malicieux, y’avait quand même trop de sérieux dans sa voix; c’n’était pas pour rien que Tessa préférait vivoter sans se rappeler de toutes les choses compliquées qui allaient de pair avec la vie qu’elle essayait d’avoir. L’existence des autres, aussi dramatique était-elle, lui était moins compliquée; tout autant qu’elle manquait de mots pour la situation d’Aodren, elle préférait le serrer contre elle, plutôt que de se rappeler ses échecs à elle, et au combien sa frustration était omniprésente dans ses veines, malgré sa jovialité apparente. « Tout l’monde sait que le plan du faux-plan-cul pour rendre l’ex jaloux n’marche jamais. » marmonna-t-elle, sans jamais en avoir été vraiment l’actrice ou spectatrice, rien d’autre qu’une vieweuse de séries télé, parfois, quand elle s’ennuyait. « J’te parie qu’elle a écrit des toooooonnes de musiques déprimantes, et émotionnelles. » elle releva, Tessa, dans ses songes, avant qu’une question ne brûle ses lèvres; « T’as déjà essayé, toi, de rendre une ex jalouse, pour attirer son attention? » elle n’savait même pas pourquoi elle demandait ça, Tessa; pourquoi ça pouvait être un sujet de conversation quelconque entre eux deux - peut-être n’y avait-elle pas vraiment réfléchi. C’était plus impétueux et viscéral qu’autre chose, comme si elle avait peur que ce soit quelque-chose de lové dans la tête d’Aodren, quand il était question d’elle. Pourtant, ils n’étaient pas des ex, ils étaient des ‘elle n’savait quoi’ et normalement, ils n’étaient pas censés être jaloux.
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Asteria Drake
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MessageSujet: Re: (tessa + event 1), this is where it starts tonight. (tessa + event 1), this is where it starts tonight. - Page 2 EmptyMar 4 Juil - 11:55


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Il avait l’impression parfois de ne plus trop savoir ce qu’il faisait de sa vie Aodren, alors il se laissait porter par le quotidien en évitant de se poser trop de questions, tant que c’était possible. Mais, quand il se retrouvait seul dans son coin, ça revenait s’imposer à lui sans qu’il n’arrive bien franchement à lutter. A un moment, ça avait été son fils qui avait été au centre de toutes ses interrogations et son esprit, finalement doté de plus d’imagination qu’il ne l’avait cru, lui avait fait vivre un véritable calvaire alors que les pires scénarios n’avaient eu de cesse de s’imposer à son esprit. Ça avait été galvanisé par la présence de Gina à ses côtés, parce qu’elle ne parlait quasiment que de ça alors ça le suivait, du matin au soir et puis toute la nuit aussi, ça lui collait des insomnies qu’il ne pouvait de toute évidence pas résoudre en allant rejoindre son épouse qui – évidemment – ne dormait pas, parce qu’elle aurait encore parlé de ça. Alors il en avait passé, du temps seul dans le lit conjugal à essayer de tout chasser de son esprit pour avoir le droit à un peu de repos. Le seul truc qui avait vraiment marché pour ça, ça avait été son divorce. Maintenant, quand il voyait Gina, c’était à peine s’ils ne parlaient que de la pluie et du beau temps, pour éviter les sujets compliqués, mais il avait la certitude de dormir mieux la nuit, à présent. Mais y avait toujours des trucs pour venir s’imposer à lui, des grandes questions, qui souvent se centraient plus sur Tessa qu’autre chose, parce que chaque moment qu’ils passaient ensemble donnait à son cœur une énergie qu’il ne devrait pas avoir et ça le faisait flipper plus qu’il ne le devrait. Il l’avait déjà connue cette sensation, avec d’autres filles, avec Gina, et ça n’avait pas représenté un si gros problème que ça, mais Tessa, elle était sa meilleure amie avant tout alors évidemment que c’était différent avec elle.

Ils se disait qu’ils avaient été idiot de se dire que rajouter un peu de sexe dans leur histoire, même pas du vrai sexe dans la définition la plus simple du terme, n’aurait pas la moindre conséquence, parce qu’ils étaient amis. Ils vivaient ensemble depuis trois ans, alors il semblait qu’ils se connaissaient déjà assez bien, pour que ça ne soit absolument pas un problème. Mais ça ne marchait pas aussi simplement de toute évidence. Il ne savait pas, dans le fond, ce qu’il ressentait pour Tessa, c’était peut-être plus vieux que le début de leurs batifolages, peut-être que ça faisait partie de ces choses qu’il avait choisi d’ignorer et que cette nouvelle histoire entre eux, ça avait réveillé tout ça et que maintenant il n’arrivait plus à nier l’évidence avec autant de talent qu’avant. Ou peut-être que c’était juste impossible qu’un tel rapprochement n’ait pas de conséquence et pourtant, elle n’était pas la première fille avec qui il couchait juste pour le sexe et il n’avait pas ressenti la même chose pour les autres. Peut-être qu’il devrait juste arrêter de se prendre la tête à essayer de chercher des explications, ce serait mieux pour tout le monde. Ils étaient là, dehors, alors autant profiter de cette fête sans se prendre la tête. « C’est bon, j’en suis pas encore à ce point t’inquiète pas. » Il l’avait vue après tout cette fille, c’était juste qu’avec ses lunettes il voyait mieux, c’était le but et il voyait des détails qu’il n’aurait de toute évidence pas remarquer sans. Mais il ne risquait pas de mettre de la javel dans les pâtes, à moins qu’il soit vraiment vieux et qu’il commence à être sénile, mais il se disait qu’à trente-deux ans quand même, ça devrait aller. Il avait repoussé la main de la blonde, gardant ses doigts entre les siens sans avoir franchement la volonté de les relâcher. Il pensait lui, que si elle avait envie d’avoir les cheveux roses, elle avait bien le droit, m’enfin, il n’était pas son employeur lui. « C’est débile, c’est tes cheveux, t’en fais ce que tu veux. En plus la couleur, ça peut donner un côté artistique. » Il n’y connaissait rien lui en art, son côté artistique se limitait à pas grand-chose, c’était limite s’il n’était pas encore au stade de dessin bonhommes bâtons. Mais quand il regardait les étudiants dans les domaines artistiques, c’était ceux qui osaient le plus se pointer avec des cheveux colorés qui se voyaient bien et des vêtements originaux, alors ça devait bien vouloir dire quelque chose. « Ça me ferait sacrément chier si on devait me refuser un jour une promotion sous prétexte que ma coupe de cheveux est pourrie. » C’était clair que c’était pas demain la veille qu’il se ferait les cheveux roses ou de n’importe quelle couleur. Mais bon, si fallait donner des promotions en se basant sur les cheveux des gens, il était pas sorti de l’auberge lui. « J’sais pas, je lui ai demandé. Au moins, tu pourrais faire un test quand tu seras en vacances. » Ce serait déjà ça, au moins elle aurait ses cheveux roses et elle ne risquerait pas sa promotion. Même s’il trouvait ça sacrément débile de refuser une promotion à quelqu’un à cause de ses caractéristiques physiques en ignorant ses compétences. Enfin, clairement, c’était pas lui qui allait refaire le monde. « Pourquoi pas ? Si son ex tient encore à elle, elle sera forcément jalouse de la voir avec quelqu’un d’autre. » Il lui semblait évident, que lorsqu’on tenait à quelqu’un, voir cette personne avec quelqu’un d’autre, ça pouvait facilement rendre jaloux. Lui, après tout, il l’était à la simple idée d’imaginer Tessa avec quelqu’un d’autre. « Y a des chances ouais, des chansons sur les ruptures amoureuses. » Il rigola légèrement, il avait parfois l’impression que c’était majoritairement ce qu’il entendait à la radio, des chansons sur les ruptures amoureuses. Il arqua un sourcil à la suite de la question de la blonde, qui semblait presque sortir de nulle part. « Non, j’ai jamais fait ça. C’est pas comme si j’en avais eu beaucoup, des ex-petites amies. » Il avait connu quoi ? Deux copines au lycée, peut-être une à la fac avant Gina et puis Gina pendant neuf ans et ces trois dernières années, il ne pouvait pas dire qu’il avait franchement eu de petite amie, juste des histoires courtes et puis Tessa. Et maintenant, il semblait bien qu’y avait plus que Tessa. « Et toi ? » Il demanda à son tour, après tout, c’était elle qui savait que ça ne marchait pas alors elle avait peut-être de l’expérience dans le domaine.
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Rafe Hollins
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MessageSujet: Re: (tessa + event 1), this is where it starts tonight. (tessa + event 1), this is where it starts tonight. - Page 2 EmptyMar 4 Juil - 15:40

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De tous les traits caractères qu’elle pourrait se donner, Tessa n’se serait jamais appelée «naïve»; du moins, pas en amour. Elle n’était pas romantique à l’excès, à perdre ses prunelles claires dans le regard niais d’un autre, à aimer tout ce qui était tendre, fait de fleurs, de bisous mielleux, et de gestes doux comme une plume. C’n’était pas pour autant qu’elle s’disait ‘aimer vivre dangereusement’, naviguer d’histoire houleuse en histoire houleuse. Non, elle s’disait qu’elle était dans le juste milieu, la plus grosse vague de population sans doute, mais celle qui n’faisait pas des bons films romantiques ou de bons épisodes d’Esprits Criminels. Oui, elle pleurait quand elle se faisait larguer comme une malpropre, ça faisait mal au coeur, mal à l’égo, et elle aussi, elle se posait tout un tas de questions dans sa tête, tout en râlant sur l’espèce humaine, à l’extérieur. Mais jamais elle ne s’était désespérément accrochée à une histoire qui s’était terminée juste devant son nez, jamais elle ne s’était accrochée à quelqu’un qui n’semblait pas retourner ses sentiments, et jamais elle n’avait été aveugle au point de n’pas voir qu’un mec l’utilisait, la manipulait, et la traitait comme une conne. Elle savait dans quoi elle s’engageait, toujours; encore aujourd’hui, même avec Aodren, elle savait dans quoi elle s’était lancée - ouais, ouais, au moins en apparences. Elle avait su qu’il était son meilleur ami, qu’elle pouvait lui faire confiance, pour n’pas se foutre de sa gueule, pour n’pas aller rejoindre ses potes après qu’elle lui ait fait une pipe pour aller s’moquer d’elle, et la traiter comme la pire imbécile de l’univers. Elle savait aussi, qu’au-delà de l’aspect physique, ses secrets, ses hontes, ses hantises, tous ses mal-êtres étaient en sécurité, avec l’Adkins. Elle, était en sécurité tout court avec lui; alors évidemment, au moment d’enlever ses vêtements, de lui proposer des trucs complètement fous et tendancieux, Tessa n’s’était pas sentie particulièrement vulnérable: au contraire, ç’avait été aisé, elle avait été à l’aise, confiante, fermant volontiers les yeux sous chaque baiser qu’il avait déposé sur sa peau. C’genre de «deal», elle s’disait, qu’elle n’aurait jamais pu l’avoir avec personne d’autre; y’avait bien que d’Aodren dont elle se préoccupait comme ça, quand il rentrait d’humeur maussade à cause d’une mauvaise journée. Y’avait bien qu’avec Aodren, qu’elle se voyait lâcher si explicitement les désirs qui pouvaient dormir au creux de ses reins - au-delà de ça, elle n’lui avait certainement pas dit que la toute première fois qu’il lui avait ‘retourné la faveur’, ç’avait fait belle lurette qu’elle n’avait pas eu d’orgasme en valant un tant soit peu le déplacement. Fallait quand même savoir garder un peu de dignité, et parfois, en amour, c’était bien tout ce qui lui restait, à Tessa. Fallait quand même admettre que quoiqu’elle en dise, MatchMaker n’était pas le parfait endroit pour rencontrer les plus grands gentlemen de l’histoire; parfois, quand elle ne parlait qu’avec son colocataire même sur ce site, elle se rassurait en s’disant qu’il était probablement le seul gars décent là-bas, d’toute façon. Parce que voilà, des rencards arrangés par le site, avec des hommes qui avaient ‘flashé’ sur elle, et sur lesquels elle avait ‘flashé’ en retour, elle en avait eus. Certains s’étaient sentis le besoin d’faire une thèse sur toutes leurs qualités, d’autres avaient juste été des gros porcs, et d’autres encore, avaient parfaitement su cacher leur jeu.

Et plus elle y réfléchissait, Tessa, plus elle s’demandait pourquoi est-c’que les gens se sentaient le besoin d’être faux comme ça, quand il n’s’agissait que d’une histoire d’amour, de cul, de rencontre, ou de toutes ces choses-là. Elle n’était pas fausse, elle, hein? Parfois, elle se posait la question; pas par rapport à tous les gros cons de MatchMaker, mais par rapport à Aodren plus que tous les autres, évidemment. Évidemment, ouais. Quand ils étaient installés à la maison, sur le canapé, qu’ils ne parlaient pas de toutes ces choses dont elle gardait des souvenirs bien frais dans sa tête, elle se demandait si elle n’était pas en train de jouer à un véritable jeu d’hypocrite dans lequel elle entrainait même son meilleur ami. Pourtant, elle dirait qu’en amour, elle n’cherchait pas que le sexe; mais fallait quand même admettre, que le sexe dans tout ce qu’ils avaient connu, Aodren et elle, ç’avait été tout ce qui manquait à leur histoire. La confiance était là, l’affection était là, l’attention était là; ils s’amusaient ensemble, se parlaient de tout et de rien, n’se prenaient pas la tête, et ils cohabitaient depuis maintenant trois ans, sans avoir connu de grosse vague, comme une dispute sur pourquoi elle avait ramené trois chatons à la maison, ou pourquoi est-ce qu’il passait la serpillère avec tel produit plutôt que celui-là. Depuis bien trois ans maintenant, la blonde était plus complice avec lui qu’elle n’l’avait été avec ses partenaires; et parfois, même, le nom d’Aodren avait été lâché quand elle s’était faite larguer, une crise de jalousie stupide s’était-elle dit ces fois-là, affichant un air circonspect, et presque dégoûté à l’idée qu’on puisse sous-entendre qu’elle en soit à se taper son meilleur ami, comme ça, à la volée. Comme quoi. L’histoire avait sa propre ironie. Force était d’admettre qu’ils avaient bien l’air d’un couple, ces deux idiots là maintenant, toujours l’un contre l’autre, Tessa à lui parler de ses cheveux, comme si, la prochaine fois qu’elle reviendrait de chez le coiffeur, elle s’attendait à ce qu’il remarque les changements dans ses cheveux, et la complimente avec excès. Vous savez, l’habituelle crise que les filles faisaient à leur petit copain. Comme si Aodren était son petit copain, bah tiens. « Ouais c’est débile, mais c’est comme ça que ça marche. Tu sais, l’habituelle problématique que les hommes ne remarquent jamais, relative à l’égalité des sexes au travail. » heureusement, l’amertume dans ses mots n’était pas dirigée vers Aodren; il venait de dire que c’était débile, après tout - mais toute cette société patriarcale avait le don de parfaitement déplaire à la Tessa qui vivait à New York aujourd’hui, et quand elle entendait des gens dire que ‘New York n’est pas comme l’reste du pays, à ce niveau-là’ ça la faisait doucement rire. Parce que New York, était exactement comme partout pareil, y’avait qu’à voir les foules à Wall Street, les gens de Times Square, ou les habitants autour de Central Park, c’était pas là-bas que la diversité capturait les yeux, hein. Ils avaient bien, tous les deux, Aodren et elle, pensé que la fameuse fille aux cheveux de toutes les couleurs, n’pouvait pas bosser dans un bureau, hein? Eh bah voilà. « Ouais. Quand j’serai en vacances. » elle essaya de se consoler au moins avec ça, dans un léger sourire; maintenant que le ‘secret d’état’ sur ses cheveux était sorti, hein. Probablement qu’attendre d’Aodren qu’il l’encourage, la soutienne, et prête une quelconque importance à la couleur de ses cheveux, était encore un truc qu’elle aurait dû attendre d’un amoureux; comme quoi, peut-être n’avait-elle pas assez de pratique, en amour, pour savoir où était la frontière entre le strictement platonique, et les attentes surdimensionnées. « Non, c’que j’veux dire, c’est que ça marche jamais pour la personne qui monte le plan. Après, l’ex est vexée, et l’autre qui découvre que tu l’as utilisé, est vexé aussi. » et force était de constater que Tessa, elle n’aimait pas vexer les gens; c’était pour ça qu’elle n’parlait pas à Aodren, elle n’voulait même pas le pousser devant le fait accompli, qu’il ait à regretter d’avoir commencé à batifoler avec une idiote qui n’savait plus faire la distinction entre ses sentiments, et ce sur quoi ils s’étaient accordés. Irrémédiablement, la blonde finissait alors, plus souvent dans le camp des largués que des largueurs. Peut-être n’était-elle jamais passée très loin du pathétique spectacle que pouvait être une mascarade du genre dont Aodren venait de parler; en tout cas, elle ne l’avait jamais fait jusqu’alors - elle ne put que grimacer donc, à la question qui lui fut retournée; « Um, non. » elle ricana, ouvertement - il devait bien le savoir, quand même. « J’sais pas... j’ai toujours essayé d’éviter mes ex, franchement. S’ils me larguent, c’est pas demain la veille qu’ils vont être jaloux, hein. » encore une fois, ils y eut le ton de l’amertume, lui faisant pincer les lèvres, à Tessa; « Ils doivent pas être sur MatchMaker, déjà... ça fait quelque-chose qu’ils ont de moins pathétique que moi. » et voilà qu’elle partait sur un sujet trop sérieux, trop stupide et douloureux à la fois. Elle n’aimait pas, presque se culpabiliser ou se déprimer elle-même, de n’pas être en couple, de n’pas être parfaitement amoureuse sur son petit nuage, avec l’âge soeur bavant à côté d’elle. C’était c’que le monde semblait lui dire qu’elle devait être, et c’était c’qu’elle n’était pas. Pour mieux faire passer la pilule, Tessa avala une longue gorgée à sa bière; elle regrettait à nouveau d’s’être mise à parler d’elle, tiens.
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Asteria Drake
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MessageSujet: Re: (tessa + event 1), this is where it starts tonight. (tessa + event 1), this is where it starts tonight. - Page 2 EmptyMar 4 Juil - 16:44


We light it up in the darkest hour.
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Aodren, il n’était pas sûr de savoir avec certitude pourquoi il s’était inscrit sur MatchMaker dans un premier temps. Est-ce qu’il avait vraiment navigué sur le site en se disant que ça allait l’aider à trouver l’amour ? Que c’était la solution la plus évidente pour l’aider à se remettre de son divorce ? Il n’avait jamais vraiment cru qu’on puisse flasher sur une photo et automatiquement se dire que c’était bon, on venait de trouver le grand amour. Ça semblait quand même plus compliqué que ça à ses yeux. Il avait rencontré du monde grâce à ce site, mais clairement pas son âme sœur. Au final, il se disait que ça pouvait être sympa pour rencontrer des gens avec les mêmes centres d’intérêt, mais indéniablement, ça semblait plus efficace pour se faire des amis que pour rencontrer l’amour avec un grand A. Aodren, il avait été un mec assez fêtard, extraverti aussi, qui ne se contentait pas de rester avec son verre dans un coin de la pièce à attendre que temps passe, non il était allé vers les autres et c’était comme ça qu’il avait rencontré Gina, parce qu’ils s’étaient parlé, ils avaient bien accroché et ils avaient décidé de se revoir. Ça avait été pareil avec Tessa, il ne s’était pas contenté de lui parler sur internet pour pouvoir un jour la qualifier de meilleure amie. Alors, au final, peut-être qu’il n’y croyait absolument pas à MatchMaker et qu’il ferait mieux de quitter le site, parce qu’il passait trop de temps à observer le profil de Tessa, puis des mecs et des filles qui ‘flashaient’ sur elle et c’était pas franchement très constructif. Ça le rendait juste plus jaloux qu’il ne devrait l’être et si au début, ça avait pu ressembler à un instinct de protection envers sa meilleure amie, parce qu’évidemment il détestait chacune des personnes osant lui briser le cœur, aujourd’hui, il avait la très nette impression que ça dépassait largement ce stade-là.

Il essayait de se rassurer des fois en se disant qu’ils étaient bien ensemble, en colocation, en tant qu’amis, alors c’était normal qu’il n’ait pas envie que quelqu’un vienne se mettre entre eux deux, encore moins si ce quelqu’un avait des chances de blesser Tessa. Qu’est-ce qui se passerait si un jour, elle le mettait à la porte parce qu’elle aurait rencontré quelqu’un avec qui elle avait envie de vivre ? Ou quelqu’un qui serait jaloux et qui refuserait de savoir sa petite-amie vivant avec un homme sous son toit ? Est-ce qu’elle le virerait parce qu’on le lui demandait ? Est-ce qu’il se barrerait de lui-même pour ne pas avoir l’impression de tenir la chandelle ? Il se faisait du mal à se poser encore et encore ce genre de questions. Mais il n’arrivait pas à s’en empêcher et il savait trop bien que c’était pas le genre d’interrogations qu’on avait quand il était question du bonheur de sa meilleur ami. Ça avait l’air complètement égoïste. En attendant, c’était à lui qu’elle avait demandé de venir avec elle à la Pride, au lieu d’y aller avec n’importe qui d’autre, ou même toute seule pour rencontrer du monde. Est-ce que ça voulait dire quelque chose ? Encore une question à laquelle il ne pouvait pas répondre, mais c’était pas grave, il était venu et maintenant, ils étaient là tous les deux, collés l’un à l’autre, il avait sa main dans la sienne et il n’avait certainement pas envie de bouger, il se retrouvait même à parler de ses cheveux, pas forcément un sujet qu’il maitrisait, mais il se disait que ses cheveux à elles ils étaient vraiment beaux et s’ils devaient être rose, ça lui irait forcément bien. L’égalité des sexes, c’était peut-être pas un meilleur sujet que les cheveux cela-dit, il faisait indéniablement parti de ces fameux hommes qui avaient plus d’avantages en plus d’avoir un meilleur salaire, que les femmes. « Ouais, c’est vrai que ça craint ça. Je crois qu’on peut faire le même boulot, qu’on ait les cheveux roses, un pénis ou un vagin, ça change pas grand-chose. » Il haussa les épaules, c’était une évidence pour lui, ça ne l’était pas pour tout le monde apparemment, suffisait de voir qui le peuple américain avait choisi comme président pour s’en rendre compte. Il avait au moins ça pour lui Aodren, de faire partis de ces hommes pas du tout machos qui étaient pour l’égalité des sexes. Il avait été élevé par des femmes, parmi des femmes, alors ça lui avait forgé un très grand respect des femmes. « Tu vas en prendre des vacances ? » Il demanda sans savoir ce qu’elle avait de prévu de ce côté-là. Lui, avec l’été qui arrivait, il pouvait presque se considérer en vacances, y avait bien des sessions de cours en été mais tellement peu d’élèves qu’il était certain qu’il n’allait pas bosser tous les jours. Si Tessa avait quelques semaines, alors ça pourrait être sympa, au moins il serait pas tout seul à l’appartement. « Ouais, c’est vrai que vu comme ça, c’est pas terrible comme plan. » Il n’avait jamais eu d’ex à rendre jalouse lui, alors il n’avait jamais vraiment réfléchi aux conséquences de ce plan. Tessa non plus, apparemment, elle ne s’amusait pas à essayer de rendre ses ex jaloux, au moins, ils n’étaient pas désespérés comme ça tous les deux. « Si ça peut te rassurer, on est pathétique à deux alors. » Lui aussi il était sur MatchMaker après tout. « T’as déjà essayé de retrouver tes exs sur le site ? » Il ne put s’empêcher de poser la question, par curiosité ou parce que d’un coup, il s’intéressait à ses anciennes histoires. Mais elle avait qu’ils ne devaient pas être dessus, alors est-ce qu’elle avait concrètement cherché ?
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Rafe Hollins
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MessageSujet: Re: (tessa + event 1), this is where it starts tonight. (tessa + event 1), this is where it starts tonight. - Page 2 EmptyMer 5 Juil - 0:33

so many words we're not saying
Tessa n’s’estimait pas être de ces idiots qui rêvaient de l’amour avec beaucoup d’idéalisme, de rêves, de grandes ambitions à faire exploser son coeur au creux de sa poitrine. Y’avait eu des années où, en vivant à New York, elle avait même apprécié son célibat, et s’était persuadée d’en profiter, à défaut d’avoir un amoureux ou une amoureuse à ses côtés. Et ç’avait été très bien comme ça, c’était encore très bien comme ça; aujourd’hui, lovée contre Aodren à pouvoir passer du temps avec lui sans se prendre la tête, sans penser à une tierce personne qui pourrait être vexée qu’elle soit venue à la Pride avec lui en particulier, qu’y avait-il à regretter? Si elle devait être totalement honnête, la blonde ne voyait rien, rien à regretter, et au creux de son poitrail, son palpitant pulsait, doucereux, léger, rassuré par le confort qui l’entourait. Elle la connaissait, la chanson des jaloux, de toute manière; des paroles qu’elle n’avait pas laissé parasiter son esprit, ou empoisonner l’air de l’appartement qu’elle partageait avec Aodren. Au contraire, la blonde avait sans doute toujours réussi, à maintenir son meilleur ami loin des hypothèses qui construisaient ses partenaires, ou des paroles chargées de hargne qu’on lui balançait, à leur sujet à eux deux, quand les choses tournaient mal. On pouvait alors le dire, irrémédiablement, Tessa avait plus souvent choisi l’amitié à l’amour: au tout début, elle avait compris à tous les récalcitrants qu’Aodren avait besoin d’aide, qu’il avait quitté sa femme, qu’il créchait chez elle, qu’elle lui donnait un coup de main le temps qu’il se relève de tout ce qui arrivait dans sa vie. Et puis, progressivement, c’était devenu juste... évident. Ouais. Évident. Encore et encore, mise devant le fait accompli par certaines personnes, elle avait choisi Aodren; elle avait toujours choisi Aodren. Qu’aurait-elle dû faire? Le jeter dehors parce qu’un espèce de fou furieux ou une hystérique lui piquaient une crise de nerfs parce qu’ils partageaient un espace restreint, en cohabitation? Sans mentir, le simple fait que le jeune homme partage les frais avec elle, l’aide à la maison, ou même participe à rendre l’endroit plus plein et vivant, avait toujours été une dose de bonus non-négligeables. Et à la fin, quoiqu’elle ait pu ressentir, Tessa avait toujours su que si elle se sentait mal parce qu’elle s’était faite larguer, elle pouvait toujours se laisser tomber sur le canapé à côté d’Aodren, et il l’aiderait. Ouais, il l’avait aidée plus que les gens avec lesquels elle avait été en couple, à quelque tournant de sa vie. Ouais, elle avait cherché son aide, son soutien à lui, plus que celui de n’importe qui d’autre; c’était normal, non? Aux yeux de certains de ses ex, ça n’l’était pas; et qu’est-ce qu’elle pouvait dire à tout ça? Souvent, elle s’était demandée si elle aussi, elle n’trouverait pas ça normal qu’un tel ou une telle de ses histoires passées, aille vers une autre personne quand il ou elle allait mal, quand il ou elle doutait de quelque-chose ou quand il ou elle avait besoin de parler. Et-... et ouais, pour être honnête, elle avait fini par s’dire que c’était normal, qu’ils la haïssent, la jugent, la larguent pour ça; elle aussi, peut-être, qu’elle aurait pété un câble. Mais en toute honnêteté, elle s’était souvent dit que ce que l’Adkins et elle avaient, personne d’autre n’l’avait. Quand elle lui avait proposé de venir habiter avec elle, ç’avait été totalement désintéressé, sans penser à l’argent, à la compagnie que ça lui offrirait à elle, ou à combien ça pourrait les rapprocher, comme si elle avait toujours eu en vue de finir dans son lit. Elle était pourtant, bien prête à croire que dans c’monde, il était bien le seul homme hétéro capable de vivre avec une fille sans fantasmer sur elle, sans la draguer, sans saisir une chance un beau jour pour qu’elle finisse dans son lit. Et peut-être qu’il avait pensé pareil, hein.

Et, peut-être qu’ils s’étaient plantés sur toute la ligne. Qu’est-ce que l’histoire allait leur faire retenir de l’un l’autre, maintenant? Elle pensait de plus en plus souvent à lui; parfois en fantasmes, parfois avec des envies inavouables, parfois avec frustration, jalousie, peine, peur, excitation. Somme toute, rien qu’en soit, le deal qu’ils avaient rien qu’entre eux deux, n’avait pas grand-chose de plaisant; après tout, ils étaient censés se retrouver à ‘batifoler’ ensemble, pour se vider la tête après un mauvais rencard, une mésaventure amoureuse, ou un partenaire décevant. A la fin, ça voulait dire qu’Aodren avait toujours essayé quelque-chose avec quelqu’un d’autre, avant de se retrouver avec elle; comme s’il se contentait d’elle. Et comme si elle se contentait de lui. Quels imbéciles ils étaient, parce que Tessa pour sûr, elle n’voulait surtout pas que le brun s’mette à croire qu’il n’était qu’un prix de consolation. Ni en tant qu’ami, ni pour tout le reste. Pour aujourd’hui, elle n’lui avait pas demandé à lui en dernier recours, après avoir épuisé tout son répertoire, tous les gens sur lesquels elle avait ‘flashés’ ou avec lesquels elle avait ‘matché’ sur MatchMaker. Elle ne prêtait que si rarement attention à eux qu’à la fin, elle allait finir par ne plus, matériellement, avoir ‘besoin’ de se consoler avec Aodren, puisqu’elle n’aurait plus rien de quoi se consoler. Quand elle essayait de réfléchir, alors, à pourquoi elle était sur ce site, pourquoi est-ce qu’elle se connectait tous les jours pour voir son profil, ou voir le profil de quelques autres personnes, elle s’disait qu’elle était arrivée là par désespoir, ou à cause du jugement des autres, à cause de ce qu’elle était ‘censée’ avoir accompli dans sa vie jusque-là. Clairement, sa vie n’vendait pas du rêve; vingt-sept ans, célibataire, ça commençait bien, elle était techniquement bonne pour s’coltiner un chapeau moche à la Ste Catherine; heureusement, personne autour d’elle n’faisait attention à la date. Les gens qu’elle fréquentait étaient souvent plus jeunes qu’elle, à défaut, parce que ceux qui étaient plus âgés, étaient en couple, parlaient mariage, bébé, tous ces trucs qui la faisaient encore rouler des yeux ou grimacer d’effroi. Elle en était débectée, quand on lui demandait si pour elle, ce serait bientôt, quelque-chose au tournant, ou quand les pharmaciens précisaient de plus en plus ‘ce médicament ne convient pas aux femmes enceintes!’. Bien assez tôt, on lui donnerait des traitements contre la ménopause qu’elle n’aurait rien vu venir. Ouais, son imagination allait aussi loin, dans tout ce qui était relatif à sa vie privée, et Tessa dirait volontiers, en thérapie pour sa future dépression à cause de toutes ces conneries, que c’était comme s’tenir devant un puits sans fin. Elle était mieux avec Aodren, là - dans ses bras, elle avait même la possibilité d’oublier tout ça; c’était elle-même qui ramenait ces sujets de conversation, heureusement, elle retombait toujours plutôt bien. Surtout quand il répondait, lui; quand il écoutait, lui; quand il la soutenait. Dans un sourire, d’abord tendre, et qu’elle teinta d’un petit air fier, Tessa vint tapoter la joue de son ami avec sa main, dans une vague caresse, ou peut-être quelque-chose qui ressemblait à une félicitation gestuelle. « C’est bien pour ça que tu fais partie des un bons pour cent de la population des gens à pénis. » peut-être que c’était plus d’un, mais bon, elle était toujours, très aisément, cynique quand il était question des mecs dans le monde du travail; ceux qu’elle côtoyait quotidiennement dans son job à elle, étaient des connards qui manipulaient du fric plus qu’ils n’aimaient l’art. Ils avaient tous les défauts du monde, définitivement, alors ça propulsait toujours Aodren, qu’elle retrouvait tous les soirs, au rang de déité masculine. « Est-c’que ça veut dire que tu vas te teindre les cheveux en rose avec moi, pour tester la société? » elle ricana, persuadée d’avoir là, atteint la limite de la vision d’Aodren sur l’égalité des sexes. Ce n’serait pas à un de ces boss qu’elle aurait proposé une petite gâterie pour le consoler; non, c’était bien parce qu’elle savait que quoiqu’elle fasse, quoiqu’elle dise, elle n’serait jamais ‘moindre’ pour Aodren, même si parfois, le temps de longues minutes délicieuses, elle se réduisait à un corps, des lèvres, une langue, ou des attentions doucereuses. « J’en sais rieeeeeen. » fut-elle bien obligée d’admettre, geignant presque, lorsqu’il fut question de ses vacances; dans un grognement, Tessa laissa retomber sa main, celle-ci passant, inconsciemment, contre la cuisse d’Aodren, avant de rejoindre l’herbe. « T’as pas des examens à faire passer, pour torturer tes étudiants tout l’été, toi? » elle demanda, arquant un sourcil; elle se souvenait quand même avoir passé des étés entiers à bosser, bosser et encore bosser - des dossiers, des oraux, des trucs de merde desquels elle avait été bien contente d’être débarrassée. Ils n’avaient pas encore parlé des vacances, tiens; Tessa n’avait pas particulièrement envie de prendre des vacances en même temps qu’Aodren, s’il venait à embarquer une nana de sur MatchMaker à la plage, sea sex and sun et toutes ces choses. Si les choses devaient tourner comme ça, elle préférait largement bosser pour ne pas passer ses journées à cogiter sur des trucs comme ça. Comme quoi, quand elle parlait de jalousie, d’ex, de toutes ces choses compliquées et cruelles dans l’amour, peut-être ne parlait-elle pas forcément d’histoires révolues, claires et nettes dans sa tête. Pour l’heure, ils étaient pathétiques à deux; et c’était réconfortant - assez pour la faire sourire, Tessa, tendre et rassurée, se serrant un peu plus contre lui, comme elle en avait si souvent eu l’habitude. « Uh, bah ouais. » admit-elle au moins au jeune homme, à sa question, elle n’allait pas lui mentir, de toute façon; fallait croire qu’elle était plus pitoyable que lui, ça faisait un ordre d’idée. « Et puis des fois, j’cherche aussi les mecs de mes collègues, celles qui se la pètent parce qu’elles vont se marier, avoir un môme ou j’sais pas quoi. » et Tessa perdit un peu le fil de ce qu’elle disait; mariage, môme, c’était tout ce qu’Aodren avait eu et voulu, alors peut-être que la jalousie palpable dans la voix de la blonde, n’était pas très plaisante pour lui. « Les gens, ils aiment tellement exhiber leur réussite que parfois, j’aimerais juste découvrir que j’suis pas la seule... comme ça. » ‘comme ça’ quoi? Elle n’savait pas Tessa, grommelant pour elle-même; pourtant, hein, ça lui allait d’être célibataire, elle n’était pas particulièrement dépressive à cause de ça, à coller sa tête sur des photos de mariées, et à chanter des chansons déprimantes sur l’amour et les coeurs brisés. C’était frustrant, point barre! Au moins, Aodren pouvait toujours se targuer d’avoir essayé. « Elles doivent toutes s’faire des soirées tupperware ou j’sais pas quoi, et j’parie que j’suis jamais invitée. » pourquoi est-ce qu’elle allait jusque-là? D’toute façon, c’était pas parce qu’elle était célibataire, qu’elle n’avait pas besoin de stupides boîtes dans lesquelles mettre ses restes. Mais elle les achetait au pif, hein, et elle prendrait des somnifères pour pioncer, avant d’assister avec passion à une soirée tupperware. Mais bon, en tant que meilleur ami, Aodren il pouvait bien comprendre, non?
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