daisy ∞ samuel

Aujourd’hui était un grand jour : l’emménagement ! Samuel se plaisait bien dans son deux pièces pas mal situé, mais il avait voulu un peu de changement. Emménager avec quelqu’un, en plus d’être une nouvelle expérience, lui permettrait à la fois de faire des économies et à la fois de faire une nouvelle rencontre. Pas qu’il était pauvre, mais il n’était pas contre le fait d’avoir un peu plus d’argent pour… bah pour profiter de la vie. Pour ne pas avoir à se priver, encore plus. Pour gâter les deux hommes de sa vie et entretenir comme il faut ses conquêtes. Il n’avait jamais vécu avec personne d’autre que ses parents et l’expérience risquait d’être assez drôle. Il allait toutefois essayer de faire bonne impression pendant les premiers jours, de ranger le côté chieur au placard, mais chassez le naturel et il revient au galop ! Alors, Sam avait répondu à l’annonce d’une certaine Daisy. Ils s’étaient vus au détour d’un café et après une visite rapide de l’appartement, ils avaient choisi d’habiter ensemble. Inutile de préciser que Sam n’avait pas évoqué son second métier… Alors aux yeux de Daisy, il n’avait qu’un petit salaire de serveur à mi-temps. Il n’avait pas honte, mais il préférait attendre un peu avant d’en parler. Beaucoup n’appréciaient pas, il avait déjà eu des soucis à cause de ça, alors il préférait attendre de voir comment ça se passait avec elle, voir si elle était assez ouverte d’esprit pour accepter ça, plutôt que de tout balancer d’un coup. S’il pouvait éviter de se retrouver à la rue…

Sam n’était pas tellement matérialiste alors il n’avait pas eu besoin d’un gros camion pour ramener toutes ses affaires. Deux valises, ça suffisait largement. Il se pointa donc devant le fameux appartement qu’il avait vu une fois – après avoir failli se perdre, niveau sens de l’orientation on fait mieux – et frappa à la porte. Daisy ne tarda pas à venir lui ouvrir et, charmeur comme il était, Sam lui tendit une petite rose achetée sur la route. « Cadeau ! Parce que c’est gentil de m’accueillir chez toi ! » On pouvait être gay et galant avec les femmes, après tout ! On pouvait aussi être acteur porno et savoir se conduire en société…

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Daisy avait peur de franchir ce pas, elle, habiter avec un colocataire? L'idée semblait totalement surréaliste après le dégoût provoqué par le mode de vie de sa famille. La petite blonde avait dû habiter jusqu'à son adolescence avec trois mères plus ou moins folles et neuf frères et soeurs pas forcément éduqués comme il le fallait. Alors, quand elle avait pu quitter le nid, Daisy n'avait pas eu à se poser la question longtemps sur son nouvel habitat: seule, point barre. Quelques années plus tard, il s'avérait que cette solution miraculeuse ne soit plus aussi intéressante qu'à ses débuts, surtout parce que New York restait une ville chère et que Daisy était loin d'être millionnaire. Certes, elle n'avait pas choisi un quartier huppé mais elle avait tout de même un loyer à payer et avec le prix des transports en commun et les quelques sorties dont elle avait besoin pour sa survie mentale, la jolie York n'avait plus tant de moyens qu'au départ pour résister au poids de ses finances. Elle avait donc décidé d'engager un colocataire, quelqu'un qu'elle espérait de confiance et qui lui apporterait la stabilité financière tant attendue pour qu'elle ait le moins de mal possible à boucler les fins de mois. Un jeune homme avait vite répondu à son annonce, un certain Samuel, qui devait emménager le jour même, Daisy stressant de l'état de l'appartement alors qu'elle avait passé plusieurs heures à récurer le moindre recoin de son petit lieu de vie, espérant que le jeune homme y trouverait sa place malgré tout. Daisy n'avait plus tellement l'habitude de partager ses espaces et elle avait peur d'imposer des règles qui ne conviendraient pas à son nouveau partenaire de vie. D'après sa réponse, la blonde se doutait qu'il n'était pas très envahissant et qu'il vivait de manière relativement simple, travaillant à mi temps mais ayant assez d'argent pour payer le loyer à la fin du mois. Alors que Daisy rangeait son matériel de bonne fée, elle entendt toquer à la porte et accourut bien vite pour ouvrir à Samuel. Celui-ci lui tendit une rose, Daisy ne put que rougir de ce genre d'attentions, s'empressant de traîner sa valise à l'intérieur, question de politesse. "Oh, t'es vraiment sympa, t'était pas obligé tu sais, c'un plaisir de t'accueillir... D'ailleurs, bienvenue chez toi!" Daisy ouvrit les bras comme si le rideau venait de disparaître sous ses yeux naïfs. Elle était plutôt théatrale dans son genre alors qu'elle entraînait Samuel vers sa chambre, autant commencer par l'essentiel. "Voilà, j'espère que ça t'va, c'pas le grand luxe mais j'espère que tu pourras t'y créer ton cocon malgré tout! Tu veux quelque chose à boire en t'installant?" Avec toutes ses nouveautés, Daisy en oubliait les formules de politesse, quelle idiote.

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Samuel n’était pas totalement certain que la cohabitation se passerait bien. Il n’était pas du genre colocataire idéal, un peu trop blagueur, assez flemmard, pas souvent là. Alors il préférait essayer de se mettre Daisy dans la poche dès le début avec une petite attention. Il aurait pu lui amener tout un bouquet, mais ça aurait pu passer pour de la drague et il préférait mieux éviter ce genre de malentendu. Ils ne connaissaient encore rien de la vie privée de l’autre mais Sam ne tarderait sûrement pas à lui avouer son orientation sexuelle, elle n’était de toute façon pas un secret et ça couperait court à tous les quiproquos. Pas qu’il pensait plaire à Daisy, et puis peut-être qu’elle-même était lesbienne, on ne pouvait jamais vraiment savoir au premier coup d’œil. « C’est vraiment pas grand-chose, ça me fait plaisir ! Je savais pas trop quoi amener d’autre… » Une bouteille de vin aurait peut-être été une meilleure idée ? Mais encore une fois, ne connaissant pas Daisy… Il ne pouvait pas savoir si elle aimait l’alcool ou non. Une rose, ça n’engageait pas à grand-chose, c’était discret, assez peu coûteux, en bref parfait ! Et si on n’aimait pas ça, elle fanerait dans quelques jours.
Il la remercia pour la valise, même si, en tant qu’homme touché dans son ego, il aurait très bien pu les porter tout seul. Il la suivit jusqu’à la chambre et posa son sac sur le lit. Cet endroit lui plaisait déjà ! Il ne tarderait pas à la redécorer un peu à son goût mais pour le moment ça lui conviendrait parfaitement. Sam se tourna vers la jeune femme quand elle lui proposa à boire. Très instinctivement il répondit : « Une bière, si t’as ? Ou un verre d’eau, n’importe… » Il allait vite passer pour un pochtron, à ce rythme. Heureusement qu’il n’avait pas ramené de vin finalement ! Samuel la suivit dans la cuisine, regardant un peu tout autour de lui en même temps. Il était venu une fois pour visiter mais maintenant, il voyait l’appartement sous un tout autre angle. C’était chez lui. « Il serait peut-être temps qu’on fasse un peu plus connaissance ! Tu ne crois pas ? Dis-moi tout. Quel genre de colocataire tu penses être ? » Il voulait surtout savoir si elle était du genre à rester chez elle, à faire la fête, si elle était maniaque, ou bordélique. Et puis pour faire connaissance, tout simplement. « Et surtout, quel est ton colocataire idéal ? Enfin, j’sais que c’est moi, mais c’est pour être sûr ! » qu’il dit avec un grand sourire.

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Daisy avait toujours adoré vivre seule, être sans attache et ne pas avoir à rendre de comptes à qui que ce soit. De toute évidence, elle avait longtemps été une enfant rebelle mais on ne pouvait pas franchement l'en blâmer quand on constatait le mode de vie qu'elle avait dû avoir avec ses neuf frères et sœurs. Comment trouver sa place au milieu de tout ce beau monde ? La jolie blonde n'avait jamais su faire, elle était banale, incroyablement banale en comparaison de ses trois mères qui n'avaient jamais été en mesure d'élever cette ribambelle de bambins correctement. Daisy avait alors dû s'élever seule, pouvant compter sur le soutien de sa grande sœur, Susie, toujours là pour lui inculquer bonnes valeurs quand tout le reste semblait tomber en désuétude. Ce jour là marquait une nouvelle ère pour la jolie musicienne : elle acceptait de vivre avec quelqu'un d'autre, une personne qu'elle ne connaissait pas de surcroît. Cela dit, Samuel lui avait apparu plutôt sympathique au premier abord et le fait qu'il sonne à sa porte avec une rose à la main n'avait pas fait changer d'avis la jeune femme sur la question. Il avait vraiment l'air d'être un colocataire agréable et son instinct la trompait rarement. Tout pouvait arriver mais sur ce coup là, Daisy espérait avoir raison. « Oh, tu sais, je comptais surtout sur le fait que tu t'amènes, toi, mais c'est vraiment une jolie intention, merci. » Au moins, ils partaient sur de bonnes bases alors que Daisy accompagnait Samuel jusque dans sa nouvelle chambre. Elle était un peu stressée à l'idée que l'endroit ne lui plaise pas, elle avait fait beaucoup d'efforts pour l'accueillir et elle espérait sincèrement que le jeune homme s'y sentirait à sa place. Quand les affaires de Samuel furent déposées dans la chambre, Daisy le dirigea jusque dans la cuisine, histoire de lui offrir de quoi se désaltérer après son court voyage. « T'es chanceux, je viens tout juste d'acheter un pack ! » Et ni une ni deux, elle lui tendait une bière en souriant. Il avait raison, il était temps qu'ils brisent la glace et disent merde aux convenances s'ils voulaient vivre ensemble. Daisy choisit le salon comme destination pour eux, s'asseyant sur l'humble canapé en attendant que Samuel l'y rejoigne. « Hum, ça, c'une sacrée question mais je dirais que je suis le genre de colocataires plutôt discrètes, sauf quand je joue de la guitare mais sinon, je suis quelqu'un qui respecte les espaces des uns et des autres alors, tant qu'on me rend la pareille et que chacun fait sa part des tâches ménagères, tout est idéal pour moi. » Il fallait avouer que Daisy n'était pas franchement difficile, s'accommodant du caractère de tout le monde sans faire de vagues, même si elle avait un petit côté tyrannique quand quelque chose ne lui plaisait vraiment pas. « Et de ton côté, t'attends quoi de cette colocation ? Je veux dire, niveau règles tout ça... Que ce soit niveau ménage, courses, fêtes et invitations d'autres personnes, hésite pas à jouer carte sur table histoire qu'on se mette d'accord directement. » De son côté, York n'avait pas grand monde à recevoir mais les choses pouvaient changer alors, elle voulait tout de même être sûr que Samuel soit sur la même longueur d'ondes qu'elle.

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Elle avait des bières ! Daisy avait des bières au frais ! Ca y est, Samuel pouvait décréter qu’elle était la colocataire parfaite. Comme quoi, il en fallait peu pour le rendre heureux, le petit ! Il lui fit un beau sourire, lui montrant toutes ses dents. « Tu viens de conquérir mon cœur avec une seule petite phrase… » Sam était quelqu’un de simple. Pas franchement matérialiste, encore moins prise de tête. A vrai dire s’il n’aimait pas tant la viande il serait probablement devenu un de ces hippies végétariens avec une barbe de trois kilomètres… Comment ça, c’était cliché ? Bon. Tout ça pour dire qu’il n’était pas du genre à s’emporter avec les gens. Sauf quand on le provoquait trop fort, lui ou un de ses proches. Légitime défense. Samuel attrapa la boisson avec un grand plaisir et la suivit dans le salon. Son salon, maintenant. Bordel, ça lui faisait bizarre à lui aussi qui vivait seul depuis un moment maintenant ! Il ne restait plus qu’à déterminer s’ils risquaient de s’entendre ou bien de se faire la guerre, d’où les questions de Samuel. « Ah oui tu joues de la guitare ? » Ca ne le dérangeait absolument pas. Il se ferait même un plaisir de l’écouter – du moment qu’elle ne jouait pas à trois heures du matin, quand il espérait désespérément de trouver le sommeil. Mais ça n’avait pas l’air son genre, Daisy semblait respectueuse, et comme elle le disait, attentive à l’espace de l’autre. De son côté il tenterait de ne pas faire trop de bruit avec Jackson et Flynn... D’ailleurs, comment lui parler d’eux sans avoir l’air d’un gros psychopathe libertin ? « J’ai hâte d’entendre ça ! Alors moi je suis… mh… » Chiant, déconneur, blagueur, nympho ? Elle aurait tout le temps de découvrir ses mauvais côtés, quoiqu’avec lui elle allait forcément se marrer ! Il éviterait les trop grosses farces mais tel un enfant qui teste ses parents, il testerait les limites de son humour. « J’attends qu’on passe des bons moments ensemble ! Qu’on évite de tomber dans une relation parent/ado, où l’un gueule sur l’autre, tu vois ? Alors, c’est vrai que j’suis pas toujours très attentif, que j’oublie parfois le ménage… Mais à ce moment-là il suffit de me dire et je remédie à ma connerie. » Il n’aimait pas forcément ça le ménage, mais il fallait le faire, alors il le ferait. Par contre, il savait cuisiner ! C’était venu avec son éducation, tout comme l’aversion pour le ménage et la discipline. Bon, il n’était pas difficile d’imaginer qui serait l’enfant de la colocation, finalement. « Je suis du genre à rire pas mal, à faire le con assez souvent. Alors, ouais, niveau des gens qu’on peut inviter faudrait qu’on s’accorde. J’ai… deux très bons amis que je vois assez souvent, c’est vrai qu’on se voit souvent à trois, faudrait que je sois sûr que ça ne te dérange pas. » Il pouvait bien sûr inviter Flynn et Jackson séparément, mais ils avaient parfois envie de passer du temps à trois. Et pas qu’au lit ! Parfois juste devant un film, une série, un truc du genre. Un trio d’enfer quoi. « Ils sont très gentils. » Quant aux aventures, il pouvait toujours s’engager mentalement à coucher chez les autres au maximum. « Mais si vraiment tu ne les aimes pas, ou qu’on fait trop de bruit, ou j’sais pas, faudra me le dire. En fait, j’pense que si on se parle de tout ce qui cloche ça se passera bien ? Niveau du reste, soit on se partage le frigo, soit on partage nos courses, j’ai pas de souci là-dessus. Au pire on peut faire genre un pot commun, où on met un peu d’argent tous les mois, pour les courses, les trucs à remplacer s’il y en a, ce genre de choses ? »

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Etablir des règles n'était pas ce qu'il y avait de plus évident, surtout pour quelqu'un comme Daisy qui n'avait jamais eu aucun ordre à suivre de la part de sa famille. La belle blonde avait dû s'inventer les règles du jeu, comprenant que la société en avait tout de même besoin pour subsister. Ses mères n'avaient pas bien saisi le concept de leur côté, laissant vagabonder leurs bambins sans restrictions d'horaires ou de périmètres, Daisy n'en avait pas franchement profité. Elle n'avait pas fait de réelles crises d'adolescence, en dehors de son désir de connaître ses deux parents. On ne lui avait jamais donné la réponse alors, elle avait fini par lâcher l'affaire même si cette réalité la rongeait encore bien des années plus tard. Elle essayait de ne plus y penser, après tout elle n'avait plus quatorze ans et surtout, elle vivait le plus loin possible de sa famille. Au moins, personne ne venait lui chercher des noises ce qui lui seyait plutôt bien. Néanmoins, aujourd'hui, York passait un cap, elle choisissait Samuel pour habiter avec elle, s'obligeant à créer des règles et un mode de vie qui leur conviendrait à tous les deux, autant dire que ce n'était pas une affaire aussi simple que cela en avait l'air. Jusque là, tout se déroulait plutôt bien, Samuel ayant fait preuve d'une extrême galanterie, Daisy lui rendant la pareille à son niveau, une bière et le jeune brun semblait conquis. Tant mieux, Daisy pouvait lui sourire alors que leur conversation commençait réellement à ce moment là. Ils devaient mettre au clair ce qu'ils désiraient de cette colocation, le tout dans une ambiance bon enfant, ce que préférait la blonde assurément. "Je suis musicienne à mes heures perdues et même après huit heures passées dans un magasin de musique, j'ai encore besoin de jouer mais c'est mon seul vrai moment où je fais du bruit si ca peut te rassurer." Cela dit, c'était un bruit plutôt agréable a priori. Daisy désirait en savoir plus sur les intentions de Samuel maintenant, ne sachant pas réellement sur quelle planète il vivait au quotidien. "Oh, ne t'inquiète pas, je passe assez de temps à hurler sur mes clients, je pense que j'aurais envie d'être plus diplomate avec toi si jamais tu fais des bêtises! Mais je note tout ce que tu me dis et je dirais que je souhaite la même chose... Qu'on s'entende juste bien." Elle écouta la suite de son récit d'une oreille attentive, Daisy en arriva bien vite à la conclusion que Samuel avait un mode de vie radicalement différent du sien mais soit, elle s'y ferait. "Tu es chez toi autant que moi alors je vois pas pourquoi je t'empêcherais d'inviter tes amis... Après, je pense qu'il faut qu'on s'accord pour ne pas compromettre les parties communes de l'appartement si tu vois ce que je veux dire." Daisy était ouverte d'esprit, c'était normal vu l'enfance qu'elle avait eu mais elle avait tout de même besoin de savoir que son habitation ne se transformerait pas en dépotoir à un moment donné. "Communication au maximum, j'adhère! Je pense qu'on peut s'arranger en mode on fait chacun son tour les courses en utilisant le pot commun. Si ça te va bien sûr... Et je pense qu'on devrait essayer de se côtoyer un minimum, tu sais se faire une soirée colocs de temps en temps histoire d'entretenir le lien si c'est ton genre... Après je t'oblige pas." Daisy avait aussi envie de se connecter avec son nouveau colocataire, c'était mieux de vivre avec un ami qu'un étranger après tout.

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Ils semblaient être sur la même longueur d’ondes tous les deux, ça laissait présager d’une bonne relation entre colocataires. « Pas la peine de me rassurer, en vrai que tu fasses du bruit ou pas… Ca m’est égal. On n’est pas à l’armée donc si le son de ta télé va fort ou que t’écoutes de la musique, j’vais pas te tomber dessus ! En plus t’as de la chance, j’ai le sommeil assez lourd. C’est pour me réveiller que tu risques de galérer un peu. » Mais a priori elle n’aurait pas à le réveiller, non ? « C’est vrai ? Tu hurles sur tes clients ? Qu’est-ce qu’ils font pour mériter ça ? » dit Samuel en riant doucement. En fait, il n’imaginait pas Daisy se mettre en colère. Elle avait l’air de quelqu’un de calme à première vue, mais il ne fallait jamais se fier aux apparences ! « C’est cool. Mais t’inquiète pas, s’ils viennent, on sera tranquilles. J’ai pas non plus envie de vivre dans un dépotoir donc si on met un peu le bazar je rangerais juste après, y’a aucun souci. » Il préférait ne les présenter que comme des amis. Mais il était évident qu’il prenait cette demande également comme une demande de ne pas souiller les parties communes… Dommage pour Flynn et pour Jackson, ils devront se contenter de son lit pour faire des bêtises ! Plus qu’à voir si la chambre est bien insonorisée ou pas… « On pourra même aller faire des courses ensemble. Au moins une fois ou deux, comme ça on voit ce que l’autre aime, quelles marques il préfère prendre, ça nous fera gagner du temps… Et puis c’est plus agréable de faire ça à deux que tout seul ! » Il but quelques gorgées de sa bière. « Hey, la soirée spéciale colocs c’est vraiment cool comme idée ! Ca me va totalement. On apprendra à se connaître, et puis j’pense que c’est important de se voir pour parler autre chose que des courses ou du ménage. Personnellement j’aime bien sortir, mais ça me dérange pas non plus de rester devant un film ou une série. J’suis pas trop chiant. » Pas trop chiant, pas trop chiant… Daisy ne serait peut-être pas de cette avis le jour où elle devra prendre une douche glacée à cause de ses blagues débiles. Mais il valait mieux lui laisser la surprise… « T’as déjà vécu avec quelqu’un d’autre ou c’est une grande première ? On exclut la maison familiale bien sûr. »

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Daisy n'aimait pas spécialement se montrer autoritaire mais avec le passé qu'elle avait, la jolie blonde n'avait pas eu d'autres choix pour arrêter de souffrir. Il fallait se rendre à l'évidence: elle n'avait pas été gâtée du côté de sa famille et si elle avait pensé à un moment donné que le tout s'arrangerait avec sa vie sentimentale, elle s'était visiblement bien trompée. Sa seule véritable histoire d'amour lui avait brisé le coeur alors elle s'était servie de son autorité pour se protéger du monde extérieur. Daisy espérait qu'elle n'userait pas de ce genre de stratagèmes avec son colocataire: elle avait besoin qu'il se sente bien chez eux, qu'il n'ait pas envie de la fuir comme d'autres avant lui. Jusque là, la communication était au rendez-vous et la musicienne n'avait pas tellement d'inquiétudes à ce sujet, concentrée qu'elle était sur les mots qu'il pouvait lui dire. "Parfait alors! De toute façon, j'compte pas trop venir te réveiller, le sommeil pour moi, c'est sacré!" Elle même avait toujours eu cette tendance à dormir beaucoup, encore une méthode pour ne pas avoir à fréquenter le monde extérieur qui était d'une violence extrême à son sens. Au moins, Samuel n'avait pas l'air de vouloir la blesser, bien au contraire, il semblait prévenant et intéressé par ses histoires. "Oh bah tu sais, je travaille pour une grosse boîte de vente d'instruments du coup j'ai quelques clients exigeants si on peut dire... Parfois, c'est dur de répondre à leurs attentes et c'très fatigant mais bon, pour l'amour de l'art, hein..." Elle était artiste avant d'être vendeuse et cela la dépassait complètement qu'on puisse rechercher le style avant le son. "On devrait franchement bien s'entendre alors, si chacun range son bazar dans les lieux qu'on partage, c'pile ce qu'il faut pour que ça aille dans le bon sens." Daisy prenait peu de place de toute manière, elle était toujours discrète et détestait qu'on passe après elle pour ranger quand elle était la fautive. Au moins, les deux colocataires avaient les mêmes principes et la jeune blonde ne put que sourire en envisageant les quelques moments qu'il pourrait partager dans leur nouveau chez eux."Avec plaisir! S'il y a bien une corvée dans ce monde, c'bien les courses en solo donc j'nous vois bien nous amuser avec notre chariot entre les rayons de charcuterie et boucherie." Elle s'autorisa même à en rire, une sacrée image clairement. "Oh, bah tu sais, on pourra toujours aller au bar ou quelque chose du genre et puis si t'es intéressé de venir quand j'fais un petit concert dans le coin, tu seras le bienvenu." Elle avait toujours peur de jouer devant des gens qu'elle connaissait mais Samuel était son colocataire alors ce serait peut être différent. "C'est la première fois que je poste ce genre d'annonces, j'aimais bien vivre seule justement parce que je vivais avec neuf frères et soeurs dans une maison en bordel constant mais au bout d'un moment, la solitude a commencé à me peser. Et toi, t'as des expériences en la matière?" Forcément, York voulait tout savoir, le connaître, c'était commencer à l'apprécier à sa juste valeur.

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La pauvre Daisy ne savait pas dans quoi elle s’embarquerait avec Samuel. Ce n’était pas un garçon méchant, il ne lui manquerait pas de respect et n’était pas du genre à se prendre la tête, il respecterait même les petites règles qu’ils se fixaient entre eux – ou du moins il essaierait. Disons qu’il était juste un peu tête en l’air, parfois bordélique sans forcément s’en rendre compte, qu’il aimait bien les mauvaises blagues pas drôles au goût de tout le monde. Elle allait en avoir des cheveux blancs par sa faute ! Il serait peut-être pire que les clients dont elle parlait à l’instant. Peut-être pire que la fratrie nombreuse qu’elle venait d’évoquer. C’est aussi pour ça qu’une soirée entre colocs de temps en temps ne leur ferait pas de mal : pour désamorcer les tensions, mettre certaines choses au clair… Samuel allait se tenir quelque temps, juste le temps qu’elle l’apprécie assez pour ne pas le foutre à la porte. Plus il se sentirait proche d’elle plus il oserait se lâcher – et ça n’avait pas que des côtés négatifs. Il était capable de beaucoup de choses pour les gens dont il était proche, même s’il n’était pas le plus démonstratif du monde. Alors si dans l’avenir elle avait besoin de lui, il serait là. Ce n’était pas un pro du ménage, mais il était bon dans d’autres domaines. « Tu travailles là-bas en attendant de percer ? Ou alors ce n’est qu’un loisir ? » Sam, ou l’art de mettre les pieds dans le plat directement. Il pensait déjà connaître la réponse, pour travailler dans une boutique pareille la jeune femme devait vraiment être une mordue de la musique mais peut-être se trompait-il.
Ce qui était bien avec Daisy, c’est qu’elle n’avait pas l’air très exigeante. En fait elle ne demandait pas grand-chose, simplement un peu d’ordre dans l’appartement et que chacun respecte l’espace vital de l’autre. Elle était même d’accord pour qu’ils aillent faire les courses ensemble ! « Faire la course en caddie c’est juste la base… Une fois je me suis fait virer d’un magasin. » Mais ç’avait été les meilleures courses de sa vie ! « J’aimerais bien ouais, venir à un concert ! Dans le coin V.I.P et tout ? Sinon, nan. J’ai jamais vécu avec quelqu’un mais y’avait souvent mes amis chez moi alors. C’est avant tout pour faire des économies mais aussi parce que ça peut être une expérience cool. J’ai pensé que je pourrais faire des chouettes rencontres et ça a l’air bien parti. Mais du coup tu seras indulgente hein ? Vivre en communauté, tout ça… Faut que je prenne mes marques ! »

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Ce n'était pas franchement évident pour Daisy de choisir un colocataire. Elle avait pris l'habitude d'habiter seule entre ces murs, se remettant peu à peu de es années de dures labeurs avec de multiples frères et soeurs à hurler dans la maisonnée. Daisy savait que ses mères étaient responsables si elle avait bien du mal à faire confiance à autrui mais peut être qu'il était temps d'enrayer cette malédiction justement et surtout, d'aller de l'avant. Après tout, la jeune York avait encore la vie devant elle et si elle ne décidait pas dès maintenant que son existence ne devait pas être guidée par quelques durs événements de son passé, elle n'évoluerait jamais de la bonne manière. Alors, accueillir Samuel à bras ouverts semblait être une excellente solution pour se reconstruire. Elle avait conscience qu'il n'était pas parfait mais elle non plus, ils avaient tous les deux leurs défauts et leur mode de vie mais il allait falloir s'accommoder de leurs différences pour pouvoir vivre paisiblement ensemble. Jusque là, tout semblait se dérouler de la bonne façon puisqu'ils étaient en mesure de lancer des conversations sans qu'il n'y ait des dizaines de silence par minute. Parler de la musique avait toujours été un sujet de discussion qui égayait Daisy alors, elle se faisait un plaisir de répondre à son colocataire. "Percer? Je pense pas que je suis assez ambitieuse pour l'envisager. Non, je pense vraiment que le magasin de musique, c'est ça mon destin mais ça n'enlève pas mon amour des concerts que je fais de temps en temps donc..." Daisy aimait les deux aspects du métier, même si elle se plaignait fréquemment de sa clientèle geignarde. Il fallait de tout pour faire un monde et elle acceptait que cette vie à l'appartement allait changer à partir de maintenant. Samuel était désormais chez lui et il aurait le droit d'inviter ses amis autant qu'elle, il suffisait juste qu'ils se mettent d'accord sur le règlement à suivre à la lettre pour que tout se passe au mieux. "T'es un grand criminel, dis moi... On pourra tester si on se fait encore virer d'une boutique pour ce genre de raisons, alors." Daisy lui fit un clin d'oeil: il était évident qu'elle avait bien besoin de se dérider un peu, elle, la maniaque du contrôle qu'elle avait été ces dernières années. "Bien sûr que tu seras invité dans le carré VIP directement, j'ai qu'un seul coloc' après tout." Il n'y avait jamais eu de carré VIP à vrai dire mais Daisy pouvait encore entretenir l'illusion quelques semaines certainement. "T'en fais pas, moi aussi je vais découvrir ça alors on va apprendre ensemble, non? Je pense qu'on est pas trop mal partis. Quoi de mieux qu'un apéro pour commencer une colocation?" Effectivement, ils étaient à la bière et Daisy s'empressa d'aller chercher de quoi les nourrir, une bonne entrée en matière pour leur toute nouvelle collaboration.