Traverser New York pour une boutique, c’était loin de gêner Elian. Il avait déjà fait pire. Changer d’état ou de pays pour un caprice, c’était bien son genre. Après tout, il était riche grâce à sa mère, son géniteur et grâce à son propre taff. Donc pour lui, l’argent et le temps n’étaient pas problématiques. Il s’était donc rendu dans la fameuse boutique « mandolin brothers » dont les guitares et autres instruments à cordes de ce type étaient réputés à travers le monde. Le métis avait besoin d’une nouvelle guitare folk, la sienne ne lui plaisait plus. Elle était trop… banale. Il voulait quelque chose de plus fantaisiste mais avec un son irréprochable. Pour ça, pas question d’acheter une merde sur amazon. Il était peut-être superficiel, le grand brun, mais il s’y connaissait un minimum dans le domaine. Il faisait du piano depuis ses six ans et de la guitare depuis qu’il avait dix ans. Donc il pouvait se vanter de maîtriser ces instruments. Il continuait de pratiquer régulièrement parce qu’il était comme ça, Elian avait besoin de s’occuper, de faire les choses qu’il aimait. Il avait un petit côté « hyperactif » qui lui était bénéfique dans l’apprentissage des choses… mais c’était négatif dans le sens où il lui arrivait d’avoir des lubies passagères assez régulièrement. Par exemple, le violoncelle. Il ne savait pas s’il continuerait longtemps. Cela faisait quelques mois qu’il s’y était mis et pour le moment il s’accrochait, mais peut-être que dans un mois, il rangerait son instrument et annulerait les cours auprès de son professeur.

Il était donc arrivé devant la boutique qui l’intéressait. Sa voiture de luxe garée à proximité d’une autre voiture de luxe… ça le rassurait sur la qualité des instruments qu’on vendait dans la boutique. Peut-être que c’était la voiture d’un musicien ou chanteur connu. Le métis pourrait se vanter d’avoir été dans le même magasin que ladite célébrité… enfin, des célébrités, il lui arrivait d’en croiser régulièrement grâce à son rang social et son métier. Il entra donc la boutique et observa les lieux. Les instruments avaient l’air de bonne qualité. Mais bon, le métis et son caractère de diva allait sûrement avoir à redire. Il attrapa donc un instrument et l’essaya vite fait. Niveau son, c’était okay pour lui. Mais bon, encore une fois, c’était très classique comme design. C’était à se demander si l'on pouvait avoir un instrument original et avec un bon son… il ne voulait pas une putain de guitare hello kitty, il voulait quelque chose qui allait avec ses différents look… avec son milliard de vêtements. Il alla donc s'adresser à une vendeuse, hyper blonde et mignonne… C’était pas parce qu’il était gay qu’il ne pouvait pas trouver une fille mignonne. Enfin passons. « Bonjour. Hum vous n’avez pas des guitares folks moins… » Il soupira, cherchant un mot pas trop violent. « …moins bof ? Moins fadasses quoi. » Dit-il un peu hautain. C’était un de ses plus gros défauts, ce côté sale gosse prétentieux. Il le savait mais n’avait pas l’intention de changer.

Il y avait des jours comme cela où Daisy ne supportait absolument rien. Elle s'était sûrement levée du pied gauche pour s'énerver constamment pour des broutilles. Dès le début de la journée, elle avait raté son bus et était arrivée en retard à la boutique, ce qu'elle avait en horreur. Ensuite, elle avait constaté une fuite d'eau dans les réserves du magasin ce qui l'avait forcée à passer deux heures, serpillière en main à essayer de colmater les dégâts, se retrouvant trempée au passage alors qu'il ne faisait pas encore trente degrés dans le magasin. Elle avait frissonné pendant toute sa pause déjeuner et avait vite fait de se réchauffer en attrapant une des guitares d'exposition pour jouer un petit morceau sans prétention. Il n'y avait pas eu grand monde à conseiller ce jour là, les gens devant certainement se retrouver au travail ou au parc à profiter du beau temps. Daisy était enfermée entre les cartons d'instruments à répertorier et les inventaires à faire la semaine suivante. L'envie n'était pas franchement là mais la belle blonde attendait que la journée passe, c'était certainement la meilleure solution pour tenir le coup. Du moins, c'était ce qu'elle se disait alors qu'elle remettait en place les cordes de la section guitare, ne s'attendant pas à entendre une pétarade insupportable juste devant son magasin. Forcément, la jeune femme se coupa dans son élan pour regarder de quoi il en retournait. "C'qui le débile profond qui pollue la planète en jouant aux beaux gosses de bas étage, sérieusement?" La cloche cliqueta peu après cela et Amalia accueillit le fauteur de troubles, les bras croisés avec un sourire forcé coincé sur son visage.

Cela dit, on l'avait bien éduquée alors elle reprit sa bonne humeur de circonstance avant de prononcer un bonjour étincelant, laissant le jeune homme traîner entre les étalages le temps qu'il trouve son bonheur. D'apparence, Daisy n'avait pas forcément envie de le renseigner: les grosses voitures et les habits à cent dollars, ce n'était pas tellement le monde dans lequel elle avait bercé. Malheureusement pour elle, Daisy avait tendance à croiser des gens de ce genre là de plus en plus fréquemment, la dure labeur d'une vendeuse dans un magasin de musique new yorkais. Jusque là, le jeune homme lui ficha la paix, ce qui l'arrangeait plutôt bien vu sa mauvaise humeur du moment. Néanmoins, la poisse n'était jamais très loin et bien vite, le brun se retrouva devant elle, Daisy continuant de ranger ses cordes sans lui accorder un véritable regard. Rien que ses mots l'exécrait déjà et elle tenta de ne pas souffler pour rester la vendeuse de l'année. Pour autant, elle ne put pas s'empêcher de froncer les sourcils en vue du vocabulaire que son client venait d'utiliser. "J'vous demande pardon? Fadasses? Si David Bowie vous entendait, il vous balancerait du haut de l'Empire State Building, sachez le... Mais certes, j'peux vous trouver du chic... A votre image, le client est roi après tout." Elle sortit son plus beau sourire avant de relâcher ses cordes pour diriger son client vers l'étalage de guitares. Elle s'arrêta devant l'une d'entre elles, une belle Fender qui coûtait bien deux de ses salaires, avec des motifs un peu extravagants. "Ca, c'moins fadasse, vous pensez? Non, parce que j'peux vous trouver un ukulélé plus hipster si c'est votre style..." L'ironie dont elle faisait preuve allait de pair avec la situation. Elle était là pour vendre cela dit alors elle ferait le boulot, peu importe les requêtes étranges de ses clients les plus fortunés.

Qu’est-ce que David Bowie venait faire dans la conversation ? Le métis avait du respect pour le défunt artiste mais il n’avait aucune envie d’avoir une guitare qui plaisait à un mort. Il voulait quelque chose qui lui plaisait à lui. Évidemment, une guitare simple c’était très joli, mais il en avait déjà une qui était très jolie, de très bonne qualité et qui coûtait très cher. Sauf que là, il en cherchait une de très bonne qualité et originale. Pour le prix, il s’en fichait complètement. Elian n’avait pas vraiment besoin de surveiller ses dépenses…il n’avait jamais eu ce genre de contrainte qu’ont les gens normaux. Il était désolé que la pauvreté existe, mais n’allait pas s’excuser d’être né d’une mère riche et il n’allait pas vivre comme un pauvre juste parce que c’était mal vu, la démesure. Alors oui, il avait des exigences de riche et des manies parfois agaçantes, mais il n’allait pas changer pour plaire au petit peuple. Quoi qu’il en soit, il se doutait bien que ce que voulait dire la blonde, c’était qu’elle avait envie de le lâcher du haut de l’Empire state building… honnêtement, le métis s’était contenté d’un haussement de sourcil alors que intérieurement, il trouvait ça assez drôle. Et oui, le client était roi. Pourtant, ironiquement, Elian n’aurait pas aimé être roi : c’était trop de boulot… et pas du boulot sympa. Gouverner, non merci. Être la noblesse oisive, ça c’était intéressant. Enfin là n’était pas le propos hein. Il suivit donc la blonde jusqu’à un autre étalage.

La vendeuse lui présenta donc une fender à motif. Elle lui proposa aussi un ukulélé. Il lâcha l’un de ses petits rires à la fois amusés et prétentieux dont il avait le secret. « Les hipsters ont des ukulélés normaux, ils choisissent juste le ukulélé parce que ça fait moins conventionnel que la guitare. » Il avait dit ça un peu pensif. Plus pour lui-même que dans le but de vraiment lancer un débat. En soi, il n’avait rien contre les hipsters, c’était juste leur démarche qu’il trouvait débile… chose qui s'était retournée contre eux puisque c’était devenue une mode commerciale au final. « Et nan, ce design est trop… méli-mélo. Trop d’informations dans le visuel. L’originalité, ce n’est pas une question bazar visuel… je ne veux pas de marron, pas de noir… au passage... » Il observait un peu tous les modèles en parlant en se disant ce serait plus simple qu’il la design lui-même. « Pourquoi les bonnes guitares sont toujours toutes les mêmes ? On ne peut pas avoir la qualité ET l’originalité ? » Demanda-t-il perplexe à la vendeuse, c’était son métier de pouvoir lui répondre. En théorie. Et puis, il y avait des guitares fun sur Amazon pour cinquante dollars … sauf que si ça coûtait seulement cinquante dollars ce n’était surement pas pour rien. S’il voulait un instrument rose avec des fleurs blanches dessus, à qui devait-il s’adresser hein ? Bon, limite blanche avec des fleurs de cerisier c’était plus élégant quand même.

Daisy n'était pas la vendeuse la plus abordable de la région, elle en avait conscience. La belle blonde avait toujours eu cette tendance à utiliser le cynisme et le sarcasme pour se débarrasser des gens qui n'avaient que peu d'intérêt pour elle. Malheureusement pour Daisy justement, quand on travaillait dans un magasin de musique new yorkais, il y avait toujours des clients difficiles qui passaient le pas de la porte. Certains d'entre eux avaient des demandes bien spécifiques et qui ne pouvaient que la rendre acerbes... Le coeur de la musique, c'était le son alors pourquoi s'embêter avec l'image d'un instrument? C'était ce qu'elle pensait en tout cas parce que Daisy avait acheté la première guitare qui avait passé son chemin à l'époque et elle ne l'avait pas regretté le moins du monde, même si celle-ci n'était pas customisée comme celles des plus grands. A vrai dire, elle s'en fichait, elle ne comptait pas devenir riche ou célèbre, Daisy voulait juste jouer des mélodies et s'il y avait des gens suffisamment fous pour apprécier ce qu'elle faisait, c'était un plus non négligeable. Tout ce qui comptait à l'heure actuelle, c'était de partager ce qu'elle avait dans le coeur et des blessures, Daisy en avait un paquet à panser. Les gens ne le voyaient pas au premier abord mais si la belle Daisy était autant sur la défensive avec autrui, c'était bel et bien parce qu'elle avait le coeur brisé en mille morceaux. Alors, elle avait du mal à accepter les requêtes impossibles de ses clients, les remarques délirantes des gens qu'elle rencontrait, tout ce qui rendait si vie si compliquée quand tout aurait dû être affreusement simple. Elle s'en remettait au ciel cela dit parce que Daisy était bien incapable de contrôler son sale caractère, encore moins quand elle passait une journée entière à s'ennuyer dans un magasin vide. La première personne qui entrait se devait d'être le client le plus exigeant du siècle, forcément et elle n'avait pas nécessairement la patience de faire dans la dentelle. Que faire, l'ignorer ou l'envoyer sur les roses avant même qu'il n'ait eu la chance de s'expliquer? Son coeur balançait mais Daisy se devait de rester correcte si elle voulait garder son travail et donc son salaire, alors autant jouer la carte d'un humour étrange.

Elle ne savait pas si elle devait rétorquer ou bien laisser passer: pour être honnête, l'intérêt du ukulélé lui était très limité, surtout quand il s'agissait de la propriété d'un hipster. "Hum... Mais du coup, vous en êtes un ou pas? Comme vous recherchez du non conventionnel, je m'interroge..." Daisy n'était pas certaine de vouloir connaître la réponse tout de suite. D'ailleurs, elle s'attela à la recherche de la guitare de ses rêves, voyant bien que l'affaire ne serait pas gagnée rapidement avec ce client si particulier. "Allez y, alors... Lancez moi la liste complète de vos critères, je vais sortir mon carnet parce que j'ai la sensation qu'elle va être longue, non?" Et Daisy sortit effectivement de quoi écrire, murmurant "pas de noir, ni de marron" tout en barbouillant sur le bout de papier. Elle releva un regard rieur vers son interlocuteur une fois qu'elle eut noté les premières prérogatives de celui-ci, prête à en découdre, se mettant en marche dans le rayon des guitares, recherchant la perle rare, ce qui ne devait probablement pas exister avec cet homme là. "Je pense que vous vous trompez... Toutes les guitares sont différentes et puis, même si visuellement, il y a des similitudes, aucun ne fait le même son, écoutez ça..." Elle attrapa une Fender et joua quelques accords avant de relancer la même affaire sur la Gibson voisine. "Alors ça dépend ce qui compte pour vous... Le visuel ou la musique? Tout dépend de l'usage que vous en faites, franchement." Cette fois, Daisy ne s'arrêta pas de jouer avec la guitare en main, souriant au client sans trop savoir ce qu'il pourrait bien lui répondre. Pour elle, la musique était un art et les sons en étaient la plus belle représentation, rien d'autre ne comptait plus que cela à vrai dire.

S’il était un hipster ?! Nan mais, est-ce qu’il ressemblait à un hipster ? Déjà il n’était même pas sûr que sa barbe soit capable de pousser plus que l'équivalent d’une barbe de cinq jours, même lorsqu’il attendait dix jours pour se raser… chose qui avait dû arriver une fois dans sa vie, pendant les vacances. Après tout, le métis ne déconnait pas avec son apparence. Donc le rasage de près ou le taillage de barbe, ça faisait partie de son rituel quotidien. Et puis, il n’y avait pas plus conformiste que lui en matière de mode et de vêtements. Il suivait avait attention ce qui se faisait, ce qui se portait et ce qui allait se faire. Car ouais, on pouvait prévoir les modes pour la saison prochaine. Quoi qu’il en soit, ce n’était pas qu’il voulait une guitare non conventionnelle qu’il était un hipster. Dire qu’Elian en était un, était une insulte pour lui mais aussi pour les hipsters. Ils n’avaient surement pas envie d’être associés à un gosse de riche, mannequin faisant des études de marketing… ceci dit, il y avait des hipsters dans sa promo… ils allaient finir au service marketing d’apple… Et le métis ne comprenait même pas qu’Apple soit une marque d'hipster alors que tout le monde courait après la pomme croquée. Lui-même avait un i-phone, un mac book, une apple watch et tout le bordel proposé par cette usine à fric. « Je préfère encore être qualifié de fashion addict que d'hipster » répondit-il simplement sans vraiment laisser d’ouverture à cette conversation un peu surréaliste du point de vue du brun.

La liste des exigences d’Elian ? Vu comme ça, c’était compliqué, autant qu’il dessine sa propre guitare. Mais il n’était pas très doué en dessin. Certes, ça s’apprenait, comme la musique ou la sculpture, mais il n’avait pas envie de faire une école d’art juste pour pouvoir se dessiner une guitare. Quant à la démonstration de la blonde, il haussa un sourcil. Il jouait de la guitare depuis ses dix ans, donc il s’y connaissait un minimum en sons et en accord. Pour le son, il avait sa guitare actuelle, elle correspondait totalement à ce qu’il aimait. Mais ce qu’il voulait, c’était une guitare avec un bon son (qu’il soit différent de l’instrument qu’il possédait ne le gênait pas), de bonnes cordes et un beau design. « Ça fait treize ans que je joue de la guitare, je sais quand même différencier les sons. J’ai un piano à queue avec un son hyper pur et un design sympa et original, donc pourquoi ce ne serait pas possible pour une guitare ? » Demanda-t-il un peu prétentieux. Ça l’agaçait qu’on ne réponde tout simplement pas à sa demande. Il n’était pas venu pour une guitare normale avec un son excellent, il était venu pour une guitare originale avec un son excellent. Quoique ça allait être difficile de faire mieux que son instrument actuel. « C’est impossible de faire une guitare folk auditorium avec un bois coloré autre que les couleurs de base ? Genre un vert d’eau, verni mais pas laqué. » Lorsque le métis avait une idée en tête, il ne l’avait pas ailleurs. Après, vert d’eau, ce n’était pas forcément la couleur de ses rêves, peut-être un vert opalin, ça dépendait du rendu sur l’instrument.

------------------
@Daisy York, désolée pour l'attente, j'avais ma soeur à l'appart dernièrement donc j'ai pas trop pu rp ^^°

Elle devait faire preuve de conscience professionnelle mais c'était plus facile à dire qu'à faire en réalité. La belle blonde n'avait que peu de patience avec les clients rois, un concept qui l'exaspérait au plus haut point pour être tout à fait honnête. Elle n'avait jamais été de ceux qui accaparaient les vendeurs lorsqu'elle faisait ses emplettes mais elle ne pouvait que très rarement s'empêcher d'écouter les conversations que ces pauvres gens devaient subir. Il fallait être doté d'une sacrée carapace pour garder son calme à toute épreuve. Daisy, elle, n'en était pas toujours capable. Elle avait déjà bien du mal à ne pas perdre patience quand il fallait discipliner sa chevelure dorée tous les matins alors supporter la médisance de jeunes individus totalement dénués de goût, cela la dépassait complètement. Malheureusement pour elle, c'était la journée des chieurs et en vue de sa mauvaise humeur du moment, elle n'était que peu enclin à supporter les moqueries et autres commentaires dédaigneux de clients qui se promenaient avec des voitures plus chères que son salaire sur une année entière. La pauvre York n'était pas née dans l'opulence et voir des gens se pavaner avec leurs diamants ou toutes autres objets hors de prix avaient le don de la rendre totalement folle. Quand elle pensait à toutes ces personnes qui vivaient dans la misère tout autour du globe, elle avait un peu de mal à comprendre le concept de ceux qui s'achetaient une Ferrari tous les quinze du mois juste avant de se payer une bouteille de champagne à plus de cinq cent dollars. C'était pourtant une partie de la population new yorkaise quand la seconde souffrait pour boucler les fins de mois. La vie était injuste et c'était peut être la seule véritable leçon qu'elle avait pu apprendre avec ses trois mères et son nombre incalculable de frères et soeurs.

Dans l'affaire, alors, elle n'avait pas tout perdu, si ce n'était son temps à l'heure actuelle étant donné que le jeune homme était têtu. Elian était peut être pire qu'elle en la matière, ce qui ne plaisait probablement pas à Daisy d'ailleurs. Elle avait juste eu dans l'idée de passer une journée tranquille à se préparer pour l'inventaire du magasin et voilà qu'elle allait passer les deux prochaines heures à en écumer les réserves pour sortir une vieille guitare biscornue sous prétexte qu'elle était plus originale que ce qui se vendait de nos jours. Une bien belle connerie pour la musicienne invétérée. "Fashion addict, ça existe encore cette appellation?" Autant lui rendre la monnaie de sa pièce, tout en s'armant d'une guitare dans l'espoir que le jeune homme ait une révélation en entendant le son de l'instrument. C'était apparemment trop demandé vu le sarcasme dont il fit preuve dès que Daisy arrêta de jouer quelques instants. Certaines personnes n'arrivaient pas à avoir la beauté de ce monde, elles recherchaient la complication partout et surtout tout le temps, ce qui était très loin des préceptes de Daisy. "Peut être parce que la guitare en forme de Kinder Surprise indigo n'a pas été inventé? Je sais pas, monsieur..." Elle aurait aimé, le concept avait l'air intéressant, enfin pour les garçons comme lui qui étaient prêts à payer des millions pour tout et n'importe quoi. "Un vert d'eau verni et pas laqué... J'entends souvent des demandes disons particulières mais celle là... Soit, cherchons ça." Elle se dirigea vers son poste de travail pour taper quelques mots dans la barre de recherche, du mot pour mot de ce qu'Elian venait de prononcer. "Voilà ce qu'on a dans votre genre... Dois-je aller en réserve pour un test ou vous avez d'autres prérogatives?" Un large sourire s'afficha sur son visage alors que le regard de Daisy passait de la proposition de guitare au visage de son client. Une journée pas comme les autres, voilà ce qu'elle vivait une fois de plus.