Une jour comme une autre qui s’achevait. Tu avais été en cours, tu avais travaillé l’après-midi à la boulangerie parce que tu n’étais pas l’une de ces filles à papa qui n’avait pas besoin de travailler. Probablement que  si tu l’avais été, tu n’aurais pas voulu en profiter. Ta mère avec ses faibles moyens avait voulu t’aider à payer tes études mais tu avais toujours refusé. Tu préférais être indépendante, tu gagnais ton argent sans rien demander à personne. Bien sûr, tu ne vivais pas dans le luxe, bien sûr que c’était fatiguant de tout cumuler. Parce qu’il n’y avait pas que ça. Tu jonglais avec tout un tas d’activités et parfois, tu regrettais que le temps soit si court. Heureusement, tu arrivais toujours à te dégager du temps pour les gens que tu aimais. Puis, s’il fallait rogner sur quelque chose, tu n’avais pas de scrupules à sécher les cours. Des cours qui ne te passionnaient pas des masses mais que tu continuais de suivre parce que tu étais complètement paumée sur ton avenir. C’était plus rassurant de bosser pour passer un diplôme, au moins, tu avais encore quelques années pour réfléchir sur ton avenir. Aujourd’hui, la journée avait été longue. Elle t’avait paru interminable et tu avais cette impression que les clients de la boulangerie étaient plus infectes les uns les autres. Tu en avais fini par mettre tes lunettes (ce qui n’était absolument pas dans tes habitudes), le mal de crâne te guettant au bout d’un moment. C’était donc épuisée que tu avais pris le métro, que tu avais foulé le bitume de Brooklyn pour parcourir ce chemin que tu faisais quotidiennement. Pas de musique pour toi sur le chemin, ton téléphone avait décidé de lâchement t’abandonner parce que sa batterie était faible. Les éléments semblaient se liguer contre toi pour que cette journée ne se passe pas sans encombres. Et, tu étais loin de te douter que celle-ci était loin d’être terminée.

Tes mains dans les poches de ton jean, la tête basse à regarder tes pieds quand tu marchais, tu ne faisais pas attention au monde autour de toi. Tu étais dans tes pensées. Il y avait des milliers de choses qui se bousculaient dans ta tête. Il y avait ce tourbillon d’amour dans lequel tu étais emportée depuis peu. Une nouvelle sensation qui ne faiblissait pas malgré que les jours s’écoulaient. Ces moments passés se rappelaient à toi chaque fois que ton cerveau avait un moment de libre. C’était ces mêmes pensées qui étaient dans ton esprit alors que tu entendais ton prénom prononcé dans la rue. Première réaction, tu t’arrêtais n’étant pas bien sûr que l’’on te parlait à toi. Après tout, tu ne devais pas être la seule Cody de New York. Tu n’avais pas un prénom rare bien qu’habituellement réservé aux garçons. Quelques secondes et tu pouvais constater que c’était une jolie blonde qui avait pris la parole. Vu où elle se situait, vu comme elle te regardait, c’était à toi qu’elle parlait. Il n’y avait pas de doutes. Tu restais muette, l’observant. Tu tentais de savoir si tu la connaissais. Soit ton cerveau faisais un blocage, soit tu ne l’avais jamais rencontrée parce que rien ne te venait là tout de suite. En tout cas, toi elle te connaissait, confirmant par la même occasion qu’il était fort probable que tu ne la connaisses pas. Tu continuais de l’observer en silence, tes yeux noisettes posés sur elle, attendant qu’elle te révèle son identité ou au moins, la raison pour laquelle elle venait t’interpeller. Cette fille n’avait pas l’air bien méchante à priori, tu n’avais pas à t’inquiéter. Bien que, sous ses airs angéliques, il se cachait peut être une folle furieuse. Tu ne pouvais pas le prévoir. Nova, la fiancé de Ryder, tout s’expliquait. Ton meilleur ami lui avait sûrement parlé de toi, peut être même qu’elle avait déjà vu des photos. Toi, tu n’avais jamais cherché à en savoir plus sur elle. Surtout pas après ce que Ryder t’avait avoué à propos de sa patronne la dernière fois que tu avais passé l’après-midi avec lui. Immédiatement, le malaise s’installait chez toi. Tu passais une main dans ta nuque, observant cette fille dont tu avais entendu le prénom à plusieurs reprises sans jamais pouvoir mettre réellement un visage dessus. « Enchantée Nova, contente de pouvoir mettre un visage sur un prénom que j’ai entendu plusieurs fois de la part de Ryder. » Tu lui souriais, tentant de faire bonne figure même si tu ne savais pas trop de quoi tu étais en train de t’embarquer. T’avais un peu de mal à comprendre aussi ce que la blonde faisait là, pourquoi elle était venue jusqu’à chez toi. Trop de questions qui restaient sans réponses et qui te mettaient mal à l’aise. « J’habite juste là ou on peut aller prendre un café pas loin pour discuter, comme tu veux… » Tu haussais les épaules, regardant cette fille qui ne savait probablement pas ce qui se passait dans la vie de son fiancé. Son fiancé avec qui tu avais flirté il y a quelques années et qui fantasmait maintenant sur sa patronne. Décidément, cette situation était beaucoup trop étrange pour que tu puisses gérer correctement. Surtout quand tu ne voyais pas quoi dire à cette fille que tu ne connaissais que de nom.

EXORDIUM.