little talks. (ansley)

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Elle a ce téléphone toujours fixé au creux de sa main. Les profils qui défilent, des identités qui prennent vie. Des fois, elle rencontre des visages qu’elle a déjà croisés, au détour d’un café, à l’angle d’une rue, au passage d’une rame de métro. Mais la plupart du temps, il s’agit de personnes inconnues, qu’elle ne connait ni d’Eve ni d’Adam. Des personnes intéressantes, qui peuvent devenir des coups d’un soir comme rester de parfaits inconnus. Et puis il y a ces personnes qu’elle surveille, parce qu’elle les soupçonne d’être en couple avec d’autres. De tromper les personnes qu’elles fréquentent dans la vie de tous les jours avec l’aide de matchmaker. C’est pour ce genre de personnes qu’elle s’est inscrite sur l’application, à l’origine. Pour leur faire regretter leurs tromperies, leur permettre d’apprendre de leurs erreurs. Camryn prend des risques en faisant ce genre de choses, car ses agissements l’ont déjà conduite chez le juge à de nombreuses reprises. Mais elle n’en a que faire. Elle est persuadée qu’un jour, les gens se rendront compte qu’elle agit pour le mieux et qu’elle pense au bien de tous. En attendant, elle se contente d’agir dans l’ombre. Un sourire vient étirer ses lèvres alors qu’elle observe le dernier message qu’elle a reçu sur l’application. Une ravissante demoiselle qui l’invite à venir prendre un verre. Pourquoi pas, l’idée lui parait plutôt bonne. Mais pas aujourd’hui. Parce qu’aujourd’hui, c’est le week-end et elle veut en profiter. Elle n’a pas à travailler au bar ni à s’asseoir sur les bancs de l’université afin de faire semblant d’écouter des cours qui ne l’intéressent que très peu – voire pas du tout. Alors rien ne peut la faire sortir de sa chambre ou lui donner envie de quitter son matelas douillet et ses draps propres, si ce n’est son ventre qui se met à gargouiller à l’approche de l’heure du goûter. Elle finit par glisser son smartphone dans sa poche avant de s’extraire dans sa chambre, se mettant en route pour la cuisine où elle ne tarde pas à se préparer quelques tartines, piochant sans complexe dans les achats d’Ansley. Après tout, elle aime les mêmes choses que son fils, alors pourquoi se priver ? Camryn entreprend de tartiner ses morceaux de pain sur une assiette, avec un couteau fraichement tiré du placard. Une fois que ses tartines sont faites, elle les englobe dans un morceau de papier pour finalement se diriger vers le salon et s’asseoir sur le canapé, en laissant tout en plan, sans rien ranger. Ni le pot de pâte à tartiner qui reste grand ouvert sur la table, avec du chocolat sur tous les côtés. Ni son couteau complètement sale posé sur le dessus du pot. Et encore moins l’assiette pleine de tâches de chocolat, posée en évidence sur la table de la cuisine. La jeune femme pose ses pieds sur la table basse alors qu’elle attrape la télécommande pour allumer la télé. Un bruit de fond appréciable la plupart du temps. Mais les programmes ne l’intéressent que peu, elle ne prend même pas la peine de regarder ce qu’elle a bien pu mettre sur l’écran. Sûrement la chaine de dessin animé qu’a l’habitude de regarder l’enfant d’Ansley. C’est toujours sur ça que la télé s’allume lorsque Camryn essaye de s’emparer de la télécommande. Et puis, peu lui importe. Car déjà, elle a extirpé son smartphone de sa poche afin de rejoindre les réseaux sociaux, beaucoup plus intéressants que tout ce qui peut passer sur les chaines du câble. Elle est en train de faire défiler ses actualités twitter lorsqu’elle entend que l’on entre dans la pièce. « Salut Ansley, quoi de neuf ? » lance-t-elle par-dessus le brouhaha provoqué par la télé, sans même prendre la peine de relever la tête. Elle n’a pas encore croisé sa colocataire de la journée mais il faut parfois se montrer un peu distante pour que les jolies demoiselles qu’elle convoite s’approchent d’elle. Et Ansley est totalement du genre à lui résister. Mais plus pour longtemps, c’est une promesse que se fait Camryn.

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Depuis quelques semaines, Malo et moi avons de la compagnie à la maison. Et pas des moindres. Je me demande chaque soir, voire même chaque minute qui passe pourquoi j’ai crée cette annonce pour avoir une colocataire. Je ne sais pas si je préférais ma solitude avec mon fils, raison pour laquelle mon appartement s’est transformé en colocation, ou bien la compagnie de la fille. Camryn est insupportable, et encore, le mot est faible. Je ne reconnais plus mon appartement, et chaque soir en rentrant du travail, j’ai l’impression que des parasites sont passés par ici. Mon fils ne s’en rend pas compte et s’en fiche, forcément, c’est un véritable bordélique. Si je le suis aussi, j’ai des principes et ma colocataire n’a pas l’air d’avoir les mêmes. Aujourd’hui c’est samedi et je travaille ce matin, alors j’ai déposé mon fils chez ses grands-mères hier soir, histoire de ne pas le réveiller trop tôt. Je me réveille vers six-heure et demi, autant dire que je suis vraiment fatiguée. Camryn est rentrée tard en plus, ou alors elle a fait un bazar monstre une bonne partie de la nuit et je me lève du pied gauche. Ma matinée se passe heureusement sans encombre, la routine, rien de bien exceptionnel mais surtout pas d’urgence vitale et c’est toujours un plaisir de travailler dans ces conditions. Je ne dis pas que je n’aime pas sauver des vies, j’aime l’adrénaline de ce métier, mais un peu de calme c'est ce qu’il me fallait. En sortant de l’hôpital vers trois heures et demi, je reçois un message de ma mère qui me signale qu’elle garde également Malo ce soir, et je suis rassurée. C’est l’occasion pour moi de me détendre et de faire le ménage que je n’ai pas eu le temps de faire hier soir. En arrivant devant la porte de mon appartement, je prend ma respiration pour me préparer au pire, on ne sait jamais. Quand j’entre, je suis surprise que l’entrée soit plutôt bien rangée. J’entend la télévision, et je devine par logique que Camryn est présente, super, ça fait de la bonne compagnie pour le ménage, ça l’occupera. Je m’avance vers la cuisine pour récupérer dans le réfrigérateur des restes du repas d’hier soir car j’ai rien mangé ce midi, mais dans cette pièce, c’est le drame. Il y a des miettes partout, le paquet de pain de mie est encore ouvert, et le Nutella également avec le couteau par dessus. C’est une véritable catastrophe, j’ai l’impression qu’une colonie de vacances est passée par ici et je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel. A vingt-trois ans, normalement, on connait le sens du rangement non ?! Je range le pot de pâte à tartiner et le paquet de pain de mie dans l’armoire dédiée, et je jette le couteau dans l’évier, elle fera sa vaisselle, faut pas rêver non plus. L’idée de manger un bout est désormais loin dans ma tête, je n’ai qu’une envie, c’est étriper la gosse qui se trouve devant la télé. Enfin j’espère qu’elle ne l’a pas allumé pour partir cinq minutes après, c’est son genre aussi ! « Salut Ansley, quoi de neuf ? » Je la regarde dans les yeux, et je soupire longuement en croisant mes bras sur ma poitrine. « Camryn, mon amour. » Je la fixe, je n’ai absolument pas envie de rire. « T’as jamais pensé à devenir femme de ménage ? Non parce que franchement, t’as une sacré idée du rangement et de la propreté, j’ai jamais vu ça avant ! » Je fronce les sourcils, je sais qu’elle n’a pas conscience du bordel qu’elle laisse derrière elle. Ou peut-être qu’elle fait exprès, juste pour m’énerver aussi, mais je m’oblige à ne pas être paranoïaque, ça ne servirait à rien avec elle. « Ta mère t’as jamais appris à refermer un pot de pâtes à tartiner ? J’ai l’impression d’avoir deux gosses à la maison ! » Je secoue la tête, complètement dépitée. J’ai pas envie de m’énerver, mais avec elle, je vous jure que c’est pas simple de me retenir.

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Les messages apparaissent sur son smartphone presque à la même vitesse que les images défilent sur l’écran de la télévision. L’appareil électronique n’a de cesse de vibrer au creux de sa main, comme si elle risquait de perdre connaissance si son téléphone s’arrêtait un seul instant. Et c’est un peu le cas d’ailleurs. Car le cellulaire est ce qui la raccroche au monde aussi bien qu’il l’en éloigne. Sans lui et cette application de rencontre, la vie de Camryn serait bien morne et vide. Mais d’un autre côté, c’est aussi ce téléphone qui lui permet de se déconnecter du monde. C’est réellement à double tranchant. Ce qui lui permet de garder des contacts réels, par contre, c’est sa colocataire et son jeune fils. D’ailleurs, la voilà qui rentre et la jeune femme ne tarde pas à la saluer. « Camryn, mon amour. » Les cils de Camryn papillonnent alors qu’elle entend le surnom que lui attribue la trentenaire. Tout le monde rêve d’être appelé ainsi, surtout par Ansley. Alors elle fait complètement abstraction de ses traits fermés et de son aspect agacé. Le monde ne peut pas comprendre ce qu’elle est en train de vivre. Pas même Ansley. « T’as jamais pensé à devenir femme de ménage ? Non parce que franchement, t’as une sacré idée du rangement et de la propreté, j’ai jamais vu ça avant ! » Le sourire de Camryn se tarit un peu. Elle pensait à un compliment. Mais non, finalement, c’est plus une critique. Dite d’une façon presque virulente. Moqueuse. Elle déteste ça. Elle a l’impression d’entendre ses camarades se moquent d’elle au lycée, lorsqu’elle leur avouait vouloir faire régner la fidélité dans le monde. Drôle de perspective de vie, qu’ils lui disaient. Ils étaient des imbéciles qui n’y comprenaient rien. Et Ansley devrait valoir bien mieux qu’eux. Alors pourquoi lui parle-t-elle sur le même ton froid qu’eux ? La trentenaire fronce les sourcils et Camryn fait de même. Elle ne compte pas se laisser faire. Ce n’est pas parce qu’elle est plus jeune qu’elle ne peut pas se défendre. « Ta mère t’as jamais appris à refermer un pot de pâtes à tartiner ? J’ai l’impression d’avoir deux gosses à la maison ! » Camryn la dévisage quelques instants avant de lever les yeux au ciel. Visiblement, être maman ça change une vie. Et pas en bien. Où est-elle passée, cette envie de profiter de la vie que tous les gens ont durant leur jeunesse ? Elle a l’air sur les nerfs à propos de tout. Et si ça se trouve, elles fréquentent le même psychologue et celui-ci les a présentées l’une à l’autre pour qu’elle s’entraide. Camryn va l’aider à réapprendre à profiter de la vie, elle s’en fait la promesse. « Eh, j’suis pas ta gosse ! » qu’elle commence par s’exclamer. Après tout, ce serait mal vu de fantasmer sur elle si elles avaient un lien de parenté. « Et puis j’ai toujours pris l’habitude de tout ranger après avoir pris mon goûter. Mes tartines me paraissent meilleures comme ça. » Elle hausse les épaules, comme pour montrer qu’il n’y a rien de plus simple. Il faut dire que ça ne lui est pas souvent arrivé non plus d’avoir à ranger après avoir pris un goûter, parce que généralement, sa mère lui préparait tous ses repas. Même ses tartines. Ou alors, elle allait manger dehors quand ses parents n’étaient pas là. Une vraie assistée pour certains, une vraie profiteuse pour d’autres. Mais Camryn sait qu’elle ne fait que profiter des bonnes choses. Elle a le donc pour tout rater, alors elle ne s’y risque pas. Mieux vaut se faire servir que de faire brûler la cuisine. Tout le monde ne peut qu’être d’accord avec ça. « Il est où ton gamin d’ailleurs ? » demande finalement la jeune femme en haussant un sourcil. C’est vrai que c’est étrangement silencieux dans cet appartement depuis hier soir. Enfin, depuis cette nuit. Ce n’est pas normal. Mais comme Ansley n’était pas là, le gamin ne devait pas être là non plus. Sauf qu’il devrait être rentré avec elle, là. « Enfin bref. Tu sais quoi ? Tu devrais prendre quelque chose à manger et venir te détendre sur le canapé avec moi. On regardera un peu la télé et on fera chacune notre vaisselle après. Parce que ça te ferait du bien de te détendre. Et puis, si tu es sage, je pourrais, pourquoi pas… Te faire des massages ? » Un sourire apparait sur le visage de Camryn alors qu’elle adresse un clin d’œil à Ansley. Elle ne perd pas une seule occasion de lui faire des avances depuis qu’elle est arrivée dans l’appartement. Et elle a bon espoir que cela finisse par fonctionner. En tout cas, l’arrivée de la trentenaire parvient toujours à sortir la jeune femme de sa bulle. La preuve en est qu’elle a posé son téléphone sans même s’en rendre compte.

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Ma colocataire risque de me rendre folle plus vite que prévu. Avec elle, j’ai parfois l’impression d’être une personne âgée qui n’aime pas les jeunes générations, mais clairement, j’ai de quoi l’être. Je me demande comment j’arrive à tenir et à ne pas lui jeter son pot de Nutella à la figure, ou à mettre le paquet de pain de mie à la poubelle juste pour qu’elle n’ait plus rien à manger. C’est peut-être idiot de ma part, mais elle m’insuporte réellement avec son je m’en foutisme, alors quand j’arrive dans le salon pour la trouver, je ne perd pas de temps et lui saute dessus aussitôt. Un léger surnom mignon mais qui n’est absolument pas sincère, puisque Camryn est tout sauf mon amour. Qui pourrait la supporter sérieusement ? Vu le bordel qu’elle met à l’appart, je n’imagine pas le bordel qu’elle doit mettre dans le coeur des gens ! Je suis plutôt cool avec elle cet après-midi, alors je suis légère sur la critique. La jeune étudiante perd cependant son sourire, et je continue ma critique en précisant que j’ai l’impression d’être mère de deux enfants. C’est un peu ça, je dois sans arrêt passer derrière elle, je nettoie sa table, je cuisine presque pour elle, il ne manquerait plus que je m’occupe du linge. « Eh, j’suis pas ta gosse ! » Je lève les yeux au ciel. « Heureusement pour toi ! » Je la taquine quand même malgré moi, ça aide à mieux faire passer la pilule. « Et puis j’ai toujours pris l’habitude de tout ranger après avoir pris mon goûter. Mes tartines me paraissent meilleures comme ça. » Je soupire légèrement, elle a vraiment réponse à tout, et je ne sais pas réellement quoi lui répondre maintenant. Dans le fond, je suis comme ça aussi, mais je pense qu’il y a un minimum. Elle pourrait au moins refermer le pot de pâtes à tartiner, et éviter d’en mettre partout, ça serait quand même mieux. J’ai vraiment l’impression de me retrouver face à une adolescente, c’est hallucinant. Il manque plus que la touche de nutella sur le bord des lèvres à cause de tartines englouties trop vite, et on s’y croirait, vraiment. « Si tu le dis. Mais quand même, évite d’en foutre partout, c’est pas toi qui nettoie ! » Je me rend compte de mon erreur, et je me rattrape aussitôt. « Enfin si. C’était la dernière fois, j’en ai marre tu ne peux pas le faire toi même ? T’es assez grande, à ton âge j’allais presque avoir mon gosse, et je savais m’occuper de moi même. » Je soupire. Je sais que j’ai tord, elle sait s’occuper d’elle, elle est simplement bordélique, peut-être un peu trop immature, et sans doute perturbée dans sa tête, pour je ne sais quelle raison. « Il est où ton gamin d’ailleurs ? » Je penche légèrement la tête, et répond rapidement, elle n’est pas obligée de connaître les détails. « Chez ma mère pour la soirée. » Je lui souris un peu, et attrape un t-shirt qui traine par terre, un des siens, encore. « Enfin bref. Tu sais quoi ? Tu devrais prendre quelque chose à manger et venir te détendre sur le canapé avec moi. On regardera un peu la télé et on fera chacune notre vaisselle après. Parce que ça te ferait du bien de te détendre. Et puis, si tu es sage, je pourrais, pourquoi pas… Te faire des massages ? » Je lève les yeux au ciel et secoue la tête. Elle est en train de me charmer là où je rêve ? Sérieusement, elle n’a pas autre chose à faire ? Enfin, je ne dirais pas non à un massage quand même… mais pas de sa part, je crois que j’aurais trop peur qu’elle s’aventure trop, on ne sait jamais. Par contre, clairement, j’ai faim. « Oui. Je vais chercher à manger, mais par contre, on va discuter, tu éteins la télévision et tu ranges un peu le salon pendant que je prépare. » Je me tourne pour la cuisine, et avant de quitter la pièce je lance : « Et même pas en rêve pour le massage, tu me toucheras pas ! » Je ris un peu pour l’enquiquiner, et retourne dans la cuisine afin de m’affairer à réchauffer des restes. Des pâtes à la carbonara, la base quand même. Je place l’assiette creuse dans un plateau, avec des couverts et un verre d’eau, et je retourne dans le salon pour rejoindre ma colocataire. « Discutons. » On en a besoin, vraiment. Je m’assied à ses côtés, m’installe bien confortablement, remonte un peu mes jambes afin de caler l’assiette pour qu’elle ne se renverse pas et je relève la tête vers Camryn. « Il va falloir que tu arrêtes un jour. Je te jure, si tu veux pas être dehors, faudrait te mettre un peu au rangement. » Je soupire. « Au moins éviter de laisser traîner tes fringues, et ranger un minimum derrière toi. Je te demande pas de faire le ménage de l’appartement non plus, mais que ce soit rangé un minimum. » Je plonge mon regard dans le sien. « Ça te semble difficile ? Non parce que si ça l’est, on va mettre les choses au clair. » Je suis peut-être un peu sèche et froide dans mes paroles, mais c’est nécessaire pour qu’elle me prenne au sérieux, vraiment.

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La trentenaire a l’air assez tendue. Et Camryn serait prête à parier que c’est son travail qui la tend plus qu’elle ne pourra jamais le faire. Il faut dire qu’à force de voir du sang et des trippes à longueurs de journée, il y a de quoi être de mauvaise humeur. Mais elle n’ira pas lui demander confirmation. Elle n’est pas encore suffisamment folle pour cela. Ce serait comme libérer la bête et Ansley est déjà bien agacée au moment de lui parler. Elle paraît même être assez sceptique lorsque Camryn lui avoue qu’elle préfère ranger la cuisine après avoir pris son goûter, parce que ses tartines lui paraissent bien meilleures de cette façon là. Pourtant, elle ne devrait pas pouvoir douter de ça. C’est une connaissance universelle. Les choses paraissent toujours meilleures quand on n’a pas d’effort à faire pour les obtenir. C’est d’ailleurs pourquoi autant de monde trouve de l’intérêt dans le fait d’aller au restaurant. « Si tu le dis. Mais quand même, évite d’en foutre partout, c’est pas toi qui nettoie ! » tente de lui faire comprendre Ansley d’un ton agacé. Puis, au bout de quelques secondes de latences, elle se reprend. « Enfin si. C’était la dernière fois, j’en ai marre tu ne peux pas le faire toi même ? T’es assez grande, à ton âge j’allais presque avoir mon gosse, et je savais m’occuper de moi même. » Camryn lui adresse un air étonné. Elle est plutôt vexée par ce que vient de dire sa colocataire. Il faut dire qu’elle n’a vraiment aucun tact quand elle s’y met, pas étonnant que l’étudiante n’est pas réellement envie de faire des efforts dans le but de lui faire plaisir. Qui peut dire ça en ayant l’impression que cela va faire plaisir à la personne qui lui fait face ? « T’es rude. Je sais très bien m’occuper de moi. » C’est juste qu’elle passe plus de temps à aider les autres qu’à s’accorder du temps pour elle-même, alors forcément, elle est exténuée au moment de rentrer à l’appartement. Et puis, elle ne le dit pas pour ne pas paraître méchante, mais Ansley a tord de lui reprocher d’avoir eu une grossesse en étant jeune. Ce n’est pas parce qu’elle a fait ce choix de vie là que Camryn est obligée de faire les mêmes. Et en toute honnêteté, tomber enceinte et expulser un enfant dans le monde sous les yeux admiratifs d’illustres inconnus, ce n’est pas réellement son délire à elle. « Oui. Je vais chercher à manger, mais par contre, on va discuter, tu éteins la télévision et tu ranges un peu le salon pendant que je prépare. » Ansley a beau dire ce qu’elle veut, elle se comporte un peu comme sa mère. « Oui, Ansley. Bien sûr, Ansley. » se moque gentiment Camryn en levant les yeux au ciel. « Et même pas en rêve pour le massage, tu me toucheras pas ! » ajoute Ansley avant de disparaître au coin du mur et la jeune femme secoue la tête. Elle sait qu’elle finira par céder. Elle agrippe la télécommande afin d’éteindre la télévision, puis se lève à contre cœur afin de ranger un peu le salon. Elle commence par récupérer ses vêtements, un peu éparpillés dans tous les coins de la pièce, pour aller les déposer dans sa chambre. Puis elle revient pour débarrasser la table basse. Elle commence par faire une pile avec tous les morceaux de papier qu’elle trouve, avant d’aller mettre ça dans le panier à côté de la commande. C’est bien à ça qu’il sert non ? A entreposer les papiers qu’il faut trier ? Au pire, Ansley ne le verra pas tout de suite. Alors cela importe peu. En tout cas, il y a de nombreux dessins de Malo dans le tas et le moins que Camryn puisse dire, c’est qu’il dessine super bien pour un gamin de son âge. D’ailleurs, c’est bizarre qu’il soit toujours chez sa grand-mère le week-end, elle pourrait très bien le garder non ? Oh et puis non, elle aime bien sa tranquillité. Et elle aurait encore plus Ansley à dos, parce qu’il ne fait aucun doute qu’elle n’a aucune confiance en elle. Mais en même temps, si elle s’entendait plus avec son fils, cela serait une bonne façon de la conquérir. Cela se réfléchit. Camryn retourne s’asseoir sur le sofa, attendant le retour de la trentenaire. « Discutons. » entame Ansley alors qu’elle revient pour s’asseoir juste à côté de Camryn, flattée qu’elle n’ait pas préférée s’asseoir sur le sol. Après tout, elle serait capable lorsqu’elle est habitée par cette mauvaise humeur. Juste pour l’embêter ou parce qu’elle a peur d’elle, l’étudiante ne sait pas trop. « Il va falloir que tu arrêtes un jour. Je te jure, si tu veux pas être dehors, faudrait te mettre un peu au rangement. » commence-t-elle dès qu’elle a fini de s’installer, avant de lâcher un soupir. Des menaces, déjà. Camryn déglutit et baisse les yeux, n’intervenant pas tant que la trentenaire n’a pas fini de dire ce qu’elle a sur le cœur. « Au moins éviter de laisser traîner tes fringues, et ranger un minimum derrière toi. Je te demande pas de faire le ménage de l’appartement non plus, mais que ce soit rangé un minimum. » Camryn redresse la tête et son regard croise celui d’Ansley. Elle hoche doucement la tête en signe d’acquiescement. « Ça te semble difficile ? Non parce que si ça l’est, on va mettre les choses au clair. » Encore une menace. Mais ça ne devrait pas être nécessaire. « Non, je peux très bien le faire. J’en suis capable. Et puis, j’aime beaucoup vivre avec toi alors ça m’embêterait que tu veuilles me mettre dehors. » Même si c’est probablement ce dont elle a envie pour le moment, vu ce qu’elle raconte. Camryn pince les lèvres un instant. « C’est juste que, peu importe les personnes avec lesquelles je vivais, on m’a toujours dit quand je devais faire ci ou ça. Ce n’est pas que je ne sais pas prendre d’initiative, mais je ne me sens pas encore chez moi ici. Enfin, je viens d’arriver et c’est clairement ta maison, j’ai peur de toucher à des trucs que je ne devrais pas toucher, des choses comme ça. » Enfin, c’est sûr qu’actuellement, Ansley ne pourra pas lui reprocher de fouiller dans ses papiers ou autre. Ce n’est pas le genre de Camryn – parce qu’elle n’enquête pas sur elle – et elle est tellement enfermée dans sa chambre que tout ce qui est en dehors lui parait être un monde complètement extérieur. « J’peux très bien faire le ménage de l’appart. Mais j’aimerais bien… Un planning de tâche ? C’est comme ça qu’on dit ? En début de semaine, tu me dis quand t’aimerais que je passe le balai ou que je lave par terre. Enfin, tu me donnes les trucs prévisibles. Comme ça je suis sûre de les faire. » Parce qu’il faut avouer que le reste du temps, elle risque d’oublier. Les efforts, ça vient après le plaisir après tout. Et à quel moment arrive le plaisir ici ? Jamais. Parce qu’Ansley refuse absolument toutes ses avances.

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« T’es rude. Je sais très bien m’occuper de moi. » Je lève les yeux au ciel en soupirant, sans doute qu’elle sait s’occuper d’elle, mais bon dieu qu’elle est bordélique. C’est quand même hallucinant. Je ne sais pas comment elle fait pour dormir confortablement, si sa chambre est dans le même bazar que celui qu’elle laisse derrière elle. J’espère intérieurement que ce n’est pas comme ça, pour elle. Elle me propose par la suite d’aller chercher de quoi grignoter, et de venir me détendre avec elle sur le canapé, me proposant même un massage. Je soupire légèrement, et accepte finalement la proposition après quelques minutes d’hésitation. Je lui indique que nous devons discuter, et qu’elle doit ranger le salon. « Oui, Ansley. Bien sûr, Ansley. » Je lui lance un regard foudroyant pour qu’elle arrête de se moquer de moi, et je rajoute en partant que ce n’est pas la peine pour le massage. Je pars en direction de la cuisine afin de préparer une assiette de pâtes carbonara, mon plat favori, et j’en profite pour réfléchir à ce que je vais lui dire. Que ce soit clair, je suis à deux doigts de lui demander de partir. Je l’apprécie, enfin, elle n’est pas méchante, elle est polie mais je ne suis pas sûre de réussir à vivre longtemps avec elle si il y a un bordel monstre dans mon appartement. Je retourne vers elle, et m’installe confortablement avant de prendre la parole la première. Je lui explique qu’elle doit arrêter son bazar si elle ne veut pas être mise à la porte. Je sais que la menacer n’est pas la meilleure des solutions, mais au moins, elle m’écoutera peut-être davantage. Le rangement c’est important, et je ne lui demande pas la lune non plus, juste de ranger ses affaires et d’arrêter de tout laisser traîner. Je termine par lui demander si c’est possible pour elle, et si ça ne l’est pas, que nous allons devoir prendre des décisions radicales, que je n’ai pas envie de prendre d’ailleurs. « Non, je peux très bien le faire. J’en suis capable. Et puis, j’aime beaucoup vivre avec toi alors ça m’embêterait que tu veuilles me mettre dehors. » Je lui souris légèrement, les compliments sont toujours plutôt agréables de sa part. « C’est juste que, peu importe les personnes avec lesquelles je vivais, on m’a toujours dit quand je devais faire ci ou ça. Ce n’est pas que je ne sais pas prendre d’initiative, mais je ne me sens pas encore chez moi ici. Enfin, je viens d’arriver et c’est clairement ta maison, j’ai peur de toucher à des trucs que je ne devrais pas toucher, des choses comme ça. » Je penche légèrement la tête, je comprend peut-être un peu mieux ce qu’elle veut dire. En un sens, je lui suis reconnaissante de ne pas fouiller dans mes affaires, mais je ne suis pas quelqu’un qui laisse traîner ce que j’ai à cacher, alors elle ne risque rien. Du moment qu’elle ne va pas dans ma chambre, c’est bon. « Je comprend mieux. Mais rien ne craint ici, dans les pièces communes. Du moment que tu ne t'aventures pas dans ma chambre, ça va. » Je lui souris légèrement, je n’ai pas envie qu’on se dispute non plus mais pourquoi elle ne m’a pas dit ça avant ? Et d’ailleurs, pourquoi elle a quitté ses précédentes colocations ? Je garde ces questions pour moi, et elle poursuit. « J’peux très bien faire le ménage de l’appart. Mais j’aimerais bien… Un planning de tâche ? C’est comme ça qu’on dit ? En début de semaine, tu me dis quand t’aimerais que je passe le balai ou que je lave par terre. Enfin, tu me donnes les trucs prévisibles. Comme ça je suis sûre de les faire. » Je fronce un peu les sourcils et hausse les épaules. Je ne suis pas quelqu’un de très organisée de là à voir un planning de tâche, mais remarque, c’est une bonne idée. « Peut-être. Mais le problème c’est que tu vas devoir prendre l’habitude… enfin je n’ai pas à te dire de passer le balai, tu dois le faire quand tu vois que ça en a besoin, tu vois ? » Je soupire un peu. « Mais on peut toujours essayer ça coute rien. » Je glisse la fourchette dans mon assiette pour attraper quelques pâtes, et enfourne le tout pour n’en faire qu’une bouchée. Dieu sait si c’est orgasmique ce genre de plat. « Camryn, j’aimerais aussi que tu arrêtes de laisser tes affaires dans la salle de bain. Enfin, tes sous-vêtements. Je suis encore tombée sur une de tes culottes ce matin, et je n’aimerais pas que Malo tombe dessus. » Je rougis un peu, et continue. « Je n’ai pas besoin de te faire un planning pour ça ? » Je lui lance un léger clin d’oeil, peut-être un peu trop charmeur d’ailleurs.

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Ansley a l’air agacée par son comportement, mais Camryn a plus d’un tour dans son sac. Lorsque la belle trentenaire revient s’installer à côté d’elle pour lui faire part de ses requêtes, la menaçant au passage de devoir partir si la situation ne s’arrange pas, la jeune femme ne peut s’empêcher de sortir la carte de la jeune adulte perdue, parce qu’elle ne se sent pas particulièrement chez elle dans cet environnement qui lui est complètement nouveau. Il faut dire que, jusqu’il y a peu de temps, le lieu n’abritait qu’Ansley et son fils. Alors l’étudiante a un peu l’impression de s’inviter dans cette jolie famille, cela est vrai, mais en même temps, elle n’a pas forcé la trentenaire à lui ouvrir sa porte. Et elle paye son loyer, alors elle n’a aucun remord quant au fait de se balader dans la maison. « Je comprend mieux. Mais rien ne craint ici, dans les pièces communes. Du moment que tu ne t'aventures pas dans ma chambre, ça va. » Ansley lui sourit et Camryn lui sourit en retour. La pauvre ne s’imagine même pas que l’étudiante la visite toutes les nuits, cette chambre à laquelle elle n’a pas accès. Car dans son sommeil, sous le couvert des ses rêves, elle y rejoint Ansley pour des nuits torrides. Elle est convaincue que c’est l’amour de sa vie et la trentenaire s’en rendra compte suffisamment tôt. En attendant, Camryn détourne son attention en proposant un planning de tâche. Après tout, en étant plus jeune, elle avait l’habitude se faire des plannings et de cocher ce qu’elle avait déjà fait pour s’y retrouver. Une méthode efficace qu’elle pourrait reprendre dès à présent. Mais Ansley n’a pas l’air d’être emballée par l’idée, comme le témoigne ses sourcils froncés et la moue qui se dessine au coin de ses lèvres. « Peut-être. Mais le problème c’est que tu vas devoir prendre l’habitude… enfin je n’ai pas à te dire de passer le balai, tu dois le faire quand tu vois que ça en a besoin, tu vois ? » La jeune femme hoche la tête. Mais si Ansley était maligne, elle lui demanderait simplement de passer le balai tous les jours pour être certaine qu’elle le fasse au bon moment. Elle n’a pas de suite dans les idées, mais Camryn est prête à mettre ça sur le dos de la fatigue. La trentenaire soupire avant de reprendre : « Mais on peut toujours essayer ça coute rien. » L’étudiante acquiesce d’un signe de tête. « Oui, c’est sûrement plus économique d’accroche un bout de papier sur le frigo que de payer le loyer seule. » commente-t-elle avant d’hausser les épaules, tandis qu’Ansley pioche dans son assiette de pâtes. Si elle mange c’est qu’elle est déjà plus sereine. Personne ne prend le temps de manger quand il est énervé ou angoissé. C’est quelque chose que Camryn a déjà remarqué lors de ses enquêtes sur les couples fidèles. La fille qui ne mange pas au restaurant alors qu’une jeune femme ravissante est assise face à elle, a certainement quelque chose à se reprocher. Soit parce qu’elle la trompe. Soit parce qu’elle trompe quelqu’un avec elle. Indice efficace, quasiment infaillible. « Camryn, j’aimerais aussi que tu arrêtes de laisser tes affaires dans la salle de bain. Enfin, tes sous-vêtements. Je suis encore tombée sur une de tes culottes ce matin, et je n’aimerais pas que Malo tombe dessus. » Ansley rougit alors qu’elle dit cela et l’étudiante ne peut s’empêcher de crier victoire dans un coin de sa tête. Son plan visant à laisser des sous-vêtements propres – il semble important de le préciser – dans la salle de bain afin d’attirer l’attention de sa colocataire semble être un véritable succès. Et visiblement, cela ne la laisse pas indifférente. « Je n’ai pas besoin de te faire un planning pour ça ? » Elle lui adresse un clin d’œil et déjà, Camryn se sent fondre de l’intérieur. C’est l’effet produit par les sous-vêtements qui commence à se montrer. Son plan est génial. « Oui, je comprends. Il est encore trop petit pour savoir que les filles mettent de la lingerie sexy de temps à autre. Message reçu. » Enfin, pour Camryn, plus de la moitié de sa lingerie sexy repose dans la salle de bain pour attirer l’attention d’Ansley, alors elle en met beaucoup moins que d’habitude. Mais ce n’est pas comme si Malo pouvait le savoir. « Je te promets que je vais faire des efforts. Et puis, je sais que tu travailles dur, alors il serait bien temps que tu te reposes un peu. » Elle sourit à Ansley, cherchant à l’amadouer en faisant preuve de bonne foi.

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Quand je reviens dans le salon afin de rejoindre ma colocataire, je remarque malgré tout qu’elle a rangé pendant mon absence, aussi courte soit-elle. Tant mieux pour elle, c’est un bon point pour la suite. Je m’installe, et lui explique qu’elle ne pourra pas continuer comme ça, qu’elle doit ranger derrière elle. Elle semble réceptive à ce que je lui demande, mais m’explique qu’elle a peur de me déranger et de tomber sur des affaires qui ne la concerne pas. Elle continue de m’expliquer son point de vue, et me réclame même un planning de tache. Si je lui explique que je suis d’accord, je rajoute quand même qu’elle devrait savoir elle même quand il faut passer le balai ou faire le ménage. Elle n’est pas idiote non plus, j’en suis sûre. Enfin ça ne nous coute rien d’essayer. « Oui, c’est sûrement plus économique d’accroche un bout de papier sur le frigo que de payer le loyer seule. » Je fronce les sourcils, et hausse également les épaules avant de piocher dans mon assiette. Je mange quelques bouchées, tout en réfléchissant à ce ue je vais pouvoir lui dire par la suite. Finalement, j’ai un flash, et je termine ma bouche avant de reprendre la parole, lui demandant de ranger ses sous-vêtements. Je tombe régulièrement sur des culottes et des soutiens-gorges, et Malo est déjà tombé dessus également. C’est toujours délicat, et il n’a pas l’âge de voir ce style de vêtement. Enfin, il en verra bien vite, il grandit tellement depuis quelques temps. Mais si il pouvait prendre son temps, ça m’arrangerait, il n’a que six ans. « Oui, je comprends. Il est encore trop petit pour savoir que les filles mettent de la lingerie sexy de temps à autre. Message reçu. » J’hoche la tête, et je ris un peu, nerveusement. Si lui il est trop petit, je ne le suis pas et je dois bien admettre que ça m’a fait de l’effet de retrouver un de ses sous-vêtements. Je ne lui dirais pas, elle n’a pas besoin de le savoir, et je ne suis moi même pas très à l’aise à cette idée. Elle a l’âge d’une de mes soeurs, ça serait indécent. Puis pourquoi je pense à ça d’ailleurs ? « Je te promets que je vais faire des efforts. Et puis, je sais que tu travailles dur, alors il serait bien temps que tu te reposes un peu. » J’hoche la tête, et hausse les épaules. « Merci. J’espère juste que ce ne sont pas des paroles en l’air et que tu vas le faire vraiment. Mais j’ai confiance en toi, ne me déçois pas. » Je lui souris à nouveau, et mange quelques pâtes encore dans le silence. Je termine finalement mon assiette, et je bois une gorgée d’eau avant de me lever pour poser le plateau sur la table basse. Je me tourne à nouveau vers Camryn, ne sachant pas vraiment quoi lui dire maintenant. Je vais essayer de m’intéresser un peu à elle, elle se sentira peut-être mieux à la maison. « Tu aimes quoi dans la vie ? Et t’as des idées pour l’appart ? Non parce que je veux que tu te sentes ici chez toi quand même, ça serait dommage que tu partes de toi même. » Je me mord la lèvre. « Pourquoi tu as quitté tes anciennes colocations d’ailleurs ? » Je fronce les sourcils, c’est un sujet qui m’intrigue depuis qu’elle est arrivée.

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La trentenaire apparaît comme étant réellement agacée et cela n’échappe pas à Camryn, qui essaye aussitôt de se racheter. Il faut dire qu’elle n’a pas le choix. Vu les signes d’agacement qu’elle laisse entrevoir, il ne fait aucun doute qu’elle n’hésitera pas un seul instant avant de mettre ses menaces à exécution, la mettant à la porte. Et si l’étudiante arrive généralement à retomber sur ses pieds lorsque ce genre de situation se présente, elle n’a toutefois aucune envie de ne plus vivre avec Ansley. Elle s’est déjà habituée à sa présence et surtout, cela lui manquerait cruellement de ne plus pouvoir la voir tous les jours. Sans compter qu’il serait encore plus difficile pour elle de la charmer après que la trentenaire se soit emportée au point de la mettre dehors. Non, vraiment, c’était une solution à éviter. « Merci. J’espère juste que ce ne sont pas des paroles en l’air et que tu vas le faire vraiment. Mais j’ai confiance en toi, ne me déçois pas. » Elle sourit et Camryn fait de même. Intérieurement, elle prend note qu’il ne faut pas la décevoir là-dessus. C’est vraiment l’une de ses seules exigences, alors il faut qu’elle se fasse violence. Et peut-être que, si Ansley remarque qu’elle fait des efforts pour lui plaire, elle sera alors plus disposée à vouloir d’elle sur un autre plan ? C’est quelque chose qui lui conviendrait un peu plus. Elle qui n’attend que ça. Mais d’abord, il lui faut attendre que la trentenaire ait fini de manger. Camryn fait un effort pour ne pas la regarder faire, elle sait que cela peut être déroutant lorsque quelqu’un nous observe en train de manger. Alors elle cherche à se concentrer sur autre chose, mais c’est difficile lorsque la télévision est éteinte. Aussi se met-elle à fixer le vide, laissant libre cours à ses pensées. Si bien qu’elle sursaute lorsque la voix d’Ansley vient la tirer de sa douce rêverie. « Tu aimes quoi dans la vie ? Et t’as des idées pour l’appart ? Non parce que je veux que tu te sentes ici chez toi quand même, ça serait dommage que tu partes de toi même. » Elle se mord la lèvre inférieure, laissant transparaître une légère gêne. Ainsi elle ne veut pas qu’elle parte ? Camryn se sent rougir alors qu’elle se met à jubiler intérieurement. Cela doit durer l’équivalent de quatre secondes, avant qu’Ansley n’ouvre à nouveau la bouche pour tout casser. « Pourquoi tu as quitté tes anciennes colocations d’ailleurs ? » Camryn laisse apparaître un sourire gêné. Merde, juste la question qu’il ne fallait pas. Merci Ansley. Elle se reprend pourtant bien vite, laissant échapper un léger rire accompagné d’un signe de la main. « C’était juste pour trouver un appartement à mi-chemin entre mon travail et mon université. Comme je préférais travailler au bar plutôt que d’aller en cours, je me suis dit que c’était une bonne idée pour me motiver à bouger. J’ai moins de chemin à faire pour venir déposer ou prendre mes livres maintenant. » assure-t-elle avec un petit sourire victorieux. Victoire sur Ansley qui tentait probablement de la piéger. Mais hors de question pour Camryn d’avouer qu’elle a été mise à la porte pour son désordre. Pas devant elle, alors qu’elle semble si maniaque. « Sinon je trouve l’appart vraiment cool. Juste, je me disais qu’on devrait plus souvent se faire des réunions entre coloc. Pour apprendre à se connaître, tu vois ? Et puis bien sûr, faudrait que Malo soit là aussi. Il a l’air d’être bourré de talents et on pourrait faire des concours de dessins ensemble. » Elle adresse un clin d’œil à Ansley. Aucun doute, elle est complètement nulle en dessin, mais avec les gamins, elle sait y faire. Et quoi de mieux pour conquérir le cœur d’Ansley, que de commencer par conquérir celui de son fils. Elle ne pourra qu’en être attendrie.

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Je suis heureuse que nous arrivons à trouver un arrangement avec ma colocataire. En même temps, je ne lui en demande pas des masses, je reste quand même plutôt cool avec elle. Quand elle me propose de faire un planning, j’accepte même alors que ce n’est pas dans mes habitudes. Je fais une pause dans notre discussion afin de manger un peu. J’ai l’air d’un ogre, et je n’en ai rien à faire. Enfin quand même, j’espère que Camryn ne me voit pas de cette manière là. Je reprend la parole au bout de cinq minutes pour lui ajouter qu’elle ne doit pas laisser trainer ses sous-vêtements, et une fois de plus, elle me répond favorablement. J’espère qu’elle ne va pas me décevoir cette fois-ci, et que je vais être enfin satisfaite de son statut de colocataire. Je termine mes paroles, puis retourne sur mon assiette afin de la finir. Une fois fait, je m’écroule un peu plus dans le canapé, et décide de m’intéresser à la jeune femme, lui demandant si elle a des idées pour la décoration de l’appartement. C’est ici chez elle, et j’ai envie qu’elle le ressente de cette façon. J’en profite également pour lui demander pourquoi elle a quitté ses anciennes colocations, puisque la question me trotte en tête depuis plusieurs semaines. « C’était juste pour trouver un appartement à mi-chemin entre mon travail et mon université. Comme je préférais travailler au bar plutôt que d’aller en cours, je me suis dit que c’était une bonne idée pour me motiver à bouger. J’ai moins de chemin à faire pour venir déposer ou prendre mes livres maintenant. » Je souris à l’entendre parler de ses études. Ça n’a pas l’air de tant la passionner que ça, et j’ai l’impression de me voir. Moi aussi j’ai eu du mal au début, puis finalement, être infirmière s’est révélé être une véritable vocation. « Je vois. Tu fais quoi comme étude alors ? » J’essaye de faire un effort pour m’intéresser et la connaître un peu mieux, c’est peut-être le chemin de la sympathie entre nous et ça ne serait pas plus mal. « Sinon je trouve l’appart vraiment cool. Juste, je me disais qu’on devrait plus souvent se faire des réunions entre coloc. Pour apprendre à se connaître, tu vois ? Et puis bien sûr, faudrait que Malo soit là aussi. Il a l’air d’être bourré de talents et on pourrait faire des concours de dessins ensemble. » Je plisse un peu les yeux, et je souris à son clin d’oeil. Je vois bien qu’elle a envie de s’investir ici. Autant avec moi qu’avec mon fils, elle veut vraiment que tout se passe bien et c’est une très bonne chose pour la suite de notre colocation. « Oui c’est une bonne idée. Malo est là plus souvent la semaine, beaucoup moins le week-end il faudrait qu’on s’arrange une soirée à l’occasion. Une soirée par quinzaine juste tout les trois ça me semble pas mal non ? » Je lui souris. « Tu aimes dessiner ? Enfin je veux dire, t’es une artiste ? » Je ne sais pas ce qui me fait rire ça, l’intuition sans doute. J’espère que je ne suis pas encore trop erronée, et que j’ai un peu raison. Au moins sur le fait qu’elle aime dessiner, mais pourquoi elle aurait proposé si ça n’avait pas été le cas ? J’attrape mon verre pour boire un peu d’eau, et je me tourne à nouveau vers la jeune femme. « D’ailleurs on a pas encore eu le temps d’en discuter, mais tu es originaire de New York ? » Je n'en ai pas l’impression, certaine de ses habitudes me font penser qu’elle est plutôt du Sud des Etats-Unis.

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