001. + née au début du mois de juillet, ma mère était encore une adolescente. je n'ai jamais connu mon père, il a déserté quand il a appris mon existence. visiblement, mon arrivée n'était pas vraiment prévue, et je l'ai mal vécu par la suite. je sais que ça n'a pas été facile pour ma mère au début, mais je ne la remercierais jamais assez des choses qu'elle a fait, consacré pour moi, même si je n'étais pas de cet avis il y a quelques années encore. 002. + j'avais un an quand ma mère a rencontré Elizabeth. les deux femmes se mettent rapidement en couple, faisant d'Elizabeth ma belle-mère, comme une seconde mère. si je l'ai bien vécu quand j'étais enfant, c'est à l'adolescence que tout est devenu plus difficile. l'absence d'une figure paternelle, d'un père, a commencé à se faire ressentir peu après ma dixième année. 003. + j'étais une enfant plutôt jalouse, même si je faisais semblant de ne pas l'être. ma mère et sa compagne ont adopté des enfants, et je l'ai mal vécu. je me sentais remplacée, j'étais là, et j'ai eu du mal à me sentir intégrée dans la famille. c'est à mon adolescence que mon mal-être s'est fait ressentir, et j'en ai fait baver à ma famille. le conflit était présent, les disputes régulières. j'ai même fugué une fois, avec mon petit-ami de l'époque. je ne voulais plus entendre parler d'Elizabeth, je ne supportais plus sa présence. j'avais besoin d'un père, plus que tout, et c'est pour cette raison que j'ai essayé de le retrouver peu après mes dix-sept ans.004. + je venais d'avoir dix-huit ans quand j'ai retrouvé la trace de mon père biologique. père de famille exemplaire, il n'a jamais voulu me rencontrer, ni même me reconnaître comme j'en avais le souhait, le besoin. même à plus de trente ans, il n'a pas assumé sa paternité. je l'ai mal vécu, et j'ai réussi à me faire une raison. ce n'était pas de la faute de ma mère, ni d'Elizabeth, mais bien de ce géniteur. les conflits se sont apaisés par la suite. 005. + faute de pouvoir suivre des études de médecine à cause de mon niveau plutôt moyen pendant mes années lycées, j'ai décidé de faire des études d'infirmière. je n'ai pas eu mon concours la première année, mais la seconde, et j'ai par la suite eu mon diplôme. soigner les personnes, les vies, c'est ce que je voulais faire principalement. à ma sortie de diplôme, j'ai pris la décision de m'engager dans l'armée. j'avais alors vingt-quatre ans, peut-être un peu tard. 006. + à l'armée, je suis rapidement tombée amoureuse, d'un militaire nommée Jacobsen. je ne sais pas si c'était son prénom ou son nom, c'est pour vous dire à quel point j'étais insouciante à cet âge là. peu de mois après le début de notre relation, principalement sexuelle, il est parti en mission. un mois plus tard, je découvrais être enceinte de trois mois et demi, dans l'incapacité de le prévenir. ma grossesse s'est déroulée dans la honte, beaucoup savaient notre relation, et j'ai failli perdre mon boulot à cause de ça. finalement, c'est peu après le début de mon huitième mois de grossesse que nous avons appris sa disparition. une prise d'otage d'où il n'est jamais revenu. est-ce qu'il est mort, vivant. nous n'en savons rien et je n'ai plus d'espoir. si choquée et en détresse que l'accouchement a été déclenché de façon prématurée, et malo est né quelques jours après. 007. + mon fils, c'est toute ma vie. enfin, soyons clair, j'ai longtemps eu du mal à l'assumer. je savais ce que c'était de vivre sans père, j'avais peur pour mon enfant, mais le deuil a été difficile à gérer avec les hormones. malo a grandi, dans un foyer aimant. je ne remercierais jamais assez ma famille pour sa présence les premières années, ma mère, ma belle-mère. 008. + pour moi, être mère ne signifie pas ne plus être femme. je me le suis toujours promis, j'ai un fils, mais je ne suis pas que mère. je tiens à mon temps libre, et je passe généralement mes soirs de week-end dans les bars. ce fils qui m'a empêché de vivre mon âge insouciant. je ne suis pas vraiment mature à ce niveau là, je dois l'avouer. merci maman de me le garder, merci. 009. + je suis ouvertement bisexuelle, je n'ai jamais eu de doute là dessus, c'est naturel pour moi. enfin, pansexuelle serait la notation exacte. il faut dire que grandir avec deux femmes m'a aidé, et j'imagine que c'est grâce à elles que j'ai toujours assumé. pendant un temps, je préférais les hommes, mais depuis la naissance de mon fils, les femmes sont plus nombreuses dans mon lit. 010. + je n'aime pas la solitude. mon nombre de frères et soeurs doit jouer, certainement. c'est pour cette raison que je sors le week-end, trop souvent. je suis par ailleurs en colocation depuis quelques mois, trois exactement. la tension est palpable entre nous, autant de manière sexuelle qu'affective. je ne dirais pas que je ne l'aime pas, ça reste mon appartement et je peux la mettre dehors si j'en ai besoin. disons simplement que nos avis sur énormément de choses divergent. oui, c'est ça, nous sommes complètement différentes.

âge + majeure. disponiblité + 7/7 en période de vacances, moins à la rentrée. fuseau horaire + la france. personnage + pré-lien de aodren adkins. où avez vous connu le forum + je l'ai dans mes favoris depuis l'ouverture. j'ai hésité, on a pris le scénario que je gardais de côté, puis le pré-lien et finalement, je ne laisserais pas celui là me passer sous le nez aussi   mais c'est quelqu'un que j'aime pas trop beaucoup  qui m'a encouragé à m'inscrire. qu'en pensez vous + j'adore ce concept sans chatbox, puis le réseau ça a l'air super intéressant. y'a du potentiel par ici, c'est bien   . votre mot de la fin + je vous aime     .

¬ Le casque de moto dans les mains, j’adresse un dernier regard à ma mère, la rage au ventre. Notre relation est compliquée depuis plusieurs années déjà, et l’adolescence qui est arrivée n’a rien arrangé du tout. Depuis quelques mois, c’est programmé avec Elvis, je m’en vais d’ici, de ce trou à gamin. J’ai l’impression qu’ils se multiplient comme des lapins, quand il y en a plus, il y en a encore. C’est quoi leur problème, on est pas déjà assez nombreux ? Inutile de me sortir le discours qu’il faut aider son prochain, parce que vu le nombre d’enfants, c’est plutôt dingue. J’ai quinze ans, et j’en ai marre de ça, j’ai même pas de père, je me contente de deux mères. Comme si une c’était déjà pas assez hein ? J’ai beau avoir grandi avec elle, j’aime pas ça. Elizabeth, elle était bien mignonne quand j’étais petite à m’offrir des glaces et des sucettes en chocolat, mais pour faire sa malheureuse avec maman et se plaindre de mon comportement, c’est la première. Elle m’énerve. « Ansley, tu vas où comme ça ? » A côté de la moto de mon petit-ami, je tourne un peu la tête vers ma mère, la vraie je parle. Je lève les yeux au ciel, elle m’énerve, elle pense que je vais lui dire partout où je vais, j’ai pas le droit à ma liberté moi ? J’ai plus huit ans, et je suis sûre qu’un enfant de moins, ça l’arrangera. Elle et l’autre aussi. « Là où tu peux pas aller à ma place. » Je ris, nerveusement, et j’enfourche une bonne fois pour toute la moto, glisse la tête dans mon casque, entoure mon petit ami de mes bras, et c’est parti.

¬ Je me souviendrais de ce jour là toute ma vie, comment l’oublier ? Les joues bouffies par la prise de poids, le ventre bien arrondi en train de construire la vie, c’est avec le paquet de chips aux oignons que je commence ma journée. Depuis le début de ma grossesse, j’ai l’impression d’être redevenue une adolescente. Enfin, niveau nourriture je veux dire, je donnerais ma vie pour manger un burger, une pizza bien grasse, des frites. Je crois que je serais même capable de piller un magasin et pousser une vieille dame pour avoir le dernier paquet de gâteaux apéritifs dans le rayon, ou le dernier pot de Ben&Jerry au beurre de cacahuète. La grossesse me rend carrément dingue, comme si je ne l’étais déjà pas assez. Ça me change aussi, je fais plus attention à moi, enfin j’essaie mais c’est pas avec des chips en guise de petit déjeuner que je peux faire attention… Je remercie bébé de ne pas m’offrir du diabète de grossesse ou un truc du genre, vraiment. Ce serait la catastrophe pour moi. Le corps enflé dans le canapé de la maison familiale où je reste souvent le week-end depuis le début de cette aventure, le téléphone qui sonne m’oblige à me séparer du Graal pour décrocher. Quand je vois la tête du haut gradé du régiment dans lequel le père de mon bébé est affecté, moi aussi d’ailleurs, je fronce les sourcils. Il est huit heures et demi, et ce n’est absolument pas bon signe. « Excusez-moi de vous déranger à une heure si matinale. Ansley, vous devez venir sur la base le plus vite possible. » Je me dirige à nouveau vers le canapé, pour me laisser tomber dedans en essayant de comprendre ce qu’il se passe. C’est quoi son problème ? « Quoi ? Je peux savoir ce qu’il se passe ? » Je comprends à sa respiration quasi muette qu’il n’est pas de mon avis, et je commence à m’énerver, les hormones y jouent beaucoup. « DAVID ! » Je déglutis un peu, je crois qu’en hurlant de cette façon, j’ai réveillé la moitié des habitants de cette maison. Merde. « Je ne peux rien vous dire au téléphone. Je sais que vous êtes enceinte et au bord de la ponte… » J’écarquille les yeux. « JE VOUS EMMERDE ! Pardon. Excusez-moi. » Il rit derrière le téléphone ce con. Pourquoi il a de l’humour lui d’un coup ? Là j’y comprend rien. « Tu dois venir. S’il te plait. » Je soupire un peu, et finalement, je capitule en lui indiquant que j’arrive d’ici trois quart d’heure, le temps de me préparer, de prévenir ma mère, et d’appeler un taxi. […] C’est en poussant un énorme soupire que je passe le portail de la base où je suis engagée, me dirigeant vers l’espace rencontre où j’ai rendez-vous avec le fameux David. C’est assez étrange de l’appeler par son prénom, mais depuis le début de ma grossesse, c’est un souhait de sa part. Il est carrément moins strict comme ça, il n’a plus son air sévère. Quand j’arrive, je remarque que les traits de son visage sont fermés, et que je ne suis pas la seule à être présente. Il y a aussi d’autres familles, et ça ne me rassure absolument pas. Plusieurs militaires sont présents, mais c’est vers une salle éloignée de celle-ci qu’on me demande d’aller. Je reconnais la psychologue, puis David. C’est quoi le problème ? « Mademoiselle, asseyez-vous. Nous devons vous parler mais en vue de votre état et de la situation, il est préférable que vous soyez installée confortablement. » Je m’exécute, la boule au ventre, mon coeur qui s’accélère. C’est le militaire qui reprend la parole, et je tourne la tête vers lui. « Il y a eu un problème avec l’équipe où est Jacobsen. » Je le fixe, perdue. Il se lève, pour venir s’installer à mes côtés, et je crois que je commence à comprendre. « Nous avons perdu leur trace depuis plus de quarante-huit heures. Je suis désolée Ansly. » Le menton qui tremble, je ne réagis pas de suite, je peine à comprendre ce qui est en train de se passer. Quand mon cerveau percute enfin, ma main se pose presque instinctivement sur mon ventre rond, et les larmes ne tardent pas à inonder mes joues. Quand on dit que le schéma familial se reproduit souvent. Élevée sans père, je sais à quel point c’est difficile, et voilà la situation qui se reproduit sur mon propre enfant. Ironie de la vie elle même.

¬ Les fesses posées sur le bord du plan de travail de la cuisine, les yeux rivées sur mon écran de téléphone et plus particulièrement sur le fameux site MatchMaker. Ce soir, j’ai rendez-vous avec une dénommée Camille. Ou Coline. Je ne sais plus exactement à laquelle j’ai dis oui pour être honnête, ni laquelle est le samedi ou le dimanche. Une chose est sûre, je vais rencontrer les deux ce week-end, c’est prévu. J’ai réussi à négocier avec ma mère qu’elle garde mon fils, Malo pendant tout le week-end, c’est une chance. Mon fils adore sa grand-mère, ou du moins, ses grand-mères, parce qu’Elizabeth est tout comme pour lui. Il me pose souvent des questions sur la relation entre les deux femmes, mais contre toute attente, c’est en voyant une femme et un homme ensemble qu’il me pose le plus de questions. Le petit garçon s’approche de moi en riant, avec un soutien-gorge dans la main. C’est quoi cette blague encore ?! « Malo ! Où tu as trouvé ça ? Non Malo tu viens ici ! » L’enfant essaie déjà de s’enfuir, et j’entends ma colocataire ricaner derrière moi. Elle est là depuis trois mois, et depuis, j’ai l’impression que c’est un bordel monstre dans cet appartement. Il est pourtant bien assez grand, mais je tombe toujours sur ses affaires, moi ou mon fils, encore pire. J’attrape la main de mon fils pour récupérer le sous-vêtement, et il rigole. Ça a l’air de l’amuser, mais moi pas vraiment pour être honnête. « Maman, on y va vite ! Alleeeeeeeeeeeeeeeez j’ai envie de voir Mamie Jess ! » Je le regarde avec le sourire, et lance un regard de feu à ma colocataire, qui comprend très bien qu’elle a intérêt à ce que l’appartement soit niquel quand je rentrerais. J’attrape le sac de sport qui sert de valise pour le week-end, et m’avance vers la porte d’entrée, attrapant la main de mon fils. Il danse, ce gosse c’est une véritable boule d’énergie. Nous nous dirigeons vers la voiture, et il grimpe dedans à la vitesse de la lumière, et je ris en le regardant faire. On peut dire qu’il a de la joie de vivre ce gamin, et ça me rassure. J’ai au moins réussi à lui offrir une vie comme il la mérite, et je suis fière de moi. Je dépose mon fils chez ma mère, et je lui embrasse le front en partant. « Maman, il risque de te faire chanter pour retarder l’heure du coucher. S’il te plait, que ça ne dépasse pas neuf heures et demi. Et il doit prendre une douche ce soir, il n’a pas voulu ce matin et j’ai pas réussi à négocier. » Ma mère sourit, et je m’approche d’elle pour la prendre dans mes bras. Nos relations sont pour le moins apaisées désormais, autant avec elle qu’avec le reste de la famille, et ça me rassure. Un dernier merci, et je lui adresse un geste de la main avant de rejoindre ma voiture pour partir en direction de mon appartement, afin de me préparer pour mon rendez-vous. Il me reste une heure pour me préparer, et j’y consacre l’intégralité. Une robe, ni trop courte ni trop vulgaire mais qui met en valeur mes formes, et une touche de maquillage légère mais élégante. Quand l’heure de mon rendez-vous approche, je pars en direction du bar où nous devons nous retrouver avec la fille en C, et je l’attends, accostée au bar, toujours sur l’application. Quand une jeune femme m’adresse la parole, je relève les yeux, et je désenchante rapidement quand je me rend compte que cette C n’est autre que ma propre colocataire…