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Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea

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MessageSujet: Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea EmptyJeu 3 Aoû - 9:44

Meet me where the sky touches the sea
Noéa
She’s talking to angels, counting the stars, making a wish on a passing car
She’s dancing with strangers, falling apart
Waiting for Superman to pick her up
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Ressac incessant. Bruit des vagues s'écrasant avec fracas sur les rochers. Léger alizé caressant la peau de son visage ; morsure du soleil réchauffant son cœur. Les yeux rivés face à l’océan, Noah observait les vagues qui s’écrasaient en contre-plongée du port. Accoudé à la barrière du ponton menant vers la plage, son esprit vagabondait au gré des idées qui traversaient ce dernier. Idées qu'ils n'essayaient pas de retenir, ni d'attraper. L'océan avait cet effet sur lui, presque thérapeutique. Lorsqu'il n'allait pas bien ou tout simplement qu'il avait besoin de réfléchir, Noah se rendait sur à Staten Island. L'eau était son élément, il lui était tout bonnement impensable de vivre loin de l'océan. Pour sûr, il ne survivrait pas longtemps sans pouvoir se servir de sa planche de surf, ou tout simplement de fouler le sable de ses pieds. Le jeune homme n'avait pas la moindre idée d'où ce besoin viscéral lui venait. Un souvenir de sa mère probablement, un lien invisible qui le rattachait à elle. A cette pensée, un soupir lui échappa. D'un geste vif il jeta un regard à sa montre, cette dernière lui indiqua qu'il était grand temps de se mettre au travail et d'aller chercher les accessoires nécessaires pour cette fichue séance photo programmée. Son directeur lui avait gentiment délégué cette tâche au combien inintéressante. Probablement sa petite vengeance personnelle pour la dernière réunion. Ses collègues n'avaient rien trouvé de mieux que de mettre du sel dans le café du directeur et qui avait été accusé ? Ce pauvre Nono. Injustice totale, pour une fois il était parfaitement innocent. En scrutant la liste du matériel nécessaire, il arriva difficilement à contenir le rire qui montait petit à petit. En riant tout seul comme une andouille, Noah enfourcha sa moto, enfila son casque et fila en direction du Bronx.

Avant de débuter cette quête digne de la quête de l'anneau - mais en beaucoup plus chiant - Noah fit un arrêt obligatoire au ravitaillement café. Gobelet en carton et liste en main, le responsable marketing débuta ses courses au Bay Plaza. Etant donné la complexité des objets notifiés sur la liste, Noah en vint à se dire que le plus simple était de se rendre chez Toys'r'us. Par où se trouvait le petit matériel de plage ? Noah arpentait les allées telle une âme en peine, le sourire aux lèvres. Payé à se promener dans un magasin pour enfants, plutôt pas mal au final, même si la tâche se révélait être un peu ingrate. Assez rapidement, il tomba sur le rayon souhaité, s'empara d'une bouée flamant rose et de ce qu'il fallait pour faire des pâtés de sable. Noah se demandait s'il ne s'agissait pas d'une sorte de bizutage, plus il prenait le matériel de la liste et plus cela lui semblait improbable que cela serve pour une séance photo. Du moins cela ne ressemblait pas à l'orientation de la marque pour laquelle il bossait. Les bras chargés, Noah fit un détour par le rayon des jouets, puisqu'il fallait visiblement des ballons et des barbies. Mélange improbable qui était en train de se construire dans sa pauvre petite tête. Chargé comme une mule, un article en présentation attira son attention. Des pistolets à eau, chargés et prêts à être utilisés. Noah jeta un regard à droite, puis à gauche, s'empara de l'un des pistolets et remonta l'allée en se prenant pour James Bond, il tira un jet d'eau sur un paquet, puis en l'air, sur un autre paquet, avant de se faire arroser à son tour. Il tourna sur lui-même, en sentant l'eau qui traversait son t-shirt. Au moment où ses yeux se fixèrent sur la personne qui venait de l'arroser copieusement, Noah manqua de laisser tomber tout ce qu'il tenait dans les mains. Tellement surpris, qu'il appuya à nouveau sur la gâchette du pistolet, arrosant à son tour celle qui lui faisait face. Il plaqua le pistolet à eau le long de sa jambe afin d'éviter ce genre d'incident. Il n'y avait aucun doute, malgré sa chevelure et son look, il aurait pu la reconnaître entre milles. « Thea ? Si ça c'est pas une coïncidence ! ». Noah s'approcha d'elle, ne sachant pas trop comment réagir et encore moins quoi lui dire après toutes ces années. « T'as l'air en pleine forme... à moins que ce soit juste ton nouveau fond de teint ! ». Il en fallait beaucoup pour le déstabiliser, mais il ne s'attendait absolument pas à tomber sur Anthea. Certes il aurait pu lui dire tout un tas de choses autrement plus intelligentes que cette entrée en matière, mais après toutes ces années, cela lui paraîtrait quelque peu hypocrite. Ces retrouvailles ne pouvaient guère être pires que leur rencontre de toute façon.  

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by Wiise
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MessageSujet: Re: Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea EmptyJeu 3 Aoû - 15:49

Meet me where the sky touches the sea
Noéa
Do you feel the same when I'm away from you?
Do you know the line that I'd walk for you?
We could turn around or we could give it up, but we'll take what comes, take what comes
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L’injustice ne cessait de battre de son plein parmi les ruelles du Bronx, alors que les problèmes donnaient l’impression d’augmenter au fil du temps. Aussi, la frustration qui en découlait ne faisait que se renforcer à mesure que les évènements tendaient à démontrer que chacun des efforts fournis était voué au néant. A croire que son implication ne servait à rien, si ce n’était créer de nouvelles altercations qu’elle ne contrôlait pas. Elle qui avait cru aider en désirant simplement défendre ceux auxquels elle tenait, voilà qu’elle se trouvait prise au piège entre la déception qui se lisait clairement dans leurs regards mais aussi cette colère dont ils n’avaient pu que lui renvoyer dès lors qu’ils avaient constaté son état. L’agacement s’était rapidement installé dans le cœur de l’artiste, alors qu’elle criait aussi fort que sa sœur et ce même si elle regrettait déjà les termes qui en résultaient. Il en était de même pour son ami, lui, qui aurait pu au moins se situer de son côté à elle. Et pourtant, la conclusion en était bien réelle : elle se retrouvait seule. Bien entendu, sa jeunesse ne l’aidait pas à calmer ses ardeurs les plus impulsives alors qu’elle avait finit par se terrer dans le silence. Un silence, qui ne cessait de grandir à mesure que ses regards se dévoilaient comme équivoques. Anthea n’avait plus envie de parler de quoi que ce soit, ne savait plus vers qui elle devait se tourner alors que son propre pilier était en train de s’ébranler. A moins qu’elle n’arrive à prendre au piège ce foutu idiot qui continuait de la suivre à tout va sans qu’elle ne puisse en connaître la raison exacte. L’agacement transparaissait sur son visage comme le nez pouvait se trouver en plein milieu de la figure et tout cela pourquoi ? Pour un espèce d’idiot qui n’était pas assez respectueux envers sa propre personne et qui avait bafoué l’honneur des siens. Bon d’accord, elle s’emportait légèrement concernant cette conscience néanmoins, il lui avait été trop difficile de se contenir alors qu'un de ses élèves était en jeu. Bien heureusement, ses jeunes paraissaient être les plus à même de pouvoir lui apporter un semblant de paix. Du moins, c’est ce qu’ils s’efforçaient de réaliser depuis quelques jours à présent, alors que l’artiste ne se targuait pas de dévoiler sa mauvaise humeur aux yeux de tous. Elle, qui, riait d’un rien et essayait de ramener un semblant de stabilité auprès des autres, était en proie à ce malaise incessant, révélateur de ce passé qu’elle aurait peut être dû éviter. « C’est quand qu’on va à la caserne ? » Le sourcil de la jeune fille se arqua, dévoilant par ce geste l’hématome encore bien présent sur son arcade. Pourquoi fallait-il qu’Ana parle de ce sujet maintenant ? Finalement, l’artiste conclut que les raisons en étaient plus qu’évidentes en vue de son béguin pour les pompiers. « J’en sais rien. » son ton était à la limite de la bouderie alors qu’une autre voix fendait l’air de l’autre côté de la pièce, dissimulée derrière sa toile. « T’sais si t’as des soucis, on peut t’aider Thea. » D’autres voix approuvèrent jusqu’à ce que Tom finisse par délaisser son pinceau pour venir en face d’elle et la regarder avec ses yeux de chiens battus. « Ah non commence pas toi… » veilla t-elle à prévenir avant de finalement ne plus pouvoir retenir le sourire qui naissait doucement sur ses lèvres fendues. « T’es là pour nous, c’est normal qu’on le soit pour toi aussi. Et c’est toi qui nous a dit qu’on était une team. » « La cool team. » répondirent la majorité des voix dans un ton qui permit à la jeune fille de laisser de côté sa mauvaise humeur pour ainsi profiter de ses moments qu’ils lui offraient. « Ouais on l’est. Mais vous en faites pas, ça va. C’est comme vous quand vous faites la gueule, faut laisser passer l’temps. » Ses yeux n’en devenaient que plus rieurs alors que Tom restait planté devant elle avec ce regard entendu, voir même un peu fier de lui. « R’tourne peindre toi, au lieu d’m’imiter le cocker. » Ils se mirent à rire ensemble et c’est à ce moment là qu’Anthea comprit qu’ils ne la jugeaient pas, comme elle avait pu leur enseigner depuis le début. Une réalité qui ne fit que s’accentuer à mesure qu’elle déambulait aux travers les diverses toiles et qu’elle percevait des intentions bienveillantes et protectrices dans chaque dessin qu’elle pouvait admirer. « Z’êtes des cas à part. » Rit-elle à nouveau en ébouriffant la chevelure de l’un de ses élèves. « En même temps on a de qui tenir. » s’amusa Jimmy tout en prenant une pause digne de Salvador Dali, il ne lui manquait que la moustache. Les rires s’élevèrent surement dans les locaux et lorsque l’heure sonna, c’est en se mettant au niveau de la porte que la jeune fille finit par s’exclamer fièrement. « J’voulais vous r’mercier pour c’que vous faîtes. Sérieux, sans vous j’crois que j’arriverai à rien et même si j’sais que je vais regretter ça parce que Jimmy va faire le con à la prochaine séance, j’voulais dire que… heureus’ment qu’j’vous ai. Allez go, retournez chez vous et faites gaffe à vous. » Elle checka les mains de certains des jeunes alors qu’elle souriait à chacun d’entre eux, de la même manière qu’une grande sœur pouvait le faire. Mais Tom l’interpella par sa présence qui donna tout l’air de vouloir lui parler de quelque chose. Aussi, Anthea s’enquit de laisser tout le monde partir et s’installa à côté du jeune garçon en question pour lui demander. « T’as un soucis ? » Son ton était bien révélateur de ses intentions protectrices alors que ce dernier soupira. « Je m’inquiète juste pour toi, t’as dis que t’es tombée en voulant escalader un rocher à la plage mais… ça se voit que c’est pas ça. » Tom avait toujours été celui qui l’avait tiré vers le haut et qui lui avait permis de mettre en place cette classe, aussi cette attention visa à la toucher énormément alors qu’elle soupirait et essayait de dédramatiser la situation. « C’tait un très gros rocher en fait. T’inquiète pas, ça va. Il m’en faut plus pour m’mettre KO. » Une tape amicale vint assigner ses paroles avant qu’elle ne lui sourit. «J’te jure que ça va, et j’te promets qu’si un jour ça va pas, j’te l’dirai d’accord ? » Plus elle parlait et plus Anthea prenait conscience que l’attachement était le véritable problème de ces jeunes. Ils craignaient de se donner parce qu’ils étaient effrayés à l’idée de perdre en retour. « T’vas me supporter encore longtemps va. » Son sourire grandissait à mesure que le regard de Tom, même si il n’était pas convaincu, laissait présager qu’il lui faisait confiance sur ce sujet. « Ok… mais tu sais quand tu frappes, ça doit faire mal n’empêche. » Elle remarquait qu’il regardait ses mains et avant que la conversation ne vire vers un chemin qu’elle ne désirait pas prendre, surtout avec un élève, elle se contenta de lui ébouriffer les cheveux en se mettant à rire. « Allez file, on s’voit dans deux jours. » Ses yeux accompagnèrent le rythme des pas de Tom avant qu’elle ne se lève de sa place et se mette à secouer sa tête d’une façon qui laissait présager de sa fierté vis-à-vis de ces jeunes.

Son sac sur le dos, ses tâches dispatchées de-ci de-là ses vêtements, la jeune fille regagna sa voiture afin de rentrer chez elle. Et alors qu’elle s’apprêtait à tourner au niveau d’un croisement, ses yeux furent attirés par une affiche publicitaire, concernant la marque Quicksilver. Forcément, l’été arrivait et par conséquent les instants de farniente sur la plage aussi. Un sourire amusé venait de s’immiscer doucement sur ses lèvres alors qu’elle songeait aux représentations de cette marque. Le surf en était sa principale ressource bien évidemment et dès lors qu’elle songeait à cette pratique sportive, Anthea ne pouvait s’empêcher de se replonger des années en arrière. Ce temps, où, ses préoccupations allaient généralement vers des problèmes mettant en avant le fait qu’elle désirait rester chez son père plutôt que devoir retourner avec sa mère. Ce temps qui la conviait à désirer établir une vie nouvelle à San Francisco pour pouvoir ainsi envisager de nouvelles opportunités voire même un avenir meilleur. Ce temps qui était révolu et auquel elle avait du dire au revoir devant les aléas d’une vie qu’elle n’avait pas totalement choisi. La nostalgie ne l’avait jamais quitté, tout comme les sentiments qu’elle avait pu apprendre à apprivoiser à cette époque. Finalement, elle en venait même à croire qu’elle avait rêvé tout cela, surtout depuis qu’elle n’avait plus de nouvelles. Un mal ou un bien ? Au moins, il y en avait un qui vivait sa vie comme il l’entendait. Du moins, c’était ce qu’elle croyait et ce dont elle espérait pour lui. « Oh ça va ducon, t’avais qu’à partir plus tôt ! » s’emporta t-elle au moment où le bruit du klaxon de la voiture derrière elle la fit revenir à la réalité. D’ailleurs, le conducteur qu’elle pouvait apercevoir dans son rétroviseur ne donna pas l’air de se calmer alors qu’il levait son majeur d’une manière violente. Cette réaction n’eut d’autre choix que de faire rire de bon cœur Anthea qui finalement, jugea bien utile de prendre exactement la même direction que cet idiot derrière elle. Quelques mètres plus loin, elle finit par entrer dans le parking du magasin à proximité alors que la voiture la doublait en klaxonnant de plus belle et en l’assignant de drôles de noms d’oiseaux. Qu’il fasse donc. Elle s’en fichait pas mal, elle avait eu sa revanche en roulant à la vitesse d’un escargot devant lui. Contente d’elle, la jeune fille finit par pénétrer dans la boutique, sans même savoir ce qu’elle allait y trouver. Dans tous les cas, son instinct lui disait qu’elle finirait bien par avoir une idée. Mais alors qu’elle déambulait tranquillement dans les allées, Anthea eut l’impression d’avoir un arrêt total de toutes ses fonctions motriciennes. Est-ce qu’elle était en train de rêver ? Ou est-ce qu’il y avait bien Noah dans le rayon des bouées et autres éléments nécessaires pour une bonne baignade ? Elle dut secouer sa tête au moins trois fois et même se pincer avant de finalement admettre qu’il était bel et bien présent ici, dans ce magasin, à New-York. Ce constat eut le don de la déstabiliser complètement, au point où elle ne savait même plus pourquoi est-ce qu’elle était venue ici. Néanmoins, ce qu’elle jaugea se présenter sous des allures de panique l’obligea à se déplacer et a prendre l’allée voisine de manière à ce qu’il ne la remarque pas. Noah Holloway. Même si elle mimait son nom sur ses lèvres, l’artiste n’arrivait pas à se persuader qu’il était là. A moins que ce ne soit son sosie ? Le vrai était beaucoup plus costaud dans son souvenir. Fronçant ses sourcils en adoptant un air dubitatif, la jeune fille finit par recouvrer son caractère naturel et son impulsivité, tant est si bien qu’elle finit par revenir en arrière pour se saisir d’un des pistolets à eau avant de partir à la recherche du jeune homme. Sauf que… Il lui donnait l’air de ne plus être dans les parages à présent. « Putain, mais je deviens folle ou quoi ? » souffla t-elle d’agacement entre ses dents avant de chercher aux travers les rayons pour essayer de le revoir. Et alors qu’elle tournait sa tête vers le côté, Anthea finit par percevoir un mouvement qui attisa sa curiosité. Ni une ni deux, elle entreprit de suivre ce dernier et ne put s’empêcher d’arquer son sourcil en reconnaissant bien là le comportement de Noah. Elle en était certaine à présent, c’était le vrai. Et sans plus attendre, elle visa au niveau de son dos tout en sachant pertinemment que ce jet d’eau l’obligerait à se retourner et ainsi à lui faire face. Ce dont elle ne s’attendait pas, était en revanche de se prendre un jet d’eau de plein fouet sur le visage, chose qui eut l’occasion de la faire reculer de quelques pas en arrière. « J’étais justement en train d’me dire la même chose en t’voyant. » répondit –elle au moment où Noah semblait surpris de la voir. Bon ou mauvais signe d’ailleurs ?  Il lui paraissait très mal à l’aise devant elle, ce qui eut le don de lui faire perdre son sourire pour se mettre sur la défensive. Et elle eut raison de le faire puisqu’il commentait à sa manière ce qu’il voyait et dont elle comprenait très bien qu’il n’appréciait pas. « J’te renvoie l’compliment, apparemment vieillir t’as fais du bien. » rétorqua t-elle au tac au tac tout en relevant un peu son menton pour ainsi lui présenter sa silhouette entièrement  et en remontant sa main pour essuyer des gouttes présentes sur son visage. « Tu fais des achats pour une pool party ? » Il arrivait à la mettre mal à l’aise et autant dire que la blonde n’appréciait pas ressentir ce genre de chose, surtout quand il s’agissait de lui. « C’est con, ce soir là j’ai poney. » oups la phrase était partie toute seule sans qu’elle ne songe même à la retenir. En même temps, elle se retrouvait piégée entre sa déception de ne pas avoir été tenu au courant de sa venue dans la ville et la joie de le revoir. Son contrôle lui échappait, tant bien même qu’elle s’injuriait toute seule d’adopter ce comportement, surtout quand on pouvait savoir à quel point il avait de l’importance pour elle. Les vagues de ses impulsions la saisissaient à tout va, jusqu’au point où elle finit par relever la main qui tenait fermement son pistolet afin de le pointer droit sur le front du jeune homme. « T’as cinq secondes pour sortir ton excuse, j’vais t’aider parce qu’j’suis gentille. T’oublie direct le ‘j’ai perdu ton numéro OU j’ai pas eu l’temps’. » Son regard s’accrochait à celui du surfeur comme si il était son dernier espoir, Anthea en avait assez des remontrances et si lui avait honte d’elle, il lui suffisait de le lui dire directement. « Un… deux… » Le décompte était en train de s’écouler et l’impatience filait droit dans les veines de la jeune fille et ce même si ce ne serait que de l’eau qui jaillirait de ce pistolet, au moins, elle ne serait pas venue pour rien, elle l’arroserait.
 

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MessageSujet: Re: Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea EmptyVen 4 Aoû - 10:42

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Les battements de son cœur se stoppèrent pendant quelques secondes, avant de repartir d'un grand coup. La violence de cette rencontre fantasmagorique lui fit le même effet qu'un coup de poing en plein dans le ventre. Oh bien sûr il savait que les probabilités de la croiser étaient assez importantes, mais il était loin d’imaginer que cela serait aussi rapide. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’était pas prêt. Tout comme il n’était pas prêt lors de leur rencontre. Le surfeur se souvenait aisément du tout premier souvenir d'elle. Un regard. Et quel regard lui avait-elle jeté. Un de ceux empli de mépris et de tout un tas d'autres choses, qu'il n'avait pas réussi à identifier sur l’instant. Pourtant il s’agissait juste d’un regard, alors qu’il était caché derrière son immonde déguisement d’écureuil. Et pourtant… son existence avait été bouleversée par quelque chose d’aussi infime et éphémère que ce regard. Il ne savait pas pourquoi il s’était arrêté de la sorte, alors qu’il avait croisé chaque jour des centaines de regards, partout, dans les transports, en faisant ses courses, au travail… Noah avait arrêté de se torturer l’esprit à propos du pourquoi du comment depuis un moment déjà. Peut-être tout simplement qu’il n’était pas réveillé ce jour-là quand il lui avait foncé dedans, la déséquilibrant et faisant tomber avec elle tout ce qu’elle tenait dans la main. Si elle avait eu des fusils à la place des yeux ce jour-là, il ne serait plus de ce monde actuellement. Elle l’avait détesté, maudit et insulté de tous les noms d’oiseaux de sa collection, sans qu’il n’ait eu le temps d’en placer une. Et puis un beau jour, il avait réussi à se faire pardonner. Ce regard donc, avait tout changé, irrévocablement. Ce même regard qu’elle lui lançait en cet instant même, alors qu’elle venait de l’arroser et qu’un jet d’eau était parti malencontreusement de son pistolet à lui. Tels des gladiateurs se jaugeant, les deux locuteurs avaient du mal à savoir comment faire et sur quel pied danser. Noah n’avait pas l’impression que sa présence dans ce magasin soit vraiment la bienvenue. A en juger par la réplique de l'artiste, s’était même plutôt l’inverse. « Ah bah ça tombe bien dis donc... par contre je sais pas comment je dois le prendre... bien sans doute ! », Noah tenta de se remémorer du décodeur Anthea Stark, en usant d’une petite blague, mais il devait bien avouer qu'il avait perdu la main. Manque d’entrainement probablement. Comme venait de le faire remarquer Stark, il avait changé, c’était vrai, du moins physiquement, parce que mentalement il était toujours fidèle à lui-même. Il se foutait toujours autant de la vie et ne se prenait pas plus au sérieux que quelques huit années en arrière. Non, bien au contraire et cela semblait empirer avec les années. Chose qui avait tendance à exaspérer sa sœur jumelle, qui n’en pouvait plus de ses blagues et l’aurait bien étouffé dans son sommeil, avec son coussin péteur. « On a pas tous la chance de ressembler à une gravure de mode dès notre plus jeune âge ! » Pourquoi est-ce qu’il venait de dire cette connerie monumentale ? Parce qu’il avait toujours trouvé Anthea plus jolie que la moyenne et le fait qu’elle passe son temps à l’envoyer sur les roses, n’avait fait que renforcer cette appréciation. Et sa dégaine du jour n’y changeait rien. Pour sûr, il allait se prendre le jouet en plastique en pleine figure dans les secondes qui allaient suivre. Elle ne manquerait pas de lui envoyer un autre pic en pleine poire également, le tout peut-être saupoudré d’un coup de pied bien placé. Au fil des années, il avait quelque peu oublié à quel point la jeune femme pouvait être dans l’impulsivité. Il n’avait pas voulu l’agresser, au contraire, il ne savait juste pas comment aborder les choses et encore moins par quel bout entamer la conversation.  
 
En jetant un regard à ce qu’il tenait toujours dans les bras, il haussa les épaules avant de lancer avec un sourire en coin. « Ouais une pool party avec ma pote Adriana Lima… c’est dommage, c’est pour ça que tu n’as pas répondu à ton invitation ? Mais je comprends, entre le poney et la pool party, je n’aurai pas hésité non plus ! » Noah sentait bien que Thea venait de rentrer en mode survie, en l’agressant de la sorte. Agression à laquelle il essaya de ne pas répondre, même si cela était franchement tentant. Cela ne servait pas à grand-chose de rentrer dans son jeu et encore moins de lancer de l’huile sur le feu par pur plaisir. L'attitude de défi qu'elle arborait, était du grand Thea dans toute sa splendeur. Dès lors que quelque chose semblait lui échapper, elle balançait un jet d’encre. Juste pour se protéger. Une technique qu’il connaissait bien, pour l’avoir expérimentée un nombre incalculable de fois. Noah pouvait aisément comprendre pourquoi elle lui en voulait. A sa place, il lui en aurait aussi voulu à mort. En fait, il n’avait pas réellement de réponse à la question qu’elle lui posa et dont elle exigea une réponse rapide, en le mettant en joue avec son pistolet à eau. Sans savoir pourquoi, il leva les mains en l’air, lorsqu’elle braqua sa fausse arme sur lui. Peut-être bien parce qu’il était tellement conditionné, que quelque chose, à l’intérieur de sa cervelle, se mit automatiquement en mode défense. Son intervention, même si elle devait être drôle, ne l’amusa pas spécialement, il se mit alors à gémir. « Ohhh c’est bon, on se calme ! J’ai toujours ton numéro… enfin s’il n’a pas changé ! J’aurais pu t’appeler c’est vrai, mais je ne l’ai pas fait. Et… je voulais, c’est pas l’envie qui manquait, mais je me le suis interdit, ça marche comme excuse ? Enfin c’est pas une excuse, c’est simplement la vérité… » dit-il en se cachant derrière le carton de la bouée flamant rose, en attendant qu’elle lui tire dessus. A de nombreuses reprises il avait composé son numéro, avant de finalement laisser tomber. Il avait même appelé plusieurs fois en masqué, mais il n’avait pas trouvé le courage de lui parler. Chose qu’il n’avouerait certainement jamais. Affronter une vague étant bien moins impressionnant, que de se confronter à Anthea. Jusqu'au jour où il s'était dit que c'était mieux ainsi et que s'il le fallait, leurs chemins se croiseraient à nouveau. Quelque part c’était vraiment con. Le chemin venait de s'arrêter ici même et ce n'est pas vraiment ce à quoi il s'attendait. Il regrettait, parce que c’était ça la condition humaine, toujours tout regretter. Il en revenait toujours à ça. Regretter au sujet d'Anthea, de sa mère... de tout. Il avait l’air con ainsi, mais il n’y pouvait rien, il détestait les armes – même factices - à un stade presque moléculaire. C’était peut-être pire depuis qu’il avait visionné - sur les conseils d’Helina sa psy - la cassette de vidéosurveillance de l’hôpital où sa mère se faisait abattre froidement par un tireur fou. Une chose était sûre, il ne rentrerait jamais dans l’armée, il partirait en courant à la vue de la première arme qui traînerait dans les parages. « Et pourquoi t’as pas pris ton téléphone non plus ? Rien ne t'en empêchais... sauf peut-être toi-même également ! » était-il en train de glapir soudainement – comme si sa vie était réellement en jeu-, alors que le compte à rebours lancé par la blondinette défilait à toute vitesse. Et puis quoiqu’elle puisse sous-entendre, il n’était pas le seul fautif après tout, chose qu’il ne manqua pas de lui faire remarquer, de manière tout à fait fortuite. « T’es responsable de 50% de la relation qu’on a pu avoir, juste pour te signaler ! C’est pas beau de rejeter la faute sur les autres… ». Il se retint d’ajouter que sa mère ne l’avait pas éduquée ainsi, connaissant les liens compliqués qui pouvaient unir les deux femmes. C’était sans doute le truc à ne pas dire, mais après tout elle était aussi responsable que lui, de cet éloignement, qui avait eu raison d’eux. Cette affirmation lui fit retrouver un semblant d’aplomb. Se servant du carton de la bouée comme d’un bouclier, il arrosa copieusement Anthea en appuyant sur la gâchette - en ne voyant pas où est-ce qu'il visait - tout en avançant vers elle et en imitant un bruit de sabre laser. Pourquoi un sabre laser il n'en avait aucune idée. Du grand Noah, qui restait un mystère même pour lui. Sortant la tête de derrière le carton il lui demanda ensuite « C’est comme ça qu’on accueille les gens ici ? Tu viens même pas me faire un câlin ? » Pour sûr il venait de signer son arrêt de mort et allait se retrouver castré dans la minute qui suivait cet affront. Il ne savait pas du tout quoi dire et encore moins comment se comporter, alors il tentait toutes les possibilités.

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MessageSujet: Re: Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea EmptySam 5 Aoû - 10:56

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L’incertitude s’implantait de plus en plus dans l’existence de la jeune fille. D’abord discrète, cette dernière donnait l’impression d’apprécier se jouer des comportements de l’artiste dès lors que des situations cocasses se prêtaient au jeu. Après les révélations mettant en évidence les doutes de sa grande sœur, après les confidences du pompier révélatrices que l’humanité ne valait rien, après son altercation avec l’homme le plus détestable de la planète, voilà qu’elle devait maintenant se confronter à son passé. Et quel passé. Celui qui avait eu raison d’une partie de son âme et de son cœur. Celui qui lui avait appris qu’il pouvait être plus facile voire même plus évident de songer à des opportunités à deux que seule. Celui qui lui avait également permis de comprendre que le bonheur pouvait se trouver là où on l’y attendait le moins et que sa perte en était l’épreuve la plus difficile à surmonter. A croire que le monde entier était contre elle, où alors que les vents de son karma avaient viré juste pour se jouer d’elle ? Anthea n’était plus très sûre de rien à vrai dire. Et ce même si elle essayait, tant bien que mal, de garder ses pensées intactes. Difficilement, mais sûrement, la silhouette de Noah devenait de plus en plus présente aussi bien à ce moment précis que dans les diverses étapes de son existence. A croire qu’il ne la lâchait jamais et ce même si elle essayait de songer à autre chose. Il y avait toujours ce lien invisible qui la ramenait directement à lui. Par des peintures, par des réponses, par des états d’âme, plus le temps passait et plus la jeune fille prenait conscience que même si ils n’avaient passé que deux mois ensemble, il avait réussi à la changer. En mal ou en bien, elle ne disposait pas encore de la réponse, mais le fait était là. Elle n’arrivait pas à se le sortir de la tête. Etait-ce réellement un problème ? Avant qu’elle ne s’y confronte dans ce magasin, la blonde aurait simplement ignoré ce fait pour ainsi y puiser là une force, notamment pour son inspiration artistique. Mais à présent qu’ils étaient l’un en face de l’autre de cette manière, à présent qu’ils se jaugeaient l’un et l’autre par le biais de ces regards à la fois interrogateurs et accusateurs, sa réponse devenait de moins en moins évidente et commençait même à l’énerver sans qu’elle ne puisse en comprendre les raisons. Qu’est ce qui lui prenait ? Son regard changea du tout au tout au moment où Noah lui répondit de cette manière. L’incompréhension la gagnait devant cet espèce de reproche qu’elle n’avait pas vu venir. « « Tu l’prends comme tu veux. » rétorqua t-elle tout en essayant de lire dans les yeux du surfeur comme elle avait pu le faire par le passé. Sauf que aussi bien le temps de séparation que celui de la maturité lui empêchèrent de comprendre une once de signification. Le jeune homme qu’elle connaissait aurait certainement rit de ce qu’elle venait de dire, alors que celui là, donnait l’impression de se renfermer également sur lui-même. Un peu comme elle. Étaient-ils réellement en train de mettre en exergue cet effet miroir ? La déception se dépeignait sous plusieurs strates de ce tableau, s’injuriant de la base pour venir embraser le sommet. Même ses souvenirs lui donnaient l’impression de se jouer d’elle alors qu’elle tentait tant bien que mal de se remémorer de la dernière fois où elle avait pu se confronter à ce regard. Surement quand elle était partie… Quand elle avait du rejoindre New-York et qu’ils s’étaient promis de tout faire pour au moins essayer. Ou alors Anthea ne l’avait jamais remarqué puisque c’était ce ton là qu’elle avait entendu pour la dernière fois au téléphone ? Elle n’était plus certaine de quoi que ce soit, si ce n’était peut être de sa propre déception concernant son silence au sujet de sa venue ici. « « T’es vraiment en train d’te vexer là ? » Cette fois-ci, elle préférait que les choses soient claires entre eux, surtout devant la remarque qu’elle venait de se manger à l’instant. Jamais elle n’aurait cru avoir une telle altercation de ce genre là, surtout pas avec lui. D’autant plus que parler des atouts physiques n’était pas sa spécialité loin de là d’ailleurs, il suffisait qu’elle se rappelle de toutes les réflexions qu’elle avait eu à faire face lors de son altercation avec le mécano chippendale pour s’en rappeler. D’autant plus, qu’elle ne savait pas comment elle devait prendre la remarque du surfeur. Bien sans doute ? Ou était-ce simplement un moyen détourné pour lui aussi lui faire prendre conscience que tout chez elle laissait à désirer ? Et puis depuis quand est-ce qu’elle s’en souciait d’ailleurs ? Un soupir lui échappa, l’exaspération la gagnait devant le malaise qui ne cessait de s’inclure à la conversation. Malaise ou tension ? Elle n’en savait foutrement rien, mais ce dont elle était certaine, par contre, n’était autre que le fait qu’elle n’appréciait pas trop le fait d’avoir été ignoré comme il l’avait fait. A croire que Noah avait réellement honte d’elle, puisqu’il n’avait même pas pris la peine de l’avertir de sa venue dans la ville ? Honte ou il s’agissait simplement d’un oubli de sa part. La deuxième option lui paraissait plus à même de correspondre au jeune homme. A moins qu’elle ne se trompe sur toute la ligne et qu’il ai simplement fini par admettre qu’il avait fait la plus grosse erreur de sa vie en étant avec elle.  Pourquoi est-ce que cela lui importait d’ailleurs ? Anthea avait envie de se donner des coups de poings à mesure que les mots lui échappaient mais surtout devant l’inconstance de cette tension qui grandissait sans qu’il n’y ait de raison pour. «  D’toute façons c’est pas comme si j’allais t’manquer. Cherche pas à faire ton gêné va, il m’en faut plus pour m’vexer. » Enfin, elle arrivait à se reprendre ou du moins son attitude lui donnait un peu plus de confiance en elle pour oser son naturel reprendre le dessus. A moins qu’il ne s’agisse là encore d’une des entourloupes de ses foutues émotions bizarres qui se jouaient d’elle ?  Visiblement, Noah allait dans son sens, ce qui n’était pas forcément une bonne chose. Des souvenirs lui revenaient en mémoire dans lesquels se mêlaient à la fois des instants de sureté suivis presqu’instantanément de moments beaucoup plus enfantins. C’est d’ailleurs, ce qui l’incita à prendre connaissance plus en détail de chacun des éléments qu’il tenait bien fermement dans ses bras. Avec Noah, nous n’étions jamais assez sûres de ce dont il était capable, surtout quand il avait une idée derrière la tête. Et alors qu’elle se rassurait sur le fait de ne pas avoir apparaître un jet d’eau de sur son tee shirt ou même entendre le bruit significatif d’un coussin péteur, la jeune fille finit par oser croiser pour une fois encore le regard fermé du jeune homme. Ni lui, ni elle n’étaient préparés à cette rencontre. N’importe qui aurait pu le deviner à dix kilomètres à la ronde. La gêne transparaissait dans les divers comportements qu’ils adoptaient et ce même si ils essayaient de ne pas la dévoiler. Quelque chose manquait. Et ce quelque chose empiétait considérablement sur les périodes de doutes ainsi que dans les énervements de plus en plus palpables d’Anthea. La situation lui échappait complètement et comme à chaque fois, l’artiste se renfermait sur elle-même pour ainsi se protéger. Se protéger de quoi au juste ? Des incertitudes, de la déception, des reproches, mais surtout de la responsabilité l’impliquant dans un mal être qu’elle n’avait pas anticipé. Son pistolet en joue, son regard n’en devenait que plus sombre à mesure qu’elle brisait la glace. Mais était-elle réellement en train de la briser ou plutôt de l’alimenter ? Foutues émotions. Un nouveau soupir lui échappa au moment où elle continuait son décompte. « Trois.. » Son cœur lui donna l’impression de s’arrêter au moment où elle reconnut une sorte de panique dans le regard de Noah. Et à cet instant là, la gêne ne fit que s’accroître alors qu’elle concevait à quel point elle était idiote d’avoir agi de cette manière. Bon pas totalement idiote puisqu’elle avait des réponses. Mais elle avait oublié l’important dans cette histoire : son passé.  Apparemment cette situation veillait vraiment à le mettre mal à l’aise puisque sa réponse ne donna pas l’air d’être nette, pas du tout même. Et plus il continuait dans son explication plus le regard de la blonde n’en devenait que plus… interrogateur. «  Tu te l’es interdis ? C’quoi c’te excuse bidon ? »  Instinctivement, ses yeux se baissèrent pour essayer de trouver un semblant de signification dans ce qu’elle venait d’entendre. Voilà qu’il lui mettait le doute à présent… Enfin quoi qu’il en soit, son impulsivité restait bien présente dans ce rayon. «  Ca veut dire quoi c’que t’me racontes ? » Oui Anthea et les sentiments humains n’étaient pas très très compatibles, enfin du moins pas ce genre de sentiments là. Elle était capable de lire dans un livre ouvert pour la plupart des personnes, pourtant il persistait des exceptions devant lesquelles le mystère restait entier. Noah en faisait d’ailleurs parti. Troublée, l’artiste tenta de mettre un peu d’ordre dans son esprit jusqu’au moment où le mouvement instiguait par le jeune homme lui fit prendre conscience de son malaise. Instinctivement, elle recula d’un pas et replaça le viseur de son pistolet de manière à lui faire comprendre qu’elle n’était pas prête de baisser sa garde, et ce même si il la troublait. Ses yeux s’assombrirent au moment où il la prenait à son propre piège, voilà ce qu’on gagnait à parler sans réfléchir…  Il avait raison sur ce point. Elle aussi pouvait l’appeler et elle aussi aurait pu faire le premier pas pour prendre de ses nouvelles. Mais à quoi bon ? Se faire du mal et envisager le fait de lui en faire à lui aussi ? Non… S’appeler n’était pas du tout la bonne chose à faire. «  R’tourne pas le truc pour t’sauver ! C’pas moi qui suis v’nue à San Francisco là. » Est-ce qu’elle parviendrait à se sortir de cette mauvaise posture ? A croire que non, puisqu’il continuait cette fois-ci en l’accusant d’être également responsable de ce qu’ils étaient en train de vivre. En réponse à cette remarque, qui eut le don d’attiser un peu plus sa colère, la jeune fille en oubliait même qu’il avait peur des armes. «  Quatre ! » Sa main venait tout juste de s’apposer sous celle qui tenait le pistolet, de manière à pouvoir stabiliser l’ouverture qu’elle venait tout juste de trouver. Elle n’allait pas le prendre en traître non plus. Enfin, elle n’en avait pas l’intention mais apparemment elle venait tout juste de sous estimer les défenses de Noah qui la surprirent. Un jet d’eau commençait tout juste à lui lécher le visage avant qu’elle ne se décale rapidement pour que son dos en soit la principale victime. « ’tain, arrête Noah ! » laissa t-elle échapper avant de finalement parvenir à trouver une esquive derrière ce qui semblait ressembler à un barbecue. Accroupie, elle en profita pour se sécher les yeux du trop plein d’eau qu’elle venait de recevoir et regarda le dernier jet s’abattre lamentablement sur un gros ballon en caoutchouc derrière elle. Après quoi, elle se redressa sur ses jambes et en pria pour que le pistolet du surfeur soit complètement vide. «  Tu t’fous de moi là ? » Alors celle là, elle ne s’y était pas attendue du tout, mais alors vraiment pas. D’ailleurs, sa surprise était telle qu’elle recommençait à faire des pas vers l’arrière. « ZERO ! » Cette fois-ci elle appuya sur la gâchette et s’amusa à l’asperger d’eau, non pas au niveau de son visage ou même juste au niveau des cartons, mais plutôt le long de sa jambe de manière à lui prouver qu’elle n’allait certainement pas lui faire un câlin. « T’as pris de la drogue ? » Cette question venait véritablement de lui frapper l’esprit au même moment où elle arrêtait ses assauts pour prendre connaissance de l’état de ses yeux. Aucune brillance suspecte n’y parut et pourtant, devant les informations et les agissements qu’il effectuait, Anthea préférait en avoir le cœur net. « Non parce qu’tu sais, les seuls câlins que j’fais sont ceux à Squirrel Man donc bon, tu rêves mon gars ! » Elle venait réellement de dire cette phrase ? Intérieurement, l’artiste était en train de s’injurier de tous les noms et se frapper par la même occasion. Pourquoi avait-elle dit ça ?   «  Non laisse tomber, s’tu veux j’vais à l’accueil pour demander un papier et j’t’y écris free hug dessus. Suffira d’te mettre d’vant le magasin et t’auras forcément des adeptes. » Oui il valait mieux qu’elle se rattrape comme elle le pouvait même si elle savait qu’il allait sauter sur l’occasion. Elle avait laissé une barrière s’abattre et ce n’était pas bon du tout. Désireuse de rectifier un peu plus la donne, la jeune fille recommença à reculer et cette fois-ci laissa un jet vif, tel un éclair, échapper du canon du pistolet pour effleurer l’oreille du surfeur. Pour sûr le son allait lui remettre les idées en place. «  Donc… tu comptes m’dire pourquoi t’es à la Grande Pomme où j’dois aller remplir un pistolet plus gros pour l’savoir ? » Son air de défi exprimait bien là son intention de connaître la vérité au sujet de sa présence dans la ville, mais surtout pour savoir si ils risquaient de se croiser plus souvent ou pas du tout.
 

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MessageSujet: Re: Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea EmptyDim 6 Aoû - 17:33

Meet me where the sky touches the sea
Noéa
She’s talking to angels, counting the stars, making a wish on a passing car
She’s dancing with strangers, falling apart
Waiting for Superman to pick her up
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Les retrouvailles d’Anthea et Noah donnaient tout l’air d’être un duel digne des plus grands westerns. Les protagonistes se jaugeaient l’un et l’autre, afin d’étudier le meilleur angle d’attaque. Analyse sous toutes les coutures. Avancer d’un pas, lentement, prudemment, ne surtout pas tourner le dos à l’ennemi, prendre ses marques et tenter de frapper le plus fort possible, afin de faire le plus de dégâts. Mécanisme de défense ancestral. D’aussi loin qu’il se souvienne, jamais auparavant il n’avait adopté ce genre d’attitude avec la jeune femme. Pas plus elle que lui, ne semblait s'être réellement préparé à se confronter de la sorte à l’autre. D’ailleurs, ce n’est pas ainsi qu’il souhaitait que leurs retrouvailles se passent. Pourtant la jeune femme semblait avoir donné le ton de cette rencontre. La tension était palpable, un peu à la manière d’un élastique trop tendu. Pourtant, il suffisait juste de desserrer un peu le tout, afin de garder une bonne distance et que les tensions s’apaisent. Mais, ils ne semblaient pas enclins, pour le moment, à cet apaisement. Une tension dénotant qu’il était nécessaire de démêler les fils du passé. Et pour le moment, cet enchevêtrement était tel qu’il était difficile de voir par quel bout commencer. Le premier jet acide venait de l’atteindre en pleine figure, mais Noah avec sa nonchalance habituelle n’en laissa rien paraître. « Il va m'en falloir bien plus pour me faire bouder ! Désolé de te décevoir, mais c'est mal me connaître ça !! Je suis sûr que tu peux faire bien mieux, en plus de ça. » D’accord, il venait clairement de tendre une matraque invisible pour se faire battre. A n’en pas douter, Thea allait s’en saisir pour lui asséner un coup sec derrière la nuque, dès qu’elle en aurait l’occasion. A croire qu’il aimait ça. Peut-être bien. Le surfeur ne savait absolument pas sur quel pied danser et avait la fâcheuse impression de se retrouver sur une patinoire en plan incliné, impossible de réussir à trouver un quelconque équilibre. Il se cassait la figure sans réussir à se remettre debout, encore et encore. Et Anthea veillait à ce qu'il n'y parvienne surtout pas. Rien ne semblait simple, d'un côté, comme de l'autre. Noah tentait tant bien que mal de démêler cet atroce chantier, mais semblait plutôt rouillé. A chaque fois qu’il avait eu l’air de savoir précisément ce qu’il attendait de l’existence, Noah s’était retrouvé bousculé dans ses convictions, par quelqu’un ou quelque chose. Et l’artiste avait bouleversé ses certitudes - du moins à sa façon – et ce à bien des égards. Il prit plutôt mal la réflexion mal placée de la jeune artiste. Qu’est-ce qu’elle en savait dans le fond si elle lui avait manqué ou non ? Il avait bien conscience d’être ce qu’on pouvait communément appeler un illettré émotionnel, ce qui était en soi un vrai fléau. Incapable de lire ses propres sentiments, ses propres émotions, parce qu’on lui avait appris à être fort, un parfait petit soldat n’écoutant que les autres et délaissant ses propres besoins. Mais il essayait de se soigner, depuis quelques années maintenant. Sa rencontre avec Anthea avait marqué le début de ce nouvel apprentissage. Oser regarder en soi, pour comprendre les choses avec son cœur. Si elle avait réussi à lui apprendre quelque chose en seulement quelques mois à peine, c'était bien ça. Et même s’il reconnaissait aisément ne pas avoir pensé à Thea pendant toutes les secondes qui s’étaient écoulées entre le moment où ils s’étaient quittés et aujourd’hui, il ne l’avait pas reléguée dans un placard fermé à double tour non plus. Des détails dans la rue, un objet insignifiant, une galerie d’art et voilà qu’elle se rappelait à son bon souvenir. Plus d’une fois il en était venu à se dire qu’il devait prendre son courage à deux mains, et demander de ses nouvelles, puis il avait été absorbé par autre chose et ainsi de suite. Jusqu’à aujourd’hui. « Je parierais pas là-dessus vois-tu ! Un jour quelqu’un m’a dit que le cœur était un organe imprévisible… A méditer ! ». Noah lui prouva par la même occasion qu’il l’avait écouté et que cet enseignement avait cheminé depuis. Elle ne manqua pas de lui faire remarquer presque aussitôt, et à sa manière bien à elle, qu’il aurait pu prendre 5 secondes de sa précieuse vie pour la tenir informée de sa venue à New-York. Et quelque part elle n’avait pas tort, mais elle aurait également pu en faire de même.
 
Plus les minutes s’égrenaient et plus elle abattait ses cartes, coups sur coups, afin de ne lui laisser aucun répit. Agression sur agression. Chose qu’il lui fit remarquer en glapissant, en tentant un trait humoristique, toujours caché derrière le carton de sa bouée flamant rose. « Mais t’as entamé un nouveau régime à base de lion ou quoi ? ». Elle ne semblait pas décidée à lâcher l’affaire et son explication n’avait pas l’air de lui convenir non plus, puisqu’elle continuait son décompte. Implacablement. Inexorablement. Comme si elle souhaitait véritablement lui faire sauter la cervelle, pour cet affront qu'il osait lui faire, à savoir se trouver face à elle. « T’as très bien entendu ! Me fait pas croire que t’as pas compris, y a pas besoin d’avoir fait mat’ supp’ pour ça ! T'es bien plus intelligente que ça. Et me fait pas dire ce que j’ai pas dit, je suis pas en train de t’attaquer sur ton niveau d’études, bien au contraire… ». Étrangement, Noah préféra prendre les devants afin d’éviter tout malentendu. Puisque Thea semblait vouloir faire dans le pathos en déformant ses propos. « Je savais pas que la ville t’appartenais… » Il avait soudainement l’impression de devoir affronter Godzilla, qui tentait de protéger son territoire. Chose qui le fit immédiatement entrer en mode connerie. Noah tira à bout portant avec son pistolet à eau, dans toutes les directions sans regarder où il visait. Un faux rire diabolique lui échappa tandis qu’il parvenait à l’éclabousser au visage d’une gerbe d’eau. « Meurs, pourriture communiste ! » s’enquit-il à la suite, en faisant référence à un gros navet cinématographique. Du grand Noah, jamais là où on l’attendait. Sa victoire ne fut pourtant que de courte durée. Le temps imparti par la blondinette était écoulé et elle ne semblait guère apprécier cette petite riposte de la part de Noah. Il se retrouva presque aussitôt trempé sur toute la longueur d’une jambe de son pantalon. « Hiiiii mais t’es pas possible ! Mon pantalon… J’ai une réunion dans moins d’une heure, tout le monde va penser que je suis incontinent ! » maugréa-t-il en secouant la jambe, comme si l’eau allait miraculeusement sécher ou partir… sait-on jamais. « Je suis tombé dans une marmite de LSD quand j’étais petit ! », dit-il en sautant sur place et en arrivant à garder miraculeusement tout ce qu’il tenait toujours dans les mains. La phrase d'Anthea le stoppa net dans son entreprise. Il en vint à se demander s'il avait bien entendu. Foutu pour foutu, il continua sur cette lancée et tant pis s'il n'avait pas bien saisi le sens de la phrase. Un immense sourire vint fendre son visage et il dû se retenir de rire. « Oh ça peut s’arranger alors ! J’ai eu le droit de garder la panoplie complète de Squirrel Man en partant du parc… enfin je me suis octroyé le droit tout seul, mais c’est une autre histoire. Et c'est beau de rêver non ? » L’impétuosité et la caractère bien trempé de la jeune femme ressortait une fois de plus au travers de ce pic bien envoyé. Elle n'en manquait pas une pour lui en envoyer plein la figure. Petit à petit, il retrouvait la jeune femme qu'il avait toujours connu. Toujours avec le même sourire qui ne le quittait plus depuis trente secondes, il lui envoya à son tour « Tu parles d'un tableau... j'aurai l'air d'un con, comme ces personnages de bande dessinée là, avec deux fontaines à la place des yeux... Je m'y vois bien tiens... Et je m'en fiche d'avoir un câlin de la part d'inconnu(e)s, c'est à toi que j'ai demandé ! » Noah avait toujours aimé la titiller, jusqu'à ce qu'elle termine par craquer. Il savait qu'il allait s'en prendre encore plein la figure, mais ce n'était pas grave, seule la finalité comptait. Une nouvelle gerbe d'eau lui frola l'oreille cette fois-ci, ce qui le fit sursauter et lâcher les paquets qu'il tenait en main. « Haaaa ! Mais je viens de te le dire, bon sang... faut que je te le dises en Klingon ? J’ai une réunion et je suis là pour le boulot, pas pour te stalker ! » Et il se dépêcha de s'agenouiller pour ramasser ses affaires et éventuellement se mettre à l'abri, mais vu l'état de ses habits cela ne servait plus à grand chose. « Fais pas ta dure à cuire, mon but c'est pas de t'enquiquiner et même si tu veux pas revoir ma sale face de rongeur, je veillerais à rester à l'écart ! Mais bon vu que mon patron n'a pas l'air de vouloir me faire partir de New York avant un moment, va peut-être falloir que tu te fasses à l'idée de la voir de temps en temps en fait ! ». Il se rapprocha d'Anthea, à ses risques et périls certes. « T'as décidé de bouder pendant 150 ans encore ou tu vas me dire ce que tu deviens ? » Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il se fichait bien que cela la mette encore plus en rogne ou non. Cela avait toujours fonctionné ainsi entre eux et Noah n'était pas sûr que cela change un jour. Au contraire.

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Dernière édition par Noah Holloway le Sam 19 Aoû - 2:11, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea EmptyMar 8 Aoû - 14:38

Meet me where the sky touches the sea
Noéa
Do you feel the same when I'm away from you?
Do you know the line that I'd walk for you?
We could turn around or we could give it up, but we'll take what comes, take what comes
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La surprise passée, voilà que les barrières prenaient le relais sur cette rencontre qui donnait l’air d’être tout droit sortie d’un film de série B. La jeune artiste ne savait plus ce qu’elle devait ressentir à vrai dire. De la joie ? De la déception ? Du ravissement ? De la haine ? Si d’ordinaire, elle était capable de créer des tableaux par le biais des détails qui l’entouraient, elle était présentement incapable d’en tirer ne serait-ce qu’une esquisse. Les couleurs lui donnaient l’impression de se mêler les une avec les autres pour se donner dans l’interprétation d’un ballet dans lequel les nuances tournoyaient maladroitement. Rendant ainsi l’atmosphère beaucoup plus tendue voire même imbriquée dans une lourdeur que même le vent ne serait peut être pas à même de chasser. Existait-il un bouton quelque part pour faire un arrêt sur image et rembobiner la cassette pour repartir à zéro ? Malheureusement ni lui ni elle ne détenaient les secrets de cette option et ils devaient simplement composer avec ce qu’ils avaient. Ou plutôt ce qu’ils se renvoyaient. La stupeur ne quittait pas son visage alors qu’elle sentait une vague de culpabilité la lancer contre le mur derrière elle. Jamais elle n’aurait cru le blesser avec une remarque comme celle-ci, tant elle n’était pas méchante. A moins que Noah ne soit plus le même homme qu’elle avait connu dans sa jeunesse ? Celui-ci lui renvoyait l’image d’un homme meurtri, caché derrière des tonnes de barrières qu’il ne laissait plus franchir comme il aurait pu le faire jadis. Le Noah qu’elle connaissait ne se serait pas offusquer avec une remarque sur son physique, au contraire, il aurait sauté sur l’occasion pour se vanter d’être un Apollon des temps moderne ou un Dieu de la mer. Bref, il aurait réussi à l’exaspérer par des remarques qui fuseraient encore et encore et qu’elle n’aurait pas pu arrêter d’un simple claquement de doigts. Mais jamais il n’aurait été sur la défensive comme il venait de l’être à cet instant. Il n’aurait pas non plus cherché à tendre son autre joue pour se faire battre et en cela, la jeune fille percevait que quelque chose clochait. Elle se contenta alors de fermer ses lèvres et froncer ses sourcils sans même rétorquer une quelconque missive à son encontre. A quoi bon ? Il l’attendait à présent et elle n’aimait pas qu’on la considère comme une fille prévisible –même si elle l’était.  Son regard se fit plus interrogateur alors qu’elle laissait son impulsivité prendre le dessus sur le reste. Les paroles lui échappaient sans qu’elle ne veuille les retenir non plus et cela lui faisait mal. Une douleur qu’elle pensait pourtant avoir pansé depuis des années à présent, mais qui lui rappelait combien son absence avait été un cap qu’elle avait du franchir seule. Mais qu’est- ce qui la blessait le plus en réalité ? Ce qui l’agaçait résultait bien plus d’une fois d’avoir été ignoré pendant tout ce temps plutôt que d’avoir arrêté ce qu’ils avaient. Parce qu’elle pensait qu’il serait différent et parce qu’elle reconnaissait bien là les torts qu’elle avait. A croire qu’il en avait honte à moins qu’il cherchait simplement à lui prouver qu’il était bien au dessus d’elle. Là encore, le surfeur n’avait rien à voir avec celui avec lequel elle avait pu partager quelques mois de relation s’il pensait de cette manière. Et il s’agissait bien plus de ce constat là qui lui donnait l’impression de lui arracher le cœur que le reste en réalité. Mais pourtant fière, la jeune fille s’enquit de lui prouver qu’elle ne lui en tenait pas rigueur, du moins pas autant qu’il pourrait le croire. Baisser sa garde ne serait pas une solution, pas alors qu’ils se retrouvaient et qu’ils devaient se donner des explications. Sa mine se renfrogna de plus en plus devant la remarque qu’elle entendait. Des mots qu’il se plaisait à lui rappeler alors qu’elle les avait utilisé jadis dans un tout autre contexte. Anthea n’y comprenait décidemment plus rien. Est-ce que cela lui faisait plaisir de lui rappeler de telles choses ? Est-ce qu’il pensait la blesser en ramenant cela sur le tapis ? Elle se perdait de plus en plus dans ses sentiments alors qu’une once de fierté pointait le bout de son nez dans toute cette rancœur. « Au moins ç’tarrives d’écouter. » se contenta t-elle de rétorquer au tac au tac tout en essayant de garder la tête haute devant lui. Il ne fallait pas qu’elle lui montre ses faiblesses, tout comme elle ne pouvait pas prétendre à résister bien longtemps. Elle sentait déjà qu’elle perdait la face. Son impatience grimpait en flèche et ses doutes n’arrêtaient pas lui renvoyer des images qu’elle avait repoussées pendant un très long moment. Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi fallait-il que ces retrouvailles se fassent ici dans ce magasin ? Un long soupir d’agacement arriva à s’extirper de ses narines alors qu’elle remontait son arme pour le menacer avec. Ce cirque était de trop et tant pis pour le reste, il fallait que cela sorte à un moment donné. Anthea n’était pas connue pour être une représentation parfaite de la patience incarnée ni même du contrôle de soi. Voilà pourquoi, elle n’avait pu que réagir au quart de tour lorsque le jeune homme recommençait avec ses remarques. Ses yeux affrontant les siens dans un sentiment de défi, voilà qu’ils se toisaient l’un l’autre et que la jeune fille veillait à lui montrer qu’elle ne baisserait pas sa garde. Cependant la remarque qu’elle entendit eut le mérite de faire naître doucement un sourire amusé sur le coin de ses lèvres. Là elle le retrouvait ou du moins, il lui semblait reconnaître ses phrases incohérentes et parfois un peu douteuses qu’elle avait appris à apprécier. « Arrête d’chercher à détourner la conversation. » essaya t-elle de prononcer en cherchant à rester le plus neutre possible. Mais peut être s’était-elle fait prendre la main dans le sac ? Elle n’en savait rien, et recommençait à ne pas comprendre les insinuations qu’il était de mettre en évidence. Forcément, il n’était même pas foutu de lui répondre clairement à sa question, trop fier lui aussi de reprendre une idée qui lui avait certainement échappé. Pourquoi lui parler d’interdiction s’il n’était pas en mesure d’expliquer les réelles causes qui l’avaient empêché de l’appeler ? Pourquoi se dérober de cette manière ? Pour une fois de plus, Anthea chercha des réponses qu’elle ne trouverait surement jamais mais ces dernières veillaient à lui souffler des idées bizarres dans la tête. Des pensées suivant un fil conducteur dans lequel Noah voulait s’écarter de sa vie pour qu’elle puisse surement avancer ? En fait, elle était en train de prendre conscience qu’ils avaient probablement voulu la même chose l’un pour l’autre et qu’ils étaient tout simplement de pauvres idiots à ne pas pouvoir se l’avouer. Une autre fille lui aurait certainement sauté au cou pour entendre de telles révélations, mais pas elle. Pas alors qu’elle lui en voulait toujours autant de ne pas l’avoir prévenu de son arrivée en ville. Si il se l’était si bien interdit comme il le prétendait, pourquoi ne pas désirer la voir maintenant ? Surement qu’il pensait qu’ils parviendraient à s’éviter, avec autant d’habitants dans cette mégalopole cela ressortait plus du miracle de se croiser que de la malédiction. « T’sais à quel point j’suis matérielle hein. » rétorqua t-elle dans un cynisme déroutant tout en rehaussant ses épaules de manière à parfaire son tir, la jeune fille fut néanmoins surprise qu’il lance la première salve contre elle. Et alors qu’elle s’en prenait plein la tête, elle ne put s’empêcher de chercher à se cacher derrière ses mains tout en l’injuriant et ce même si il la traitait de communiste. Dans un autre contexte, la blonde aurait certainement levé les yeux au ciel en signe d’exaspération total, mais dans celui-ci, il lui fallait sa revanche. Et voilà qu’elle se présentait enfin à elle, et lui accorda le privilège de tirer un filet d’eau bien pompant au niveau de la jambe du surfeur. Fière d’elle, la jeune fille ne put se retenir de remonter le canon au niveau de sa bouche et d’y souffler dessus, signe de sa victoire alors qu’il tentait de se justifier à sa manière. « Fous toi d’moi, comm’si ça t’faisait quelqu’chose ce que les gens pensent d’ta dégaine. » Elle le connaissait assez pour savoir que son physique n’était pas une chose à laquelle il portait énormément d’importance, du moins l’ancien Noah qu’elle connaissait. Celui là était peut être un adepte des costumes Armani ou des cravates Boss. Mais il parvint à la dérouter une nouvelle fois et sans crier gare en lui faisait une demande qu’elle n’aurait jamais cru entendre. Retrouvant sa défensive de toute à l’heure, Thea n’avait pu que feindre la surprise tout en essayant de se prouver qu’il s’était drogué avant de pénétrer dans ce magasin. Elle ne voyait que cette solution. Pourtant ses yeux n’étaient pas non plus révélateurs d’une telle addiction. Elle se recula alors d’un pas, puis d’un autre, au cas où il lui prenne l’envie de lui sauter dessus pour obtenir ce qu’il désirait. Puis, sans même parvenir à en expliquer les raisons, les mots lui échappèrent sans qu’elle ne puisse les retenir. Comme si, sa langue s’était déliée sous l’impulsion d’une envie soudaine ou peut être d’un souvenir du passé qui avait rejaillit juste là ? Quoi qu’il en soit son sourire amusé se transforma doucement en un renfermement total de son faciès alors qu’elle laissait une belle occasion à Noah pour gagner ce qu’il désirait. Foutue impulsivité. « J’te reconnais bien là. T’as eu raison d’le prendre ça t’allait bien au teint. » Mais elle allait arrêter oui ? Voilà qu’elle se lancer des pierres toute seule à présent.  Il fallait qu’elle s’échappe de cette situation et quoi de mieux que de laisser son cynisme reprendre de ses droits et lui souffler des initiatives qu’elle était même prête à mettre en application. La réponse du surfeur ne tarda pas à arriver d’ailleurs et cette dernière eu tôt fait d’afficher à nouveau ce sourire amusé sur ses lèvres. Non non et non. Il ne fallait pas qu’elle sourit, mais c’était trop tard. Il l’avait remarqué. « Pauv’ chou va, j’suis sûre qu’ils vendent des kleenex aussi dans c’magasin. » Un clin d’œil plus tard pour lui prouver qu’il n’avait pas encore gagné cette manche, l’artiste ne manqua pas de faire siffler un jet d’eau juste au niveau de son oreille avant de prouver de sa détermination quand à connaître les réelles raisons de son arrivée à New-York. Quand on s’appelait Bernthal on ne se laissait jamais influencer par le reste, on gardait toujours en tête l’idée principale. Les paquets ne manquèrent pas de s’échapper de ses bras, ce qui suscita un rire de la part de la jeune fille. La moquerie était trop tentante pour qu’elle la laisse filer comme ça. « Une réunion pour l’boulot ? T’es toujours chez Quicksilver ? » demanda t-elle innocemment tout en commençant à se pencher pour l’aider à rassembler ses affaires. Certes, elle aimait beaucoup se moquer, mais il n’en restait pas moins qu’elle ne laissait pas les personnes dans le besoin. Quoi qu’il en soit, elle se concentra sur les informations qu’il lui donnait et cette fois-ci, elle ne put se retenir de lever ses yeux au ciel en signe d’exaspération. « J’ai jamais dis qu’j’voulais pas t’revoir. » Et voilà, encore une fois une phrase venait de lui échapper et elle savait qu’elle allait la regretter d’ici dix secondes. Mais c’était la vérité… Un soupir lui échappa avant qu’elle n’en vienne à lui tendre un des paquets et au moment où il se levait, la jeune fille fit mine de se gratter l’arrière de la tête pour chercher comment expliquer sa propre situation. « J’boude pas ! J’voulais juste savoir pourquoi tu m’snobais rien d’plus. En plus t’sais comment j’suis quand j’boude ça a pas changé avec l’temps ça. » Non cela avait même empiré… Mais mieux valait-il qu’elle s’abstienne de le lui révéler. Voyant la difficulté avec laquelle Noah entreprenait de mettre un certain ordre dans ses cartons, Anthea céda et finit par en prendre deux. « Donne ça, t’vas réussir à t’casser la gueule. Et avec ta chance t’vas dégommer le rayon entier et tout foutre en l’air. » Elle garda toutefois une certaine distance entre eux pour ne pas être sa victime parfaite de ce câlin non désiré. Et alors qu’elle mettait le pistolet à eau dans la poche arrière de son jean, la jeune fille se mit à soupirer. « C’que j’deviens… toujours pareil. Je peins chez moi, j’cherche l’inspiration un peu partout, j’vivote quoi. » Ce qui était la vérité. « J’donne des cours aussi. Et ouais, t’peux t’foutre de moi parce que j’suis pas très douée là dedans. » Elle se mit à hausser ses épaules tout en affichant une moue dubitative en raison de ce qu’elle venait d’avancer. Même si il s’agissait là d’une vérité peu probante, elle n’était pas professeur pour autant juste une intervenante pour les jeunes qui en exprimaient le besoin. « Et Squirel man il d’vient quoi ? Marié, trois gosses, chef marketing d’une marque cool, plein aux as et pourtant en train d’faire ses courses dans le Bronx. J’avoue qu’là tu m’surprends. » laissa t-elle échapper avant de lui lancer un coup d’œil amusé et un sourire qui en disait long aussi sur cet état d’âme. D’ailleurs, elle avait envie de lui faire une blague à ce sujet, juste pour vérifier de la manière dont il était capable de réagir. « Merde quelle heure il est ? » D’un coup d’un seul, Anthea passa d’un air amusé à un autre faussement inquiet alors qu’elle cherchait à prendre son téléphone dans une de ses poches. « Faut pas qu’j’zappe d’aller chercher la p’tite à la garderie. » C’était trop tentant d’avoir une réaction devant une blague pareille. Thea et les enfants… Deux contradictions à part entière tant ces derniers lui faisaient peur. Cependant, elle ne pouvait pas s’empêcher de vouloir le chercher encore un tout petit peu. Ainsi, elle était certaine que la douche froide lui ôterait complètement l’idée de la serrer dans ses bras.

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MessageSujet: Re: Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea EmptySam 19 Aoû - 2:16

Meet me where the sky touches the sea
Noéa
She’s talking to angels, counting the stars, making a wish on a passing car
She’s dancing with strangers, falling apart
Waiting for Superman to pick her up
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L’eau avait coulé sous les ponts depuis ces huit dernières années. Presque une décennie. Énorme à l’échelle humaine, mais tellement peu à l’échelle de la Terre. La vie était passée par là donc, en ayant marqué les heures des protagonistes. Une marque indélébile et pourtant invisible, laissée là, juste sous la peau, sous l’épiderme. Même après leur séparation, la vie avait continué son chemin, parce que c’est ce que faisait cette dernière. Elle avançait, coûte que coûte et peu importe les épreuves placées de ci de là. Comme un torrent après un orage, emportant impétueusement tout sur son passage. La vie ne semblait pas permettre que les choses restent statiques, il fallait qu'un mouvement soit pressenti. Un peu à la manière d'un ami vous portant sur ses épaules, lorsque la force manquait pour avancer, la vie se chargeait de faire de même. Bien souvent, cela n'avait franchement rien d'agréable. Tout aussi douloureux que de se faire écraser les pieds en valsant. Et même si cela faisait parfois mal, il fallait entrer dans la vie, comme on entre dans une danse. Le mouvement ne devait pas cesser, sous aucun prétexte. Interdiction de s’apitoyer sur son sort, en accusant les autres de son malheur, en ayant recours aux artifices chimiques, en noyant son chagrin, tout ça pour adoucir un peu le choc. Avancer, avancer et avancer, jusqu'à en avoir le tournis. La vie donc, avait placé la Russe sur son chemin. Une supercherie ni plus ni moins. De la poudre aux yeux. Il lui avait fallu environ trente secondes pour jeter son dévolu sur Noah. Pourquoi ? Le jeune homme n’en savait rien. Toujours est-il que de son côté, il s’était laissé avoir par son accent « exotique », avant de se laisser enfermer dans une relation qui ne lui ressemblait en rien. Masha ne lui avait jamais rien apporté. Hormis des ennuis sans doute, en le privant de sa précieuse liberté. Elle ne l’avait éclairé, ne l’avait pas nourri – au sens affectif – ne lui avait donné aucun élan de vie. Aujourd’hui, Noah avait l’impression qu’elle s’était seulement accroché à ses baskets, en lui ponctionnant toute son énergie et son espace vital, un peu à la manière d’une goule. Et puis… Il y avait Anthea. Il l’a connaissait à peine à l’époque – et probablement encore aujourd’hui – et même si leur rencontre tenait plus de la fatalité que du hasard, elle était ce genre de personne, qui en vous disant un mot, une phrase, vous accorde une minute, une demi-heure et change le cours de votre vie. Elle le prouvait une fois de plus, dans ce magasin, pistolet à eau en main. Étrangement, Thea ne trouva rien à rétorquer sur le fait qu’il allait lui en falloir bien plus pour le vexer. Elle se contenta seulement de froncer les sourcils et d’afficher une moue équivoque. Attitude prouvant là qu’elle n’était pas dupe sur la situation. L’artiste possédait ce don, celui de lire au travers d’à peu près n’importe qui. Elle avait donc bien remarqué qu'il ne savait comment procéder et qu'il avait perdu le manuel d'instruction en cours de route. Qui aurait pu l'en blâmer ? En 8 années il en avait oublié des choses, mais il restait tout de même certaines bribes de souvenirs. « J’ai des oreilles, alors autant qu’elles me servent à faire autre chose que d’écouter la Bande son de Star Wars pendant des heures ! », ne put-il s’empêcher d’ajouter avec un regard rieur. La plupart du temps il avait l’air largué et complètement dans son monde, comme s’il s’était pris trop de vagues dans la figure et que celles-ci avaient noyées sa cervelle, mais en fait Noah était un fin observateur, doté d’une bonne mémoire. Et vu la mine qu’affichait Anthea, elle n’avait pas l’air de bien prendre ce petit rappel du passé. « J’ai pas l’air, mais je t’ai écouté… et ça a pu me servir… », ajouta-t-il, puisqu'il voyait bien que cela ne faisait pas écho chez la jeune femme. Tant pis.

Et toujours ce même air de défi. Toujours cette fichue impression d'être sur un terrain glissant et de se casser la gueule encore et encore, au détour de chaque phrase, chaque mot, chaque inspiration. Noah n'était pas certain de ressortir vivant de cet affrontement. Il était plutôt nul en matière de conflit et encore plus si celui-ci comportait des armes – mêmes factices – comme aujourd'hui. Anthea n'était en rien décidé à lâcher la moindre parcelle de terrain. La tactique employée n'était pas la bonne, il fallait essayer autre chose. « Tu vois quand tu veux.... Il ne savait toujours pas si l'explication qu'il venait de lui donner était satisfaisante ou non, mais il n'était pas plus décidé que ça à entrer dans les détails. Pas tout de suite du moins, pas alors qu'ils venaient à peine de se retrouver après 8 années d'absence. Et si elle ne voulait pas le croire, sur le fait qu'il s'était empêché de la contacter et bien tant pis, il n'allait pas non plus lui faire un exposé complet sur le pourquoi du comment. « C'est l'équivalent de la rue de la paix au Monopoly là j'imagine... » Lâcha-t-il presque aussitôt. Il savait parfaitement qu'Anthea n'était pas le genre de personne régie par les biens matériaux et encore moins par l'argent. La remarque de la jeune femme le fit sourire. Elle ne semblait toujours pas vouloir s'adoucir, mais si elle était toujours la même, arriverait forcément un moment où elle finirait par craquer, en tombant le masque. Et alors même que le surfeur avait aperçu une ouverture et en avait profité pour arroser copieusement le visage de la locutrice avec son pistolet à eau, cette dernière ne s'était pas gêné pour lui rendre la pareille. Et de quelle magnifique façon... en détrempant complètement l'une des jambes de son pantalon, sur tout la longueur. Effet accident de vessie garanti. Et alors qu'il contemplait bêtement les dégâts, la jeune femme lui fit remarquer quelque chose de tout à fait juste. Depuis quand se souciait-il de son apparence ? Depuis cinq minutes environ sans doute. « Mince... j'avoue... c'est un bon prétexte pour sortir mon short fétiche, celui qui vient d’Hawaï avec les couleurs super moches ! Ca devrait être raccord avec le thème de la réunion... vu les horreurs qu'on me fait acheter ! ». Comme Noah l'avait pressenti, Anthea commençait tout doucement à lâcher du mou. Un sourire vint même mourir durant quelques nanos secondes sur ses lèvres, avant de disparaître à nouveau. Il se dépêcha de se saisir de la perche tendue, en essayant toujours de ne pas éclater de rire, tellement ce qui vint à franchir la barrière de ses lèvres était du grand Noah. « C'est vrai, cette couleur marronnasse, façon chiasse de nouveau né c'est parfait pour avoir bonne mine ! Recommandé par toutes les blogueuses beauté !  ». Devant ce manque total de sérieux, la blondinette commença enfin à se détendre, du moins c'est ce qu'il cru comprendre en apercevant un nouveau sourire apparaître sur le visage de la jeune femme. Toujours avec son naturel nonchalant, le surfeur répondit à la nouvelle agression de l'artiste. « Des Kleenex dans un magasin de jouets ? Les gants de Mickey peuvent peut-être faire l'affaire... ». Tandis qu'elle lui adressa un clin d’œil, Noah ne put s'empêcher de sauter sur l'occasion, avec ses grosses bottes. « Je crois que tu as un truc dans l’œil... peut-être bien une poussière où autre chose... Tu veux que je regarde ? ». A peine avait-il terminé sa phrase, que la jeune femme procédait à nouveau à une frappe chirurgicale, au niveau de son oreille. La bougresse savait bien viser, contrairement à lui. Un genou à terre, Noah ramassait les paquets tombés, tout en répondant à la question de la jeune femme. « Encore et toujours chez eux... comme une moule accrochée à son rocher ! Me demande pas comment c'est possible et comment je ne me suis pas encore fait virer... moi même je ne le sais pas ! » Il jeta un regard à Anthea, tandis qu'elle venait l'aider, ayant probablement pitié de lui à l'heure actuelle. Le responsable marketing ne put alors s'empêcher de lui sourire un peu bêtement, alors qu'elle levait les yeux au ciel, puis se grattait l'arrière du crâne, cherchant là dix milles excuses. « C'est vrai qu'entre bouder et afficher un air snobinard, la différence est assez importante pour être soulignée ! », dit-il finalement en se relevant et en attrapant le paquet qu'elle lui tendait. Il venait de faire une énorme avancée et commençait à légèrement retrouver son équilibre.

« Si t'as jamais dit ça, alors c'est bon, la cohabitation devrait bien se passer ! ». L'entreprise de rattraper les cartons éparpillés par terre se révéla bien plus complexe que prévu. Anthea vola à son secours, en lui faisant remarquer à quel point il pouvait être une catastrophe ambulante. Un détail ne lui échappa pas, le fait que son pistolet se trouvait maintenant dans la poche arrière de son pantalon. « Pourquoi je me moquerais ?  Même si c'est peut-être pas ce que tu voulais, au moins tu continues à peindre ! Des cours de quoi d'ailleurs ? Genre art plastique ? ». Noah n'avait résolument pas la prétention de se moquer du parcours d'Anthea, bien au contraire. Son parcours à lui était tellement chaotique, qu'il était heureux que la jeune femme soit toujours dans le domaine des arts. « Au contraire, donner des cours c'est très chouette, partager sa passion avec d'autres... ça n'a pas de prix ! ». Tandis qu'elle lui demandait à son tour des nouvelles, il ne trouva rien de mieux à répondre dans un premier temps que :« Ah si tu savais... », en soupirant et tout en affichant une mine amusée, « Squirrel Man tombeur de ses dames, avec son teint chiasse de bébé, à au moins 3 gosses illégitimes... Et je ne suis pas encore chef... juste responsable. Ce qui est déjà pas mal. J'ai évolué... un peu... désolé de te décevoir mais je ne suis pas non plus plein aux as, à moins que je ne sois pas au courant ! » Cela l'amusa durant quelques secondes, un regard rieur au fond des prunelles. Avant qu'il n'y ait un bug durant une demie seconde à peine à l'évocation d'un enfant potentiel de la jeune femme. Soit elle se foutait clairement de lui, soit elle avait changé d'avis du tout au tout à ce sujet. Noah pencha plutôt pour la première solution et joua aussi le jeu. « Ca tombe bien, elle est à quelle école ? J'ai mes 3 mioches à aller chercher aussi ! Comment ils s'appellent déjà ? Paul, Pablo et Nicki ! » Pour ne citer que des prénoms liés à des artistes, cela parlerait forcément à la jeune femme. Et parce qu'il venait d’apercevoir une nouvelle ouverture et l'occasion de faire une fois de plus l'imbécile, avec la vivacité et peut-être un peu également un tour de passe passe digne du capitaine Spock, Noah arriva à se saisir du pistolet qui dépassait de la poche arrière du pantalon d'Anthea. « Haha ! » et il émit un espèce de faux rire avant de viser la jeune femme entre les deux yeux, du moins aussi bien que le carton et le pistolet dans son autre main le lui permirent. « On fait moins sa marionnette maintenant ! », s'amusa-t-il, tout fier de sa bêtise. Encore une fois, du grand Noah, toujours aussi imprévisible. La seconde d'avant il semblait en hibernation et maintenant il était parfaitement éveillé, prêt à en découdre avec la blondinette. « T'es toujours pas décidé à me faire un câlin ? Tu devrais parce que... Le tableau de ma vie n'est pas aussi idyllique que celui que tu as dressé, même si c'est ton truc d'embellir la réalité avec de jolies couleurs... Pas comme celles de mon short Hawaïen ». A son tour de lui adresser un clin d’œil. Et lorsqu'il parlait de tableau pas forcément idyllique, il ne parlait même pas de la perte de sa mère. Non, juste de cette relation catastrophique avec cette collègue Russe, qui l'avait empêché de vivre pendant ces quatre dernières années. « Just married ou presque, ce film tout naze avec Julia Roberts, ça t’évoque quelque chose ? Je crois que ce jour-là je devais être dans le rôle de Julia, la robe en moins... enfin ça ne se serait pas passé comme ça si Candice n'était pas intervenue ». Il commençait à parler à moitié en énigme. Lui-même n'était pas vraiment sûr d'avoir compris ce qu'il venait de dire. Tout en pointant toujours l'arme factice sur Anthea, il guetta sa réaction.      

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MessageSujet: Re: Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea EmptyMer 20 Sep - 15:36

Meet me where the sky touches the sea
Noéa
Do you feel the same when I'm away from you?
Do you know the line that I'd walk for you?
We could turn around or we could give it up, but we'll take what comes, take what comes
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La bombe venait d’être lâchée. Prête à se passer d’une paire de main à l’autre, les résonances de son tic tac ne faisait qu’éveiller un peu plus d’angoisse d’un côté comme de l’autre. L’effet du surprise ne donnait pas l’impression de se tarir, du moins pas encore, surtout pas alors que les années avaient pu jouer ce rôle de distance sans précédent entre eux. Leurs regards passaient tantôt de cet air farouche à celui de rancœurs refoulées, comme si tous les deux s’étaient attendus à un geste de leur part à un moment donné. Mais rien. Rien ne s’était produit, si ce n’était cette attente constante qui, au fil des années, aurait pu s’évanouir. Peut-être l’avait-elle été à un moment donné ? Lorsque la résolution avait pris le dessus sur le reste et avait simplement mis de côté le cadre rêveur au fond d’un tiroir. Thea n’était plus très sûre du moment où elle était parvenue à ne plus rien attendre. Car maintenant qu’ils étaient l’un en face de l’autre, son inconscient lui prouvait qu’elle avait attendu aujourd’hui encore, sans même s’en rendre compte. Les signes étaient tous réunis, mettant en évidence des retrouvailles qui auraient pu s’avérer éblouissantes et inoubliables, pourtant quelque chose la retenait par le dos. Un lien invisible qu’on avait probablement du attacher au niveau de la ceinture de son pantalon, qui l’empêchait tout bonnement d’agir comme d’autres auraient pu le faire. Les contacts charnels n’avaient jamais été des particularités qu’on pouvait lui reconnaître, sa carapace était difficilement pénétrable, mais pas impossible à contourner. Noah était probablement le seul à savoir qu’elle était aussi dure que fragile, dans la mesure où ses réactions n’étaient que les tristes résultats des années à devoir se défendre. Contre tout et n’importe quoi mais surtout contre les remarques et les absences de sa mère. L’artiste s’était réfugiée dans le monde de l’art pour laisser exprimer sa faiblesse, lui donner une forme pour ainsi l’embellir et la transformer en force. Voilà pourquoi, elle était de celle qui essayait de trouver du bon dans chaque chose et chaque épreuve. Il y en avait forcément. Alors pourquoi pas maintenant ? Leurs regards ne donnaient pas l’impression de vouloir rompre ce lien qu’ils construisaient non plus. Même si ils ressemblaient à deux cow boys, désireux de défendre leur territoire, il n’en restait pas moins que quelque chose d’imperceptible était là lui aussi. Pour l’heure, la blonde était incapable d’y mettre un terme. Trop aveuglée par sa surprise mais surtout par cette impatience qui éveillait sa colère. Elle se contentait de maintenir son regard intact, de serrer sa pression sur le pistolet qu’elle tenait et de garder une attention toute particulière à ce qu’il était en train de lui dire. Etait-il sérieux ? Le jeune homme qu’elle connaissait se moquait éperdument de ce qu’elle avait pu lui dire par le passé. Cela leur avait valu un nombre incalculable de disputes parce qu’il préférait passer outre ce qu’elle lui racontait sur l’art. Et pourtant, il lui prouvait le contraire. Son air commençait doucement à devenir beaucoup moins renfermé, alors qu’il se justifiait quand à une bonne utilisation de ses oreilles. En d’autres circonstances, Thea lui aurait probablement rit au nez ou aurait commenté par une de ses marques personnelles de cynisme, mais là, elle restait silencieuse. Elle en paraissait même troublée, surtout lorsqu’il renchérit sur le fait que ce qu’elle avait pu lui dire lui avait servi. Si on lui avait dit cela par le passé, la jeune fille aurait rit jusqu’à en tomber par terre, tant elle n’y aurait pas cru. Pourtant, à en juger par le regard qu’il adoptait, Noah ne lui mentait pas. « Contente qu’ça t’serve. » préféra t-elle répondre pour ne pas perdre la face plus que ce qu’elle était en train de le faire à présent. Autant dire que l’incompréhension la guettait de plus en plus. Au point qu’elle se mit volontairement à froncer ses sourcils une fois de plus pour essayer de percevoir si il s’agissait bien de lui et non pas de son double maléfique qui aurait jaillit d’elle ne savait trop où. Mais non, sa raison ne lui jouait pas des tours, pas plus que son esprit. C’est d’ailleurs cette réalité qui lui permit de se défaire pour quelques secondes de ce malaise qui l’énervait. Assez pour laisser parler son naturel et se heurter à celui du surfeur. Bien sûr, elle ne tarda pas à lever les yeux au ciel devant la remarque qu’elle entendait. Elle était bien sûre d’elle à présent, il s’agissait bien de Noah devant elle et pas d’une triste copie. Malgré les apparences, elle se plaisait à retrouver cette honnêteté qu’elle lui connaissait. Rares étaient les personnes qui en faisaient preuve de nos jours, et il s’agissait ici, de ce qui l’avait séduite par le passé. Avec lui, il n’était jamais nécessaire d’avoir à se cacher derrière des préjugés et des aprioris, elle avait toujours eu la chance de pouvoir rester qui elle était et ce même si cela pouvait s’avérer difficile. Jamais, elle ne s’était sentie aussi libre que lorsqu’ils étaient ensemble, alors lui entendre ce genre de remarque dans laquelle il lui prouvait ne pas l’avoir oublié tendait à la rassurer un peu. « C’est ça… Quoi qu’dans l’monopoly t’peux l’acheter. » Elle se mit à hausser ses épaules devant cette impasse qu’ils donnaient l’air de prendre ensemble. Heureusement, les caractères de l’un comme de l’autre les rassurèrent bien vite sur le fait que les faux-semblants n’étaient pas leur domaine de prédilection. Les deux assaillants finirent par lâcher prise, au point de laisser parler leurs instincts primaires et s’arroser copieusement pour l’un et sur une zone bien spécifique pour l’autre. Les hostilités n’auraient pas été les mêmes si l’un ou l’autre n’avait pas cédé le premier ni même le résultat d’ailleurs. D’abord sur la défensive, Thea finit par devenir un peu plus sujette à une ouverture, celle selon laquelle, elle laissait le choix à Noah de venir vers elle s’il le désirait. Bien sûr, ce dernier ne semblait pas rechigner à cette idée, si bien que la remarque concernant son short eut raison de son air renfrogné pour lui permettre le début d’un sourire amusé. « Y font des couleurs dégueux là bas ? » demanda t-elle innocemment alors que des bribes sur la culture colorée aux couleurs criardes lui revenait en mémoire. Noah devait certainement faire référence à un voyage fait il y avait de cela plusieurs années. Et pourtant, elle parvenait encore à le reconnaître. Il laissait de côté cet aspect sur la défensive lui aussi, pour ainsi se révéler tel qu’il était. Cela leur faisait du bien à tous les deux, dans la mesure où passer les moments de jugement, ils pouvaient laisser tomber leur masque. Peut être pas totalement encore, surtout pas complètement songeait encore Thea. Mais elle se rendait à l’évidence qu’elle appréciait beaucoup la conversation qu’ils tenaient dans ce magasin. Finalement, le hasard ne faisait pas forcément mal les choses, du moins pour l’instant. L’appel du passé ne tarda pas à se frayer un chemin dans la conversation. Témoin d’un temps qui leur donnait l’air d’être révolu, il s’imposait à eux sous les traits de cette mascotte qu’elle avait détestait pendant un temps, mais qui avait finit par prendre une véritable place auprès de son cœur. Un écureuil qui aujourd’hui lui manquait, tant ce dernier lui rappelait ce temps où tout paraissait beaucoup plus facile. « T’es con ! » se contenta t-elle de répondre en levant à nouveau les yeux au ciel sans parvenir à dissimuler ce sourire beaucoup plus amusé qui s’inviter sur ses lèvres. Comment ne pas rire devant une telle remarque ? Noah avait ce don pour réussir à élaborer des expressions ou des phrases que l’on n’attendait jamais. Il était imprévisible dans tous les domaines, encore un atout qu’elle lui avait aimé. Pourtant, un rappel quand à ses défenses à ne pas laisser s’abattre la piqua de plein fouet au moment où l’évocation d’un câlin fut mis en avant. Thea venait tout juste de se mettre à nouveau sur la défensive avant de finalement laisser le cynisme prendre le dessus sur le reste. Bien sûr, Noah ne tarda pas à suivre cette voie et cela eut l’opportunité de lui faire se rappeler qu’ils étaient bien dans un magasin de jouets. Merde. Elle avait surement perdu de la crédibilité et elle lui avait montré qu’elle faiblissait. « Oh tu sais, si y a la reine des neiges d’ssus, j’vois pas pourquoi on en trouverait pas. Mais ouais, les gants d’Mickey sont pas mal, plus chiants à faire sécher ceci dit. » Le naturel ne faisait que se partager de plus belle alors qu’elle s’était laissée aller à lui faire un clin d’œil. Bien sûr son geste ne passa pas inaperçue et donna pour une fois de plus le courage nécessaire à Noah pour tenter son approche. Renfrognant son air, Thea eut pour simple réponse, le fait de redresser son pistolet pour que l’eau en arrive à effleurer dans un sifflement strident l’oreille du jeune homme. Elle savait qu’il était buté, pourtant elle en avait oublié ce trait de caractère. Certainement à raison d’ailleurs. Néanmoins, sa réaction eu le don de la faire sourire pour une fois de plus alors qu’elle assistait à cette chute de cartons et autres joyeusetés juste sous son nez. Bien heureusement le bon sens finit par reprendre de ses droits. Enfin… La jeune fille se méfiait encore du moment où ce dernier disparaitrait pour laisser place à une nouvelle tentative d’approche. Cependant, elle voulait simplement profiter de cette accalmie pour ainsi prendre des nouvelles. Noah ne manqua pas de lui répondre avec sa nonchalance, ce qui eut le don de la faire sourire doucement alors qu’elle tentait de reprendre certains de ses cartons pour l’aider. Et la pareille lui fut renvoyée sous les augures de son caractère plutôt difficile. Heureusement, Thea avait passé le cap concernant le fait d’être vexé, au contraire, elle préférait s’en amuser. « Qu’est-ce tu veux on a la class’ ou on l’a pas. » D’un revers de main, elle fit mine de balayer de la poussière invisible qui aurait traîné sur son épaule avant de mettre son pistolet à l’arrière de son pantalon pour se saisir d’un nouveau carton. Noah savait très bien que si il se lançait sur ce terrain de jeu, cela pourrait aller très loin et certainement vers un point de non retour. Mais le sérieux reprit de ses droits pour quelques secondes de plus, ce qui lui accorda l’opportunité de se livrer à son tour sur son présent et son activité. Sans savoir pourquoi, la blonde s’était attendue à des railleries, voire même des moqueries, parce qu’elle était en contact avec des gamins et que le surfeur connaissait très bien son aversion à ce sujet. Mais la surprise la guetta, lui laissant ainsi admettre volontiers qu’elle le trouvait agréable mais surtout encourageant dans ses propos. « Ouais c’est ça. J’leur fait passer les nerfs sur divers supports. C’pour ça qu’j’voulais tester l’pistolet. J’me suis dis qu’avec d’la peinture, ça pouvait donner un autre style à la toile et voir c’qu’ils feront. » Dès qu’elle parlait d’art, la jeune fille laissait exprimer sa vocation mais surtout sa passion. Elle ne se cachait pas derrière des termes techniques, elle préférait laisser parler son cœur pour partager ce qu’elle aimait. Elle était franche dans tous les domaines et probablement était-ce pour cette raison qu’elle appréciait donnait un peu d’elle à chacun des jeunes qu’elle aidait. Surement oui. Son sourire se dévoila beaucoup plus doux cette fois, devant cette nouvelle remarque qu’elle entendait de la part du jeune homme. L’entendre de sa bouche n’avait pas la même signification que de celle d’un autre. « C’est chouette ouais. Tu donnes pas d’cours de surf toi ? » osa t-elle demandé avant de finalement se laisser tenter à en savoir plus que cela de son côté. Après tout, la séparation de toutes ces années avait forcément dû être marquée par des changements fondamentaux dans sa vie. Tous n’étaient pas comme elle et elle espérait juste qu’il ait pu s’épanouir dans les domaines qu’il désirait et personnellement parlant aussi. La manière dont il lui répondit lui apprit alors que quelque chose clochait. Même si elle ne savait pas ce qu’il en retournait, le cynisme qu’il venait d’adopter laissait présager d’une déception. « Tant pis pour l’pognon, y a pas b’soin d’ça pour être heureux. » admit-elle alors qu’elle lui lançait un regard plus complice. « C’est d’jà pas mal d’être responsable, y en a pas d’masses qui y arriv’raient. » Elle la première d’ailleurs. Un nouveau sourire qui s’amusait de la situation essaya de dédramatiser le reste avant que finalement son côté taquin ne prenne le dessus et ose émettre un mensonge aussi gros que l’Empire State Building juste pour appréhender quelque chose d’inattendu. Aussi fière qu’elle pouvait être de sa bêtise, Thea se rendit bien vite à l’évidence qu’elle n’avait pas fonctionné du tout. Ce qui ne tarda pas à lui faire hausser ses épaules dans la même nonchalance que Noah avait adopté toute à l’heure. « Au moins, j’ai essayé. »  lança t-elle tout en cherchant à capter son regard pour le saluer silencieusement de la répartie dont il venait de faire preuve. Elle adorait ce trait de caractère aussi. Et en adorant cela, elle laissait tomber de nouvelles barrières et en profitait même pour laisser glisser de sa méfiance au profit de la fugacité du jeune homme. Sans qu’elle ne puisse même sans rendre compte, voilà qu’elle sentait le pistolet de derrière son jean lui échapper et l’exclamation de Noah qui la mettait en joug. Elle aurait du s’y attendre. Intérieurement, l’artiste en venait à se mettre des baffes pour son erreur de débutante. Silencieuse, elle se contenta d’arquer ses deux sourcils en prenant un air exaspéré. Car oui, elle l’était réellement à ce moment précis. Elle s’arrêta même de marcher, les cartons dans ses mains et attendit patiemment que le surfeur ait terminé sa petite blague. Parce que oui, en adoptant l’exaspération, Thea savait que ça marcherait d’une manière ou d’une autre, elle en avait eu des exemples par le passé. Mais alors qu’elle continuait d’adopter cette tête digne du renard dans zootopie, l’artiste fut bien obligée de froncer ses sourcils au moment où le tableau que dressait Noah lui rappelait ce qu’il avait commencé à lui confier toute à l’heure. Elle se doutait que quelque chose n’allait pas et si il lui en parlait, cela signifiait que la gravité de cette chose était considérable même. Elle ne réagit même pas au moment où il lui fit un clin d’œil, soucieuse de lire sur son visage à quel point il était blessé. D’ailleurs, elle ne tarda pas à le découvrir et cela eut tendance à lui faire mal au cœur, dans le sens où elle avait toujours voulu son bien et voilà qu’il lui racontait l’inverse. Et puis la sentence tomba comme un pavé en pleine mare ou cette foutue goutte qui perlait parfois sur la toile et foutait tout en l’air. Elle changeait du tout au tout et laissait croire que tout était à recommencer parce qu’on ne parviendrait jamais à la reprendre. « T’es sérieux là ? » arriva t-elle à balbutier alors que son regard passait sous plusieurs états émotionnels. « T’es marié ? » Devait-elle s’en réjouir ? Devait-elle lui en vouloir ? Comment est-ce qu’elle devait se sentir présentement ? L’artiste n’avait aucune idée de la réaction à adopter tant elle était perdue. « Qu’est-ce qu’tu dis avec ta sœur ? J’comprends rien à c’que tu m’racontes. » A moins qu’il ne se venge pour toute à l’heure ? Non. Là elle était certaine qu’il s’agissait de la vérité même si elle n’arrivait pas à la comprendre. Finalement le tic tac reprenait dans sa tête sauf que cette fois la bombe avait déjà explosé, elle venait de le faire et elle venait de transformer son cœur en charpie. « On doit parler d’ça maint’nant ? On peut pas s’voir j’sais pas moi… seuls, parce qu’la faut qu’j’m’assois. » Pourquoi ? elle n’en savait rien, mais sa surprise était telle qu’il fallait qu’elle s’assoit quelque part, n’importe ou, même ici en plein milieu du magasin, le temps de retrouver un peu ses esprits. Elle ne faisait même pas attention au pistolet tant ce qui comptait n’était autre que ce qu’elle venait d’entendre. « C’est vache c’que t’viens d’me faire là Nono. » finit t-elle par admettre alors qu’elle lui tournait le dos et qu’elle continuait à garder ses yeux aussi ronds que des billes. Visiblement, la nouvelle ne voulait pas monter au cerveau, elle avait tendance à rester bloquée. « Raison d’plus pour n’pas qu’tu m’touches. » finit –elle par souffler alors qu’elle reprenait sa marche pour aller jusque vers la caisse. Si ils devaient en parler, ils le feraient mais pas ici. Il fallait qu’ils se posent pour au moins laisser le droit à ses retrouvailles d’être autre chose que ce goût amer qui était en train de prendre place dans sa bouche.

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MessageSujet: Re: Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea EmptyMer 11 Oct - 16:44

Meet me where the sky touches the sea
Noéa
She’s talking to angels, counting the stars, making a wish on a passing car
She’s dancing with strangers, falling apart
Waiting for Superman to pick her up
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La tension était tellement palpable, que l’air en devenait presque irrespirable. Le duel n’en terminait plus. A croire que cette absence faisait ressortir tout ce qu’il pouvait y avoir de mauvais en eux. Pourtant, cela ne ressemblait en rien à Noah d’agir de la sorte avec la jeune femme. Bien au contraire. Même s’ils s’étaient souvent chamaillé pour des tonnes de bêtises, notamment la fois où Thea avait malencontreusement jeté la boite d’une figurine de Noah, parce que soit disant « elle était trop abîmée et qu’elle prenait la poussière ! ». Aussi sympa soit-il, il pouvait parfois se montrer impitoyable lorsque l’on osait toucher à son univers. Il lui avait alors fait tout un topo sur la valeur des boites non ouvertes… boites qui valaient parfois plus que les figurines elles-mêmes (enfin même si cela ne s’appliquait pas à celle qu’Anthea avait jeté). Il en avait alors sans doute beaucoup ajouté, juste histoire de faire dans le mélodramatique. Son côté drama queen qui s’était exprimé ce jour-là. Ce qui avait dû exaspérer Anthea au plus haut point. Le surfeur ne comptait même plus le nombre de – petites – disputes qu’ils avaient pu avoir. Mais dans le fond cela restait surtout de la taquinerie, prouvant là leur attachement l’un à l’autre. Il n’y avait jamais eu aucune once de méchanceté et encore moins d’agressivité dans leurs querelles. Jamais. Ce qui n’était pas le cas avec Masha. Plus il y pensait et plus les éléments du puzzle s’imbriquaient, mettant ainsi en exergue une personnalité qu’il exécrait à présent de tout son être. Quand l’artiste était taquine, la Russe elle était injuste et vile… véritable vipère. Il avait cessé de se battre contre les fantômes et avait passé son temps à retenir ses mots, dès lors que Masha s’était instillée dans sa vie. Grande illusion, qui avait stoppée presque instantanément cette piètre écoute qu’il avait déjà de lui-même. Noah s’était perdu en voulant correspondre à la norme de la Russe. Il remerciait Candice de l’avoir empêché de commettre la plus grosse erreur de toute sa vie. Que ferait-il au juste sans sa sœur  jumelle ? Certainement pas grand-chose. La jeune femme ne le lui avait pas dit, mais elle était tellement heureuse que son frère se soit détaché de l’emprise de la sorcière. Candice, aussi douce soit elle, n’avait jamais réussi à accrocher avec la personnalité de Masha… et pour cause, depuis le départ elle avait bien senti qu’il y avait anguille sous roche. Tout comme il semblait y avoir éléphant sous météorite à l’heure actuelle. Vraiment, ce n’était pas dans ces conditions là que Noah avait imaginé les retrouvailles avec Anthea. Il avait toujours pensé qu’elles se passeraient sous les meilleurs auspices, s’ils devaient un jour se revoir. Mais il devait bien reconnaitre que tout ce qu’il avait pu imaginer ou même rêver, ne se passait pas du tout comme prévu. Dans son esprit il n’y avait jamais eu de pistolets à eau, de remarques acides, ni de bouée flamant rose non plus d’ailleurs. Cela représentait plutôt un cauchemar éveillé. Un cauchemar duquel il souhaitait se réveiller le plus rapidement possible. Ce n’était pas trop demandé. Il avait eu sa part d’horreur durant ces dernières années. Tout ce à quoi il aspirait maintenant était la sérénité. Rien de plus.
 
Avec sa nonchalance habituelle, Noah laissa filer les quelques pics lancés à son encontre. Il n’arrivait pas bien à déchiffrer l’expression de la jeune femme, mais il aurait presque pu parier – et dieu seul pouvait savoir à quel point il aimait parier sur tout et n’importe quoi – qu’elle était aussi déstabilisée que lui. D’aussi loin qu’il puisse se rappeler, Anthea n’avait jamais vraiment perdu la face devant lui. Sauf peut-être une fois, lorsqu’une plaque de plâtre du plafond s’était détachée – par quelle opération ? Impossible de le savoir – pour venir mourir sur une toile en cours. Noah se rappellerait toute sa vie de l’expression incrédule de la jeune femme. Ce mélange de colère, mais surtout de tristesse. Cette toile qu’elle était sur le point de terminer et qui s’était trouvée ruiner en l’espace de quelques instants, à cause d’un facteur qu’elle ne pouvait contrôler. Le surfeur avait bien senti ce jour-là qu’elle venait de perdre une partie d’elle-même. Il avait tout fait pour tenter de la consoler du mieux possible, mettant à profit ses talents de bricoleur du dimanche. Mais la toile était en tellement piteux état qu’il avait été difficile que la réparation ne se voit pas. Il aurait pu rire et se moquer d’elle, parce que ce n’était qu’un bout de toile avec des couleurs dessus après tout, mais quelque chose l’en avait empêché. Noah savait quand il fallait faire l’idiot et quand il fallait être sérieux. Pour conserver au mieux la toile, le jeune homme avait finalement proposé de faire un découpage de la partie la moins endommagée pour l’encadrer. Thea l’avait remercié de cette attention en lui offrant un an plus tard – pour son anniversaire – le cadre avec la toile. Cadre qu’il possédait toujours et dont il n’aurait voulu se séparer pour rien au monde. Signe de plus, qu’Anthea avait toujours plus ou moins trotté dans un coin de sa tête ces dernières années. Ce n’était certainement pas pour rien que sa sœur jumelle n’avait pas arrêté de lui dire qu’il fallait porter plus attention aux signes. Elle était marrante elle, mais il avait eu beau se torturer l’esprit, il n’avait pas compris de quoi elle voulait parler à l’époque. Aujourd’hui, en ayant la blondinette en face de lui, il commençait à mieux comprendre ce qu’elle entendait par là.  

Le pantalon trempé et l’ego sérieusement en berne – ou non, puisqu’il n’avait jamais réussi à avoir le dessus sur ses propres sœurs non plus à ce genre de jeu… et puis il s’en fichait en fait – Noah étudia attentivement la situation avant de sortir une phrase dont lui seul détenait le secret, puis d’enchainer en répondant à la jeune artiste. « C’est pas forcément dégueu… c’est juste… pas au goût de tout le monde ! ». Il repensait à ce voyage pour une campagne publicitaire sur le thème du fameux archipel qui en faisait rêver plus d’un. Noah avait eu la chance de surfer sur les meilleurs spots de surf et Hawaï faisait immanquablement parti de son top 5. Il avait eu envie de hurler Aloha pendant tout son séjour, sans véritablement savoir pourquoi. Pour être raccord au maximum avec l’histoire Hawaïenne, il avait lu à peu près tout ce qu’il pouvait trouver sur l’histoire et les légendes en général et aussi sur le Hoʻoponopono (à répéter plusieurs très très vite). Le responsable marketing avait aussi visionné des tonnes de films pour monter au mieux cette campagne. Ce qui n’était pas le cas de l’actuelle, dont il n’était pas le responsable. Il ne comprenait d’ailleurs absolument rien au « fil conducteur », bien qu’il doutait fortement qu’il y en ait un. Les défenses de l’un et de l’autre commençaient à s’abaisser peu à peu, au fil de la conversation et des diverses réminiscences. Anthea semblait exaspérée par les remarques du surfeur, mais s’il prenait le temps d’analyser un peu plus son regard et de décortiquer ses paroles, il était presque certain qu’au final elle était contente de ces retrouvailles. Ou peut-être pas, vu les nouveaux pics qu’elle venait de lui envoyer en pleine figure. Du grand Anthea dans toute sa splendeur. Impossible de sonder ne serait-ce même que la partie visible de l’iceberg. S’il y avait bien une chose que la jeune femme détestait, c’était de laisser paraitre la moindre once de sensibilité. « Définitivement j’ai pas la classe alors... Enfin quoi que… Ca dépend du point de vue du sujet ! », affirma-t-il en essayant de se donner un air intello, tout en souriant à Anthea suite à sa petite imitation avec la poussière imaginaire qu’elle n’avait pas sur l’épaule. La suite de la conversation lui prouvait une fois de plus à quel point la jeune artiste pouvait douter d’elle-même lorsqu’il s’agissait de sa carrière professionnelle. Sans vraiment savoir pourquoi, il était vraiment heureux qu’Anthea puisse vivre de sa passion. Peindre était bien trop vital pour elle pour qu’elle ne travaille dans un autre domaine. « C’est vraiment une bonne idée le coup du pistolet… bon t’éviteras de leur raconter dans quelles circonstances tu as pu les tester ! », s’amusa-t-il en resserrant son emprise sur le carton qu’il tenait. Il ne put s’empêcher d’ajouter « Je suis content pour toi… vraiment ! Tu mérites d’être bien Thea ! Et pouvoir enseigner ta passion en fait partie. C'est vraiment une bonne chose que tu n'ai pas dû décrocher.» La question de la jeune femme le fit hausser une épaule. « J’aimerais bien, mais j’ai pas vraiment le temps. Ça m’est arrivé sur certains évènements, mais ça reste du ponctuel. C’est pas simple la vie d’adulte en fait… on a jamais le temps de rien en dehors du boulot ! Enfin bon je ne vais pas me plaindre, j’ai vu tellement de belles plages grâce à ce boulot justement ! ». Et c’était bien regrettable ce manque de temps. Il aurait aimé avoir plus de temps pour pratiquer sa passion et surtout la partager. Sans doute y avait-il un temps pour tout. La remarque d’Anthea le fit sourire. « C’est vrai que je pars plutôt de loin… très loin même ! ». Qui aurait pu imaginer une seule seconde qu’un idiot comme lui aurait pu trouver un travail fixe et surtout avec des responsabilités ? Sans doute personne. Il était le premier à être toujours aussi stupéfait, même plusieurs années après. Tout comme il fut stupéfait l’espace de quelques secondes de la bombe que venait de lui lancer Anthea. Fort heureusement, il ne s’était pas laissé démonter et il put se rendre compte tout à loisir qu’il s’agissait juste d’une blague.

L’horreur et l’incompréhension à nouveau, comme lors de l’épisode de la toile massacrée. Il n’avait plus envie de faire l’andouille avec le pistolet à eau. Noah n’eut même pas le temps de répondre à toutes les interrogations qu’elle venait d’émettre, en l’espace de quelques secondes à peine. Ce qui en soit ne lui ressemblait guère. L’expression et les questions d’Anthea lui fendirent le cœur. Jamais au grand jamais il n’aurait pu imaginer qu’elle puisse avoir ce genre de réaction. Mentalement, il s’insulta de tous les noms d’oiseaux. Décidément il s’agissait là des pires retrouvailles de toute la galaxie. Impression d’avoir spoilé la fin de sixième sens. Anthea prenait maintenant la fuite. Autre réaction qu’il ne lui connaissait guère. Il força le pas pour se porter à sa hauteur. C’était bien sa veine de se retrouver dans ce genre de situation totalement grotesque. « Attends… t’as pas compris en fait… et il n’y a rien de vache dans ce que je viens de dire. Je ne suis pas marié ! », dit-il en s’empressant de payer ses articles, sous le regard amusé de la caissière, qui devait probablement s’imaginer qu’ils étaient amants et qu’il était marié… le coup classique du salaud qui ne lâchera jamais sa femme pour sa maitresse. Vision ridicule. Rien que de penser à ce que la caissière était en train d’imaginer, cela mit mal à l’aise Noah, qui en oublia la politesse la plus élémentaire, tout comme son ticket de caisse. Il attendit patiemment qu’Anthea termine de son côté. Avant de lui courir à nouveau après, dans un élan parfaitement désespéré. Mais qu’était-il en train de faire au juste ? Il devait retourner sur son lieu de travail au plus vite. Tant pis. Toutes les Candice Swanepoel et Adriana Lima – il venait seulement de tilter que sa sœur avait le même prénom que le mannequin embauché pour la campagne de pub – de la terre, pourraient bien attendre leur bouée flamant rose quelques minutes supplémentaires. Il trouva donc un banc un peu à l’écart et posa ses affaires par terre. Sans la bouée, il se jeta à l’eau, sans prendre sa respiration. « Je ne suis pas marié ! », ça il l’avait déjà dit. « Par contre, si Candice ne m’avait pas empêché de faire la plus grosse erreur de toute ma vie, je le serais à l’heure actuelle ! Mais c’est pas le cas ! ». Noah ne savait guère pourquoi il se sentait obligé de mettre l’accent là-dessus. « Je peux savoir pourquoi tu te mets dans tous tes états ? », osa-t-il finalement demander à la blondinette. Pour sûr il venait à nouveau de signer son arrêt de mort, mais peu importe. Il n’était plus à ça près de toute façon.

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MessageSujet: Re: Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea Meet me where the sky touches the sea ~ Anthea EmptyMer 8 Nov - 10:30

Meet me where the sky touches the sea
Noéa
Do you feel the same when I'm away from you?
Do you know the line that I'd walk for you?
We could turn around or we could give it up, but we'll take what comes, take what comes
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Les nuances de ce tableau commençaient à changer. Si le terne avait eu raison de la monotonie de l’existence de l’artiste, il lui semblait à présent que certaines couleurs primaires devenaient plus lumineuses, écarlates si on y prêtait une attention bien particulière d’ailleurs. L’ensemble de l’esquisse mouvait à la manière de ce qu’une aquarelle pouvait renvoyer à l’œil le plus averti. Les touches se juxtaposaient les unes aux autres, mêlant ainsi des couleurs dont il était difficile d’en reconnaître la principale. Etait-ce du vert pareil à l’espoir qu’il lui paraissait palpable au fil de cette discussion ? A moins que le rouge n’en vienne à glisser doucement mais surement pour y apposer cette touche violette qui semait un doute constant dans cette scène ? L’incompréhension se lisait nettement sur le visage de la jeune fille. Pareille à cette toile qu’elle découvrait pour la première fois et qui lui exprimait foules de ressentis sans qu’elle ne puisse démêler la prédominance de ces derniers. Joie ? Il y en avait énormément sur ce tableau. Sur les traits de ce visage qu’elle réapprenait à reconnaître et à redécouvrir alors que la morosité des lieux s’effaçait au profit d’une curiosité bien palpable. Panique ? Le sentiment l’avait saisi au moment où les intentions du jeune homme avaient osé croiser son courroux pour y déverser de cette ferme intention de la serrer dans ses bras. L’échappatoire lui était devenue plus compliqué à trouver et à envisager alors que sa seule arme résidait entre ses doigts. Colère ? Théa était probablement le sergent chef de cette émotion, pour ne pas dire le commandant. Dissimulée aux travers des entêtements de déception, cette dernière avait éveillé la méfiance à l’égard de celui qui avait reçu tout ce qu’elle était à même de donner à quelqu’un. Dégoût ? Elle en avait ressenti envers sa propre personne alors que le cheminement de son absence et de son silence en raison de sa venue à New-York lui avait appris qu’elle n’était plus en mesure de partager quoi que ce soit avec lui. Ainsi Noah avait préféré la délaisser, l’oublier surement parce qu’elle ne devait plus correspondre à ses attentes. Et il avait raison. Les diverses marques sur son visage prouvait bien quel genre de personne elle était et cette dernière ne pouvait trouver aucune concordance avec une autre. Tristesse ? Le cheminement l’avait conduit vers ce sentiment à mesure des souvenirs évoqués. Comme si le temps les avait suspendus pour dépeindre un tableau presque idyllique qu’ils ne sauraient jamais plus vivre ensemble. Ils étaient à présent l’autre. Celui et celle auxquels ils avaient tant aspiré à devenir mais qui avaient eu raison de ce qu’ils avaient pu être à deux. Les choix les avaient séparés, comme ils séparaient nombre de couple. La vie les avait isolé l’un de l’autre pour leur jouer un tour de passe passe à cet instant précis, en les confrontent l’un à l’autre pour que la vérité finisse par éclater. Douloureuse, blessante, elle s’extirpait même des objets pourtant aléatoires et dérisoires qui les environnaient. A croire que tout était contre eux, contre elle. Mais finalement l’imprévisible reprit de ses droits. Leur accordant le privilège de laisser le naturel reprendre le dessus sur tout ceci pour peut être y accorder un peu de légèreté. Les sourires qu’ils s’échangeaient n’en devenaient que plus équivoques. Emprunt de cette touche lumineuse qui permettait de comprendre et d’appréhender la joie de ces retrouvailles. Du moins, pendant un court laps de temps, le rappel du passé, l’évocation de la tenue écureuil et les souvenirs qui s’en dégageaient avaient eu l’opportunité de faire croire à la blonde qu’elle n’était pas en danger. Ses barrières retombaient doucement, entraînant dans leurs affaissement, ce masque qu’elle essayait toutefois de garder juste au cas où. Sa muraille de défense ne ressemblait plus à celle qu’on pouvait visiter en Chine mais devenait beaucoup plus délicate. A croire que le surfeur arrivait à ses fins. Il la connaissait assez pour savoir comment l’aborder. Entrer dans son jeu, sans trop se laisser marcher sur les pieds. Beaucoup avaient perdu le combat face à elle et elle en avait elle-même fait les frais pendant de très longues années. Cette défense l’avait isolé du reste du monde, de ce monde adulte qu’elle repoussait encore et encore parce qu’il la décevait, parce qu’il lui prouvait quotidiennement qu’il s’en prenait aux plus faibles non pas pour les pousser vers le haut  mais pour les enterrer un peu plus sous terre. L’artiste détestait les injustices et avec elles, ce sentiment de supériorité que tous ces grands groupes se plaisaient à encourager. L’individualisme était une pourriture à part entière. Tout ce qu’elle exécrait. Mais dans ce monde Noah était aussi marginal qu’elle. En équilibre sur ce fil qu’ils avaient su tenir tous les deux chacun de leur côté. Ne restait plus qu’à l’attacher pour qu’ils puissent le gravir ensemble ou séparément. Pour l’heure, elle n’osait en envisager les desseins, préférant de loin en savoir un peu plus et pourquoi pas retrouver celui qui avait toujours su qui elle était au fond d’elle. L’amusement était un vecteur naturel chez le jeune homme. Un crédo qui avait toujours plu à l’artiste dans la mesure où elle se reconnaissait bien souvent dans cela. Pourquoi faire compliqué alors qu’il était si aisé de tout simplifier ? Leur relation avait toujours fonctionné sous cet ordre et à chaque fois qu’elle se rappelait à elle, la jeune fille se laissait glisser dans la nostalgie. Certes, le jeune homme avait pu l’exaspérer pendant un nombre incalculable de fois, pourtant, cela faisait partie de lui et dès lors qu’elle n’avait plus pu l’entendre émettre une hypothèse tordue sur tout et n’importe quoi, elle s’était rendue compte que le manque était considérable. La bombe avait eu raison d’elle. Du moins, elle le pensait alors qu’elle avait cédé la première en l’arrosant de cette manière. Une attention qu’elle gardait pour elle, mais qui la protégeait encore de tout. Néanmoins, le naturel reprenait encore de ses droits leur assignant cette complicité passée qui se dégageait de cette entente. Noah ne lui en voulait pas, elle pouvait aisément le lire dans son regard, peut être même avait-il apprécié la retrouver entière et intacte comme il l’avait laissé. L’était-elle encore ? Le doute la saisissait à mesure que les réponses lui rappelaient combien la difficulté avait été bien réelle après leur relation. Même si elle avait été celle qui l’avait décidé, pour lui, pour leur épanouissement, pour ne pas être le frein à leurs rêves, il n’en restait pas moins que tout n’avait pas été facile. Certaines de ses toiles en portaient les stigmates, sa planche y gisait toujours. Signe distinctif de la manière dont il avait changé sa vie et s’y était frayé une place qu’elle ne pourrait jamais oubliée. Comme à chaque fois qu’il lui tendait une perche, elle ne pouvait que la saisir et leurs sourires s’accordaient. Comme au bon vieux temps, comme à cette époque où l’inverse était assurée. Mais pas là. Théa se mit à froncer doucement ses sourcils devant ce manque de confiance croissant. L’inconnu s’immiscer là, peignant en noir les quelques couleurs qu’ils avaient pu trouver. Depuis quand Noah se dénigrait de la sorte ? L’ancien surfeur qu’elle connaissait aurait profité de cette boutade pour évoquer le fait qu’elle ne dépasserait jamais la classe du maître ou quelque chose comme cela. « Point d’vue, point d’vue… ça dépend aussi d’toi hein. » D’un regard rapide, la jeune fille s’assura que le message fut entendu de l’oreille du jeune homme. Définitivement, quelque chose n’allait pas. Et ce quelque chose ne lui plaisait pas dans la mesure où il lui paraissait injuste que cela ait pu toucher Noah. Il avait toujours cette unicité qui veillait à le placer au dessus des autres. Cette nonchalance qui lui attribuait une confiance en lui qui l’amenait vers une force bien palpable mais surtout charismatique. Qu’est ce qui l’avait changé ? Son travail ? Sa vie de manière générale ? Les années les avaient séparés mais surtout le silence qu’ils avaient su préserver. De nouvelles barrières éclatèrent, laissant ainsi la chance à la confidence de se frayer une place entre eux. Cela faisait bien longtemps qu’ils avaient passé le cap des étrangers, certes, ils n’étaient plus complices comme ils avaient pu l’être mais ils n’avaient pas oublié qui ils étaient. Ce fut pour cette raison que l’artiste se laissa aller vers ses confessions sur son travail. Son rêve n’était pas atteint, et ne le serait probablement jamais, pourtant, elle avait appris à en façonner un autre qui lui tenait bien plus à cœur aujourd’hui et qui arrivait à la combler à son niveau. Pouvoir aider des jeunes en difficultés, participer à ce devenir qu’ils seraient à même de transmettre un jour valait bien plus qu’exposer des toiles. Son côté artistique n’était pas non plus restreint puisqu’elle vivait de cette liberté à laquelle elle aspirait. Elle ne dépendait pas d’une tierce personne, enfin si, il y avait le directeur de l’établissement, néanmoins, elle n’avait pas à retenir ses élans d’ivresse sur la toile, ni même sa créativité. Et en cela, elle se sentait heureuse. Son sourire s’agrandissait devant les encouragements de Noah. Venant de lui, les mots prenaient un sens différents, plus réels comme lorsque Jaelyn le lui disait aussi. Ils n’étaient pas enclins à dissimuler une ingratitude qui s’abattrait à un moment où à un autre, non, c’était sincère. Et cette sincérité se frayait à cet instant un chemin dans son cœur. Son regard devait probablement changer à cet instant, se dévoilant comme beaucoup moins menaçant et plus doux. Un regard qu’elle ne laissait voir qu’à ceux qu’elle jugeait méritant, comme lui. « N’exagère pas hein, j’ai pas non plus gravi l’Everest. » Le malaise des compliments était une chose bien réelle de son côté. Thea n’aimait pas cela, parce qu’elle jugeait qu’elle ne les méritait pas. « Mais merci. » Ses épaules se haussèrent doucement, dégageant un peu de fierté quant à cette simple phrase qui faisait écho en elle. Non elle n’avait pas du décrocher et jamais elle ne le ferait. Même si elle devrait vivre sous un pont et qu’elle ne mangerait qu’un jour sur deux, jamais elle ne délaisserait sa passion pour l’art. Sa curiosité l’amena à vouloir entreprendre de découvrir à nouveau le surfeur. Peut être que les aléas avaient également mis en exergue le fait de vouloir apprendre aux plus jeunes de son côté aussi ? L’artiste connaissait la place du surf pour Noah. Une place aussi importante que n’importe laquelle tant cette dernière l’amenait à être libre à son tour. Son sourire, qui pourtant reflétait une joie sincère, se transforma petit à petit en une sorte de tristesse devant le tableau qu’il lui dépeignait. Foutues responsabilités de la vie d’adulte. Si Thea l’avait pu, elle les balaierait d’un revers de main juste pour pouvoir profiter de ce qui les faisait vibrer et veillait à faire en sorte de les conduire vers la plénitude qu’ils méritaient. « J’comprends… » laissa t-elle échapper devant cette révélation. Une fois de plus, elle n’aimait pas entendre un tel discours, trop éloigné du Noah qu’elle connaissait. « D’habitude t’aurais quand même tout fait pour aller surfer. Mais j’comprends, les responsabilités, c’qu’on attend d’nous tout ça, c’compliqué… » Une moue exagérément dubitative s’afficha sur son visage. «  T’devrais songer à penser à toi, conseil d’amie. » Elle n’avait pas pu se retenir, parce qu’elle désirait le pousser vers le haut. Jamais elle n’avait pu voir le visage de Noah aussi… aucun adjectif ne parvenait à définir ce qu’elle voyait, mais il lui semblait voir le visage de son double maléfique. Il n’y avait aucune liberté derrière son masque et les quelques étincelles qu’elle croisait lui rappelait combien ce manque bouillait à l’intérieur de lui. Cela eut d’ailleurs le don d’immiscer de nouvelles questions. Pourquoi ? Qu’avait-il vécu pour devenir ce qu’il avait toujours redouté ? Même si la bonne humeur parvenait à se frayer un chemin bien distinct dans la conversation, il n’en restait pas moins que ce quelque chose persistait. Et autant l’avouer, l’impatience de Thea à ce sujet commençait à se perdre. Laissant alors sa curiosité déplacée ou non l’emporter sur le reste, la jeune fille fut contrainte de devoir accepter ce qu’elle venait d’entendre. Il n’y avait aucune supercherie dans les révélations, et l’amusement dont faisait preuve le jeune homme n’arrivait pas à chasser ce sentiment de mauvaise surprise qui l’habitait en cet instant. Le message avait énormément de mal à franchir les étapes entre ses oreilles et son cerveau, si bien qu’elle dut probablement rester vingt secondes, les yeux aussi ronds qu’un poisson rouge et la bouche ouverte dans un grand O de surprise devant lui. Marié ? MARIE ? Il fallait qu’elle bouge ou qu’elle s’assoit ou elle ne savait pas quoi, mais il fallait qu’elle fasse quelque chose. Ce n’était pas Noah Holloway qu’elle avait en face d’elle, son Noah. Mais bel et bien son double maléfique… Il ne pouvait pas en être autrement. Et il fallait qu’elle sorte et vite pour retrouver sa voiture pourrie et s’en aller. Sinon elle risquait de le frapper… Sans même en comprendre les raisons non plus… Pourquoi ? Pressant le pas pour arriver jusqu’à la caisse, la jeune fille déposa les articles et s’enquit de payer rapidement son pistolet. « Gardez la monnaie. » adressa t-elle sans même réfléchir plus en amont à ce qu’il se passait avec la caissière. Noah sur ses talons tentait tant bien que mal de la raisonner. Lui apprenant qu’il n’était pas marié. Marié pas marié ? Le message restait toujours bloqué. Et il fallait qu’elle sorte avant qu’elle n’explose en plein magasin sans même en comprendre les raisons. L’air frais lui ferait du bien pour la calmer. Ou pas… Puisqu’une fois à l’extérieur, elle eut l’impression d’étouffer. Est-ce qu’elle vivait dans un monde parallèle ? Ses repères lui donnaient l’impression de voler en éclat alors qu’elle sentait le mouvement de Noah derrière elle. Le visage fermé, signe du retour de ses barrières, la jeune fille s’assit sur le banc et laissait sa jambe gauche effectuer des soubresauts en signe de sa colère interne non retenue. De toutes les manières elle ne pouvait plus rien retenir à cet instant. Ses doigts se crispaient sur ses genoux et son regard se faisait de plus en plus noir alors qu’elle essayait de soutenir celui du surfeur. Il n’était pas marié. Ca elle l’avait compris, enfin non, elle ne comprenait plus rien du tout. Un soupir d’agacement fut sa réponse à cette révélation alors qu’elle le laissait continuer sur sa lancée. Candice. Sa sœur jumelle. Lorsqu’elle était en colère, Thea avait tendance à attraper des mots à la volée plutôt que se concentrer sur les phrases telles qu’on lui disait. Empêcher. Visiblement, il n’avait pas réussi à s’en dégager de lui-même, ce qui l’effraya quelque peu. Et de ce qu’elle pouvait comprendre, du moins des messages qui se déchargeaient doucement mais surement, Noah aurait du être marié à l’heure actuelle si il n’y avait pas eu d’intervention de sa sœur. « Pourquoi ? » Le mot lui échappa alors qu’il venait à peine de lui demander les raisons d’un tel état. Pourquoi est-ce qu’elle se mettait dans un tel état ? Elle-même n’en savait rien, mais un rire faux et nerveux (digne de Rocket) lui échappa alors qu’elle se relevait dangereusement et qu’elle commençait à faire les cent pas devant le banc. « J’en sais rien pourquoi… » Un soupir las emporta avec lui le mouvement de son bras qui se redressait pour abattre des mèches sur le sommet de son crâne. « J’m’y attendais pas… » Oui mais encore ? Thea avait ce don de réagir au quart de tour et ce d’une manière franche et vraie avant même que les ressentis ne lui vienne. « Déjà j’m’attendais pas à t’voir. » finit t-elle par conclure avant de finalement s’arrêter dans sa marche et se poster devant Noah pour le regarder fixement de son regard noir. « C’est quoi qui t’a changé autant ? T’es pas celui que j’ai connu… T’es d’venu tout c’que tu voulais pas avec des responsabilités, des doutes, des… putain t’as failli t’marier… » Son visage exprimait complètement son incompréhension devant cette dernière remarque. Jamais le Noah qu’elle connaissait n’aurait accepté ce genre de chose. « T’as oublié qui t’étais ou quoi ? C’pour ça qu’t’as pas pris de nouvelles ? T’as honte de qui t’étais ? » Et par extension honte d’eux et de ce qu’ils avaient pu vivre ensemble. Et là la blessure était à nouveau en train de s’agrandir et de la blesser. Voilà pourquoi elle réagissait de cette manière, parce qu’elle avait l’impression d’être encore une fois une erreur de plus dans la vie de quelqu’un et ce quelqu’un était loin d’être n’importe qui pour elle.

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by Wiise
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