Diego ne put s’empêcher de rire à l’exclamation du rouquin. Il n’avait pas complètement tort – après tout, la vie c’était clairement dans la merde. Mais il ne pouvait pas s’empêcher de toujours chercher le bon côté des choses, histoire de tenir peu à peu le coup en attendant que ça s’arrange. Et encore une fois, les paroles de Bailey le firent rougir comme une tomate – comme s’il ne l’avait pas assez fait plus tôt. Il n’eut pas le temps de répondre avant que le rouquin ne continue leur conversation – alors, il se promit de le faire rougir tout autant – ou même plus – dès que possible. Ce n’était pas comme s’il manquait de choses à complimenter chez le rouquin, de toute façon. Et très rapidement, ce dernier se leva pour marcher tout droit en direction de la foule colorée qui passait à côté. L’espagnol se dépêcha alors de le suivre, jetant son goblet vide par la même occasion. Ce ne fut pas bien difficile de rejoindre le mouvement et se mêler à ceux qui dansaient déjà malgré la chaleur étouffante qui les enveloppait – et visiblement, Bailey en faisait partie. Et malgré la marée de personnes qui les entouraient, Diego n’avait des yeux que pour lui, débardeur ou pas. Alors, il ne put s’empêcher de rire quand il lui ordonna de ne regarder que lui. Il s’approcha alors de son oreille pour lui parler et se faire entendre malgré la musique, profitant de la proximité pour sentir la chaleur de son corps. « J’ai pas besoin de mater qui que ce soit, t’es déjà à mes côtés. » Avant qu’il n’ait le temps de répondre, le brun recula d’un pas et enleva son t-shirt, avant de le placer dans son boxer pour en faire une sorte de queue qui dansait au rythme de ses pas. Il haussa un peu le ton de sa voix, un sourire malicieux sur les lèvres. « Et je suis bien obligé de te donner une raison de ne regarder que moi. » S’il fallait aussi enlever son short pour ça, il était plus que prêt.
Diego étant Diego, il chantait à tue-tête toutes les paroles dont il se souvenait – et quand il ne les connaissait pas, il se contentait de danser comme s’il n’allait pas y avoir de lendemain. À chaque pas, il essayait de se rapprocher peu à peu de Bailey, dans l’espoir de briser le peu de distance qui restait entre eux. De un, il y avait bien trop de monde autour d’eux pour rester suffisamment éloignés. De deux, le brun n’était pas du genre à détester le contact, bien au contraire. Et même s’il voulait juste écraser son corps contre le sien, il se contentait de l’effleurer, de le caresser rapidement avec le sien avant de repartir. À la fin de la première chanson, le brun était déjà à moitié essoufflé – il manquait clairement d’entraînement, mais la chaleur n’aidait personne à tenir le coup. Il profita de la distribution de bouteilles d’eau fraîche pour en récupérer une, avant d’en boire une gorgée. Voyant que le rouquin devant lui souffrait tout autant de ces températures-là, il décida de l’aider en appuyant sur la base de sa bouteille, le bouchon dirigé vers lui – heureusement qu’il avait déjà enlevé son débardeur, hein? « Ce serait bête de finir déshydraté. » Il se mit à rire, espérant juste qu’il en fasse de même – ça aurait été légèrement gênant sinon. Il lui tendit tout de même son t-shirt, pour qu’il ait de quoi essuyer son torse avant de se remettre à danser si ça le dérangeait. « Pour ce que ça vaut, t’es très beau en étant mouillé. » Il enchaîna tout aussi vite, toujours un sourire joueur sur les lèvres. « Ou sinon, tu peux juste continuer à danser avec moi – ça finira bien par sécher. »

Diego ne tardait pas à imiter Bailey en enlevant lui aussi son t-shirt, pour se mettre torse nu. Et la vue provoqua une bouche bée sur le visage du rouquin. C'est qu'il était bien foutu l'espagnol, très bien foutu même. Bailey en baverait presque, complexant soudainement. Lui aussi était musclé, mais moins de masse et de volume, comparé à un Diego beaucoup plus taillé. Le rouquin se retenait de toutes ses forces de ne pas venir le caresser, ne voulant pas paraitre comme un taré qui se permettait d'avoir un contact tactile avec les gens. Le barista ria brièvement à sa remarque, de ne pas mater que lui, car il avait sorti le gros lot pour le coup et il était hors de question de refuser l'invitation. A vrai dire, il ne pourrait même pas se lasser de cette vue, tant elle était beaucoup trop agréable pour le roux. Se tenant à ses côtés, le Marshall continuait toujours à se dandiner, chantant parfois avec excès, se trouvant ainsi dans sa zone de bonheur, où aucune prise de tête était à l'horizon. Ces moments étaient ue trop peu agréables, trop courts mais tellement précieux. Il en oubliait tout, étant comme dans un petit nuage, tournant parfois la tête vers Diego, lui souriant grandement, baissant discrètement les yeux pour reluquer sas vergogne son torse, ce qui avait pour effet de chauffer ce qui se trouvait son short. Il se bénissait d'avoir mis quelque chose d'assez ample pour qu'on ne remarque rien, pas même une bosse qui pourrait tout compromettre. Suivant toujours la foule, il écarquilla les yeux, quand il sentit un jet d'eau s'abattre brutalement sur lui. Encore sous le choc, il percuta la réalité, fixant le coupable, l'espagnol, avant de se mettre soudainement à rire. « La belle excuse, tu parles. » Il aurait bien aimé s'armer d'une bouteille lui aussi, mais les distributeurs de bouteilles d'eau étaient loin maintenant, et il n'avait pas encore la sensation de soif qui lui tiraillait la gorge, et il avait nettement moins chaud maintenant qu'il se retrouvait complètement arrosé. Le visage fier, le rouquin prit le t-shirt de l'espagnol pour s'essuyer quelque peu le torse, lui redonnant après coup, accompagné d'un « Comme ça t'auras ma formidable odeur. » dit-il ironiquement, ricanant quelque peu. Avec cette chaleur, on avait plutôt tendance à transpirer et ce n'était pas ce qui sentait le plus bon pour la plupart. « C'est bon à savoir ça. Maintenant, on ne se verra plus que lorsqu'il y aura de la pluie, histoire que je sois mouillé. » Diego invita Bailey à reprendre la danse et ce dernier accepta gracieusement, lui donnant un coup de hanche avant de continuer à danser. Sifflotant pour jouer à l'innocent, le rouquin désirait se venger joyeusement de ce coup-bas et réfléchissait à ce qu'il pouvait faire. Rien ne vient. Baisser le pantalon, ce serait traitre. Il n'avait pas envie que d'autres gens matent Diego plus que de raison. Il se mit dans un coin de la tête de rester aux aguets et de saisir le moments importants.

La musique battait toujours à son plein, certaines personnes chantaient, d'autres hurlaient leur joie, il y avait des mégaphones qui faisaient des annonces aussi, se lançaient des défis. Une effervescence totale. Ceux aux pancartes "Free Hugs" ouvraient leur bras pour câliner chaque passant qui le souhaitait. Puis, un garçon hurla à la foule, embrassez vous. Au nom de l'amour, ou encore de la joie, sûrement. Chacun se mit à embrasser son proche, la personne à ses côtés. Instinctivement, Bailey en fit de même, se retournant vers Diego pour venir l'embrasser. Cela devait juste être un baiser symbolique. Mais Bailey resta bloqué quelques instants, posant instinctivement une de ses mains dans le dos de l'espagnol. Puis, il se décolla soudainement, cachant sa gêne. « Désolé, c'était les ordres. » Bordel, qu'est ce qu'il avait apprécié ce contact.

Pour son plus grand plaisir, le rouquin accepta l’offre du t-shirt. Non pas parce qu’il allait l’avoir l’odeur de sa transpiration – niveau odeur choisie pour se rappeler de l’autre, on avait vu plus romantique – mais surtout parce que ça voulait dire qu’il ne lui en voulait pas, et qu’il avait bien pris le jet d’eau qui l’avait inondé. Il se mit à rire en même temps que Bailey, se demandant alors qu’est-ce qu’il pouvait bien trouver pour lui rendre la pareille et ne pas le faire rentrer bredouille. Il balaya cette pensée d’un revers de main, préférant pour l’instant se concentrer sur la façon dont les hanches du jeune Marshall bougeaient au rythme de la musique. À vrai dire, il n’aurait pas su dire sur quels morceaux ils dansaient maintenant – pour Diego, c’était juste impossible de penser à autre chose que la distance qui les séparait, qu’il rêvait de briser pour de bon. Mais encore une fois, il se contentait de simples caresses et petits coups – une hanche par là, une épaule par ci, rien de vraiment suffisant au fond. Chaque contact n’était qu’une façon de raviver la flamme de son désir, que Bailey n’arrêtait d’alimenter – et si le brun ne pouvait pas en être sûr, il était convaincu qu’il savait l’effet qu’il avait sur lui. Et avant qu’il n’ait eu le temps de se rendre compte de ce qui était en train de se passer, il sentit son corps s’écraser contre le sien, ses lèvres s’unir aux siennes. S’il avait été pris par surprise, il ne tarda pas à poser ses mains entre ses côtes et ses hanches, rendant son baiser et l’approchant de lui comme il le pouvait – ils étaient déjà extrêmement proches, de toute façon. Une fois ce contact brisé, Diego était presque essoufflé, comme s’il avait dû escalader un mur pour arriver à ces lèvres. Il ne put s’empêcher de rire face à l’excuse du rouquin – avait-il vraiment besoin de demander pardon pour quelque chose qu’il avait clairement plus qu’apprécié? « J’ai dû rater l’annonce. » Trop occupé à regarder Bailey, le p’tit. Mais maintenant, il était un peu perdu – il savait très bien ce qu’il voulait faire: il voulait juste l’embrasser à nouveau, l’enlacer de se bras en l’attirant contre lui. Mais qu’était-il censé faire? Faire comme si de rien n’était? Céder à son envie? Se remettre à danser et remettre toutes ces question à plus tard? Ses dents plongeaient doucement dans sa lèvre pendant qu’il essayer de se décider, des pensées de plus en plus rapides et de plus en plus enchevêtrées. Et puis, se disant qu’il n’avait rien à perdre… Il prit ses épaules et l’approcha à nouveau de lui, brisant une nouvelle fois la distance qui séparait leurs lèvres respectives. S’il avait l’avantage de la surprise – cette fois-ci, c’était Diego qui avait pris les rênes du baiser – ça ne lui empêchait pas d’être à nouveau étonné par la faim qu’il ressentait à l’égard du rouquin. Il fut bien obligé de s’en séparer, histoire de ne pas mourir étouffé, mais ce n’était pas l’envie de continuer qui lui manquait. « Maintenant, au moins, je m’y attendais. » Sa voix était à peine plus qu’un murmure, pour qu’il n’y ait que Bailey qui l’entende – de toute façon, il ne s’en était pas encore éloigné. Ne sachant pas vraiment s’il avait bien fait de l’attirer vers lui, il s’éloigna d’un pas, avant de plier gentiment son dos, à la manière d’un chevalier qui s’adressait à une dame de la haute société – la seule différence étant qu’il n’y avait pas de musique classique en fond. Encore une fois, il ne savait pas trop ce qui sortait des amplificateurs autour d’eux, mais il avait d’autres chattes à fouetter. « Puis-je avoir l’honneur d’avoir cette danse, si t’es pas trop fatigué ou si t’as pas trop chaud? » Sa main était tendue vers Bailey, en attendant sa réaction. « Ou on peut s’arrêter deux minutes et reprendre notre souffle, si tu veux. » Pour une fois, le brun ne savait pas vraiment ce qu’il était censé faire ou dire. Et pour une fois, il n’avait pas envie de se tromper.

Il s'était décalé, reculant pour laisser plus de place à Diego. L'air de rien, il continua sa danse, reprit comme si de rien n'était, il avait seulement ricané lorsque Diego avait souligné qu'il n'avait pas entendu l'annonce. Pourtant, elle avait été suffisamment forte pour ne pas qu'elle échappe à l'ouïe du rouquin. Et cette annonce lui avait permis de décrocher un baiser avec l'espagnol, sans que ce soit trop impromptu ou ambigu - quoique-. le vendeur de hot-dogs n'avait pas été surpris, ou n'avait pas mal réagi, car Bailey avait senti que l'autre lui retournait son baiser avec envie. Sifflotant, il continua toujours sa marche jusqu’à être stoppé net, retenu par un Diego qui amorça ses épaules pour lui refaire face et sans prévenir, plaqua ses lèvres une nouvelle fois contre les siennes. Pour le coup, c'était bien le barista qui avait été surpris qu'il en redemande. Soit, il n'allait pas s'en plaindre, bien au contraire et sans bouger, il répondit avec plaisir au baiser, mouvant ses lèvres contre les siennes. Le sourire gêné, un ricanement par la nervosité, Bailey lâcha un « Ca c'est sûr que tu t'y attendais, vu comment t'as préparé ton coup. » L'espagnol recula, avant de lui demander, sans transition ou pour en revenir à ce qu'il venait de se produire, de danser avec lui. Il lui tendit la main, accompagnant ses paroles et le rouquin le reluqua avec intérêt. « Et quelle est ta danse ? Parce que j'ai chaud, encore plus depuis ce qu'il vient de se produire. » Ouais, il préféra s'arrêter, quelques instants. Il vit d'ailleurs un type qui distribuait de l'eau et sans ménagement, il marcha quelques pas pour aller à sa rencontre et prendre une bouteille. Comme un assoiffé qui venait de traverser le désert, Bailey but à grandes gorgées l'eau, s'interrompant quelques instants afin de ne pas finir étouffé. « T'as vu, moi, j'suis un gentil, je ne balance pas de l'eau par derrière. » Il lui tira la langue pour montrer son amusement, adorant retourner la situation à son avantage. D'un signe de tête, il fit comprendre à l'espagnol qu'ils pouvaient se décaler et se poser à un endroit, afin de souffler un peu. « On se rend pas compte quand on est en plein de dans, mais ça te fait une sacré dose d'énergie. Ce soir, c'est fini, je rentre, je me couche et on m'enterre demain. » Signe qu'il allait se coucher tôt, sûrement qu'il serait pris par la fatigue et qu'il n'aurait pas l'énergie de trainer dans les bas quartiers pour voir un pote ou faire sa balade nocturne en solitaire. Lui accordant un clin d'oeil, Bailey ajouta avec fierté « Apparemment, j'embrasse bien vu comment tu as demandé une suite. » Il le taquina légèrement, bien sûr que lui-même avait apprécié ce contact entre leur deux buches, très plaisant, trop plaisant. Cela n'avait fait qu'accentuer son désir qu'il ressentait à son égard.

« Tu veux qu'on rejoigne la foule ? Faire un détour pour les rejoindre après ? Moi, j'suis partant pour tout. » Ils pouvaient très bien discuter quelques instants seuls de tout et de rien, comme reprendre l'énergie de laf foule pour danser avec eux, chanter et enlever tout poids d'une réalité sombre et dure. En tout cas, Bailey n'osait pas reparler concrètement de ce fameux retour de baiser.

Diego ne put s’empêcher de rire – il commençait à avoir l’impression que c’était tout ce qu’il faisait depuis qu’il avait rencontré Bailey. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais ça n’aurait pas servi à grand-chose de disséquer son être pour en trouver les raisons – tout ce qui comptait, à ses yeux, était le fait de se sentir à l’aise avec le rouquin. Bien évidemment, l’espagnol était toujours nerveux – c’était leur premier rendez-vous, leur première rencontre, la première discussion face-à-face… – mais il sentait tout le stress qu’il avait cumulé fondre peu à peu, pour ne laisser que les bons moments qu’il était en train de passer avec Marshall. Pour une après-midi, il n’avait pas besoin de penser aux loyers de retard que les Buenos devaient à leur propriétaire, ni à l’affaire qui coulait de plus en plus vite, ni à tout autre souci qui aurait pu peser sur ses épaules. Il voulait juste penser à danser avec Bailey, ou à sentir le goût de ses lèvres, ou tout simplement à s’asseoir avec lui pour papoter, sans beaucoup de prétentions. Les deux s’écartaient doucement de la foule, qui semblait quant à elle prête à marcher encore des heures et des heures malgré la chaleur et la fatigue. Le rouquin ne semblait pas suivre l’esprit de la foule, par contre. « Au moins tu vas bien dormir, tu me diras. Mais ouais, c’est vrai que quand on est dedans, c’est dur de s’en rendre compte. » Diego, quant à lui, commençait à sentir l’effet de la danse sur son corps, qui tirait par ci et par là – rien de bien dérangeant, mais il était ravi qu’ils prennent une petite pause, au moins le temps de souffler un peu. Il se mit à ricaner quand Bailey évoqua leur baiser – avait-il vraiment besoin de dire "apparemment"? « Je dois avouer que… oui, t’embrasses vraiment bien. » En aurait-il redemandé, sinon? Il avait encore envie de reprendre ses épaules et poser à nouveau ses lèvres sur les siennes, mais il ne savait pas vraiment comment s’y prendre – ni si cette envie était partagée, à vrai dire. « Je sais pas si on peut aller très loin en étant à moitié à poil. » Il baissa une nouvelle fois le regard vers le torse encore nu de Bailey, qui n’était franchement pas plus habillé que lui, pour sa défense. « Non pas que la vue soit dérangeante. » Il lui fit un clin d’œil, le bousculant légèrement de son épaule. Un contact de plus, une caresse qui ne durait que trop peu pour le brun, qui en voulait toujours plus. « On peut déjà s’asseoir quelque part. J’sais pas si t’as faim? » Il sentait son ventre gargouiller légèrement – le café glacé l’avait rafraîchi, mais pas rempli. Sa sœur était sûrement dans le coin, mais il n’avait pas trop envie de l’emmener manger ses hot-dogs pour leur premier rendez-vous. Et puis, de toute façon, Manhattan était assez grand pour s’y promener à deux sans se croiser. « Et on peut peut-être se promener dans le coin, histoire de pas trop s’éloigner de la Marche si on veut y retourner après. Et si t’en as marre d’ici, y’a le métro pas loin. » En même temps, le métro était pratiquement partout à New York, du moins lorsque l’on était à Manhattan. Diego n’avait pas encore eu le temps d’explorer le reste de la ville, mais il savait qu’on pouvait s’y déplacer sans soucis ailleurs. « Mais déjà, je propose qu’on trouve de quoi s’asseoir – je sens plus trop mes jambes. » Il avait décidément perdu beaucoup d’entraînement – mais il ne regrettait absolument pas d’être venu, bien au contraire.

Les joues de Bailey tendirent au rouge lorsque l'espagnol lui avoua à l'affirmative qu'il embrassait bien. Il avait envie de bondir, de le hurler partout, de se jeter des fleurs mais il resta stoïque avec un sourire narquois et confiant, lui disant avec amusement.  « Ah, je le savais, je m'aime ! » Il eut un fou rire. A vrai dire, même Diego embrassait bien, en tout cas, le rouquin avait pris un grand plaisir à l'embrasser, à deux reprises, en plus. Et si Diego embrassait bien, il avait bien envie de connaître d'autre plans plus intimes de lui, mais il se contentait. Mieux valait ne pas griller les étapes comme le barista savait si bien le faire avec ses relations d'habitude qui se résumait à un distingué Coucou. On baise ? Alors que parfois, il ne connaissait rien de la personne, pas même son véritable prénom. Et comme Diego ne lui avait fait aucun sous-entendu sexuel, il pouvait eut-être établir une relation plus profonde et saine à ses côtés.  « Ah ouais, j'avais oublié ce détail, celui où on était torse nu. » C'était ironique, évidemment. Jamais il n'oublierait la vue qu'il avait actuellement, à propos du torse de Diego qu'il n'arrêtait pas de regarder avec insistance, s'imaginant allégrement le caresser, l'embrasser et faire des choses beaucoup plus sensuelles avec. Un autre compliment qui fit rougir Bailey. Apparemment, la vue de son propre torse plaisait à Diego, et ça c'était un bon point, un très bon point. Il devrait lui retourner les compliments mis il n'y arrive pas, il est bloqué, il n'a pas vraiment l'habitude d'en faire, grand solitaire qu'il est. Peut-être qu'il lui enverra par texto, à distance, c'est toujours plus facile car là, il a peur de se taper l'affiche et d'avoir honte. Il a l'habitude de foirer les relations alors il veut s'y prendre bien.  « Ouais faut repéré un banc. Sinon, perso, j'ai pas faim mais si tu veux manger, on peut chercher une boulangerie ou un café. » Il s'empêcha de dire qu'il fallait qu'il mange s'il ne voulait pas que ses gargouillements se fassent plus forts que la musique. Bailey aimait la taquinerie mais il fallait aussi la doser avec modération, surtout avec des personnes qui restaient encore inconnues. « Y'a des bancs à deux rues d'ici, j'crois. Tu sais un p'tit coin où se poser. » D'un signe de la tête, il lui indiqua qu'ils allaient reprendre leur marche pour un court moment. En même pas cinq minutes, ils arrivèrent déjà l'endroit indiqué par Bailey. « J'ai l'habitude de trainer dans le coin, donc je peux me repérer facilement. » commenta-t-il, avant de prendre place sur le banc, aux côtés du vendeur de hot-dogs. « En tout cas, si tu as une envie particulière, je la suis. Je suis à toi pour le restant de l'après-midi. » Maintenant dégagé de la foule, le rouquin remit en place son débardeur, voulant se couvrir quelque peu. Malgré le soleil, la fraicheur de la solitude était de retour et hors contexte de la Pride, il valait mieux se couvrir. « J'suis pas très doué pour l'expression, mais sache que je passe une super aprem avec toi. » Les phrases clichées et con, génial Bailey.

Ils étaient à nouveau posés sur un banc, côte à côté, mais cette fois-ci, c’était quelque peu différent – Diego n’avait plus peur du contact avec Bailey. Si la première fois il avait fait attention à ne pas le bousculer ou même l’effleurer, maintenant son genou était posé contre le sien, leurs bras à quelques maigres centimètres. Encore une fois, le brun en voulait toujours plus, mais il essayait de trouver du plaisir dans cette séparation. Tout cela aurait pu se terminer d’un simple mouvement, mais… Plus l’attente se prolongeait, plus de plaisir il aurait à briser la distance une fois le moment venu. Et il en avait tellement envie, mais il faisait de son mieux pour s’en retenir, pour ne le faire que quand la situation pourrait s’y prêter. À quoi bon le faire s’ils ne pourraient pas en profiter? Ils n’avaient pas vraiment eu le temps de parler au beau milieu de la Marche, où la musique était bien trop forte pour parler aisément sans se déchirer les cordes vocales, mais maintenant ce n’était plus qu’un vague souvenir traîné par le vent, qui n’en gardait que quelques brindilles autour d’eux. Il remit son t-shirt, histoire de ne pas faire tâche à côté du rouquin maintenant habillé. « J’ai pas l’impression que ça sente trop mauvais, t’as de la chance. » Il ne lui en aurait pas voulu si ça avait été le cas – c’était de sa faute s’il avait dû s’essuyer, mais il ne regrettait pas de l’avoir aspergé d’eau. Malheureusement, il n’avait plus de bouteille d’eau à portée de main.

Encore une fois, Diego sentit ses joues se colorer légèrement quand le rouquin lui avoua avoir passé une bonne après-midi avec lui. C’était loin d’être une surprise, il avait bien vu que Bailey semblait passer un bon moment avec lui, mais… ça lui faisait plaisir d’entendre ces mots-là. Au moins, il savait que ce n’était pas quelque chose de non-réciproque. « Ça tombe bien, j’aurais eu l’air con si j’avais été le seul à vouloir qu’on se revoie. » Il toussa légèrement, comme s’il voulait casser un peu la façade de blagues qu’il construisait peu à peu. Son regard était tourné vers l’homme assis à ses côtés, leurs genoux toujours en train de se toucher. « Plus sérieusement – non pas que ça l’était pas, pour le fait de se revoir – j’ai passée une excellente après-midi avec toi aussi. Donc si jamais t’es libre dans les jours à venir... » Ils n’avaient pas encore parlé de se revoir une nouvelle fois, mais si tout s’était bien passé il n’y avait pas de raisons de repartir comme deux inconnus, n’est-ce pas? Il le taquina doucement, le touchant de son coude au niveau des côtes. « Dans mes souvenirs, on a encore une course à faire pour voir qui gagnerait, mais je pense qu’on est tous les deux trop fatigués pour faire ça maintenant. » Du moins, lui l’était. C’était un mélange du stress qui retombait, de la fatigue de la danse, et de toutes les émotions qui l’avaient traversé depuis leur rencontre. En somme, il aurait sûrement perdu – mais il avait confiance en ces capacités en temps normal. En prenant une grosse inspiration, il posa son coude sur le dossier du banc, de manière à être complètement retourné vers Bailey, une jambe pliée devant lui. « Donc pour l’instant… c’est quoi ta chanson préférée? » Une petite seconde passa avant qu’il n’enchaîne avec l’explication à sa question. « C’est étrange demandé comme ça, mais… on s’entend quand-même assez bien pour l’instant, non? Donc… » Il prit une grosse inspiration, cherchant une façon de formuler ce qui était pourtant clair comme du cristal dans son esprit. « Voilà. J’ai vraiment envie d’apprendre à te connaître. Et je pense que ce qu’on écoute est un peu le miroir de qui on est. » Qu’est-ce qu’il était mignon, le visage rougi et les mots en désordre. « Ça a du sens ce que je dis? » Ou pathétique, au choix. Il espérait juste que Bailey penche pour la première option.

Les deux étaient en accord sur la question, ils allaient se revoir. De toutes façons, au vu des évènements qui s'étaient déroulés, cela serait assez étrange qu'il n'y ait pas de suite. Avec un grand sourire sur ses lèvres, Bailey attendit que Diego finisse sa phrase sur son invitation dans les jours à venir pour qu'il lui dise sans précédant « Et bien, tout ce que tu dois savoir, c'est que du lundi au vendredi, je finis à 18h. » Il sous-entendait par là qu'il était complètement libre le week-end et que ses soirées l'étaient aussi, souvent occupées par le coup de l'improvisation ou l'impulsion du moment. Le rouquin marchait beaucoup à l'humeur et à l'envie, il n'était pas du genre à programmer des rendez-vous sur les semaines futures, hormis lorsque c'était quelque chose d'important, comme aujourd'hui, avec Diego pour la Gay Pride. « Si les journées restent aussi chaudes, mieux vaut prévoir cette course en soirée. Et que je montre à tout le monde que je suis le plus fort. » Fausse vantardise, il blaguait. Il sentait que Diego n'était pas à l'aise, enfin, pas dans un mauvais sens, mais plutôt qu'il était sur la retenue, s'imaginant dans un champ de mine, ne pouvant pas se permettre de faire le moindre faux pas. Puis, sans transition, le vendeur de hot-dog lui demanda sa chanson préférée, enchainant avec ses constatations, ce qu'il ressentait en ce moment. Puis, il s'embrouilla et consterné, Bailey ne le quittait pas du regard, un petit sourire au lèvres avant d'éclater de rire soudainement, voyant que Diego était enchevêtré dans un brouillon. « Roh, non, ta technique de drague partant bien pourtant. Puis, y'a eu la musique. » De la taquinerie pure et dure, comme l'aimait le rouquin. « Je connais pas trop les citations, pour être honnête. Mais ouais, on s'entend bien. Ce serait bizarre de ne pas s'entendre après deux baisers. » Il brisa le contact visuel avec le vendeur pour abaisser son regard, préférant contempler le sol pour être moins anxieux, pour se ressourcer et parler sans être stressé. « J'ai pas vraiment de chansons préférées, j'écoute de tout, et puis, ça change la période. » Il écoutait de la musique, mais sans plus que ça, il ne s'intéressait pas vraiment aux artistes, n'en suivait aucun en particulier, écoutait plutôt les musiques du moment. « En ce moment, y'a Despacito, ça me fait vibrer tout ce qui est Espagnol. » Oui, c'était calculé, il l'avait fait exprès, histoire que Diego comprenne. « Et toi, qu'est ce qui te fait vibrer ? » Il n'avait pas précisé qu'il parlait bel et bien de la musique.

Il se leva du banc, faisant face debout à Diego, en faisant quelques pas de danse, qui ressemblait plus à un enchainement de n'importe quoi que d'autre chose. « Généralement, il suffit d'une musique entrainante, d'une enceinte et c'est bon, c'est parti, on me perd. Enfin, tu l'as vu à la Pride. » Danser sur de la musique était un de ses remèdes pour se défouler, oublier et se détendre, pour retrouver une harmonie, une bonne humeur. « Donc, tu veux qu'on s'pose des questions, en mode machin préféré ? Hm... Qu'est ce que tu adores manger ? Hormis tes délicieux hot-dogs. »

Diego nota dans un coin de son esprit les horaires de Bailey. Grosso modo, il était libre les soirs et en week-end – ce qui tombait assez bien, puisque les jumeaux avaient l’habitude de rentrer avant l’heure du dîner. En règle générale, personne n’allait chez eux alors qu’un McDonald’s était ouvert à moins de deux stations de métro de là. Manque de pot, il y avait des fast-food et des arrêts de métro partout dans Manhattan – donc, à moins de vouloir nourrir des chats de rue, ils n’avaient plus de raisons de rester dehors avec leur food-truck. Mais du coup, si un certain rouquin avait une soudaine envie de se promener dans la ville… il pourrait sauter dans le premier train en direction du Bronx. Déjà, il avait une course à gagner. Il se mit à soupirer, le sourire aux lèvres. En réalité, il n’était pas bien sûr de lui-même. Peut-être que Bailey était réellement bien plus rapide et endurant que lui – mais quitte à perdre, autant sauver sa dignité… même si visiblement, ce n’était pas la drague qui allait le sauver. Ses joues viraient doucement au rouge de l’embarras – plus il comptait impressionner l’autre, moins il y arrivait. Il se consolait en se disant que ce n’était peut-être pas trop nul non plus, sinon il aurait coupé court à leur rendez-vous. Lorsque le rouquin évoqua le moment où ils s’étaient embrassés plus tôt dans la journée, il sentit un sourire se dessiner sur ses lèvres. Les deux fameux baisers; jamais deux sans trois que l’on disait. Et s’il fallait clôturer la soirée avec un dernier baiser avant de rentrer chacun chez soi, Diego n’allait pas s’en plaindre. Peut-être que pour le troisième, ils allaient enfin se mettre d’accord pour le faire en même temps, histoire d’en profiter d’un côté comme de l’autre.

Il ne put s’empêcher de se mettre à rire quand Bailey lui annonça sa musique du moment. Il devait avouer qu’il ne s’y attendait pas vraiment. « J’espère que t’as déjà regardé ce que ça veut dire les paroles en espagnol. Sinon, c’est encore plus drôle. » Sólo con pensarlo se acelera el pulso? Fallait pas être devin pour savoir de quoi ils parlaient. Mais il ne pouvait pas leur jeter la première pierre – les paroles étaient étrangement vraies pour lui ce jour-là. Il n’avait pas envie d’y aller trop vite avec Bailey, mais ça aurait été mentir que de dire qu’il ne ressentait pas du désir pour lui. Et comme les deux puerto-ricains, il n’était pas pressé – despacito, après-tout. Il se leva à son tour avant de s’approcher du rouquin, sa voix un simple murmure entre les deux. « Quiero ver bailar tu pelo, quiero ser tu ritmo. » Si c’était l’espagnol qui le faisait vibrer, suffisait d’en demander. Et pour le coup, les paroles étaient bien véridiques. « Et quant à ce qui me fait vibrer moi… c’est plutôt la voix. » Il ne savait plus vraiment si leur discussion s’en tenait à la musique ou bien s’il y avait une arrière-pensée derrière. « Et pour mes hot-dogs… faudrait que tu goûtes, quand-même. Histoire de savoir si t’aimes ou pas. » Qu’ils parlent bien de nourriture ou d’autre chose, sa phrase restait vraie – pratique, n’est-ce pas? « Mais sinon, mon plat préféré c’est les sushis. Je sais pas trop si on peut appeler ça un plat, mais l’idée est là. » Suffisait de demander ça à Paula, qui avait bien vu ce que ça donnait quand on ne l’arrêtait pas dans son élan devant des sushis. Autant vous dire que ce n’était ni bien beau, ni bien odorant. « Qu’est-ce que je pourrais bien te demander... » À vrai dire, il voulait tout savoir du rouquin – de son film préféré à où il voudrait être d’ici quelques années. Et il avait tellement de questions qu’il ne savait pas par où commencer. « C’est quoi ton souvenir préféré? » Est-ce que ça comptait vraiment? Il l’ignorait, mais au moins Bailey allait trouver de quoi parler, et le brun aimait bien entendre sa voix sautiller sur les syllabes et les phrases. « Si ce n’est pas trop indiscret, évidemment. » Il était debout, une fesse contre le dossier du banc derrière eux, le regard rivé vers le rouquin – et il ne put s’empêcher de remarquer à quel point il le trouvait beau. Mais chaque chose en son temps, n’est-ce pas?

Bailey n'avait pas choisi l'espagnol comme choix de langues, mais s'était plutôt dirigé vers le français et l'italien. Parfois, à l'adolescence, il aimait être à contre-courant et comme la majorité des élèves choisissait les langues hispaniques, il préférait choisir l'inverse. Est-ce pour autant qu'il était bon en langue et qu'il pouvait se qualifier de bilingue ou encore de trilingue ? Certainement pas. Diego lui devait l'être, parlant à la fois l'anglais et l'espagnol. « Euh non, pas du tout. A partir du moment où y'a un bon rythme, ça me suffit pour chanter et danser. » Il nota par contre dans un petit coin de la tête d'aller farfouiner sur Google dans la soirée pour voir une traduction des paroles et percer un de ces mystères incongrus. C'est là, estomaqué, que Bailey entendit le vendeur de hot-dogs prononcer une longue phrase en espagnol. Bouche bée, il lui signala « Chaud, t'as un parfait accent. Même si je ne sais absolument pas ce que ça veut dire, mais a ressemble aux chansons espagnoles. » Pour le coup, le rouquin était très impressionné par la performance qui venait de se dérouler. L'espagnol lui révéla ensuite que ce qui lui faisait vibrer, c'était la voix. Que voulait-il dire par là ? Bailey arqua un sourcil, désireux d'en entendre plus, mais en vain, le Bueno changea complètement de sujet pour revenir à ses fameux hot-dogs dont il se vantait. C'était son travail, ce qui lui permettait de vivre et c'était assez drôle d'avoir un tel rapport de proximité à cette nourriture. Cependant, le rouquin ne put s'empêcher d’émettre une série de rire. Il n'y avait rien de drôle en soit, mais il était parfois déconcentré et son esprit tournait parfois assez mal, surtout en période de chaleurs comme aujourd'hui. « Désolé, mon cerveau s'est imaginé des choses... » Il avait honte, gêné, mais en soit, il savait qu'il fallait plutôt en rire que de le prendre au sérieux. Il avait beau vingt-et-un ans, il résonnait souvent comme un gamin, lycéen, qui s'était pris en pleine face la puberté dont il était victime.

« Bref. Concernant les sushis, c'est bon, mais c'est vrai que c'est assez cher et je ne peux pas me le permettre. » Excepté les jours où il recevait sa paie, où s'il était invité chez un pote à en déguster, pouvant parfois donner quelques dollars. Il détestait s'afficher comme un pauvre mais c'était la réalité. Il était payé comme un barista, il enlevait ce qu'il devait du loyer, du téléphone, des courses et le voilà avec quelques maigres économies qu'il préférait mettre de côté que de dépenser dans des restos chers -de son point de vue, quand il fallait dépenser plus de 5 à 10$-. Diego l'interrogea, avec une question des plus étranges pour le Marshall. Son souvenir préféré. Il ne savait pas quoi répondre et il ne put balbutier que des « Euh... Hm... Ah... » Il ne pouvait pas lui sortir le coup de l'orphelin qui venait de trouver sa première famille d'accueil, le pathos était trop tôt pour être déployé. « Quand j'ai emménagé à New-York, avoir mon indépendance... » Dans la réalité, il s'était mis fortement à chialer le soir même de son emménagement. En y repensant, il avait une boule au ventre. « Je devrais p'être rentrer, je pense... Rien contre toi, bien évidemment ! » C'est juste qu'il se sentait étrangement et subitement mal à ressasser les souvenirs de sa mémoire, pas particulièrement bons ou joyeux.

« Tu me raccompagnerais jusqu'à la prochaine station de métro ? » Son visage s'était assombri, non pas qu'il avait perdu son sourire mais il s'était terni. D'un mouvement de tête, il l'invita à reprendre sa marche, pour qu'ils bougent de cet endroit. Qu'ils marchent, peut-être que ça le détendrait et a le ferait changer d'avis. « Et... et toi ? Ton souvenir préféré ? »