Les choses n'étaient pas faciles pour Soren en ce moment, ses parents étaient morts, sa sœur était à la tête de l'entreprise, il se retrouvait à un croisement de sa vie et il ne savait absolument pas comment s'en sortir. Il avait tellement pris les choses pour acquises s'il ne s'était jamais demandé ce qu'il ferait de sa vie sans l'entreprise. Il avait essayé de faire de la musique et d'autres choses, mais cela ne donnait rien. Soren pouvait vivre pleinement en profitant de l'argent laissé par ses parents, mais leur mort lui avait fait comprendre qu'il devait se trouver un but à suivre. Il se rendait compte qu'il avait besoin d'autre chose dans sa vie. Malheureusement on ne trouve pas son but en sortant dans la rue. Il espérait néanmoins finir par savoir parce qu'il commençait à perdre patience. Pour se remonter le moral il décidait d’aller à Manhattan plus particulièrement à une boutique de pâtisserie. Il aimait énormément cet endroit qui lui permettait d’être gourmand. Il y allait depuis des années. Au départ, il y allait avec ses amis, puis avec Isla, désormais il y allait seul, mais cela lui convenait. Il se considérait comme quelqu'un d'indépendant. Soren eut la main lourde et commanda plusieurs choses. Il ne remarqua même pas que la serveuse essayait de flirter avec lui. Il faut dire qu’il ne n'était pas très concentré aujourd'hui. Soudain, son cœur manqua un battement lorsqu'il aperçut devant lui une jeune femme à la chevelure blonde, aux yeux bleus et aux mimiques qu'il aurait reconnu entre mille. Isla était devant lui, elle était réellement devant lui. Soren ne s'attendait pas à revoir la jeune femme dans le coin et pour cause il ne savait pas qu'elle était de retour. Il faut dire qu'il ne stalkait pas les faits et gestes de son ex. Il l'avait fait via les réseaux sociaux après leur rupture, mais il s'était rendu compte qu'il se faisait plus de mal que de bien en faisant cela. Il devait aller de l'avant alors il l'avait supprimé de partout. Cela n'avait pas été évident, il y avait une certaine curiosité, mais ainsi il avait pu l'oublier en quelque sorte. Il avait pu continuer sa vie sans elle et ne plus regarder en arrière. Maintenant qu'elle était devant lui il ne savait pas vraiment quoi faire. « Isla.. » Lâcha Soren. Il avait longtemps pensé à ce moment, ce qu'il ferait en la recroisant, ce qu'il dirait, mais maintenant il se retrouvait sans voix. « Je ne savais pas que tu étais revenu. Tu as l'air en forme. » Lui confia le jeune homme. Il tentait de dire quelque chose, de faire la conversation et surtout de ne pas rendre la situation encore plus gênante. Il tentait de masquer sa surprise et ses émotions, faire comme s'il retrouvait simplement une vieille amie éloignée et pas son ex. Il n'était plus le même homme qu'elle avait quitté il y a quatre ans, pourtant, il ne se sentait pas si différent. Peut-être parce qu'elle le faisait se sentir ainsi parce qu'il n'était pas fier d'avoir gâché leur relation. Néanmoins, il n'oubliait pas qu'il l'avait aperçu dans les bras d'un autre très rapidement après leur relation.

@" Isla Rowle"

Elle avait l’impression de ne plus avoir marché dans les rues de Downtown depuis bien des années Isla. À vrai dire, depuis qu’elle décidé de revenir à New York, elle avait essayé d’éviter les endroits où elle avait l’habitude de se rendre avec Soren. Et ce, sans trop savoir pourquoi. Peut-être voulait-elle l’oublier une bonne fois pour toutes, et retourner dans leurs endroits habituels l’empêcherait. Ou peut-être avait-elle tout simplement peur de retomber sur lui. Plusieurs fois, elle s’était fait ce film dans sa tête. Et à chaque fois, la situation était différente. Elle se surprenait à penser à lui, parfois. Un peu trop souvent à son goût, d’ailleurs. Mais il lui manquait. Seulement, elle n’arrivait pas à se l’avouer. Elle se demandait sans cesse ce qu’il était devenu, s’il avait quelqu’un dans sa vie. Et quand elle se disait que oui, elle préférait effacer cette image de sa tête. Elle l’avait aimé du plus profond de son coeur Isla. Et peut-être l’aime-t-elle toujours. Elle marche tranquillement dans les rues, la tête baissée, les mains dans les poches de sa veste beige. Le vent lui glace les os, alors qu’elle essaye d’enfuir sa tête sans son écharpe. Elle sort de ses pensées quand elle se fait bousculer par un homme bien trop pressé à son goût. Rebienvenue à New York Is.. Isla redresse la tête et le nom de l’enseigne se trouvant à gauche lui fait un pincement au coeur. Et sans réellement savoir pourtant, elle pousse d’une main frêle et hésitante la porte. Les odeurs de pâtisserie viennent lui chatouiller les narines. Ça fait longtemps qu’elle n’avait plus mis les pieds ici. Il faut dire que la dernière fois, elle était en compagnie de Soren. Cet endroit, c’était devenu une de leurs nombreuses habitudes. Elle regarde à gauche, puis à droite. Il n’est pas là. Après tout, peut-être avait-il arrêté de venir. Isla passe commande auprès du comptoir, avant de se reculer légèrement, cherchant dans son sac son argent. Elle entend la cloche de l’entrée sonner, mais elle ne daigne pas relever la tête. Le bruit des autres clients ne lui permet pas de distinguer cette voix qu’elle aurait pu reconnaître entre mille. Et puis elle fini par redresse la tête, et ses yeux se posent sur lui. Deuxième pincement au coeur, à croire que celui-ci aurait loupé un battement. Isla reste de marbre. Et ce qu’elle avait souhaité éviter arriva. Comme si le destin n’en avait, que faire. Hum, salut. Dit-elle, mal à l’aise. La blonde se décale légèrement, afin de laisser passer les quelques personnes voulant passer commande. Merci. Toi aussi — Ça fait un bail, dis-moi. Isla termine de payer sa commande, nerveuse. Soren se trouvait devant lui. Il n’avait pas changé. Son coeur s’emballa à nouveau alors que son regard se plongea dans ses yeux. Elle comprenait pourquoi elle avait fini par craquer pour lui. Ça te dit de — t’asseoir ? On bloque un peu le chemin, j’pense. Elle hausse les sourcils, ne s’attendant en fin de compte pas à une réponse positive de sa part.

Soren avait imaginé ses retrouvailles avec Isla un milliard de fois, mais il savait que cela ne res-semblerait à rien de ce qu’il pensait. La réalité est toujours si différente. Soren n’arrivait pas à déterminer si Isla était agacée ou intriguée de le revoir. Elle ne laissait entrevoir aucune émo-tion positive ou négative. Certes, le temps avait passé elle ne devait plus être aussi en colère contre lui, mais cela ne devait pas lui faire plaisir de recroiser son ex à son retour. Cependant, c’était inévitable. Ils avaient les mêmes habitudes dans la grande pomme. De son côté, il n’est plus en colère de l’avoir vu dans les bras d’un autre il a accepté le fait qu’il l’a perdu et qu’elle avait le droit de s’en remettre même si c’était très rapide. Soren sentait la jeune femme mal à l’aise, terriblement mal à l’aise face à lui. C’est compréhensible étant donné qu’il n’est pas mieux. Elle tentait de parler comme si de rien était, mais comment parler normalement avec son ex ? Il est très surpris alors qu’elle lui propose de s’asseoir afin de ne pas bloquer le che-min. Elle avait l’air si nerveuse qu’il pensait qu’elle chercherait n’importe quel prétexte pour s’en aller. « Allons-y. » Lui répondit Soren avant d’aller s’asseoir avec elle à une table. Ce n’était pas la façon dont il s’était imaginé les choses, mais c’était un bon début. « Je voulais te remercier pour la carte. » Lui confia Soren. Il faisait référence au petit mot qu’elle lui avait envoyé en apprenant la mort de ses parents. Il aurait préféré un coup de téléphone ou autre chose, mais au moins elle avait fait quelque chose. Elle n’était pas restée de marbre. Soren ne disait pas cela pour parler de ses parents puisque le sujet était encore très douloureux. Derrière la colère d’être déçue par son père, il y a aussi la peine de les avoir perdu en même temps. « Qu’est-ce que tu deviens depuis le temps ? » Lui demanda le beau brun. Cette question semblait banale, mais elle était forte parce qu’il ne savait pas ce qu’elle était devenue. Il était curieux de découvrir ce qu’elle avait fait de sa vie depuis leur rupture. Il imaginait qu’elle avait dû réussir ce qu’elle voulait entreprendre main-tenant qu’il n’était plus en travers de son chemin. Soren n’était pas amer, mais lucide sur le fait qu’il était un empêcheur de tourner en rond pendant longtemps. De son côté, il se demandait si elle était au courant pour l’entreprise, pour la lenteur de sa carrière. Il n’était pas très à l’aise parce qu’il n’avait pas réussi aussi bien qu’il l’aurait souhaité. Il aurait aimé pouvoir l’épater, mais il n’y avait rien d’épatant.

Au fond, Isla ne regrettait pas d’être entré dans cette petite boutique de pâtisserie. Certes, elle ne s’attendait pas à revoir Soren, mais ça lui faisait du bien. Il n’avait pas changé. Et il lui avait manqué. Depuis leur séparation assez brutale, Isla n’avait plus jamais eu de ses nouvelles. Tout ce qu’elle avait su, c’était que ses parents étaient décédés. Mais jamais elle n’avait osé prendre de ses nouvelles. Car il l’aurait sans doute envoyé bouler. Alors Isla s’était contentée de partir, loin. Et de ne plus le contacter, de lui laisser sa liberté. La séparation avait été douloureuse pour Isla. Car elle en était amoureuse de Soren. Il était l’homme de sa vie, et elle savait qu’au fond il le resterait. Et alors qu’ils se dirigeaient ensemble vers une petite table, Isla lui adressa un doux sourire. Ça l’avait surprise de l’entendre dire qu’il était d’accord pour aller s’asseoir et passer un peu de temps avec elle, alors qu’ils ne s’étaient plus vus depuis des années. Oh tu sais, c’était la moindre des choses. Elle haussa les épaules, un peu mal à l’aise que leur premier sujet de conversation soit la mort de ses parents. J’ai voulu t’appeler, tu sais. Mais — je ne savais pas vraiment si — enfin, si c’était approprié, tu vois. Isla fit la moue et en profita pour déballer ce qu’elle avait commandé quelques minutes auparavant avant qu’elle ne tombe face à face avec Soren. J’aurais aimé être là pour toi — Isla fini par plonger son regard dans ceux de Soren. Un regard doux et tendre. Elle aurait voulu tendre sa main et prendre la sienne, mais Isla se contenta de prendre son cookie au chocolat et d’en couper un morceau. Enfin, il décida de changer de conversation. Oh, tu sais, j’ai voyagé pas mal de temps, avant de revenir à New York. J’ai commencé une formation afin d’intégrer la police et ici, je bosse comme apprentie pour les renseignements. Elle était assez fière de dire ses mots, car lorsqu’elle était avec Soren, Isla n’avait pas fait grand-chose de sa vie, préférant mettre ses envies et ses rêves de côté. Après ses voyages, elle avait décidé de reprendre enfin sa vie en main et de s’engager dans la police, un choix qui elle-même l’avait étonnée. Et toi alors ? Amicalement, elle lui tendit un morceau de son cookie. Tu en veux ?

Isla lui expliquait qu’elle aurait voulu l’appeler, mais qu’elle ne pensait pas que c’était approprié à cause de leur histoire. Il comprenait ce qu’elle voulait dire et cela signifiait beaucoup qu’elle lui dise cela ainsi que le fait qu’elle aurait eu envie d’être présente pour lui. « Je te remercie. » Lui répondit simplement Soren. Il faisait dans la simplicité. Il ne voyait pas quoi rajouter d’autre à ce sujet. Elle était présente aujourd’hui et cela comptait pour quelque chose. Isla changea rapidement de sujet pour le meilleur. Elle lui raconta qu’elle avait beaucoup voyagé ce qui ne l’étonnait pas, elle en avait toujours eu envie. Il était heureux qu’elle ait pu faire cela. Il resta néanmoins bouche bé sur la fin de sa phrase. Elle avait commencé une formation afin d’intégrer la police. C’était très surprenant venant d’elle. Il n’aurait jamais imaginé cela et encore moins qu’elle soit apprentie pour les renseignements. Elle en avait fait du chemin, c’était très impressionnant. Il savait qu’elle était capable de grandes choses et il se rendait compte que sans lui elle avait pu le faire. C’était mieux pour tout le monde même s’il ressentait une pointe de jalousie. « C’est très impressionnant Isla. » Lui répondit Soren avec un sourire sincère. A contrario, il n’avait pas vraiment évolué dans le bon sens du terme. Il se cherchait encore professionnellement. Il en avait honte et préférait ne pas en parler. Mais la jeune femme ne pu s’empêcher de lui demander ce qu’il devenait lui. Il ne savait pas vraiment quoi répondre. « J’ai travaillé pendant un moment la nuit, je m’occupais d’une certaine clientèle, mais ça ne me plait plus vraiment. Maintenant que je suis officiellement libre de mes engagements envers l’entreprise familiale je songe à l’étape supérieure. C’est assez exaltant de se dire qu’on peut faire plein de choses différentes. » Lui répondit Soren pour sauver les apparences. En réalité, il n’était pas libéré de ses engagements puisque ses parents avaient simplement derrière son ados donné l’entreprise à sa sœur. Il devait désormais trouver ce qu’il allait faire de sa vie et il n’en avait aucune idée. Cependant, il préférait feindre la joie. A sa question il lui répondit : « Je veux bien. » C’était attendrissant qu’elle partage son cookie avec lui comme autrefois.