Avec un peu de retard, de quelques minutes seulement, Jackson était entré au Manhattan Mocha en cherchant tout de suite Milo du regard. Il le repéra bien vite, sa tasse dans la main. L’acrobate lui fit un signe, levant son index en l’air, lui signifiant à la fois qu’il l’avait vu, mais qu’il allait également se chercher quelque chose avant de le rejoindre. Il alla au comptoir, commanda un café latté, et attendit patiemment sa commande avant d’aller rejoindre l’ami de Flynn. « Salut, désolé du léger retard. J’avoue ne pas venir très souvent dans cette partie de la ville. » Il avait sorti son application Google Maps pour retrouver l’adresse, parce que même si ça fonctionnait assez bien avec les numéros d’avenue, Jackson ne s’habituerait quand même jamais totalement à cette grande ville. « J’imagine que si t’as que deux heures, c’est parce que t’es en heure de lunch ? » Et même, deux heures, c’était une plutôt longue pause. L’avantage d’être le patron, sans doute. Dans tous les cas, Jackson avait accepté de se rendre dans un café de Manhattan plutôt que de rester plutôt dans son coin, car il se doutait fort bien que Milo, en homme important qu’il était, n’avait pas le temps d’aller se foutre dans le trafic ou de faire toute la ligne du métro jusqu’à Brooklyn. Pas que Jackson n’avait que ça à faire non plus, non, mais il était en congé d’entraînement pour la journée et n’avait rien de prévu avant ce soir. Il pouvait donc bien prendre le temps de se rendre jusque-là, si ça pouvait aider Milo. Après tout, c’était un peu en raison de ses confidences inopinées et de ses remises en question qu’ils étaient là. Parce que Jackson avait besoin de se vider le cœur sur une situation que peu de personnes comprenaient, et comme Milo semblait assez au courant de leur trio original, il avait finalement décidé de s’ouvrir un peu plus. Il but une gorgée de son café et le redéposa, grimaçant en raison de la chaleur qui venait de lui brûler l’œsophage. « Oh et, avant toute chose … J’ai parlé à Flynn. Il dit qu’il est juste super occupé. Il a pas eu le temps de retourner tes appels. » Lâcha-t-il tout simplement, ne réalisant pas que peut-être, oui peut-être, quelque chose clochait. Après tout, s’il répondait à ses appels à lui mais pas à ceux de Milo …

Jackson n’aurait sans doute pas pu tenir le rythme des journées de Milo. Travailler du matin au soir, être le patron, vivre dans cette routine de bureau, ce n’était pas son genre. Lui aussi travaillait énormément, il ne fallait pas imaginer qu’il faisait la grasse matinée à tous les matins, qu’il errait dans son logement sans savoir quoi faire, non Jackson bossait dur lui aussi. Entre les représentations, les pratiques et les entraînements, il se fatiguait lui aussi à enchaîner les longues heures. Toutefois, pour lui, les heures défilaient comme des secondes parce qu’il adorait ce qu’il faisait. Il espérait que ce soit la même chose pour Milo, au fond, peut-être que ce genre de boulot convenait à certaines personnes. Juste pas à lui, et c’était très bien comme ça. « Oui, congé aujourd’hui. Ça en prend, pour éviter le surentraînement, les blessures … » Lâcha-t-il avec un mince sourire, ses mains entourant son café, réchauffant ses paumes. L’air de novembre qui pointait le bout de son nez était bien plus frais. L’hiver approchait, ça ne faisait plus aucun doute. Jackson, avant de rentrer dans le vif du sujet, aborda plutôt le cas des absences répétées de Flynn dans leurs vies. Milo avait semblé se demander ce qui se passait avec lui, il avait même mentionné son inquiétude. Jackson tenait donc à lui informer que Flynn était juste bien occupé, qu’il ne se montrait pas volontairement distant avec eux. Jackson fronça les sourcils en l’entendant parler. Il avait bien conscience que Milo se parlait sans doute davantage à lui-même, qu’il ne s’adressait pas vraiment à l’acrobate, mais ce dernier ne pouvait s’empêcher de poser quelques questions. Trop de mystère pour le laisser planer, l’oublier. Alors, quand Milo changea de sujet pour plutôt rentrer dans la conversation qu’ils avaient prévu avoir aujourd’hui via Matchmaker, Jackson leva sa main pour balayer le sujet en de brefs mouvements. « Attends, attends, pas si vite. » Il lui avait quand même laissé le temps de terminer sa phrase, de formuler sa question, avant de l’interrompre. Jackson avait quand même un minimum de politesse. Mais il n’était pas prêt à ne pas poser de questions. « On y reviendra, à tout ça, on a le temps. Qu’est-ce que tu voulais dire par ça ? Qu’est-ce qui aurait cassé un truc ? Pourquoi Flynn t’éviterait-il ? » Demanda Jackson. Ce n’était peut-être pas de ses affaires mais, en même temps, il était question de l’un de ses petits amis. S’il s’était passé quelque chose, forcément il aurait envie d’être mis au courant, peu importe ce que c’était. Et il refuserait bien difficile de passer par-dessus sans obtenir un peu plus d’informations.