out of limitations comes creativity | milo & ryder

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out of limitation comes creativity

Tu avais passé la journée d'hier à dessiner. Depuis que tu t'étais remis à l'art, tu n'arrêtais plus. Tu avais d'abord repris la photo en étant le photographe officiel d'un évènement caritatif où ton amie Daisy t'avais invité. Et maintenant tu avais postulé pour devenir illustrateur. Ce n'était pas vraiment un contrat, t'étais une sorte de libéral, un consultant plus ou moins. Et hier tu avais fais plusieurs essais, tu avais lu le bouquin un peu en diagonale, t'étais pas vraiment fan de littérature au fond, mais pour le coup il fallait bien que tu connaisses l'histoire et le ton du livre, l'ambiance qui devait se dégager de lui par la converture. Et puis tu avais dessiné. Tu étais plutôt fier des ébauches de couvertures que tu avais élaboré et voilà que maintenant tu allais soumettre tes idées à Milo Lewis, le patron de la maison d'édition qui t'avais embauché. Tes épreuves sous le bras tu partis dans le métro, prenant bien soin que rien ne vienne gâcher tes oeuvres. Tu voulais que tout soit parfait, après tout c'était la première fois que tu faisais une chose de ce genre et tu voulais faire les choses bien, tu voulais être fier de toi, tu voulais montrer que tu avais du talent.

Une fois sur les lieux, tu entrais, annonçais que tu avais un rendez-vous avec M. Lewis et montais devant le bureau. Tu attendis alors qu'on vienne te donner la permission d'entrer. Quelques minutes plus tard tu serrais la main de Milo Lewis, dans son bureau et tu posais tes épreuves sur son bureau. "Bonjour, vous allez bien M. Lewis?" demandas-tu de façon plus rituelle qu'autre chose. Tu t'installas alors face à lui et te mis à déballer tes dessins de leur grande pochette. "J'ai pensé à plusieurs designs. Je ne savais pas s'il valait mieux faire quelque chose de léger ou d'un peu plus... sombre. Du coup j'ai la couverture bleu ciel qui fait référence à la liberté de la fille à la fin du livre, sinon y a celle avec les ronces en rapport avec les épreuves qu'elle a du traverser, sinon y a la rouge pour... le sang." Tu te tus, le laissant examiner à son bon vouloir tous tes dessins. Tu n'en avais décris que trois mais il y en avait bien une demi-douzaine. Tu étais un peu stressé. Déjà montrer ton art était assez compliqué mais alors quand tu savais qu'on attendait quelque chose de toi c'était encore pire ! "Désolé je suis un peu stressé, c'est la première fois que je fais ce genre de trucs alors... j'espère que... ça ira. Sinon je peux en faire d'autres, j'ai toujours plein d'idées !" t'exclamas-tu bien que à l'instant même tu n'avais aucune brillante idée qui traversais ton esprit.

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ryder ∞ milo

Milo soupira une énième fois en admirant le cadre photo posé sur son bureau. Ses enfants. Toute sa vie. Voilà quelques heures seulement qu’ils étaient chez leur grand-mère – elle avait insisté pour les prendre une petite semaine – et ils lui manquaient déjà terriblement. Alors pour ne pas retrouver le vide de sa maison, il allait passer les prochains jours à travailler doublement. A rentrer plus tard, le plus tard possible, quitter le bureau en dernier. Ca ne tombait pas si mal finalement, il avait pris un retard monstre ces derniers temps, il allait pouvoir tout rattraper. Mais pour le moment, il n’avait pas la motivation. Pas l’envie. Il était… un peu las, agacé aussi. De toute façon il attendait son prochain rendez-vous : un garçon au coup de crayon prometteur qu’il venait tout juste d’embaucher pour les illustrations de ses livres. Que ce soit pour les couvertures ou des illustrations à l’intérieur des bouquins, il avait eu comme un coup de cœur pour les croquis de ce Ryder.
C’était probablement l’étape qu’il préférait dans son métier : celle de la couverture. Résumer tout un livre par une seule image, il trouvait ça fascinant. Et lui qui n’avait aucun talent pour l’écriture, c’était bien pire pour le dessin. A vrai dire, même ses enfants se débrouillaient mieux que lui avec un crayon dans les mains, alors Milo était totalement admiratif face à ceux qui avaient ce don. Ce talent. Alors il comptait bien sur ce rendez-vous pour le relancer dans le boulot ! Oui, sans le savoir, Ryder avait une grande responsabilité tout d’un coup !

Il était à l’heure, c’était déjà un très bon point. Milo sourit au jeune homme qu’il invita alors à s’asseoir. « Salut Ryder. Tu peux me tutoyer tu sais, j’ai pas de problème avec ça. » Milo n’était pas un patron très autoritaire. Du moins, du moment que le travail était fait et qu’il était bien fait, du moment que tout le monde se respectait, il n’y avait pas de problème. Personne ici n’avait l’obligation de venir travailler en costume, il tutoyait ses employés et ses employés le tutoyaient. D’ailleurs il les considérait même comme des associés plutôt que des employés et il y avait toujours une bonne ambiance ici.
Il écouta le jeune homme, regarda alors les quelques ébauches de Ryder tandis qu’il lui en expliquait quelques-unes. Il avait l’air stressé, ça se voyait, d’ailleurs il ne tarda pas de le signifier à Milo. « Hey. Ryder. Tu ne passes plus d’entretien d’embauche, là. Je t’ai engagé, c’est bon, l’étape la plus difficile est passée. J’aime beaucoup ton style, j’ai juste envie que tu te lâches. Pas de restrictions. » Il voulait le mettre à l’aise mais ça n’était pas toujours facile. « C’est très bien d’avoir tenté plusieurs styles différents pour une même couverture, ça ne doit pas être facile. » Réussir à interpréter la même histoire sous plusieurs angles, c’était talentueux. Il regarda plus attentivement les esquisses, certaines accrochant son regard, d’autres ne correspondant pas totalement au livre. Ce qui allait grandement l’aider à faire un choix d’ailleurs parce qu’il ne pouvait clairement pas toutes les prendre. Alors qu’il observait les dessins, il se perdit un instant dans ses pensées. Juste quelques secondes. Une sorte d’absence. Il se ressaisit et lui en montra deux, dont son préféré, celui avec les ronces. « Je pense proposer ces deux-là à l’auteur. Qu’est-ce que tu en penses ? »

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Tu n'étais pas encore habitué à ce genre... d'échange. A vrai dire tout ce qui touchait à montrer ton travail était difficile pour toi ce qui était assez bête pour un artiste. Pourtant c'était montrer une part de toi et ça te faisais te sentir vulnérable parce que tu te soumettais en quelque sorte au jugement des autres et c'était toujours un peu difficile. Alors tu n'étais pas très à l'aise, mais tu savais que quand tu te serais habitué à Milo ça irait mieux. Après tout quand Cody regardais tes dessins ou tes photos ça ne te faisais rien, mais c'était parce qu'elle était ta meilleure amie, il fallait peut-être que tu sois plus proche des gens pour être véritablement à l'aise ? "Désolé, ce genre de job est assez nouveau pour moi! Me dire qu'un de mes dessins sera sur la couvertude d'un livre, entre les mains de je ne sais pas combien de gens, c'est assez... impressionnant pour moi. Mais promis je vais me détendre... boss." Tu avais prononcé le dernier mot dans un sourire, comme pour montrer que tu comprenais que c'était un patron assez cool, proche de ses employés etc. Ca te changeait de chez GQ où tu bossais comme mannequin. "Oh à vrai dire j'essaie toujours de voir les choses sous plusieurs angles. Après j'avoue que j'ai pas vraiment... lu le livre ? Disons que j'ai vu en diagonale et que je me suis arrêté sur les passages qui m'inspiraient le plus." T'espérais ne pas t'attirer les foudres ou autre en parlant aussi librement, après tout tu n'avais jamais eu un patron comme M. Lewis... Milo. Fallait vraiment que tu t'habitues à ce changement dans ta vie. "Je pense que j'ai hâte de voir ce que l'auteur choisira ! Après je sais pas si j'ai genre "droit" de dire ça ou quoi, mais mon préféré c'est celui avec les ronces. Enfin, je trouve que c'est le plus réussi en fait !" lanças-tu en souriant, passant une main dans tes cheveux pour couvrir un peu la gêne. "Eh, dites, je peux vous... te poser une question ? Enfin, je sais pas mais vous... tu (pardon) as l'air un peu préoccupé, est-ce que ça va ?" Etre familier avec ton patron faisait tellement bizarre, surtout quand tu comparais avec ta relation avec Carmen Escobar, ton autre patronne. En tout cas, tu étais un mec sympa et quand tu voyais quelqu'un de préoccupé, patron ou pas, tu ne pouvais t'empêcher de te demander ce qui n'allait pas et comment tu pouvais aider.

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Milo avait conscience qu’être proche de ses employés pouvait en choquer voire en gêner certains. Ce n’était pas franchement habituel, lui-même avait été un jour employé par quelqu’un et avait d’ailleurs toujours eu des relations de merde avec ses patrons. C’était surtout pour ça qu’il tenait à être cool avec ses collaborateurs, il n’y avait pas de vraie hiérarchie et tout le monde avait son importance. Chaque petite pièce de la machine qu’était la maison d’édition était appréciée à sa juste valeur, valorisée quand il le fallait. Alors bien sûr, certains en avaient profité. Mais Milo, s’il était gentil, n’était pas con et il pouvait très vite devenir plus strict quand on essayait de se foutre de sa gueule. Gérer une entreprise c’était un travail de titan et Milo n’était pas sans savoir que le bonheur au travail, le bien-être, jouaient beaucoup sur la productivité mais aussi sur l’image que dégageait la boîte. Ses employés lui faisaient la meilleure pub possible, ils venaient travailler parce qu’ils en avaient envie sans se sentir oppressés ou avoir peur d’être humiliés. Alors bien sûr, sa boîte n’était pas un monde utopique, parfait. Bien sûr qu’il y avait des dysfonctionnements, comme le fait d’être en retard sur quelques projets, probablement à cause de son laxisme. Mais Milo apprenait chaque jour et il pensait s’en sortir plutôt bien. Ah si son père voyait tout ça… Il se foutrait bien de sa gueule.
« Je comprends que ça puisse être impressionnant, d’autant que ce livre m’a l’air très bon. Je pense qu’il va marcher. » C’était pour ça qu’il l’avait choisi parmi tant d’autres, d’ailleurs : c’était un potentiel succès – mais on ne pouvait jamais deviner réellement la façon dont serait reçu le livre. Milo ne put s’empêcher de sourire face à la franchise du jeune homme. « Oui, j’ai plus ou moins compris que tu n’avais pas tout lu en voyant certaines des couvertures. » Il haussa les épaules. « Mais tu es payé pour dessiner, pas pour lire, alors du moment que ça marche… Y’a pas de problème. » Il y aurait trouvé à redire s’il n’avait pas craqué pour deux des dessins, mais pour le coup il n’était vraiment pas utile de l’engueuler. « Bien sûr t’as le droit de me donner ton avis ! Je pense qu’on est sur la même longueur d’ondes de toute façon. Pour ce qui est de l’auteur, je ne vais pas l’influencer, ça reste son livre, je vais le laisser choisir. Et s’il n’en aime aucun des deux, je lui proposerais les autres. » Là où certaines maisons d’édition ne laissaient aucun choix à ses auteurs, Milo apportait du soutien, un avis, mais ne décidait que rarement. Quand il acceptait un manuscrit, il prenait l’auteur avec. Ce dernier avait toujours le choix final parce que merde, c’était son bouquin ! Une expérience unique pour beaucoup de gens, expérience qu’il ne voulait pas gâcher. De la même façon, pas de censure. Il pouvait parfois proposer des arrangements, négocier, mais n’imposait pas.
Milo fut un peu pris de court par l’observation de son nouvel employé. S’il se permettait de lui poser la question c’est qu’il commençait tout de même à se sentir un peu à l’aise avec Milo ! Et ça, c’était une bonne nouvelle. Il haussa les épaules. « Ca va. Si tu veux tout savoir, mes enfants sont chez leur grand-mère et je tourne un peu en rond quand ils ne sont pas là. C’est très gentil de demander en tout cas. »

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Tu étais carrément impressionné par Milo Lewis et surtout par la manière qu'il avait de gérer son entreprise. Plus tu l'écoutais parler et plus tu avais l'impression d'être au sein de l'entreprise la plus cool qui soit. Mais bon tu n'étais pas aussi naïf, tu savais qu'il y avait toujours des petits problèmes, des trucs techniques ou autres, bref une entreprise ne pouvait pas être tout simplement parfaite, en tout cas pas une entreprise de cette envergure. Quoi qu'il en soit, tu te sentais plutôt fier de participer à tout ça, d'une certaine manière. "Je trouve que c'est vraiment génial !" t'exclamas-tu avec un grand sourire. "La façon dont vous gérez tout ça je veux dire. Tu, pardon j'ai encore oublié, je vais m'habituer. Mais la relation avec les employés, le liberté des écrivains, c'est quand même franchement génial, il devrait y avoir plus d'entreprises comme celle-là." commentas-tu alors. Tu étais émerveillé, comme un gosse qui voit le père noël du centre commercial en croyant encore que c'est le vrai. "Je sais que ce n'est pas pareil pour le dessin et l'écriture hein mais je sais qu'en tant qu'artiste ça peut être difficile de voir son travail critiqué et remanié, je pourrais pas laisser quelqu'un s'emparer de mon travail et le retravailler à sa sauce. C'est aussi pour ça que présenter des dessins pour des couvertures c'est assez difficile en fait. Parce que les critiques constructives ou les suggestions sur des améliorations d'accord, mais qu'une tierce personne décide de ce que l'artiste doit faire, non. Et vous - tu es dans la première catégorie et j'admire vraiment ça." Non tu faisais pas de la lèche, tu le pensais vraiment. Tu admirais ce patron qui respectait l'art, le travail, l'implication, les vulnérabilités des autres, c'était assez rare, surtout à New-York au milieu des traders et de ces requins qui naviguent dans les flots amer de billets verts. Tu finis par demander à Milo Lewis ( penser juste Milo était encore trop bizarre pour toi ) si tout allait bien. Il te répondrit brièvement évoquant ses enfants au loin et le vide sans eux. "Ah d'accord. Je vais pas dire que je comprends, j'ai pas d'enfants donc bon. Mais je peux imaginer que ça doit pas être simple, ouais." répondis-tu simplement, ayant déjà, germait dans ta tête, une petite idée pour le faire arrêter de tourner en rond.

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« Tes compliments me touchent Ryder. Même si je sais que mes concurrents n’hésitent pas à me descendre quand ils le peuvent, ils disent souvent que je prends les choses trop à la légère. » Et ça ne le touchait pas vraiment Milo, il faisait ses choses dans son coin et comme il le sentait, ça marchait plutôt bien. Peut-être que certains bons livres lui étaient passés sous le nez, peut-être que des dessinateurs talentueux étaient allés voir ailleurs, mais au moins il était sincère, vrai, et il pouvait se regarder dans le miroir sans problème. Le bien-être de ses employés, celui de ses auteurs, voilà tout ce qui l’importait. Pour ça il avait une équipe assez réduite mais qui se connaissait suffisamment bien pour travailler en osmose et non chacun dans son coin. « Je ne vois pas que par l’argent ou la productivité et c’est vrai que parfois ça me fait préjudice. J’ai traversé quelques mauvaises passes mais en général on sort toujours la tête de l’eau assez rapidement. »
Il n’était pas artiste lui-même mais il pouvait totalement comprendre la fierté d’un écrivain ou d’un dessinateur. Cet entêtement à ne pas vouloir que quelqu’un d’autre ne modifie nos œuvres. A vrai dire, les premiers mois de sa maison d’édition avaient été comme ça. Il avait voulu être carré, penser à ce qui serait rentable et avait oublié qu’il pouvait totalement vexer un écrivain en changeant ou coupant son texte. C’avait été désastreux, heureusement on lui avait donné une seconde chance et maintenant sa boîte fonctionnait plutôt bien. « J’ai fait partie de la deuxième catégorie à une époque, au début en fait. Mais j’me sentais pas très bien et j’ai vite changé mon fusil d’épaule. »

Regardant brièvement l’heure sur sa montre, il s’étira doucement. « Je pense que c’est tout bon du coup. Je vais organiser un rendez-vous avec l’auteur, du coup je te garde ces deux dessins-là. Je suppose qu’un jeune homme comme toi doit avoir des projets pour ce soir alors je pense que tu peux y aller. Je te tiens assez vite au courant de toute façon, si jamais tu dois retravailler l’une ou l’autre. Surtout, évite d’égarer ton téléphone, je risque d’avoir besoin de toi pour d’autres bouquins dans les jours qui viennent ! » Car il était plutôt satisfait de cet entretien avec Ryder. Un jeune homme prometteur qui donnerait un certain style à ses nouveaux bouquins.

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Milo n'avait pas toujours fait les bons choix d'après ce qu'il te disait, mais à vrai dire tu ne pouvais pas lui en vouloir. Tout le monde faisait des erreurs, tout le monde essayait, tatônnait avant de finalement trouver la bonne façon de faire. Et c'est ce qu'avait fait Milo visiblement, mais il avait trouvé la bonne façon de faire. Et tu l'admirais pour ça. "Tant que ça marche c'est l'essentiel, pas vrai ? J'pense qu'il vaut mieux être honnête et droit, pouvoir se regarder en face plutôt que marcher sur les gens juste pour faire du fric. L'argent ça passe, pas l'intégrité." dis-tu alors en haussant les épaules. T'étais pas sûr de t'être vraiment bien exprimé, en général tes pensées pouvaient toutes se mélanger dans ta tête et sortir un peu aléatoirement, c'était pareil quand tu dessinais, et en général des trucs plutôt cool en ressortaient. En tout cas, assez cool pour que ton travail soit remarqué, que tes dessins soient choisis pour illustrer des bouquins, alors fallait croire que tes idées embrouillées n'étaient peut-être pas si mauvaises que ça. "J'ai hâte de savoir ce qu'il en pensera !" t'exclamas-tu alors. "Et puis si y a un truc qui va pas, ou s'il avait une idée plus précise de ce qu'il voulait et tout, aucun soucis, un coup de téléphone, ou même un e-mail et je ressors ma planche à dessin sans problèmes !" T'étais tout exité, tout autant que tu étais stressé à l'idée de laisser ton travail entre les mains et le jugement d'un autre, c'était toujours compliqué de se laisser complètement aller. Tu commençais à t'éloigner quand finalement tu te ravisas. Milo avait bien dit qu'il n'était pas au top de sa forme pas vrai ? Bon, certainement pas en ces termes là, mais t'avais bien compris qu'il se sentait un peu seul sans ses enfants et tu te sentais pas à le laisser bosser toute la soirée juste pour ne pas avoir à rentrer chez lui de suite. Alors tu t'arrêtas sur le pas de la porte après l'avoir remercié. Tu te retournas vers Milo. "Hé, ça te dirait de venir à une soirée avec moi ? Je me sens jamais bien quand j'y suis seul et puis, ce serait une façon pour moi de te remercier de m'avoir laissé ma chance. T'en dis quoi ? - et je tiens à te faire remarquer que j'arrive à te tutoyer maintenant!" demandas-tu en souriant. Après tout, il devait bien y avoir une soirée de mannequins quelque part à Manhattan, y en avait toujours une.

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Milo, papa célibataire de trente-quatre ans, aller à une soirée avec Ryder, mannequin plus jeune de quatorze ans ? L’éditeur n’était pas persuadé que ce soit une idée brillante. Premièrement parce qu’il allait faire tâche, soyons clairs. Et ensuite parce qu’on allait forcément jaser si on les voyait ensemble. Milo ne cachait pas son attirance pour les hommes et les ragots pouvaient aller très vite. Pas qu’il soit suivi par des paparazzis ou ce genre de conneries, mais il ne voulait pas faire de tort à la réputation de Ryder si quelqu’un s’amusait à raconter des rumeurs. Et d’ailleurs… cette invitation était-elle tout à fait innocente ? Peut-être que Ryder était en train de le draguer et qu’il ne s’en rendait pas compte. Il se repassa le rendez-vous avec cette hypothèse en tête avant d’abandonner cette idée pour le moment ; non Ryder n’avait rien tenté de déplacé. Il se montait juste la tête tout seul mais c’était assez rare qu’on l’invite à une soirée – c’était toutefois très gentil. « Oh tu sais j’crois que j’ai passé l’âge de tout ça… » fit Milo en se frottant la nuque. Il ne se sentirait pas à l’aise. Pas à sa place. Il offrit un sourire désolé à son jeune collaborateur. « Mais merci beaucoup. Et amuse-toi bien surtout. » Il se permit même un petit clin d’œil. Ryder sembla déçu mais n’insista pas et quitta le bureau du plus âgé.

Ce dernier regarda une nouvelle fois la photo de ses enfants puis la pile de dossiers présente sur son bureau. La soirée risquait d’être longue s’il restait là… Il soupira. Eh puis merde, on ne vivait qu’une fois, il pouvait bien relâcher la pression une fois de temps en temps ! Milo se releva en vitesse, enfila sa veste qui était jusque-là posée sur le dossier de sa chaise et rejoignit la sortie du bâtiment en très peu de temps pour rattraper Ryder. « Ryder ! Attends. J’ai changé d’avis finalement. » Et tant pis s’il avait l’air ridicule ou pathétique une fois arrivé là-bas. Ce n’était pas à cinquante ans qu’il faudrait se réveiller et profiter de la vie, alors qu’à trente-quatre ans, il en avait encore l’occasion. « Alors, tu m’emmènes où ? Est-ce que j’ai besoin de me changer ou ça va ? »

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Tu avais proposé, il n'avait pas voulu, tu n'allais pas insister ! Alors tu acquiesça, tu le remercias pour l'entretien et tu te dirigeas vers la sortie pensant déjà à ce que tu allais faire en sortant. Tu regardas ta montre: il n'était pas encore trop tard, tu pouvais toujours aller à la boutique de déguisements. Tu avais commandé ton costume de cheerleader chez eux mais ils ne t'avaient pas donné la bonne taille. T'avais même essayé le costume avant de te rendre compte que c'était une taille pour femme. Déjà que tu allais presque te travestir, si en plus de ça tu mettais un modèle pour femme... Alors il fallait que tu te déplaces jusqu'à la boutique, que tu ramène le mauvais costume et que tu demandes le modèle pour homme, histoire de rentrer dedans et que toutes les parties de toi soient bien cachées... Parce que mine de rien tu n'étais pas tout à fait construit comme une femme et les espèces de mini-shorty c'était pas très... décent, surtout pour une fête particulièrement célébrée par des enfants. Et après être passé à la boutique tu ferais quoi ? Tu n'eus pas le temps d'y penser que Milo te rejoignis, te criant de l'attendre et t'annonçant qu'il avait changé d'avis ! Tu souris, tu n'allais pas passer la soirée seul sur ton canapé à regarder America's Next Top Model ! "Je vais regarder sur Insta et Snap où est la meilleure soirée, j'ai comme l'impression que le fait que tu sortes est assez exceptionnel, alors il faut que la soirée soit à la hauteur!" t'exclamas-tu en souriant. Quand il te demanda s'il devait se changer tu l'examinas de haut en bas assez rapidement. "Nope c'est parfait comme ça, t'inquiètes. Façon tu vas voir que certaines personnes ont des looks assez... particuliers, tu va passer inaperçu à côté! Enfin presque." dis-tu en souriant. Après tout il avait une belle gueule, il n'allait pas manquer de faire retourner les têtes. Tandis que tu te dirigeais vers un taxi en compagnie de Milo, tu pianotais sur ton téléphone à la recherche d'une soirée sympa. Il y en avait certaines qui paraissaient cool mais il y avait des gens que tu préférais éviter. Au final tu indiquas une adresse précise au chauffeur de taxi et une dizaine de minutes plus tard vous vous retrouviez dans l'Upper West Side, prêts à rentrer dans un immeuble. La fête se trouvait sur le toit, une roof-top party, organisée par un créateur. Tout le tour du toit avait été équipé d'un système de chauffage, ce qui permettait au serveuses et serveurs de se balader en petite tenue. Il y avait des acrobates au milieu du toit qui faisaient leur spectacle, un DJ d'un côté qui semblait bien mettre l'ambiance si l'on en croyait les dizaines de gens qui dansaient, le bar de l'autre qui semblait être pas mal fréquenté. Et si certains invités étaient vêtus de jeans, d'autres étaient dans des vêtements difformes et criards prêts à l'ancer une nouvelle mode. On se serai cru dans une hallucination sous ecstasie - d'ailleurs des petites pillules et autres drogues devaient probablement se balader parmi la foule. Tu regardas Milo, son expression surtout. "Allez viens, on va se prendre un verre ça va nous détendre!" t'exclamas-tu en lui assenant une tape sur l'épaule.

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Ryder avait vu juste : c’était assez exceptionnel que Milo aille en soirée. Même plus jeune en fait, il n’avait jamais trop pris le temps pour ce genre de choses. Il s’était souvent laissé submerger par les études, le travail, son envie de fonder sa propre boîte ainsi que sa propre famille. Et il n’avait pas l’impression d’être passé à côté de quelque chose, il ne ressentait pas tant de manque à ne pas avoir assez fait la fête. C’était sa personnalité, il était plutôt casanier le petit Milo. Mais pour ce soir, afin d’éviter de se morfondre toute la soirée dans son bureau, il acceptait contre toute attente l’invitation de Ryder. Ca lui permettrait d’apprendre un peu mieux à connaître le jeune homme, son univers, ce qu’il faisait de son temps libre, cerner un peu plus sa personnalité. « Tu sais j’ai pas énormément de moyen de comparaison, tu pourrais me sortir la soirée la plus pourrie de la ville que je saurais à peine faire la différence. » Et peut-être bien qu’il préférerait, en entendant Ryder parler de l’accoutrement de certaines personnes… Il ne connaissait pas l’orientation sexuelle de ce dernier mais il avait moyennement envie de se retrouver dans une soirée libertine. « Je te fais confiance hein, ne m’emmène pas n’importe où non plus… » C’était aussi une question de réputation, mine de rien.

Il se laissa guider dans les rues de la ville par le garçon, appréhendant un peu. Il avait encore un peu la tête au bureau, il pensait aussi beaucoup à ses enfants alors il espérait pouvoir se vider la tête pour ne pas gâcher la soirée de Ryder. Il n’avait pas envie de passer pour un vieux con rabat-joie qui ne savait pas s’amuser… Même si pour lui, s’amuser, c’était faire parler un dinosaure en peluche devant ses enfants hilares.

Ils arrivèrent finalement à la soirée soigneusement choisie par Ryder. Une ambiance toute particulière les attendait déjà et Milo se sentit directement… Assez mal à l’aise. En sondant légèrement les invités, il pouvait facilement voir que peu de ces gens avaient plus de vingt-cinq ans et maintenant plus que jamais il ne se sentait pas à sa place. Alors quand Ryder proposa qu’ils aillent boire un verre, Milo hocha la tête et le suivit jusqu’au bar. Là il commanda un bon whisky histoire de se changer les idées. « Quelle idée j’ai eue d’accepter ton invitation hein ? J’ai clairement pas ma place ici. Tu devrais aller t’amuser Ryder plutôt que de tenir compagnie à un vieux comme moi. »

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