Tout autour de lui, il voyait des étoiles. En fait, il était encore un peu chamboulé des récents événements. Car il n’avait rien vu venir. Après tout, comme aurait-il pu dire, ce matin-là, que le taxi qu’il emprunterait finirait par renverser un cycliste un peu trop téméraire. Alors, évidemment que la situation l’avait totalement déboussolé. Cependant, sur le vif de la situation, il avait insisté pour accompagner ce pauvre cycliste jusqu’à l’hôpital. Il ne savait rien de lui, c’était un fait. Mais la seule pensée que c’était son taxi qui l’avait renversé était bien assez pour qu’il ne puisse continuer sa journée sur sa lancée de départ. C’était donc comme ça qu’il s’était retrouvé aux urgences, assis sur cette chaise très inconfortable, les doigts croisés pour que le cas du jeune homme ne soit pas trop grave. Par contre, il avait bien vu l’état de sa jambe, et les nombreux cris qu’il lâchait ne laissait pas présager de si bonnes nouvelles. Cependant, Rhys tentait de se rassurer en se disant qu’au moins, la vie de cet inconnu n’était pas en jeu. C’était déjà un bon point. Puis il tentait aussi de se convaincre que ce n’était pas de sa faute. Ce qui n’était pas chose facile, puisqu’il n’arrêtait pas de se dire que s’il n’avait pas pris ce taxi, ce matin-là, rien de tout cela ne se serait produit. Enfin, il y aurait eu bien moins de chance pour ce cycliste d’avoir été frapper si à la base ce taxi n’aurait pas croisé sa route.

Mais il était maintenant trop tard. À vrai dire, en quelque sorte, le mal était déjà fait. Puis Rhys avait plutôt bien réagi sur le coup, en appelant l’ambulance. D’ailleurs, sa simple présence dans cet hôpital prouvait qu’il s’en faisait vraiment, pas comme ce chauffeur qui n’avait même pas pris la peine d’attendre que l’ambulance soit partie. Mais à vrai dire, cela angoissait légèrement Rhys de se retrouver à l’urgence. Évidemment, il n’avait pas l’habitude de cet atmosphère stressant, encore moins d’être entouré de malade, alors que lui allait parfaitement bien. Donc, en plus de se sentir terriblement coupable, il se retrouvait dans une situation qui le laissait très mal à l’aise, si bien qu’il ne savait plus vraiment quoi faire. Alors il s’est relevé. Il a soupiré. Puis est sorti fumé une cigarette. Il s’en voulait de trouver réconfort dans celle-ci, et pourtant, il n’avait pas vu une autre solution pour se soulager de ce stress qui pesait sur ses épaules. Une fois sa cigarette terminée, il prit à nouveau une grande inspiration pour se donner le peu de courage qui lui manquait pour retourner à l’intérieur. Puis il se laissa guider jusqu’à la salle d’attente, où il préféra faire les quatre cents pas plutôt que de s’asseoir et d’attendre patiemment. Puisque ça faisait déjà trop longtemps qu’il attendait. Car à présents les minutes étaient déjà devenues des heures. Alors, suivant son impulsion du moment, il se dirigea vers un préposé. « Je m’excuse de vous déranger, mais est-ce qu’il serait possible d’avoir des nouvelles du cycliste qui est arrivé avec la jambe amochée ? » En quelque sorte, il se sentait coupable d’ainsi interférer avec le travail des employés de l’hôpital, mais entre sa patience qui avait été mise à l’épreuve et le stress qu’il subissait, il n’avait pas pu se retenir. « Je vais demander à l’infirmière de venir vous informer de sa conditions. » Encore plus d’attente. Pourtant, il avait gardé son sang-froid et lui avait répondu d’un bref signe de tête. S’il fallait attendre, il allait attendre que ça lui plaise ou non. Alors il reprit place sur cette chaise inconfortable en attendant que l’infirmière en question vienne lui donner plus d’informations.

Elle courait à gauche et à droite aujourd’hui, Gaia.  Elle qui était d’habitude affectée à l’aile des urgences, voilà qu’on lui avait demandé de migrer vers les soins généraux parce qu’il semblait y avoir un manque de médecins. Elle n’était pas de celles qui refusaient d’effectuer la tâche qui lui était demandée, non. Gaia, elle faisait un peu de tout. Certains se moquaient et l’appelaient la bonne, ou la femme à tout faire. Parce que bien qu’elle ait suivi tous les cours nécessaires pour œuvrer aux urgences, elle était incapable de dire non à un collègue dans le besoin. Après tout, c’était les patients qui primaient sur tout le reste. Même sur la fatigue qu’elle ressentait parce qu’elle était là depuis maintenant près de quatorze heures. Elle ne savait pas ce qui se passait, cette journée-là, mais les patients semblaient affluer de partout, que, lorsqu’un quittait les lieux, deux étaient là pour le remplacer. Sans doute était-ce parce que la saison des allergies était commencée, que les gens se rendaient à l’hôpital pour la moindre petite réaction plutôt que de prendre des cachets disponibles en pharmacie. Les consultations n’étaient certes, jamais bien longues, mais c’était inutile parce qu’au final, pour la plupart des cas, il lui suffisait de prescrire des comprimés de Claritin, donner au patients cette petite feuille qui semblait si précieuse et si indispensable, pour qu’ils quittent soulagés. Oui, madame. Il ne suffit que d’un comprimé par jour et les symptômes de ses allergies devraient diminués. S’il n’y a aucune amélioration d’ici une semaine, revenez nous voir. Évidemment, il y avait toujours cette mère un peu trop soucieuse qui doutait de l’avis des médecins qu’elle venait consulter. Gaia, on lui refilait toujours ces patients parce qu’elle était d’une patience hors paire et qu’elle savait apaiser les craintes.  Elle était aussi diplomate qu’elle était bonne infirmière.

Lorsque le flot de patient revint à un débit normal et gérable pour le personnel cédulé pour ce quart de travail, elle retourna aux urgences. Sur son chemin, elle croisa un des préposés qui la stoppa. Un homme est arrivé avec une jambe cassée, il y a quelques heures. C’était toi qui étais en charge de son dossier. Elle hocha la tête pour lui signaler qu’elle était en effet celle qui s’était chargée de son admission au bloc et du transfert de son dossier du triage au chirurgien. Il y a quelqu’un qui voudrait avoir des informations à son sujet dans la salle d’attente, pourrais-tu aller le voir, s’il te plait? Elle hocha à nouveau la tête. Évidemment, j’y vais tout de suite. Elle se dirigea vers la chambre ou était désormais le patient après avoir subit une opération assez importante à la jambe. Elle lu les notes du chirurgien et pris un moment pour évaluer les moniteurs. Certes, ce n’était pas beau à voir, mais il s’en sortirait et sa jambe retrouverait son allure d’origine. Elle posa donc le bloc-notes au pied de son lit et se dirigea vers la salle d’attente, là ou on lui indiqua à qui s’adresser. Bonjour, c’est vous qui êtes arrivé avec l’homme qui était blessé à la jambe? Demanda-t-elle pour être certaine qu’elle avait vu juste lorsqu’on lui avait subtilement indiqué à qui s’adresser. Elle n'aurait pas voulu donner des informations concernant un patient à quelqu'un qui était là pour quelqu'un d'autre. Ç'aurait été un grand manque de professionnalisme de sa part et ce n'était pas un de ces défauts. Lorsqu'il lui répondit par l'affirmative, elle procéda. Désolé de vous avoir fait attendre, aussi longtemps sans vous donner de nouvelles. Elle vit alors le visage de Rhys face au sien. Il nous a fallu l'opérer, mais il n'y a pas à s'inquiéter. Il est en salle de repos en ce moment et d'ici quelques semaines, il n'y aura qu'une cicatrice qui lui rappellera cet incident. Bien qu'elle connaissait son interlocuteur, elle resta tout de même professionnelle, le vouvoyant comme elle aurait fait avec n'importe quel autre personne présente dans la pièce. Vous pouvez aller le voir, si vous désirez, mais il dors en ce moment. Ajouta-t-elle.

Balayant rapidement la pièce du regard, comme il l’avait fait mainte fois au cours des dernières heures, son regard se posa rapidement sur une horloge qui ornait le mur. Il l’avait déjà aperçu plus tôt, mais il s’était dit que cela serait encore plus pénible d’attendre en regardant les aiguilles défilées. Mais maintenant qu’il savait qu’il n’attendrait plus très longtemps pour avoir des nouvelles du cycliste, cela le dérangeait moins de prendre conscience de tout ce temps qu’il lui avait consacré. Fixant les alentours, il regardait avec beaucoup d’insistance l’endroit d’où il croyait que l’infirmière sortirait. Avec raison, puisqu’il remarqua bien assez vite la jeune infirmière se diriger vers lui. Pourtant, plus elle s’approchait, plus cela venait confirmer cette pensée qui s’était immiscé dans son esprit lorsqu’il avait posé ses yeux sur elle. Il la connaissait. Et pendant l’espace de quelques secondes, un petit sourire vint couvrir tout ce stress et cette fatigue qu’il avait accumulés. Parce qu’il était ravi de la revoir, bien qu’il aurait préféré que ce soit dans d’autres circonstances que celles-ci. « Bonjour, c’est vous qui êtes arrivé avec l’homme qui était blessé à la jambe? » Voyant qu’elle n’avait pas levé les yeux pour s’adresser à lui, il fit en sorte de qu’elle sache que c’était bien lui qui avait demandé pour plus d’informations concernant cet homme. « Oui c’est moi. » Étrangement, son regard n’arrivait pas à se détacher d’elle. Enfin, elle était aussi jolie que la première fois qu’il l’avait rencontré. Quoi que plus fatiguée, par contre. Pourtant, ce petit sourire n’avait pas pu quitter les lèvres de Rhys. « Désolé de vous avoir fait attendre, aussi longtemps sans vous donner de nouvelles. » À vrai dire, cela ne l’étonnait pas vraiment que l’attente fut si longue. C’était comme ça aux urgences. Il fallait être patient et surtout faire confiance aux médecins et aux infirmières qui prenaient en charge les patients. Même si ce n’était pas toujours facile de garder son calme. Rhys en avait d’ailleurs fait l’expérience au cours des dernières heures.

Et c’est là que son regard croisa le sien. Il décela une légère pointe de surprise d’ailleurs, bien qu’il se doutait qu’elle ne devait pas s’attendre à le voir lui. À vrai dire, ça le surprenait lui aussi de la revoir dans de pareilles conditions. Après tout, New-York était une grande ville, et les hôpitaux étaient nombreux. Mais voilà que leurs chemins s’étaient croisés à nouveau. « Il nous a fallu l'opérer, mais il n'y a pas à s'inquiéter. Il est en salle de repos en ce moment et d'ici quelques semaines, il n'y aura qu'une cicatrice qui lui rappellera cet incident. » Rhys lâcha alors un soupir de soulagement. Lui qui s’était fait du mauvais sang pendant des heures pour le jeune homme, il n’aurait pas pu espérer mieux comme déroulement. Et maintenant, il savait que son mal de serait que temporaire. « Vous pouvez aller le voir, si vous désirez, mais il dors en ce moment. » Peut-être était-ce mieux qu’il constate par lui-même que tout allait bien. Il se connaissait au fond, il savait qu’il n’aurait pas pu partir sans être vraiment certain que tout irait bien. « J’aimerais beaucoup alors le voir. » En quelque sorte, Rhys se disait que c’était peut-être mieux qu’il soit endormi. À vrai dire, il se sentait malgré tout coupable pour cette mésaventure. « Ce serait possible de me montrer le chemin ? » Enfin, il se doutait qu’elle l’aurait fait, même s’il ne lui avait pas demandé. Après tout, le personnel ne pouvait certainement pas laisser quelqu’un se promener aux urgences à sa guise. Lui faisant donc signe, il la suivit jusqu’à la chambre du jeune cycliste, dont il ne savait toujours pas le nom. Pourtant, avant qu’ils ne soient arrivés, il lui dit : « Je dois avouer que je ne m’attendais pas à te voir ici bien que tu m’as dit que tu étais infirmière. » Bien qu’elle avait cru bon de le vouvoyer, Rhys s’était permis un peu plus de familiarité à son égard. Cependant, il espérait vraiment que ça ne lui dérangerait pas. À vrai dire, cela faisait plusieurs années qu'il n'avait pas vouvoyer qui que ce soit qu'il connaissait.

Elle n’était pas très douée pour cacher ses émotions, Gaia, alors, il était évident que la surprise pouvait au minimum se lire dans son regard lorsqu’elle posa les yeux sur Rhys, si ce n’était sur son visage entier. L’urgence était sans doute le dernier lieu ou elle aurait pu penser le croiser. Il faut dire, les gens trouvaient bien souvent que se rendre dans le Queens, c’était a pain in the ass, parcce que le trajet était long. Qu’importe le moyen de transport pour s’y rendre, il n’y avait pas vraiment de raccourci pour y arriver plus rapidement. Et puis, ce n’était pas nécessairement l’un des quartier les plus branchés de la ville, alors tout ça n’ajoutait encore là qu’un peu plus à sa surprise. J’aimerais beaucoup alors le voir. Elle hocha la tête. Après tout, il venait bien d’attendre pendant des heures pour s’assurer qu’il allait bien. Il n’était que logique qu’il veuille s’assurer de son état, le voir de ses propres yeux. Ce serait possible de me montrer le chemin ? Évidemment. Qu’elle répondit, attendant qu’il se lève pour lui indiquer la direction à prendre, passant devant lui pour le guider. Je dois avouer que je ne m’attendais pas à te voir ici bien que tu m’as dit que tu étais infirmière. Un léger sourire se dessina sur son visage puis, elle tourna la tête pour le regarder avant de lui répondre. Oui, c'est ici que je travaille. Hello captain obvious. C'était comme de dire que le nez se trouvait au milieu du visage. C'était une évidence qu'elle travaillait là, sinon elle ne serait pas habillée de cet habit couleur vert menthe à se promener dans les couloirs des urgences. Il y avait au moins une dizaine d'autres endroits ou elle aurait préféré être en ce moment.Je dois dire, je suis la première surprise de te croiser ici. Déjà, New York était une grande ville alors les chances pour que vous tombiez nez à nez avec une personne, et ce par pur hasard, étaient plutôt minces. Elle aurait presqu’été moins surprise de le voir passer les portes en tant que patient plutôt qu’accompagnateur.  Peut-être qu’elle avait trop vu de scénarios au petit écran, qu’elle avait trop entendu le cliché de la rock star qui se retrouve dans de beaux draps, qui se mets dans des situations pas possibles et qui termine bien souvent blessée. Quelques secondes plus tard, ils se trouvaient devant la chambre ou le patient reposait. C’est juste ici. Second lit. Indiqua-t-elle. Gaia resta muette un moment, se disant qu’il valait mieux les laisser seuls, mais elle était curieuse. C’était sans doute là son plus vilain défaut. Elle avait bien lu le dossier du patient, savait qu’il était cycliste et qu’il avait été impliqué dans un accident, mais de savoir que Rhys avait patienté pendant des heures pour s’assurer qu’il allait bien lui fit se questionner quant à la raison de sa présence. Était-ce de sa faute si l’homme était dans cet état? L’avait-il renversé avec sa voiture? Avait-il seulement une voiture, elle ne savait pas. Avait-il seulement été témoin de la scène et s’était trouvé être la seule personne qui n’était pas trop sous le choc pour agir, s’occuper du blessé? Ces questions s’étaient bousculées dans sa tête pendant les dernières minutes, mais les avait tues. Que s’est-il passé? Demanda-t-elle finalement, la gêne s’emparant d’elle au moment ou la question franchit la barrière de ses lèvres. Ce n’était pas à elle de demander des détails sur la situation. il avait déjà l’air soucieux, avec une pointe de culpabilité, peut-être, alors lui poser la question n’était sans doute pas la meilleure chose à faire, mais elle n’avait pas pu s’en empêcher.

Lorsqu’il vu le sourire sur ses lèvres, cela a eu pour effet de lui réchauffer légèrement le cœur. Après tout, il n’avait pas dormi durant les vingt-quatre dernières heures et très franchement entre cet accident et le manque de sommeil, tout lui semblait beaucoup trop gros. Comme si c’était plus grand que nature. Et à l’heure actuelle, il n’avait qu’une seule et véritable envie, dormir et oublier. Mais cela était certainement un peu égoïste de sa part de penser une telle chose après ce qui était arrivé. Alors, inconsciemment, il tentait de s’accrocher aux petits détails qui l’aideraient à tenir le coup, comme c’était le cas de ce sourire. « Oui, c'est ici que je travaille. » Il lui retourna alors son sourire, tout simplement, en guise de réponse. « Je dois dire, je suis la première surprise de te croiser ici. » Lui-même, à vrai dire, était surpris d’être atterrit dans cet hôpital du Queens. Habitant pour sa part à Brooklyn, s’il s’était rendu sur place c’était pour une soirée où on l’avait convaincu de se rendre. Pas seul, évidemment, il était accompagné d’un ami à lui, il y avait passé la nuit. Jusqu’à ce qu’il soit finalement temps de quitter. C’est donc en direction de son appartement qu’il allait ce matin-là. Puis tout était arrivé. Alors, lui aussi était surpris. C’est pourquoi il resta une nouvelle fois muet au commentaire de la jeune femme. Après tout, il se sentait terriblement coupable au final et il avait perçu que cela paraisse dans sa voix. Donc un simple petit hochement de tête et ils étaient arrivés dans la chambre du jeune blessé. Il n’était pas seul, mais Rhys n’était pas surpris vu le nombre de gens qu’il avait vu passer dans la salle d’attente.

« C’est juste ici. Second lit. » qu’elle lui avait dit, alors il lui avait répondu, d’un ton à peine audible « Merci. » Malgré tout, Rhys l’avait tout de suite reconnu. Après tout, il était resté en sa compagnie le temps que les secours arrivent et même après, il avait insisté pour l’accompagner. Il s’approcha alors du lit pour distinguer un peu mieux le jeune homme. Et entre les égratignures lavées, les blessures pansées, il semblait presque paisible sur ce lit d’un blanc immaculé. Il devait être sous l’effet d’une médication assez puissante, mais il semblait dormir paisiblement, ce qui calma légèrement le musicien. Puis, alors qu’il le fixait, sans rien dire, Gaia vint brisé le silence. « Que s’est-il passé? » Sa question était légitime. Pourtant, un petit rictus s’échappa de ses lèvres. C’était certainement dû à la fatigue et à l’angoisse qui était d’un coup retombé, mais il se sentait plus à rire de la situation que d’en pleurer. Il était passé par toute une gamme d’émotions ce jour-là. Ne pouvant tout de même pas détourner son regard du jeune cycliste, il commença pourtant sa réponse : « Je ne sais pas vraiment moi-même, à vrai dire. J’étais dans ce taxi et tout allait bien. » Il prit une légère pause avant de reprendre de plus bel. « L’instant d’après, nous étions arrêté. Je suis sorti et c’est là que j’ai vu que le taxi avait frappé ce pauvre jeune homme. Par contre, je n’ai aucune idée de comment ça s’est produit… » Peut-être avait-il vu la situation ou peut-être pas, il ne s’en souvenait plus, car tout s’était passé si vite. Il se racla alors la gorge, comme s’il avait été pris d’une émotion soudaine avant de demander : « Il va rester à l’hôpital quelques jours ou vous allez le renvoyer chez-lui ? » Quoi qu’il n’avait pas très envie de retourner à l’hôpital, il savait pourtant que si le jeune homme y restait quelques temps, il devrait revenir le voir, pour s’assurer que son état s’améliore ou du moins pour s’assurer que tout reste stable.

Elle aurait sans doute pu partir, aller vérifier l’état d’autres patients, mais elle resta là, à veiller sur eux. De toute façon, bien qu’elle ait passé un agréable moment en sa compagnie, il n’en restait pas moins qu’elle ne connaissait au final que très peu de choses sur Rhys. Certes, il avait été poli, drôle et agréable, mais ne dit-on pas qu’il ne faut pas toujours se fier aux apparences? Après tout, ce qui revient le plus souvent lorsqu’on entend parler de cas d’homicides aux nouvelles, ce sont les voisins qui disent je n’aurais jamais pensé ça d’elle ou de lui. C’était une bonne personne. Qui sait, peut-être que Rhys, malgré qu’il semble être une bonne personne, était en colère contre cet homme pour lui avoir fait perdre de précieuses heures et, dans un excès de colère, l’étoufferait avec un oreiller? Elle était persuadée qu’il n’était pas ce genre de personne, parce que son instinct ne lui jouait que très rarement des tours, mais on ne pouvait jamais être trop prudent. Alors, elle était restée là, à les regarder pendant un court moment puis, la curiosité avait eu raison d’elle, alors elle entra dans la chambre, se dirigeant vers Rhys tandis qu’elle l’écoutait lui raconter brièvement ce qui s’était passé pour que le pauvre se retrouve coincé dans un lit d’hôpital avec la jambe bien amochée. Les sourcils froncés, elle cherchait quoi dire. Elle voyait bien que l’évènement semblait l’avoir marqué,  mais les seules phrases qui lui venaient en tête en étaient des clichées, rien qui ne mettait un baume sur le cœur au final. Après un moment de silence à essayer de trouver quoi dire, elle prit finalement la parole. C’est malheureusement assez fréquent qu’on reçoive des victimes d’accidents du genre. Déclara-t-elle. Ce n’était sans doute pas ce qui était adéquat, mais elle espérait que ça pourrait le rassurer de savoir que ce n’était pas un cas unique, qu’ils en voyaient pratiquement tous les jours – et parfois des cas biens plus graves et lourds que celui-là et donc, qu’ils avaient l’habitude de soigner ce genre de blessures. Même si elle comprenait que le voir endormi sur ce lit, résultat de l’anesthésie due à la chirurgie, pouvait être stressant, éprouvant, elle savait qu’il était hors de danger et qu’il serait bien vite remis sur pieds. Il s’en est tout de même bien sorti vu les circonstances. Commenta-t-elle en regardant l’homme étendu sur le lit. Il était vrai que sa condition n’était pas grave, qu’il n’aurait sans doute pas à vivre avec d’éventuelles conséquences de cet accident, alors il pouvait se compter chanceux dans sa malchance.

Il va devoir rester quelques jours à l’hôpital. L’opération s’est bien déroulée, mais les médecins veulent s’assurer qu’il n’y aura pas de complication et que le processus de guérison se fera de façon adéquate. Elle lui offrit un autre sourire qui se voulait rassurant. Après tout, ce n’était qu’une procédure normale suite à un accident, à une opération. Il n’avait pas à s’inquiéter parce que le patient était entre de bonnes mains. Certes, peut-être Gaia était-elle biaisée parce que c’était entre celles d’une équipe qu’elle côtoyait tous les jours, mais elle avait une totale confiance en eux et savait pertinemment qu’il n’y avait rien à craindre, qu’on le traiterait de façon irréprochable. Je suis sans doute biaisée, mais il est entre de bonnes mains et il devrait s’en remettre assez rapidement. Prit-elle soin d’ajouter, bien que ce ne soit pas nécessaire. Elle en avait vu passer des dizaines de patients qui s’étaient fait happés par des taxis. Une journée sans ce type de blessé était un miracle, quelque chose de spécial, digne de mention, tellement elles étaient peu fréquentes.