the story of love.
Tu fais la queue, tu attends, tu ressasses. Te voilà complètement seule à présent, toi qui pensait pouvoir te reposer sur elle, compter sur elle... Maintenant elle était partie et tout était fini. Elle avait décidé de démolir votre histoire, histoire que tu avais finalement construit seule. Tu ne réalisais que maintenant qu'elle n'avait jamais été vraiment impliquée, tu n'avais été qu'un pion, tu t'étais laissée faire, tu avais subi pendant trop longtemps et maintenant c'était terminé. Plus personne ne viendrait percer ta carapace, après tout à quoi bon si ça finit toujours mal ? A quoi bon aspirer au bonheur si c'est pour qu'on t'enlève l'espoir d'y arriver juste sous ton nez. La file avança, bientôt ce serait ton tour. Pour l'instant tu ruminais. Tu avais perdu beaucoup de choses. D'abord tu avais perdu ta mère, puis ton père, puis bizarrement de nouveau ta mère, maintenant tu perdais... tu la perdais elle. La file avança encore, c'était à toi. Tu annonça ton nom et la personne à qui tu rendais visite. Tu suivis les gardiens, passa sous plusieurs détecteurs de métaux, avant de finalement arriver dans les salles des visites. Tu le reconnus à l'instant même où ton regard se posa sur lui. C'était peut-être il y a bientôt quinze ans mais il restait le même à tes yeux. Ton père te regardait avec des yeux brillants, estomaqué devant la jeune femme que tu étais devenue.
- Salut ma puce, je suis content de te voir si tu savais ! Ce que tu es belle, tu tellement as grandi !
- En quinze ans c'est généralement le cas, oui, répondis-tu d'un ton glacial.
Tu ne lui avais pas rendu une seule visite. Depuis qu'il avait été arrêté tu n'avais plus envie de le voir, plus jamais. Pourtant tu étais là, et à vrai dire tu ne savais pas bien pourquoi.
- Ivy chérie...
- Arrête. Tu n'as plus le droit de me donner des surnoms affectueux. Et puis ce n'est pas Abby mon vrai nom ? Abby Forman...
- C'est tellement loin tout ça, on pourrait...
- Oublier ? Oublier que tu m'as caché ma véritable identité ? Oublier que tu es un criminel ? Oublier que tu m'a fait croire que ma mère est morte ? Précise ta pensée,
papa.
Il ne trouva rien à redire. Tu le regardais d'un œil froid et noir, tu lui en voulais tellement... Même après tout ce temps. Tu ne pouvais pas lui pardonner. Tu ne le pourrais jamais.
- Je sortirais peut-être bientôt tu sais ?
- Tu n'auras pas mon soutien.
- Pourquoi tu es venue alors ?
Tu sortis alors les lettres de ton sac, toutes celle qu'il t'avait envoyées. Tu ne les avais jamais ouvertes, et par conséquent jamais lues. Tu ne voulais pas savoir ce qu'il avait à dire, ça t'importait bien peu. Tu ne voulais rien avoir à faire avec lui.
- Je suis venue te rendre ça et te demander d'arrêter de m'en envoyer. J'en ai marre que tu importunes ma famille. D'ailleurs ça fait bien longtemps que je ne suis plus Ivy Vondeer. C'est Parrish maintenant, le nom de ma famille d'accueil, ma vrai famille.
- On était une famille Ivy, toi et moi.
- Non, on ne peut pas être une famille en vivant dans le mensonge. De toute façon ce qui est fait est fait. C'était tout ce que je voulais te dire.
- S'il-te-plait non, attends !
- Adieu papa.
Tu te levas et tourna les talons avant de sortir de la prison. Tu n'avais pas le moindre remords. Ton père était mort à tes yeux depuis le jour où tu avais découvert la vérité : il t'avait enlevée, avait changé ton identité et la sienne et s'était plongé dans des activités criminelles pour que vous viviez confortablement. Il avait dit que ta mère était morte, et sept ans plus tard elle était là, à te dire qu'elle ne voulait pas de toi parce qu'elle avait déjà une nouvelle famille, elle était passée à autre chose. Quel message étais-tu censée en tirer ? Là où le mensonge régnait la peine suivait. Alors tu t'étais mise à faire confiance aux gens jusqu'à ce qu'ils te mentent ou te trahissent et que tu ne les pardonnes jamais. Tu fonctionnais comme ça à présent et tu t'évitais bien des souffrances. Pourtant, malgré tes précautions, voilà que tu te retrouvais dans ta voiture à t'effondrer en larmes. Parce qu'au fond, derrière toute carapace aussi épaisse soit-elle, il y a un petit coeur qui bat.