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| Nina | siempre y para siempre | |
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Invité « Invité » | Sujet: Nina | siempre y para siempre Mar 24 Oct - 20:13 | |
| ” Très bien, on se voit demain alors. “ Carmen raccroche et continue le mail qu’elle tapait avant le coup de fil du photographe mode. C’était le moment d’annoncer à son équipe que la semaine prochaine, ils partaient tous pour un voyage. Pas très long, juste quelques jours. Autant que ce road trip serve à quelque chose. Alors elle rédige son mail, explique au mieux ce qu’il va se passer la semaine prochaine et envoie le courrier à toutes les personnes concernées. Elle recevra surement des appels suite à cette décision et ce départ si précipité, mais ce n’est pas grave, ils avaient l’habitude de son excentricité après tout. Un léger sourire se pose sur ses lèvres et elle reprend ses activités de l’après midi. Il ne faut pas longtemps pour que le téléphone ne commence à sonner. Elle confirme que ce n’est pas une erreur et qu’ils partent bien la semaine prochaine. Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois. Seul Ryder ne l’appelle pas. Mais lui, il n’est pas bien compliqué. Juste une approbation par retour de mail et c’était bon pour lui. Si seulement tous ses employés pouvaient être aussi dociles que lui, ce serait bien plus plaisant au travail. Enfin, elle n’avait vraiment pas à se plaindre. Elle savait se faire respecter au boulot, avec fermeté, sans pour autant inspirer trop de crainte. Du moins c’était ce qu’elle souhaitait. Ne pas faire peur à ses collaborateurs. Carmen raccroche encore une fois et regarde l’heure. Dix neuf heures passées. Encore une fois, elle ne rentrerait pas dîner chez elle. Elle trouverait sûrement quelque chose sur le chemin. Oui, voilà, sur le chemin. Surement de la grande cuisine encore une fois. Mais tant pis, il valait mieux ça plutôt qu’elle fasse cramer la cuisine voir la maison toute entière. Elle est en train de revoir le design du prochain numéro au moment où Daniel, le maquettiste entre dans son bureau. Carmen affiche un sourire de façade mais elle est tout sauf ravie de le voir. Daniel est du genre insistant. Voir trop insistant. Et si Carmen lui a bien fait comprendre qu’il ne pourrait rien se passer entre eux étant qu’il est marié, il ne semble pas le comprendre. ” Bonsoir beauté. Tu restes bien tard ce soir, tu m’attendais ? “ Elle soupire, lève les yeux par dessus ses lunettes et l’observe un sourire au coin. ” Non Daniel, j’ai du travail. “ Il secoue la tête et vient s’asseoir sur le coin de son bureau. ” Oh allez Carmen, tu peux bien faire une pause non ? “ Il a un soucis avec le refus lui. Vraiment un gros soucis. ” Si je dois faire une pause c’est juste pour manger rien d’autre. Et je n’ai pas très faim pour le moment. “ Il se rapproche, effleurer son bras du bout de ses doigts. Carmen l’observe d’un air limite dégoûté en se reculant. ” Oh tu sais, si tu as faim, j’ai quelque chose qui pourrait te plaire. “ La gourmandise de Carmen lui fait relever le regard vers lui alors qu’il se met debout face à elle. Carmen se recule sur sa chaise, le plus loin qu’elle puisse lorsqu’elle le voit défaire sa ceinture et déboutonner son pantalon. ” Wow ! Qu’est ce que tu fais là ? Rhabilles toi tout de suite ! “ Il n’est pas de cet avis et continue de descendre sa braguette et son pantalon, se retrouvant en caleçon face à la rédactrice en chef. ” Allez Carmen, je sais que tu en as envie, tu ne peux pas encore me résister. “ Oh si elle peut, parce qu’elle n’aime pas qu’on lui force la main. ” Dégage Daniel ou j’appelle la sécurité. “ Son ton est ferme, froid. Elle ne veut pas qu’il reste là. ” Il n’y a plus personne à cette heure ci Carmen. “ La dessus il marque un point et la latine commence à s’inquiéter. Au moment où il passe ses mains sous l’élastique de son caleçon, la porte s’ouvre, surprenant les deux quadragénaires. ” Nina ! “ Carmen s’écrit à la fois de stupeur mais aussi de soulagement lorsqu’elle voit sa fille à la porte. Elle observe Daniel toujours présent qui se hâte en se rhabillant avant de balbutier quelques paroles incompréhensibles, regagnant la porte de son bureau en évitant soigneusement Nina. Carmen s’autorise enfin à souffler. ” Dieu merci tu es arrivée à temps. “ La latine pose ses coudes sur sa table et écrase son visage dans ses mains. Elle retire ses lunettes, efface toute vision de Daniel en caleçon de sa tête en fermant les yeux quelques secondes avant de revenir à sa soeur. ” Qu’est ce que tu fais ici hija ? “ Le sourire lui est revenu.
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Invité « Invité » | Sujet: Re: Nina | siempre y para siempre Sam 28 Oct - 19:55 | |
| siempre y para siempre. carmen & nina Sylphide du crépuscule, elle déambulait dans les artères nébuleuses d’une cité au charme nitescent ; au travers des gratte-ciels contre lesquels la lueur des réverbères se changeait en or, dévoilant des couloirs labyrinthiques et infinis. Les prunelles scintillantes, elle affrontait sans équivoque la débauche d’orgueil qui émanait de chaque personnalité new-yorkaise. Le regard d’acier, froid et méprisable, une foule pressée s’engouffrait de part et d’autre de l’avenue, ne prêtant aucune sorte d’attention aux petits employés qui s’affairaient encore sur le bitume sombre et monocorde. L’essence de l’upper west side coulait dans les veines de ces arrivistes irrespectueux, convaincus que le monde devait se plier face à leur envergure ; représentation personnifiée d’une ville gouvernée par l’élite. Ici, en plein cœur des Etats-Unis, l’altruisme se dissipait au profit d’un océan de billets verts, souillé par les mains frelatées de carriéristes mégalomanes. Il planait dans ce quartier un sentiment des plus inconfortables lorsque l’on avait connaissance des projets délirants qui mijotaient dans les méandres des esprits les plus extravagants. Dix-neuf heures passées. Les aiguilles dorées du bijou qu’elle portait au poignet indiquaient l’heure de faire son entrée. Dotée d’une audace désinvolte, elle repoussait les gigantesques portes en verre blanc, et pénétrait dans le hall de l’agence où exerçait sa mère. Devant elle une jeune stagiaire aux joues écarlates s’empressait de rassembler ses effets personnels, la silhouette comprimée dans un tailleur bien trop serré. Quelques mèches auburn s’échappaient de son chignon défait donnant un aspect farouche à son allure soignée. Tandis qu’un imperceptible rictus s’étirait sur ses lèvres, Nina imaginait le succès que remporterait cette beauté froide lors d’un défilé. Visage d’ange et teint d’albâtre, buste naissant et jambes interminables ; le stéréotype du blockbuster des temps modernes. « Bonsoir. » prononçait-elle poliment. Chancelante, la jeune femme détournait brusquement le regard et lui indiquait le chemin menant aux étages. Dans un haussement de sourcils significatif, l’héritière de Carmen reprit sa progression dans les locaux de GQ Magazine. Elle constatait avoir touché un point sensible, une vérité sournoise sur le point de voler en éclats. Elle avait tout, sauf l’essentiel. La question restait suspendue dans les pensées de la brune ; ses talons martelant le sol, ses ongles manucurés soutenant un plat minutieusement enveloppé. Elle cherchait de ses grands yeux bruns l’écriteau sur lequel figurait le patronyme de sa génitrice. Fields. Gibson. Fitzgerald. De précieuses plumes dotées d’une loyauté sans faille et ayant permis l’édification d’un empire colossal. Tout le monde le savait, les collaborateurs de Carmen Escobar, aveuglés par son pouvoir démiurgique, se pliaient à ses moindres désirs. Qu’il s’agisse de photographier le dernier idole en vogue ou de publier une chronique en un temps record, son équipe lui permettait aisément de régner sur New York. « Maman ? » s’étonnait-elle, déconcertée. Même accompagné d’un excellent avocat, il serait difficile pour le quadragénaire se raccommodant à la hâte d’expliquer son acte. Un geste ridicule et dénué de sens que personne dans cette pièce ne saluerait. S’éclipsant sans un mot, il s’attendait probablement à sortir indemne de cette rencontre imprévue avec Nina, triste utopie. « Qui était-ce ? » demandait-elle. Réfractaire à toute forme de stabilité dans ses relations avec le sexe opposé, la rédactrice en chef passait auprès de tous pour une croqueuse d’hommes aux pulsions névralgiques. Un statut qu’elle semblait assumer parfaitement et qui lui conférait un mode de vie des plus lascifs. C’était l’avantage avec les amants d’une nuit, ils n’avaient pas le temps de poignarder son cœur et de s’enfuir avec, parce qu’au matin, elle était déjà loin. « Et bien, puisqu’il ne te semble pas essentiel de prendre le temps de savourer un repas convenable, je me suis permise de te préparer quelque chose. » Le sujet qu’elle souhaitait aborder virevoltait dans son esprit, faisait battre le sang dans ses tempes. L’enfant choyée, la provocatrice, la princesse adorée du royaume s’était par deux fois aventurée sur le terrain houleux qui menait à l’identité de sa figure paternelle. Et par deux fois elle avait récolté du néant, du vide, du rien ; c’était comme chercher à attraper de l’air avec ses mains, inutile. « J’imagine que tu n’as pratiquement rien avalé de la journée. » déclarait-elle, sans perdre de vue son objectif. Car ce geste attendrissant n’était finalement qu’une partie. Une partie d’échec, une partie de devinettes, une partie de découverte. Elle entendait ce soir repartir avec la confidence qu’elle n’avait jamais, celle qui lui tordait l’estomac depuis sa plus tendre enfance. Nina, prise au piège d’un monde trop violent fixait sa mère et son imposant fauteuil en cuir. Elle attendait le bon moment pour lui dire. « D’ailleurs, j’ai fait la rencontre de ta nouvelle hôtesse d’accueil. Serait-ce ta nouvelle politique que de terroriser tes employés ? » Perles de champagne et saveurs alléchantes, c’était le grand jeu qu’elle déployait. « Tu es sûre qu’elle a les épaules assez larges pour ce poste ? Ça ne doit pas être plaisant d’avoir à faire à une secrétaire débraillée qui ne fait que balbutier. » Imperméable quand la situation l’exigeait, Nina prétendait défier la vie ; ou du moins, celle qui la lui avait offerte. |
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