the story of love.
Dois-je croire que le spectre de la Mort est amoureux et que l'affreux monstre décharné te garde ici dans les ténèbres pour te posséder ? – Il n’avait cru qu’au hasard et à la certitude des faits avérés. Il voyait ce garçon au loin, le désespéré. C’était lui, autrefois. Aujourd’hui était un renouveau. Petit garçon aux mèches qui lui tombaient devant la figure. Il était certain de pouvoir atteindre le soleil à présent. Puis, il devint grand. Adolescent parfait dans sa grande maison de marbre. Les escaliers dorés et les rideaux de soie. Dire que ses parents étaient des personnes superficielles et qu’il fut élevé par sa nourrice aurait été un cliché abominable. Sa vie était parfaite. Pas dans le besoin, ni dans le manque d’amour. Pourtant, on ne le tenait plus quelques fois. Un mot de trop, une injustice à l’école et il en était de sa première altercation. Suivie de sa première crise. A deux doigts d’avaler sa langue et de s’étouffer. Héréditaire apparemment. Dommage qu’il n’ait aucun moyen d’en trouver la source. On lui donna des médicaments pour le stress visiblement. Pas de dossier médical, pas de tumulte. Alors, il continua la vie avant qu’il ne se jette irrévocablement dans le gouffre et les méandres de la vie. « Je suis fier de toi. », lui disait son père tandis qu’il était rentré chez lui vêtu de son premier uniforme militaire. Un sourire salvateur posséda la bouche d’Aneurin, sourire bien rare sur le visage de l’impassible. Il était fier. De lui, de ce qu’il faisait et de ce qu’il incarnait à présent. La justice, la patrie, le service pour les autres. Il rencontra Ianis le premier jour. Petit énergumène énervé qui n’en finissait pas de lui poser des questions. Début d’une multitude d’aller-retours, de séparations déchirantes, de ruptures forcées et de retrouvailles mélancoliques. Début de ascension et de la chute.
what's a mob to a king ? what's a king to a god ? what's a god to a non-believer ? - Comment était-il possible que ce soit vrai ? Que ce soit la réalité ? C’était inévitable, il ne pouvait plus s’en sortir. Mais aujourd’hui tout était pire, tout était révolu, tout était froid. Ce mot tellement violent, tellement affreux, fatal, injuste. Aneurin vivait quelques peu dans le déni, il essayait de se persuader que ce n’était qu’un mauvais rêve, un horrible cauchemar dont il n’arrivait pas à se réveiller.
« Aneurin. » Silence. Comme un écho qui résonnait dans sa tête, la simple évocation de son propre prénom lui semblait incompréhensible. La froideur de sa main lui glaçait l’esprit, lui brisait l’âme en milliers de morceaux indicibles, le privait de l’air qu’il n’avait même plus envie d’inspirer. Il restait là les sourcils froncés, la bouche entrouverte, le visage trempé. Le sang sur ses mains.
« Je l’ai tué, j’ai tué ce gosse. », murmura Evans en sanglotant sur le corps inanimé.
« Il allait tous nous tuer. Tu nous as sauvé. » Un regard noir vers celui qui tentait de justifier l’horreur. Et un crochet du droit. On le neutralisa mais l’écarlate se mêla bien vite aux larmes salées et à la crasse. Le jeune homme s’éloigna, marcha sur quelques mètres, et se laissa tomber par terre, la douleur du choc de ses genoux sur le sol l’indifférant totalement. Il resta par terre, plongea son visage dans ses mains, et commença à hurler. Il pleurait comme un enfant, jurait le ciel, il ne savait pas quoi faire ni où aller, il était sourd et perdu, mort et seul. Il ne pouvait aimer, il ne pouvait respirer, il ne pouvait plus vivre.
Dans mon cœur vaudou il y a quatre épingles qu'elle a pris soin d'abandonner pour que je pleure - Un, il la voit. Deux, il sourit. Trois, il se souvient qu’il faut qu’il garde son regard de glace. Pas envie de se laisser avoir par des thérapies par la musique. Une invention de plus pour arnaquer les pauvres gens. Il suit le programme cependant. Il ne peut plus cacher son instabilité. Il bénéficie déjà d’un traitement de faveur. Mais elle. Son cœur semble s’apaiser un peu. Pour une fois, il desserre le cuir de l’accoudoir du canapé. Elle respire. Respire la paix. Elle ravage son esprit tandis qu’elle ne se doute de rien tant il s’efforce de rester de marbre. Un ouragan intérieur. Il n’aime pas ces histoires de coup de foudre, ces histoires de merde pathétiques. Il avait essayé de se remettre de sa dernière rupture en date en se disant qu’elle était partie pour un autre que lui et pas à cause de lui. Il s’en fout maintenant. Ridicule comme tout. Cette blonde devait simplement avoir un pouvoir mystique. Ou une formation bien payée. Ou un effet placebo. Son cœur se fait donc bien avoir car insidieusement il se laisse absorber par les mots. Il pense aux autres filles. Il n’y en aurait pas d’autres. Plus qu’elle. Aucune autre fille comme elle. Mais il n'ouvre pas la bouche et se contente de la toiser. Indéfiniment.