hate is foolish. and love is always wise.
la fiche classique
Flashback ▬
Bureau du Dr Harley Thompson - 01/08/2008, 4.15 p.m, San FranciscoHarley Thompson, Noah Holloway
Dr Thompson (psy) ▬ Bonjour Mr Holloway, vous m'êtes adressé par le Dr August, celui-ci m'a fait parvenir votre dossier ainsi que les différents enregistrements de vos séances précédentes, je n'ai pas pris la peine de les consulter, je préfère tout reprendre depuis le début, si vous n'y voyez pas d'inconvénients bien entendu !
Noah ▬ (marmonnement) Nmmh …
Psy ▬ Très bien. Pouvez-vous me parler de votre enfance s'il vous plaît ?
Noah ▬ Qu'est-ce que mon enfance vient foutre ici ?
Psy ▬ Cela va m'aider à mieux appréhender votre situation, ce que vous êtes et pourquoi vous en êtes arrivé ici.
Noah ▬ Tout ça c'est que des conneries.
Psy ▬ Votre enfance M…
Noah ▬ (soupirs) Je suis né et j'ai grandi ici, donc à San Francisco... ça vous va ?
Psy ▬ C’est un début. Développez s'il vous plaît. Parlez-moi de vos relations avec vos parents.
Noah ▬ Je suis le cadet d’une fratrie de 4 enfants, ma sœur jumelle est née quelques minutes seulement avant moi… ce qui fait sans doute de moi quelqu’un d’égoïste et de pourri gâté, celui à qui tout tombe tout cru dans le bec, le p’tit dernier quoi...
Psy ▬ D'accord, développez le lien que vous entretenez avec vos parents ou que vous avez entretenu... sans toutefois faire de psychologie de bas étage (bruit de stylo grattant le papier)
Noah ▬ (nouveau soupir) J'ai toujours été très proche de mes parents, enfin surtout jusqu’à l’âge de 13 ans… après un peu moins. On va dire que le fait qu’un timbré vienne trucider ma mère durant sa garde à l’hôpital, n’a pas trop aidé à ce qu’on garde de très bons liens familiaux si vous voyez ce que je veux dire !
Psy ▬ (bruit de stylo grattant toujours le papier) Non, je ne vois pas. C’est-à-dire ?
Noah ▬ (bougonnement) C’est-à-dire… gnagnagnahh.
Psy ▬ (bruit sourd de calepin tombant lourdement sur le bureau) Mr, je ne suis pas plus heureuse que vous de perdre mon temps... alors faites vite s'il vous plaît.
Noah ▬ (toussotement) On voit que vous n’êtes pas d’ici vous. Ça ne vous dit rien l’accident survenu à l’hôpital général de la ville, il y a quelques années ? Et bien ma mère bossait là-bas comme infirmière aux urgences. Autant dire qu’elle était aux premières loges pour assister aux festivités. Un tireur est entré – peut-être un ancien patient qui n’était pas content des soins prodigués. Il a ouvert le feu, dans le service des urgences… Ma mère a été une des premières victimes…
Psy ▬ Parlez-moi de votre adolescence maintenant.
Noah ▬ Nan mais on va pas passer en revue toute ma vie non plus. Vous voulez peut-être connaître le nombre de mes conquêtes aussi ?
Psy ▬ M. Holloway, contentez-vous de parler de votre adolescence. Bien qu'intéressant, le nombre de vos conquêtes est pour le moment hors sujet. Je vous ai bien précisé que je reprenais tout depuis le début en plus de cela !
Noah ▬ (ricanement) Intéressant ? J'ai eu une adolescence tout ce qu'il y a de plus normale. J'ai fait quelques conneries dont je ne suis pas vraiment fier. Le genre de conneries qu'on fait lorsqu'on est jeune et con quoi, rien d'extraordinaire au final...
Psy ▬ Voulez-vous bien me raconter cet épisode M. Holloway ?
Bureau du Dr Harley Thompson - 13/08/2009, 3.15 p.mPsy ▬ Bonjour Noah. Comment allez-vous aujourd'hui ?
Noah ▬ Bonjour Harley. Pas pire, pas mieux qu'hier.
Psy ▬ Pourriez-vous utiliser le cendrier s'il vous plaît ?
Noah ▬ Pardon, je l'ai raté.
Psy ▬ Non, je ne crois pas... Bien, vous me parliez avant hier d'un de vos rêves. Parlez-moi en plus en détail.
Noah ▬ Celui où j'étais en train de coucher avec ce mannequin de chez Victoria Secret ?
Psy ▬ (soupir empli de lassitude) Non pas celui-là Noah...
Noah ▬ Ah, dommage ! Je vois duquel vous voulez parler alors. Et bien je suis dans les couloirs de ce foutu hôpital, enfin je pense, du moins les lieux ressemblent vaguement à ce putain d’hôpital… Mais peut-être qu’ils se ressemblent tous. Je marche donc tranquillement dans les couloirs, un corbeau s’écrase contre une des vitres du couloir, je sursaute et là... une infirmière zombie m'attaque, alors je me mets à courir, mais impossible de la distancer, je pédale dans la semoule.
Psy ▬ Soyez sérieux pour une fois Noah
Noah ▬ Mais je le suis Harley. Je n'ai juste pas terminé.... Au moment où elle m'attrape, je peux distinguer son visage... Je connais ce visage par cœur... c'est celui de ma mère, dont je vous ai déjà parlé... Mary.
Psy ▬ C'est bien, continuez s'il vous plaît !
Noah ▬ (bruit de déglutition difficile) Ce « zombie » a le même visage, la même apparence que ma mère, du moins ce dont je me souviens d’elle (respiration haletante) Pourquoi est-ce qu’elle a effectué le remplacement de sa collègue ce jour-là ?
Psy ▬ Je n'ai malheureusement pas de réponse à cette question, personne n'en a probablement.
Noah ▬ A quoi cela sert-il que je continue à vous consulter, si vous n'êtes même pas capable d'apporter la moindre réponse à mes interrogations ?
Psy ▬ Je ne suis pas devin bon sang, je suis là pour vous aider à surmonter vos troubles émotionnels et votre syndrome post traumatique. Mon rôle consiste aussi à vous épauler et non à lire l'avenir ou bien le passé dans une boule de cristal... Le passé appartient au passé Noah voilà tout. Estimez-vous chanceux d'être en vie, et de pouvoir honorer chaque jour sa mémoire.
Noah ▬ De la chance ? Vous trouvez que devenir à moitié maboul c'est avoir de la chance ? Et bien pas moi !
Psy ▬ Vous êtes loin d'être... maboul. La route qui vous mènera jusqu'à la guérison sera encore longue et parsemée d’embûches, mais ce que je voulais dire, c'est que vous pouvez mesurer votre aubaine. Celle qui fait que vous êtes encore en vie, au sens propre du terme, aujourd'hui, malgré cette épreuve.
Noah ▬ Je suis mort ce jour-là, le 25 décembre 1997, en même temps que ma mère.
Bureau du Dr Harley Thompson - 18/03/2010, 8.15 p.mPsy ▬ Bonjour Noah
Noah ▬ Bonjour Harley.
Psy ▬ Pour l'amour du ciel, le cendrier s'il vous plaît Noah...
Noah ▬ Pardon, je l'ai raté.
Psy ▬ Oh arrêtez avec ça.
Noah ▬ Vous avez sans doute raison. J'en ai marre, c'est tout. Ça fait plusieurs années, et j'en suis toujours au même point. Comme si ça ne suffisait pas à fouiller toute cette merde.
Psy ▬ Bien (bruit de griffonnage). Dites-moi depuis combien de temps faites-vous ce rêve ?
Noah ▬ Celui avec la fille de chez Victoria Secret ?
Psy ▬ Noah, un peu de sérieux bon sang.
Noah ▬ Ah, vous venez de jurer !
Psy ▬ Assez... je parle bien entendu, du rêve dans lequel vous revoyez ce qui s'est déroulé lors du 25 décembre 1997.
Noah ▬ Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.
Psy ▬ (bruit sourd) Arrêtez de vous montrer plus idiot que vous ne l'êtes, et par la même occasion arrêtez de me faire perdre mon temps M. Holloway..
Noah ▬ M. Holloway ? Cela faisait une éternité que vous ne m'aviez pas appelé ainsi... Je fais ce rêve presque depuis le début de nos entretiens. Est-ce un signe ?
Psy ▬ Vous êtes vraiment incorrigible... en d'autres termes, vous revoyez la mort de votre mère, depuis presque 3 ans. J'ai pensé à quelque chose, l'autre jour à ce sujet. Je ne sais pas si mon idée est juste ou non, mais j'aimerais la partager avec vous. Savez-vous ce qu'est une illusion perceptive ?
Noah ▬ Non.
Psy ▬ Imaginez un dessin. Si vous le regardez une première fois, vous verrez un vase. Toutefois, si vous êtes dans d'autres dispositions et que vous le regardez de nouveau, vous verrez deux hommes qui se font face. C'est comme une image cachée derrière une autre image. Ce que vous voyez dépend de l'état d'esprit dans lequel vous vous trouvez. Aussi, lorsqu'une personne ne cesse de regarder le même dessin, ça peut vouloir dire qu'elle cherche à y voir une image cachée. Elle continue de regarder, dans l'espoir que celle-ci apparaîtra, mais rien ne se passe.
Noah ▬ (bruit d'une main passant dans les cheveux) Ce que vous voulez dire, c'est que je persiste à faire ce rêve parce que j'essaie de trouver un sens à ce qui s'est passé ?
Psy ▬ Je ne sais pas, qu'en pensez-vous ?
Noah ▬ Ce que j'en pense, c'est que si vous, vous ne le savez pas, il est très clair que je ne peux pas le savoir non plus. Après tout, c'est vous qui avez un doctorat en psychologie.
Psy ▬ Vous n'avez pas tort. Alors mettons qu'en tant que spécialiste, je vous dise qu'il faut vous confronter au passé si vous voulez guérir de vos tourments présents.
Noah ▬ Mais c'est ce que je fais. En tout cas, c'est ce que j'essaie de faire. J'y pense tellement, à cette putain de journée, que j'en suis malade... Je sais, vous allez me dire qu'y penser, ce n'est pas la même chose que de s'y confronter.
Psy ▬ Ce n'est pas ce que j'allais dire.
Noah ▬ Tant mieux.
Psy ▬ Vous savez Noah, l'objectif de nos entretiens n'est pas de vous juger, mais simplement d'explorer les différentes hypothèses.
Noah ▬ Oui, bon, soit.
Psy ▬ Revenons-en à notre illusion perceptive. Ce que je me suis dit l'autre jour, c'est que votre rêve pouvait constituer la première image. Vous ne cessez d'y revenir, parce que vous n'avez pas encore découvert la seconde, l'image cachée. Pour l'instant vous ne voyez que le vase. Mais vous continuez d'essayer d'apercevoir les deux hommes. Votre intuition est qu'ils sont bien là, mais, à ce stade, vous n'avez pas été capable de les faire apparaître. Peut-être que ce que vous voyez dans votre rêve ne correspond pas à ce qui s'est réellement passé. Peut-être cela correspond-il seulement aux événements tels que vous les avez imaginés.
Noah ▬ Peut-être, je ne sais pas. J’ai aperçu la forme du corps de ma mère, sous ce drap blanc, reposant à la morgue… Mon père voulait pas affronter l’évènement seul… il a voulu ménager mes sœurs… Du haut de mes 13 ans, c'est vrai que j'avais les épaules pour encaisser un choc pareil... Quelle connerie ! Et après je sais pas, malaise à cause du choc, je me suis réveillé dans un lit de ce même hôpital.
Psy ▬ Eh bien, les documents et les vidéos de surveillance, dont vous m'avez parlé au téléphone, vous permettraient de savoir ce qui s'est réellement passé.
Noah ▬ (profond soupir) … Cette idée, de fouiller le passé de la sorte, par le biais d’articles d’investigation et de voir sa mort en direct, ne me tente guère, je dois dire. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait mention de l'existence de tout ça.
Psy ▬ (bruit de griffonnement) Si les deux hommes sont effectivement présents dans l'image, alors vous pourrez les distinguer. Mais peut-être découvrirez-vous qu'en fin de compte, il n'y a que le vase. En tout cas, quelles que soient vos conclusions, cela pourrait vous aider à surmonter toute cette histoire. (raclement de chaise sur le sol)
Psy ▬ Noah, revenez ici s'il vous plaît, et éteignez cette cigarette... zut à la fin !
Noah ▬ Je suis bien là.
Psy ▬ Vous rendez-vous compte qu'à chaque fois qu'un sujet vous déplaît, vous essayez de fuir par cette fenêtre ? … La séance est terminée.
Bureau du Dr Harley Thompson - 07/06/2010, 3.15 p.mPsy ▬ Bonjour Noah.
Noah ▬ Bonjour Harley.
Psy ▬ Comment allez-vous en cette magnifique journée ensoleillée ?
Noah ▬ Ah il y a du soleil ? Je n'avais pas fait attention.
Psy ▬ Nous sommes en juin...
Noah ▬ Peut-être... alors ça veut dire que ça fait bientôt trois ans qu'on se voit presque tous les jours. On devrait fêter ça ! (rire nerveux)... Vous devriez arrêter de me demander comment je vais, vous le savez pertinemment, si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, je ne serais pas ici, en ce moment même à vous faire la conversation.
Psy ▬ Je pensais que vous aimiez juste ma compagnie.
Noah ▬ Ne me volez pas mon humour Harley.
Psy ▬ Plus sérieusement, vous êtes comme beaucoup de monde, Noah : perdu dans vos zones d'ombre. Vous n'irez mieux qu'une fois que vous vous serez délesté du poids de vos fantômes.
Noah ▬ Les fantômes ça ne doit pas être bien lourd pourtant (rire franc)
Psy ▬ Mais les chaines qu'ils traînent pèsent des tonnes. Reprenons là où nous nous sommes arrêtez la dernière fois... Vous me parliez de votre tante Alicia, la sœur de votre mère, qui réside à New York...
▬ Bureau du Dr Harley Thompson - 07/06/2010, 4.15 p.m - Fin des enregistrements ▬