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(rafe), be your own anchor

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Rafe Hollins
Rafe Hollins
« Admin + queen of hearts. »

pseudo : MARY-W./marie.
arrivé(e) le : 19/06/2017
Messages : 11161
avatar : bob morley, le parfait.
crédits : @my love (avatar), tumblr (gifs) + uc (quote).
Points : 383
âge du perso : trente-deux ans.
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MessageSujet: (rafe), be your own anchor (rafe), be your own anchor EmptySam 20 Jan - 2:58

rafe hollins


TINDER SEX

NOM : le nom qu'il a porté pendant des années, est celui de mendes; le patronyme de sa mère. sa mère biologique, en tout cas; celle qui l'a largué un beau jour parce qu'elle préférait l'alcool, la drogue et le mec qui la tabassait, et qu'au bout d'un moment, un môme, c'était un vrai fardeau qu'elle n'voulait pas se trimballer. hollins est sa salvation, sans doute celle à laquelle il est trop ingrat, par nature, par réflexe; c'est le nom de son autre mère, tiens, la flic célibataire à la mâchoire large qui un jour, lui a tendu la main, quand il avait treize ans et qu'il était occupé à jouer les caïds dans la rue.
PRÉNOM(S) : écrire ici.
ÂGE : trente-deux ans et déjà beaucoup trop d'expériences qu'il préférerait oublier.
DATE ET LIEU DE NAISSANCE : il est né un dix-huit juin bien pourri et orageux, à new york, cette ville qu'il n'a jamais quittée, son centre de gravité. on peut l'appeler de tous les noms qu'on veut - on l'a déjà fait - mais il est américain de sol, de sang, de valeurs, et de droits.
EMPLOI : il est employé dans une agence en bâtiment, surtout maçon, mais il s'débrouille aussi en peinture et en isolation, tout ce qui lui fait travailler ses mains lui vide la tête, au moins.
SITUATION CIVILE : il est un célibataire endurci, le genre de connard qui s'est rendu totalement inaccessible et imperméable au cœur des autres; amoureux des coups d'un soir, des fois où les nanas repartent de chez lui sans demander leur reste, de tout c'qui ne force pas sur les cordes de son âme, pour mieux les briser. le réel des sentiments, ça lui a toujours fait un mal de chien, à rafe, et dès que ça fait trop mal, il efface tout à grands coups de débauche.
ORIENTATION SEXUELLE : il s'estime hétérosexuel; pourtant, y'a eu une époque où il n'était pas fermé d'esprit- un temps où il aurait essayé tout et n'importe quoi pour que la liberté remplace les chaines invisibles qui le connectaient à un passé douloureux. il a bien embrassé un type, alors, roulé une pelle contre le mur froid à l'extérieur d'une boite, mais peut-être était-il trop mort à l'intérieur pour ressentir quoique ce soit.
FEAT : bob morley, le plus beau.
distant indépendant long à la confiance nonchalant orgueilleux bosseur sans grand rêve charmeur méfiant secret brouillon borné aventureux sarcastique honnête doux blasé cynique loyal inexpressif impétueux rancunier.
Maybe we feel empty because we leave pieces of ourselves
in everything we used to love.

001. + on pourrait croire que c'n'est pas lui, que c'n'est pas le même type que celui qu'on a l'habitude de côtoyer dans les soirées, quand on voit rafe avec sa mère. c'n'est pas un rôle qu'il joue avec elle, il n'fait pas semblant d'être un bon garçon qui vient voir sa mère dès qu'il en a l'occasion. il l'aime, vraiment, de toutes ces façons qu'il n'sait pas exprimer autrement qu'en étant c'genre de personne, qu'il est. il sait qu'elle aurait voulu de grandes choses pour lui, il sait qu'elle l'a sorti du caniveau de la société, parce qu'elle croyait en lui; et il n'ose pas demander si elle est déçue, ou si au moins, elle fait avec. sa mère, c'n'est pas le genre de femme qui fait des gâteaux et prépare des petits plats qu'il peut emmener chez lui, ils ont leur relation pleine de non-dits, et pourtant, si évidente dans les actions, les attentions, la confiance et l'aide qu'ils s'apportent. il peut être aussi fêtard qu'il veut, rafe, il n'ira jamais fêter un noël avec des stripteaseuses plutôt qu'avec sa mère. 002. + et en amitié, il est comme ça aussi; un genre de type bien différent, loyal, une oreille attentive qui balance les "hmhmm" dont on a besoin quand on se confie, et qui a, parfois, des bons conseils. rafe, il est un bon ami, qui devient souriant, qui s'intéresse aux gens auxquels il tient, et pas trop emmerdant. en revanche, faut bien souvent se préparer à, en soirée, le voir partir avec une inconnue plutôt que rentrer sagement à la maison avec ses potes. 003. + il fume, il boit, il bouffe mal selon les jours de la semaine, mais au moins, il fait du sport - ça a été son échappatoire à une époque bien merdique de sa vie; rafe a appris à balancer des poings dans la rue, et à quatorze ans, il a commencé à essayer de les balancer sur un ring, et il s'est fait engueuler comme une merde par son coach, qui l'a vite remis en selles. il fait aussi de l'escalade, beaucoup d'escalade, le genre d'aventure impétueuse qui lui fait embarquer ses affaires un dimanche matin à six heures, avec son chien et son barda, pour aller escalader une montagne ou faire une randonnée qui l'amènera à un endroit où il pourra se sentir être le seul homme au monde. 004. + il n'est pas responsable, du moins en apparences; à l'extérieur qu'il offre au monde, il s'dit n'pas aimer être responsable de la merde des autres - non, il ne prend jamais particulièrement partie, il n'est pas à lever les bataillons pour d'autres gens, qui pourraient eux-mêmes s'occuper de leurs affaires. rafe, il partage relativement peu de choses sur sa vie personnelle avec les autres, alors il aime surtout les gens qui en font de même; pas besoin de raconter sa vie aux autres, à longueur de journée. il aime s'amuser, il aime vivoter, et il est forcément attiré par les gens qui pensent et font pareil, des genres de personnes superficielles qui n'font pas chier, et qui n'posent pas trop de question. n'pas offrir tout son cv à une personne n'empêche pas d'construire une amitié, après tout. 005. + il n'a absolument aucun intérêt pour ses origines, il s'en contrefout; il n'a, évidemment, jamais recherché sa mère biologique, mais ça va plus loin que ça, hein. les traditions brésiliennes, chiliennes ou n'importe quoi d'autre, il s'en fout comme de l'an quarante- au contraire, l'amener dans un genre de "célébration latina" sera le meilleur moyen d'lui faire tourner les talons à toute vitesse. il conserve pour sa mère une profonde rancune, le résultat d'une souffrance sur laquelle personne n'l'a jamais poussé à mettre des mots - elle était sa mère, elle l'a largué comme un malpropre sur un banc du poste de police, où il a attendu des heures avant que quelqu'un daigne enfin le remarquer. parfois, sans doute comme sa propre mère, il aurait juste souhaité n'jamais être né, plutôt que d'devoir ressasser des souvenirs comme ça, mais bon, il n'avait pas beaucoup d'choix sur la question. 006. + il a un peu été un touche à tout avec le temps, les expériences qui l'ont forcé à être un genre de caméléon des circonstances; de ça, il garde la guitare et le dessin. à une époque, rafe, il a même été dans un groupe de musique, le genre de truc qu'on fait dans son garage pour s'amuser. maintenant, il dessine pas mal, facilement, en quelques coups de crayon agiles; il a écrit des genres de comics, qu'il n'a jamais eu l'ambition de faire aller plus loin que des brouillons sur des papiers gardés chez lui, dans son bordel. parce que ouais, rafe est bordélique, c'n'est pas crade chez lui, mais c'est bordélique, et c'est sa façon d's'organiser. 007. + il n'a jamais touché à la drogue; pour la bonne raison qu'il a plutôt de bons souvenirs, bel et bien réels, de c'que ça fait, la drogue - surtout sur une femme, une mère, avec son gosse juste à côté d'elle pendant qu'elle est à moitié dans les vappes à cause de c'qu'elle a pris. il a passé tellement d'années à regarder des dessins animés sur le canapé, à côté de sa mère à moitié consciente, à attendre qu'elle sorte de sa transe, que maintenant, il n'peut plus saquer ça, les dessins animés. 008. + il n'est pas croyant, il n'est pas superstitieux, mais parfois, il s'demande quand même si y'a pas un putain de karma qui s'acharne sur quelques personnes. et pourquoi?! la question demeure une profonde injustice sans réponse, pour lui; parce qu'à sept ans, il n'avait définitivement rien fait d'mal pour finir là où il a fini. et pendant des années, il n'avait rien fait d'mal pour être balloté de foyer en foyer, entre des gens qui n'en avaient rien à foutre de lui. et puis finalement, quand il a fait le caïd, violent et impétueux, il a été remarqué, quelle ironie. dans les beaux quartiers de los angeles, il aurait pu croire que c'était la fin du calvaire. mais non, la merde n'était jamais bien loin d'lui; et pourquoi, encore une fois? parfois, quand il passe devant la maison qui avait appartenu aux drake quelques dix ans plus tôt, il s'pose encore cette question, parce que personne n'lui a jamais répondu. 009. + il lit beaucoup, mine de rien; un peu comme un nerd de la lecture, c'est reposant au moins, la lecture, et ça va souvent dans le sens qu'il voudrait. il ne lit rien d'extravagant, ni du platon, ni des théories sur le genre humain, mais  il lit plus qu'il ne regarde la télé. le point de rencontre des deux, c'est sans doute game of thrones, où il râle sur la série parce que "c'est mieux dans les livres", loin d'admettre qu'en fait, la série est loin d'être dégueu. il aime un peu tout et rien dans la culture populaire d'aujourd'hui, et la téléréalité le fait plonger dans un profond coma. 010. + quand bien même il est resté à los angeles toute sa vie, peut-être que rafe a une âme de nomade; il n'a aucun problème à faire du camping improvisé selon ses sorties, il peut pioncer dans sa voiture dans n'importe quelle position, il part et part et part encore comme ça, régulièrement, autour de la ville, dans les montagnes, un peu ici et partout, dès qu'il en a l'occasion. le brun est débrouillard comme ça, et souvent, il est rappelé au fait qu'il n'a besoin de rien d'autre que ça.


l'avis de votre personnage sur le site de rencontre matchmaker.
Il est un cynique, Rafe; de ceux à qui l'amour a déjà fait trop de mal, abandonnant les stigmates de l'abandon sur un cœur qui n'avait rien demandé. A son âge, avec le passé qu'il s'coltine, il n'rêve plus forcément en un tas d'choses: amour, famille, mariage, peut-être même que ça n'a jamais été c'qu'il voulait, tellement c'était étranger à ce qu'il avait toujours connu. Ouais, il s'est inscrit sur MatchMaker alors, pour trouver plus facilement des conquêtes, les avoir au bout des doigts plutôt que d'chercher, chercher inlassablement dans les rares soirées qu'il a de trêve. Et puis, y'a, à vrai dire, beaucoup d'gens qu'il vaut mieux n'pas rencontrer en face à face, même si c'est juste dans l'objectif de les baiser et de passer à autre chose: dans ces cas-là, le fait qu'y'ait un écran entre lui et les autres, ça aide toujours pas mal.


mary-w. + marie

âge + l'âge d'une sagesse extrême, j'suis hyper sage dans ma tête, oué (a). disponiblité + 0/7 c'pour ça qu'on m'y voit tout le temps. fuseau horaire + le fuseau horaire des gens décalés qui n'ont pas de vie. personnage + inventé, bôgoss, sexy, hot, voilà (a). où avez vous connu le forum + well j'ai eu envie de le créer un jour. qu'en pensez vous + il est tout pourri, comme moi (y). votre mot de la fin + kakaprout.


Dernière édition par Rafe Hollins le Sam 20 Jan - 14:28, édité 3 fois
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Rafe Hollins
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MessageSujet: Re: (rafe), be your own anchor (rafe), be your own anchor EmptySam 20 Jan - 2:59

hate is foolish. and love is always wise.

new york, 1998; rafe, treize ans Y’avait des leçons qu’on apprenait petits, des choses importantes pour le futur, que tous les parents se donnaient le devoir d’inculquer à leurs progénitures: comment lasser ses chaussures, n’pas bouffer ses crottes de nez, ne pas donner des coups de pieds dans les autres gens. Et c’était comme si du haut de ses treize ans, Rafe, il en était arrivé là, à coup de leçons bien différentes. Pourtant, il savait lasser ses chaussures, il n’bouffait pas ses crottes de nez, et il n’donnait pas de coups de pieds dans les gens. Mais il avait aussi appris à comment reconnaître la différence entre un coma très profond dû à la drogue, et la mort définitive d’un corps qui commençait à se décomposer. Il savait reconnaître de l'amphétamine, et il savait à quoi ça servait, la morphine. Il savait aussi quels dommages ça causait, la dépression, l’hystérie, tous les problèmes mentaux possibles et imaginables, que des ‘professionnels’ étaient, eux, incapables de voir chez une femme enceinte. Parce que merde, peut-être que s’ils avaient vu quelque-chose, peut-être que s’ils avaient été capables d’faire leur boulot, le pauvre gamin brun abandonné qu’il était, n’aurait jamais vu le jour. Et la vie aurait été plus simple, pour beaucoup d’gens. Et dire qu’aujourd’hui, on lui parlait de tous ces pauvres couples qui passaient par procédure après procédure pour avoir le privilège d’obtenir la garde d’un enfant - quelle ironie; quelle ironie, surtout, quand c’était dans les bras d’un vieux pervers et d’une folle qu’ils tombaient, finalement, ces enfants. Après tout, les gens n’souffraient pas des années de procédure pour adopter un p’tit gamin rebelle, aux origines de basané, et ‘trop vieux’ pour être un tant soit peu séduisant pour tout parent. ‘Trop vieux’, alors ça aussi, c’en était une putain, d’ironie - être trop vieux à treize ans. Rafe avait bien l’impression d’l’être, pourtant; trop vieux, comme usé, épuisé de s’retrouver dans les mêmes couloirs du même poste de police. La toute première fois qu’il avait été là, à sept ans, il avait tremblé d’la tête aux pieds, maintenant, les yeux obstinément accrochés dans le vague, le jeune garçon n’semblait pas chercher à c’qu’on l’aide. On avait maintes et maintes fois refusé de l’aider, alors il avait arrêté de demander. Il s’débrouillait lui-même, et tant pis si ça devait l’amener ici; peut-être alors, ouais, qu’il était trop vieux. Froid, irrespectueux, le visage fermé comme s’il était déjà un caïd alors même qu’il n’avait pas une gueule très intimidante. Personne n’avait aidé les filles, non plus; aucune assistante sociale n’s’était donnée la peine de s’pencher sur le cas des gamines avec des bleus sur les cuisses, des cernes sous le visage, et muettes comme des carpes. Aucun ‘agent du système’, aucun flic, aucun ‘adulte’ n’avait levé le petit doigt. Et c’était maintenant qu’ils faisaient quelque-chose, surtout pour passer les menottes au môme avec le sang brésilien, comme s’ils avaient peur qu’un pré-ado arrive à les mater d’une quelconque façon. Ouais, c’était plus le vase que la force du coup lui-même, qui avait ouvert une profonde entaille à travers le front du ‘père adoptif’; et même avec ça, même avec c’qu’il n’avait eu de cesse de soutenir pendant de longues minutes, à sa ‘mère adoptive’, aux flics qui étaient venus le cueillir, personne n’semblait rien vouloir faire. Dans la voiture, ils avaient limite parlé de centre pour jeune délinquant, pour lui; aucunement de prison pour l’autre pédophile. Et c’était comme ça, que Rafe, il s’faisait ses leçons, à lui. Qu’on le foute en centre, qu’on le traite comme un criminel, c’était irrémédiablement le fond du trou vers lequel tout le monde voulait le pousser - aucune famille n’voulait de lui, il était juste un encombrement dans les foyers, alors autant l’foutre à la cave, avec tous les gosses défectueux. A bouder dans son coin, il avait arrêté d’essayer de distinguer les gens autour; les yeux baissés, borné dans le petit rectangle qu’était son champ de vision, Rafe n’eut pas le moindre geste encourageant, à l’égard du flic qui s’assit juste à côté de lui. La flic, à en croire le son de sa voix. « Rafe, c’est ça? Je m’appelle Rebekah. L’agent responsable de ton dossier ne sera pas là avant demain. » parce qu’évidemment, il avait un ‘dossier’; le petit brun haussa les épaules - ils allaient lui faire passer la nuit ici, et quelque-part, c’était toujours mieux qu’au foyer. « Tu vas venir avec moi. Je me suis portée garante pour toi, jusqu’à demain. » et cette fois, il dut se mordre la langue très fort pour n’pas dire ou faire quoique ce soit, trop occupé à rester avec ses pensées, profondément véhémentes à l’égard de tout ce qui l’entourait. Pourtant, il la sentit, la main de Rebekah, sur son épaule; et il l’entendit son ‘tout va bien aller’; mais quelque-part, il avait encore du mal à y croire.

new york, 1998; rafe, treize ans La première chose qu’il avait remarquée chez Rebekah, c’était sa mâchoire; plutôt large et serrée, comme si elle était constituée d’une multitude de petits os et de muscles qu’elle avait poussés à l’extrême, avec le temps. La deuxième chose qu’il avait remarquée, c’était ses cheveux, blonds, très blonds; et raides. Très raides. Bien différents de la tignasse que sa mère avait eue, celle dont il se souvenait, parce qu’il se rappelait bien de toutes les fois où il s’était endormi contre elle, en sentant l’odeur de ses cheveux. La troisième chose qu’il avait remarqué, c’était qu’elle n’mâchait pas ses mots, et qu’elle l’avait engueulé; en lui disant qu’il devait y mettre du sien, qu’il devait au moins essayer, qu’il n’allait pas pouvoir venir s’plaindre s’il était vraiment envoyé en centre pour jeune délinquant, et que plus personne n’pourrait rien faire pour lui, là-bas. Il le savait, ça, il en avait vus partir d’autres; depuis les foyers où ils étaient délaissés et maltraités, là surtout pour le chèque que l’état fournissait, jusqu’au centre de détention où ils étaient marqués comme criminels pour le restant de leurs vies. Finalement, il en avait eu marre, il avait piqué une crise Rafe, ce genre de hargne qui sortait de nulle part, et qu’il vouait au monde entier - ouais, aussi à Rebekah, qui l’avait amené dans son beau quartier de bourgeois, ‘pour la nuit’, pour faire une bonne action, parce qu’elle s’était prise en pitié d’un gamin qui n’avait rien demandé à personne. Il avait demandé de l’aide, y’a des années de ça, sa mère avait demandé de l’aide, et personne n’avait jamais aidé. Alors pourquoi elle? Pourquoi maintenant, qu’est-c’qu’elle lui voulait?! Il était persuadé d’avoir balancé tout ça, et plus encore, et une chaise aussi; et quand n’importe quelle personne raisonnable - ou n’importe quelle personne qu’il avait connue jusque-là - l’aurait reconduit direct au poste, priant pour qu’il soit enfermé, Rebekah, elle lui avait lâché la grappe. Elle venait de lui dire de sortir, sur le palier, de prendre l’air, de réfléchir, de s’calmer. Qu’ils en reparleraient après le repas qu’elle était, apparemment, en train de préparer; un truc vite fait sans doute, parce qu’elle n’devait pas avoir beaucoup de temps libre, elle, ça se voyait sur son visage. Et parce que les flics étaient tous des connards, alors forcément des idiots sous-payés pour les heures qu’ils faisaient. Dehors, à mordre son frein depuis de longues minutes, il y eut une autre blonde qui vint, sans qu’il ne la remarque. « C’est quoi ton nom? » il avait sans doute parlé à plus de gens dans cette soirée que dans toute sa vie; à part peut-être la fois où il avait été largué par sa mère dans un commissariat, et qu’on l’avait harcelé de questions ce jour-là. Il ne répondit pas, comme si ça allait faire partir la curieuse. « J’savais pas que Ms Hollins ramenait quelqu’un chez elle ce soir. » et quand il se forçat à observer la gamine à quelques pas de lui, le brun ne put que remarquer qu’elle n’semblait pas beaucoup plus jeune que lui; et pourtant, plus innocente, plus candide. Blonde, avec des grands yeux bleus, comme tout le monde dans ce putain de quartier - visiblement, le genre de gosse assez privilégiée pour n’avoir rien vu de toutes les merdes qu’il avait dans sa tête, lui. « Je passe juste la nuit. » qu’il marmonna, un effort insurmontable, il semblait. « Oh, c’est dommage. Il n’y a pas beaucoup de gens intéressants, par ici... » parce que ouais, maintenant qu’il s’donnait la peine de le remarquer, elle n’avait pas l’accent américain; tout comme sa mère n’l’avait pas eu. Sauf d’un autre endroit. D’il n’savait où. « J’m’appelle Shea, au fait. Et peut-être que si tu restes plus longtemps, on pourra s’amuser ensemble. » il y eut un vague sourire, une vague tentation qui vint briller dans l’esprit de Rafe à ce moment là, alors qu’il hochait la tête. S’il restait plus longtemps. Non, c’était impossible; il finirait probablement au fond du fond d’ici demain soir, et ‘Shea’ trouverait un autre copain, au bout d’un moment. De toute manière, elle allait vite l’oublier, puisque l’entrevue ne dura pas plus longtemps, une voix appelant la petite blonde depuis une des maisons voisines. « J’dois y aller. A une prochaine! » lança-t-elle le plus naturellement du monde, un sourire spontané et chaleureux, débordant jusque dans sa voix. Shea, elle était gentille, il se souvient avoir pensé; ça semblait être la première fois en des années, qu’il était capable d’penser ça de quelqu’un d’autre.

new york, 2007; rafe, vingt-et-un ans Retour à la case départ. Ce flic, il avait eu raison, tiens. Encore un flic. C’était le thème principal de l’aventure de merde qu’était sa vie. On aurait pu croire que dans un quartier chic, élitiste, blanc, il aurait pu avoir la paix; mais au fond, pourquoi est-c’qu’il avait un tant soit peu espéré ça? Qu’est-c’qu’elle avait cru, Rebekah, en le ramenant lui, comme un chat de gouttière, dans un endroit pareil? Le voilà porteur de tous les torts du monde, et incapable de véritablement les contredire. Les parents Drake l’avaient bien vu, après tout, dans le même lit que leur fille mineure, trop occupé à avoir ses mains sous le tee-shirt de la blonde pour se préoccuper de qui pouvait entrer dans la pièce. Asteria non plus, elle n’avait rien entendu. Ils n’avaient rien vu venir, comme deux idiots; et si seulement il était là pour ça, Rafe, il s’dirait qu’il l’avait un peu cherché, que ç’avait toujours été une pensée, présente dans sa tête, à chaque moment qu’il passait avec la blonde. Mais qu’aurait-il été censé faire? Attendre deux ans dans l’espoir que tout tienne bon, pendant tout ce temps? Passer à autre chose, comme si c’était si facile? Pour les adultes, évidemment que ça l’était; on tombait amoureux plusieurs fois, qu’ils disaient, et les amourettes de jeunesse ne signifiaient rien, à la fin du grand ‘cycle de la vie’. Mais Terry, c’n’était pas une amourette de jeunesse; elle avait mis tellement de temps, à s’faire un chemin jusqu’à son coeur; il savait que c’était un aller simple, Rafe, un voyage qu’elle seule avait eu l’estomac de mener. C’était Asteria et personne d’autre. Pas même sa soeur ainée, contrairement à c’qu’on aurait pu croire à une époque, quand ils avaient été si proches, malgré les phrases un peu hautaines que la jeune fille lui avait lancées; des ‘ah, j’en étais sûre que vous n’pouviez pas être de la même famille, avec Ms Hollins, quand même!’ ou des petites phrases, anodines pour la blonde privilégiée qu’elle était, blessantes pour le con comme lui. Et maintenant, Shea, il n’savait pas où elle était; il n’savait pas, il n’savait vraiment pas. Il se souvenait de quand elle avait débarqué dans le bar où il avait été, avec une bande d’amis, qu’elle lui avait balancé de but en blanc qu’il était un gros pervers; qu’il l’avait suivie, quand elle était sortie en trombe du lieu, sans se retourner, assurant qu’elle n’voulait plus jamais le voir, et qu’elle ne le laisserait plus jamais voir Asteria - comme s’ils avaient besoin de son autorisation, et comme s’ils n’avaient pas déjà assez à faire avec ses cons de parents. Des répliques qu’il lui avait sans doute balancées, aussi, brûlant de l’intérieur, débordant de cette hargne qu’il s’était forcé à n’pas avoir à l’adresse des parents Drake. Il était rentré la queue entre les jambes quand ils avaient pété un scandale, mais Shea, c’était de trop. Surtout quand il la voyait, elle, trainer avec tous les cons du coin, prétendre qu’elle était mieux parce qu’elle allait à l’Université, boire comme un trou, mais prétendre que c’était mieux aussi, parce que c’était au sein des fraternités de sa Sainte Université, avec tous les gosses de riches qu’elle aimait tant côtoyer. Il l’avait vue, prendre de la drogue, avec d’autres gens, soi-disant pour le fun; il l’avait vue, tituber dans les bras de mecs qui se rinçaient l’oeil, parce que Shea, au-delà de ses apparences de fille proprette, elle n’avait jamais hésité à faire péter les décolletés ou à afficher ses longues jambes. Ils s’en étaient criés, de la haine, et Shea avait fini par lui en balancer une dans la tronche, une vraie gifle, claquant dans l’air. Il l’avait laissée partir, et c’était la dernière fois qu’il l’avait vue. Et maintenant quoi? Maintenant, il semblait qu’il était le principal suspect dans sa disparition; la disparition d’une belle princesse blonde, avec ses photos parfaites placardées un peu partout déjà, dans le poste de police. Encore une fois, parce que les détails étaient importants, il était arrivé, Rafe, avec les menottes au poignet; et Rebekah avait pété un câble pendant que les flics passaient au crible chaque détail de sa chambre. Au vu du temps depuis lequel il attendait, ils n’trouvaient rien, mais ils le laissaient croupir dans cette minuscule pièce, pendant sa garde à vue, comme si ce mot justifiait tout et donnait tous les droits. Et peut-être que Shea était morte au fond d’un fossé, peut-être qu’Asteria était toute seule, en mille morceaux à cause de la tristesse. Est-c’qu’il était triste, lui aussi? C’était un sentiment auquel il avait été tant habitué, que c’était comme s’il était anesthésié; il n’avait plus rien à dire, tous les flics qui s’étaient succédés dans cette pièce avaient passé des heures et des heures à le cuisiner, à lui arracher des versions qui n’changeaient pas - il mettait un point d’honneur, à n’rien changer, à n’rien compliquer. Il n’savait pas. Il n’savait plus. Sa cause était éternellement perdue; et ses pensées n’allaient que vers Asteria là maintenant. C’était pitoyable, non? Il était le con, cloué au piloris par les parents Drake, et tout c’qu’il pouvait faire, c’était penser à leur fille. Pas celle en danger, non, celle qu’il aimait, celle qui était seule, celle qu’il avait toujours voulu protéger des peines du monde cruel qu’il n’avait eu de cesse de connaître lui. Mais voilà, la vie était une salope bien créative.

new york, 2007; rafe, vingt-deux ans Peut-être qu’il le méritait, tout c’qui lui arrivait, à la fin; Rafe, à tirer sur les nerfs des uns et des autres, à jouer avec les risques, l’histoire dirait qu’il n’pouvait s’en vouloir qu’à lui-même. Pour tout; peut-être même pour l’fait d’avoir été abandonné, gamin, par sa génitrice. Rebekah lui avait dit, elle lui avait dit, et elle lui gueulerait ça en pleine figure si elle savait que là, maintenant, il était en train de serrer Asteria Drake dans ses bras. Aucune autre. Peut-être même jamais une autre; c’était la conviction, désespérée et désespérante, qu’il était en train de s’construire dans la tête, alors qu’il semblait bien que c’était leurs adieux. Alors au diable toutes les interdictions qu’on lui avait lancées, les avertissements qu’on lui avait donnés; à quoi bon lui dire de n’jamais revoir Terry, si de toute manière, elle partait? Égoïstement, il n’voulait plus rien s’imposer là, plus aucune restriction, plus aucune remise en question des comportements qu’il avait eus. Tant pis s’il devait finir en taule pour la disparition de Shea, alors même qu’ils n’avaient jamais rien retrouvé d’elle, qu’il avait un alibi avec plusieurs témoins, et qu’il n’avait jamais menti. Pas aux flics, en tout cas. Y’avait sûrement des bouts d’histoire qu’Asteria n’savait pas elle-même, des choses qui n’valaient pas la peine d’être dites. Qu’elle parte, Terry, de toute manière elle n’pouvait pas faire grand-chose contre ça. Et sûrement qu’il ne l’voulait pas, lui; ils avaient assez donné. Ils avaient assez enduré, de peines, de déceptions, de complications - tout ça pour ‘une amourette de jeunesse’, qu’ils disaient, tous les adultes. Au moins, elle n’croyait pas ce que tout le monde disait sur lui - ça faisait d’elle, officiellement, la deuxième et dernière personne de cette liste; et pourtant, puisqu’elle était une Drake, tant entourée par ses parents, il était incapable lui, de garantir qu’il la croyait. Ou qu’il n’s’imaginait pas, d’ici un an, avoir à l’autre bout du monde, une Asteria persuadée qu’il était le connard qui avait fait disparaître sa soeur, dans un tour de magie qui n’avait aucune logique, et auquel personne n’essayait d’appliquer la moindre logique. « C’est pas grave. Ça va aller. » furent les seuls mots qu’il put lui dire, ceux qu’il put au moins essayer de croire un tant soit peu; forcément qu’elle allait s’en sortir, surtout si sa famille quittait New York. Surtout si elle s’éloignait de lui, parce que les emmerdes ne semblaient jamais s’envoler bien loin de son monde à lui. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était la réconforter, essayer au moins; il n’avait pas besoin de son réconfort à elle, il avait l’habitude, lui. Il caressa tendrement ses mèches blondes, embrassa le sommet de son front, l’enlaça et la consola et pour une fois, Rafe n’demanda pas son reste. Peut-être fut-il soulagé, de s’découvrir la capacité de la laisser partir au bout d’un moment; à n’en pas douter, c’était sûrement parce qu’ils avaient enfin fini de le briser.

new york, 2017; rafe, trente-deux ans « Hey, réveille-toi. » dix ans plus tard, il en était là, remettant tout juste son pantalon alors qu’il donnait un vague coup dans la jambe de la fille qui sommeillait profondément. Blonde, aux yeux bleus, blanche comme un cul; elle serait outrée du pourquoi du comment elle était dans ce lit, à se faire réveiller de manière si incérémonieuse. Mais bon, est-c’qu’elle avait à se plaindre? Elle venait d’passer une bonne nuit, et après les bons plaisirs, elle avait eu tout le loisir de dormir et dormir, jusqu’à maintenant. « J’dois aller bosser. » qu’il marmonna encore, râlant sur le fait qu’elle soit encore collée à l’oreiller. La blonde lui répondit dans un grognement, qui ne le fit qu’à peine sourire; et dire qu’elle squattait ses draps, alors même qu’il n’se souvenait même plus de son nom. Natasha? Veronica? Blondie? Bref, le truc, c’était qu’elle n’était pas Asteria, et que personne d’autre qu’Asteria n’était Asteria. Un fait qu’il avait presque oublié en une décennie, parce que l’eau avait coulé sous les ponts, et qu’il allait pas s’faire prêtre, quand même. Voilà qu’il venait de rouvrir une plaie bien douloureuse, béante et sanglante à nouveau, et ça faisait un mal de chien. « Si tu t’bouges, tu peux prendre une douche. » elle avait dû comprendre quelques heures plus tôt, que Rafe, il n’délivrait pas plus qu’il promettait; elle avait eu droit à quelques orgasmes, un mec qui descendait sur elle, une partie de jambes en l’air, et voilà. Pas la peine de s’attendre à des câlins pour s’endormir, une longue séance entre deux amants occupés à se cajoler - même pas l’droit à une p’tite partie de rattrapages dans la douche ce matin. Non, toujours sans s’retourner sur elle, sur son chemin vers la sortie de la chambre, Rafe attrapa son téléphone - qu’il inspecta, comme le roi des cons, c’était un toc qu’il avait développé assez vite, aussi inutile était-il. C'était pas comme s'il en avait quelque-chose à foutre, de Game of Thrones - techniquement, il en avait quelque-chose à foutre, mais c'était loin d'être le sujet le plus fascinant qu'il aurait à aborder, avec elle. Mais il n'savait pas quoi aborder avec elle, c'était bien ça l'problème; à défaut, ils parlaient de dragons, et de plans machiavéliques pour récupérer un trône dégueu, et il essayait tant bien qu'mal de s'contenter de ça. Il n'avait pas non plus parlé d'autre chose, proposé quoique ce soit d'autre que ça, essayé quoique ce soit d'autre que ça; parfois, il essayait de s'convaincre qu'il s'en foutait, mais les sms vides d'intérêt le faisaient sourire tout autant qu'ils lui pinçaient le coeur. Cette nuit, il n'avait pas regardé Game of Thrones, parce qu'il avait été occupé dans un bar, avec une meuf, et que ça n'avait pas suffi. Game of Thrones n'aurait pas suffi non plus, d't'façon. Il soupira, ne répondit rien; il répondrait plus tard, c'était déjà plus que c'qu'ils avaient eu un an plus tôt.
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