001. + Fumeur. Une feuille, un filtre et quelques miettes de tabac un peu humide, ou un peu sec. Tu aimes la saveur acre du tabac qui s’insinue dans ta gorgée. Tu aimes la fumée blanchâtre qui s’échappe de tes lèvres à chaque latte que tu savoures. Tu aimes tenir ce tube de nicotine, ce tube de cancer, entre tes doigts, au coin de ta bouche. Sensation apaisante. Douce chaleur. Addiction comme une autre.  002. + Alcool. Un verre, puis un deuxième, un troisième et une quatrième. L’ivresse t’aide à passer d’un jour à un autre, t’aide à oublier l’absence de tes gosses, l’absence de Milo l’espace de quelques heures. Quelques heures pendant lesquelles tu n’es plus maître de tes actes, de tes mots. Une bouteille, encore une autre, puis une troisième. L’alcool coule dans tes veines. Les nuits portées sur la boisson sont celles que tu regrettes le plus, mais tu ne peux les arrêter. Tu as ce besoin de te sentir mal. Vice bien pire qu’une simple addiction.  003. + Distant, dur, hostile, rude. Autant d’adjectifs qui te qualifient. Tu es un être froid. Les autres ont souvent peu d’intérêt à tes yeux. Tu juges. Tu jauges. Tu ne te laisses pas amadouer par le premier venu. Tu impressionnes par ta stature. Tu as l’art de ne rien laisser paraître. L’art d’annihiler la moindre expression de ton visage. 004. + Violent autant dans les mots que dans les actes. Tes enfants sont les seuls à ne pas avoir vu cette facette de ta personnalité. Ton ex-mari a su te dompter, il a su trouver ta douceur, ta tendresse, trop longtemps enfouies sous une profonde colère. Il a craqué pour cet homme à qu’il fallait apprendre l’amour. Il a craqué pour toi. Et tu l’as perdu.  005. + Tu as un physique avantageux, c’est pour cela qu’il avait craqué sur toi, ton ex-mari. C’est aussi cela qui attire les autres hommes sur les sites de rencontre. La photo de profil est plus important que la petite description. Souvent, l’appel du mâle dominant, la parade sexuelle, sont plus forts que la connaissance de l’autre. On se juge, on se jauge. On se baise. Fin de l’histoire. 006. + Tu ne sais pas parler de sentiments. Tu n’as jamais su en faire part. Tu le montres dans tes gestes, ils se lisent dans ton regard, dans tes yeux. Mais jamais les mots n’expriment ce que tu peux ressentir. C’est une habitude qui n’habille pas ton quotidien, une leçon que tu n’as pas appris en étant gosse. Jamais un quelconque sentiment n’a franchi tes lèvres. 007. + De ce fait, tu n’as jamais dit « je t’aime » à qui que ce soit, pas même à ton mari, ou à tes enfants. Ses mots ne sortent pas. Tu n’y arrives pas. Ils n’ont jamais fait partis de ton vocabulaire et n’en feront certainement jamais partis. À quoi bon l’avouer si tu es voué à finir tes jours seul ? 008. + Obsessif, mais tu diras passionné. Lorsque quelque chose te rentre en tête, il est difficile de te t’ôter cette idée. Têtu. Et il y a bien trois personnes qui t’obsèdent plus que tout depuis que tu les as perdu. Tes deux gamins, et leur père. Les appels incessants continuent. Tu veux les revoir, tu veux les retrouver. Tes bébés. Ils te manquent. Et tu les retrouveras.  009. + Et malgré cela, tu es devenu infidèle. Tu as trompé pour ton mari, ex-mari, parce que la jeunesse a porté un regard coquin sur ton corps. Te sentant délaissé pour une image de père et non plus une image d’amant, tu as succombé. Tu as péché. Encore et encore. 010. + Depuis votre divorce, et un procès pour harcèlement, tu es devenu un grand utilisateur d’applications de rencontre. Cela s’avère pratique, pour se vider un peu et profiter de la compagnie chaleureuse d’un homme, plutôt que celle d’une bouteille froide de whisky.

âge + dix-huit longues années. disponiblité + tous les jours de la semaine. fuseau horaire + heure française. personnage + pré-lien de milo lewis. où avez vous connu le forum + grâce à milo/samuel. qu'en pensez vous + je trouve le concept super intéressant ! votre mot de la fin + choucroute.

Tu regardes l’immense pendule au-dessus du comptoir de la cuisine. Les cadavres de bière jonchent le sol et la table basse. Tu as bu. Certainement trop pour un seul homme. L’ivresse coule dans tes veines et se mêle à ton sang pour une douce étreinte chaleureuse. Tu n’as plus les idées claires. À chaque gorgée, le manque devient plus grand, à chaque gorgée, l’envie de boire un peu plus se fait sentir et à chaque gorgée, tu succombes à ce désir d’être un peu plus alcoolisé. L’heure avance. La nuit se pose doucement, dépose son voile sombre sur la grande ville. Ville animée quand ton appartement est aussi silencieux qu’un tombeau. Le bruit de la trotteuse dans le cadran t’insupporte. Tu lances ton verre de cristal sur cette horloge en verre. Les deux éléments se brisent sur le parquet froid. Tu élimines, annihiles le moindre bruit. Juste le silence. Et tu te relèves du sofa. Tu redresses ta carcasse lourde sur tes pieds. Nu. Ayant mis ton précédent amant d’une nuit à la porte. Tu fais les cents pas. Les pensées affluent dans ta tête. Tu ne parviens plus à réfléchir convenablement. L’alcool apporte les souvenirs à tes mémoires. Trois visages. Trois visages que tu connais par cœur. Trois visages que tu reconnaîtrais entre milles, dans un bain de foule. Ton cadavre alcoolisé se traîne jusqu’au comptoir de la cuisine et attrape ton téléphone portable. Ta main est secouée de spasmes, rendant difficile son utilisation. Pourtant, le numéro, tu le connais sur le bout des doigts. Tu le composes.

Une tonalité. Une deuxième. Une troisième. Encore une autre. Messagerie. Ça ne te suffit pas. Tu veux entendre sa voix. Tu veux l’entendre. Tu veux qu’il t’interdise de l’appeler à une heure pareille, qu’il te dise que les enfants vont bien et que tu leur manques. Qu’il te dise qu’il veut que tu reviennes malgré tout ce qui a pu se produire entre vous. Volonté folle de gommer toutes les erreurs du passé, de mettre chacun de tes vices à côtés. Mais. Esprit trop pessimiste, ou esprit trop alcoolisé, tu ne t’en rends jamais compte. Messagerie. Nouvel essai. Tu craques. Tu rappelles encore. Une dernière fois. Tu tombes encore sur sa boîte vocale, mais cette fois, tu ne raccroches pas. Tu tiens le cellulaire contre ton oreille. Aussi fermement que possible. « Hey, Milo. J’ai déconné, bébé. Laisse-moi parler aux gosses, laisse-moi les voir. J’suis certain qu’ils me réclament. » Ta voix est lourde et ne laisse aucune place au doute : tu es ivre. « Tu peux pas m’empêcher de les voir. Gabriel et Anna sont aussi mes gosses. Laisse-moi les voir, laisse-moi te voir. » Tu attrapes une autre bouteille et coinces le goulot entre tes lèvres pour la vider de son contenu. Plusieurs gorgées avant de la jeter dans le bac de l’évier. Les dernières gouttes restantes disparaissent dans le siphon, dans les canalisations. « Reviens à la maison, Milo. Reviens avec les gamins. » Bip. Bip. Bip. Bip. Bip.