so, we meet again.

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Ca fait quoi ? Deux semaines que je suis à New York ? Oui quelque chose comme ça à peu de choses près. J'avais commencé à travailler presque le jour de mon arrivée. Vraiment, cette galerie était une bénédiction pour moi. Observer jour après jour tous ces clichés accrochés au mur, c'était juste un pur plaisir. Je trouvais ça fascinant toutes les émotions qu'on pouvait faire passer à travers une simple photographie. Je les connaissais déjà presque tous par coeur et encore, j'arrivais à trouver des petites subtilités au fur et à mesure que je les observais. Mon patron avait même accepté d'exposer l'une de mes photos. Je devais juste me décider sur laquelle. Il m'en avait sélectionné cinq et je devais faire le choix. Ce que ça pouvait être compliqué bordel. Face à mes clichés, je pouvais presque m'arracher les cheveux. Mais je ne devais pas me laisser dépasser par tout ça. On ne me demandait pas de tuer quelqu'un tout de même. Mon téléphone vibre. Une de mes collègues qui m'invite à une soirée sur Brooklyn ce soir. J'hésite à y aller. Okay. J'hésite pendant un quart de seconde peut être. Ca me ferait du bien c'était certain. Après lui avoir rapidement dit que je venais, je délaissais mes photos pour aller me préparer. Rapide petite douche et me voilà face au miroir. Ici je pouvais être qui je voulais. Finies les conventions de papa et maman. Mais bon, je n'allais pas changer du tout au tout en quelques jours à peine. Alors après avoir séché mes cheveux qui se disciplinaient plutôt bien, j'attaquais le ravalement de façade. Je ne me maquillais jamais beaucoup, juste de l'eye liner et un peu de mascara auxquels je rajoutais du rouge à lèvres pour ce soir. Un prune mat. Devant ma garde robe, je mis pas mal de temps à me décider. Il faut dire que je n'avais pas fini de déballer tous mes cartons alors je n'avais pas grand chose de lavé et repassé. Mais je finis par dégoter un pantalon en cuir noir et un dos nu rose poudré. J'observais ma tenue dans la glace avant de terminer ma tenue par des sandales à talons. Me voilà prête pour partir. Je glissais mon téléphone, ma carte bleue et mes papiers dans mon sac ainsi que mon paquet de clopes qui me suivait depuis des jours maintenant. Je crois même qu'il date de Los Angeles vu la consommation que j'ai. Je note l'adresse sur mon téléphone et pars à la recherche d'un taxi. Ici, ça se trouve plutôt facilement ce qui est fort agréable. J'arrive dans le bar assez rapidement vu qu'il ne se trouve pas bien loin de chez moi finalement. Je pourrais même rentrer à pieds. Enfin ça dependrait de mon état. J'entre et pars à la recherche de ma collègue. Mais je reçois bien vite un message m'annonçant qu'elle ne pourrait finalement pas venir. C'était bien ma veine. Tant pis, maintenant que j'étais là, je resterai. Je ne m'étais pas préparée pour rien. J'arrivais au bar, commandant une margarita pour m'imprégner de la soirée. C'était certain que je ne connaissais personne par ici. Enfin, c'était ce que je croyais. Parce qu'un peu plus loin, je la vis. " Jordan ? " Un sourire vient se loger sur mes lèvres alors que je m'approchais d'elle pour la prendre dans mes bras. " Je ne pensais pas te voir ici ! Comment tu vas ? " Avec Louis retrouvé quelques jours plus tôt, je commençais à trouver un petit air de Los Angeles par ici.

Assise sur le rebord de la fenêtre, je pioche dans un paquet de biscuits apéritif, j’en ai plein les doigts, ça colle cette connerie. « Jordan ? » J’entends le ‘r’ roulé et reconnais immédiatement la voix douce de Paula. Un sourire étire mes lèvres et je tourne la tête, accompagnant mon buste dans ce changement de position. « Pour vous servir. » Je lui tends mon paquet de Curly, ce qui est franchement un gage d’amour parce que je partage très rarement ma bouffe. Paula est une des rares à y avoir droit. « Je suis désolée, je pas pouvoir  sortir ce soir. » « Quoi ? tu m’abandonnes ? » Je lui fais mes yeux de chat potté mais elle secoue la tête à la négative. « Diego a besoin de moi. Foodtruck. » Je grimace un peu en fronçant mon nez et soupire légèrement. « Tant pis, j’irai toute seule. » Pour une fois que je comptais amener quelqu’un à une soirée avec des potes, ça relevait du défi. Paula a une importance particulière pour moi, elle n’est pas seulement une amie, ni même une sex friend, elle est un peu plus que ça. Du moins, elle l’était avant qu’Eden ne débarque à nouveau dans ma vie par le biais de MatchMaker. Evidemment je n’ai parlé de rien à personne, je garde pour le moment ce secret pour moi, et continue de discuter avec elle sur l’application au maximum que je peux. J’attends simplement de pouvoir la revoir, mais jusqu’à présent, elle a plutôt l’air d’avoir peur de me revoir, alors je reste patiente.

Un regard sur ma montre et je vois l’heure. Si je pars pas maintenant, je vais pas être à l’heure, clairement. Et même si j’ai jamais l’habitude d’être à l’heure, là clairement je vais arriver tout le monde sera parti. Un regard furtif sur ma tenue. Je dois me changer rapidement, alors je flanque le paquet dans les bras de Paula, descends en sautant du rebord de la fenêtre et plaque un baiser sur sa joue. « A charge de revanche ! » Je cours dans notre chambre en me déshabillant sur le chemin. C’est pas la première fois que mes colocs me voient peu vêtue. J’enfile rapidement ce que je trouve, un slim blanc, un t-shirt à rayures, mes bottines en cuir noires et mon perfecto. Ça ira bien. Léger trait d’eye-liner sur mes yeux, coup de brosse dans mes cheveux et me voilà partie. Je commande un Uber qui est là dans les trois minutes qui suivent et m’engouffre à l’intérieur lui donnant l’adresse du bar de Brooklyn où se déroule la soirée. Je me fraye un chemin jusqu’au bar et commande immédiatement une vodka redbull, je vais bien avoir besoin de ça. Mais ce dont je ne m’attendais pas, c’est d’entendre mon prénom, me retourner, et tomber sur elle. Eden. Putain Eden. Je reste interdite quelques secondes, clignant simplement des yeux, sentant mon coeur s’emballer plus que de raison. « Je ne pensais pas te voir ici ! Comment tu vas ? » Ses bras se referment autour de mon corps et je finis par en faire autant, mais légèrement paralysée par la surprise. « Moi non plus je pensais pas te voir ici, tu n’étais pas à Paris pas plus tard qu’hier ? » Je penche légèrement la tête sur le côté en la regardant, dubitative quant à sa présence ici alors qu’elle me disait sur MM hier qu’elle était à l’hôtel à Paris, photo à l’appui. La revoir me bouleverse totalement, surtout après tout ce dont on a parlé sur MM, et je crois que j’ai juste envie de l’embrasser…


( tenue de jordan )

so, we meet again.

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Je suis tellement étonnée de la voir ici. Enfin avec ma rencontre avec Louis il y a quelques jours, je ne sais pas pourquoi mais j'aurai pu m'en douter. Le passé avait décidé de revenir dans ma vie, c'était amusant. Enfin amusant. Oui, c'était plutôt sympathique. Le trio infernal était visiblement réunis maintenant. Enfin on verra pour la soirée émotion plus tard. Déjà j'espère que Jordan sera un peu plus contente de me revoir que Louis. Parce que vu son regard lorsqu'il m'avait vu arriver chez lui, je ne pouvais toujours pas dire s'il avait été content de me voir ou non. Il avait été, spécial. Presque froid. Enfin, vu que je me sentais responsable de son emprisonnement, je me suis dit que c'était pour ça. On va dire ça oui. J'espère juste qu'on finirait par dépasser tout ça. En attendant je préférais me concentrer sur la blonde en face de moi. Je la prends dans mes bras parce que ça me parait juste être la meilleure chose à faire. La prendre dans mes bras. Avoir ce contact chaleureux que l'autre m'avait refusé. Elle devait avoir moins de rancoeur que lui enfin oui, il n'y avait pas le même passif entre nous. Mais bon je pouvais sentir sa surprise, ça c'était certain. Parce que mon accolade, elle mit un peu de temps à me la rendre. Enfin, elle finit par le faire. C'était agréable de retrouver son odeur, la chaleur de son corps. Elle me regarde un peu bizarrement d'ailleurs. Comme si elle ne s'attendait pas à me voir ici. Mais bon, je ne m'en formalisais pas parce que comme Louis elle devait s'attendre à ce que je sois encore à Los Angeles. Je pense que personne ne m'aurait vu quitter un jour ma ville natale. Mais bon, j'avais eu besoin de prendre mon indépendance. Elle me parla cependant de Paris et ça ça m'étonna. Oui enfin, peut être qu'elle avait eu l'information à l'époque, j'en savais rien. Quoiqu'il en soit, je ne compris pas forcément la subtilité temporelle qu'elle y apporta. " Hier hier oui enfin le temps passe plus vite qu'on ne le croit. " J'éclate de rire avant de reprendre. " J'ai pas forcément envie de penser à Paris moi vu que j'ai réussi à en revenir fiancée. " Je lui montrais ma bague, cette foutue bague que je n'avais toujours pas trouvé le courage d'ôter en presque trois mois. Comme pour me rappeler des conneries à ne plus faire. Même si avec Aurélie, nos fiançailles ne dataient pas de notre rencontre. " Bon alors, qu'est ce que tu deviens ? " J'attrape mon verre et en sirote quelques gorgées, bien décidée à en apprendre un peu plus sur la vie actuelle de mon amie. Sauf qu'elle me regardait d'une manière un peu étrange. Enfin, je ne savais pas trop pourquoi, elle me l'apprendrait par la suite certainement. Il fallait que je laisse passer l'étape de la surprise aussi surement.

Une fois dans ses bras je respire l’odeur de son parfum, celui de ses cheveux. Je ferme les yeux quelques secondes pour essayer d’absorber au maximum l’énergie qu’elle dégage, et j’apprécie la proximité de mon corps avec le sien. Mais l’étreinte est de courte durée et c’est à contre coeur que je m’éloigne d’elle, me mordant l’intérieur de la joue. Faut que je me contienne, que je ne lui montre pas trop à quel point son retour dans ma vie me chamboule, surtout avec tout ce qu’elle m’a dit sur l’application. « Hier hier oui enfin le temps passe plus vite qu'on ne le croit. » Je ne comprends pas vraiment ce qu’elle me raconte, et je penche un peu la tête sur le côté, plissant les yeux. Elle rit et je peine à la suivre, surtout vu ce qui m’attend. « J'ai pas forcément envie de penser à Paris moi vu que j'ai réussi à en revenir fiancée. » J’étais en train de boire une gorgée de ma vodka que je m’étouffe en entendant son aveu. Je tousse, main devant la bouche. « Fiancée ? » Pourquoi elle ne m’a rien dit ? Pourquoi elle est passée au dessus de tout ça pendant tout le temps où on a discuté toutes les deux. J’y crois pas. Une boule se niche dans mon ventre, faisant accélérer mon coeur. C’est une partie de moi qui s’effrite. Elle m’a laisser entendre son attirance pour moi qui n’avais jamais vraiment bougé, les sentiments qu’elle avait pu avoir pour moi, et aujourd’hui elle me dit le plus naturellement du monde qu’elle est fiancée ? Elle me montre même sa bague et mon regard de trouble, une envie de hurler, de pleurer, de lui balancer mon verre à la figure. Pourquoi elle a dit toutes ces choses ? Pourquoi elle m’a laissée entendre que peut-être il y avait une éventualité qu’on reprenne quelque chose toutes les deux. Je me pince les lèvres comme pour essayer de reprendre le dessus, et avale la totalité de mon verre de vodka. Cul sec. Ça commence bien. « Bon alors, qu'est ce que tu deviens ? » Qu’est-ce que je deviens ? C’est à dire depuis la dernière fois qu’on a parlé de mon parcours et du sien ? J’ai du mal à la suivre, elle me semble tellement différente de la fille avec qui je discute depuis des jours sur internet. « Bah écoute, ça a pas bien changé depuis la semaine dernière quand je t’ai expliqué où j’en étais. » Je me passe nerveusement une main dans les cheveux et me mords la lèvre inférieure, aucunement un signe de drague, mais plutôt de nervosité. « T’es sûre que ça va ? J’te trouve bizarre ! Pas plus tard qu’hier je te demande qu’on se voit et tu me dis que tu pars en Europe, tu m’envoies une photo de toi à Paris et là tu es là ? C’est quoi le problème ? T’es en train de te foutre de ma gueule ? De jouer avec moi ? » Je suis remontée, j’ai besoin de comprendre, je me sens tellement abusée…

so, we meet again.

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J'ai l'impression qu'il y a un décalage entre ce qu'elle me dit et ce que je lui dis. C'est comme si elle parlait à une autre personne. Enfin je me faisais des idées c'était sûrement ça.  Parce que parler un peu comme ça comme si on ne connaissait pas vraiment la personne en face de nous, j'avais plus l'impression d'être un rencard qu'elle avait eu un soir et dont elle ne se souvenait plus du prénom. Mais franchement j'ai pas tant change que ça et si elle ne se souvenait plus de moi c'est clairement qu'elle avait perdu la mémoire.  Je ne prétendais pas avoir laissé une trace indélébile dans sa vie mais bon on a partagé assez de choses pour qu'elle s'en souvienne. Je lui appris que j'avais été fiancée. Enfin je lui montrais la bague quoi. Sauf qu'elle faillit s'étouffer avec sa boisson en le voyant. " Oui enfin c'est du passé c'est juste la pour me rappeler de ne plus faire la connerie de me laisser avoir par une belle parisienne qui se dit amoureuse de moi et baise un mec dans notre lit le jour de mon anniversaire. " Enfin voilà la vérité. Sauf que Jordan elle semblait toujours bizarre. Je comprenais que depuis le temps qu'on ne s'étaient pas vues on avait du changer mais elle aussi. Je n'étais pas là seule dans ce cas quand même. Elle prend son verre, le finit cul sec. Oui il y a vraiment quelque chose qui m'échappe. Mais bon elle me le dirait peut être si je lui pose la question. On verra bien. Alors je l'interroge, lui laissant le loisir de me parler de ce qu'elle souhaitait. Travail, amour, sorties bref un beau panel d'informations à récolter tout de même. Sa réponse est encore une fois bien bizarre. Bien trop. Bizarre. " Comment ? " Je la regarde interrogative parce que la je n'avoue ne pas comprendre. Enfin sauf si je suis allée à une soirée la semaine dernière ou je l'aurai croisée et où j'aurai bien trop bu pour me souvenir de ça. Enfin sauf si on m'avait droguée, je n'ai pas le souvenir d'être sortie la semaine dernière. Vraiment pas. Elle peut m'éclairer mais je la sens nerveuse et peut être un peu énervée. Non plus que ça en fait. Mes yeux s'ecarquillent alors que ma bouche forme un O parfait. Je ne comprends strictement pas de quoi elle me parle la. " Attends c'est moi que tu trouves bizarre ? Je ne comprends strictement rien à ce que tu me racontes la ! Ça fait des années que j'ai pas mis les pieds en Europe. Et je n'ai eu aucune nouvelle de toi depuis ton départ de LA alors non franchement je ne me fous pas de ta gueule j'ai juste l'impression d'être dans une mauvaise caméra cachée. Si t'as pas envie de me parler bah écoute on continue chacune notre soirée de notre côté hein mais c'est pas la peine de m'inventer une vie. " Je crois que définitivement le peu d'alcool que j'ai ingurgité me monte à la tête et me fais sortir mes mots sans aucun filtre.

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Fiancée, non mai alors celle là c’est la meilleure ! Evidemment, elle s’est bien cachée de me le dire quand elle m’envoyait des photos d’elle dénudée hein ! Et sa nana elle dirait quoi si elle apprenait ça ? Franchement, je fulmine, je m’en étouffe même. « Oui enfin c'est du passé c'est juste la pour me rappeler de ne plus faire la connerie de me laisser avoir par une belle parisienne qui se dit amoureuse de moi et baise un mec dans notre lit le jour de mon anniversaire. » L’espace d’un instant, je me sens rassurée, ça élude au moins une énigme la concernant, et je souffle un peu, laissant comprendre à la blonde que je suis rassurée de l’entendre. Mais ça ne m’empêche pas de boire mon verre cul sec, parce que j’ai un mauvais pressentiment. Ce n’est pas de mon genre d’avoir un 6ème sens mais là, clairement, ça pue grave ! Ça ne fait qu’empirer lorsqu’elle me demande ce que je deviens et là je perds réellement patience. Je souffle un peu, montre des signes de nervosité, et ma voix se fait plus dure et plus sèche. Je suis remontée, je me connais, et c’est jamais beau à vois. Je suis plutôt le genre de fille toujours joviale, bien dans sa peau, heureuse et positive, mais quand on se fout de ma gueule, je sors facilement de mes gonds. « Attends c'est moi que tu trouves bizarre ? Je ne comprends strictement rien à ce que tu me racontes la ! Ça fait des années que j'ai pas mis les pieds en Europe. Et je n'ai eu aucune nouvelle de toi depuis ton départ de LA alors non franchement je ne me fous pas de ta gueule j'ai juste l'impression d'être dans une mauvaise caméra cachée. Si t'as pas envie de me parler bah écoute on continue chacune notre soirée de notre côté hein mais c'est pas la peine de m'inventer une vie. » Je la regarde me cracher son venin dessus, c’est l’hôpital qui se fout de la charité quand même ! C’est moi qui suis abusée là ! Pas elle ! Merde ! Je serre les mâchoires, j’ai beau réfléchir, je vois pas bien comment tout ça est possible. Pourquoi elle me ment comme ça ? Elle a quelqu’un qui nous écoute et elle veut pas avouer qu’elle me drague depuis des jours sur MatchMaker ? « De t’inventer une vie ? » Je ris jaune, un rire cynique, désagréable. Je sors alors mon téléphone de ma poche, les mains légèrement tremblantes par la rage. « Tu vas me dire que tu m’as pas envoyé tous ces messages depuis des semaines ? J’ai rien inventé Eden ! » Je lui montre les centaines de messages en les faisant défiler sous ses yeux. « Alors va falloir que tu m’expliques, parce que là y’a des trucs que je comprends pas ! » Je respire beaucoup plus vite que je ne le devrais, sûrement parce que j’ai peur de ce que je pourrai découvrir. J’étais tellement heureuse de la retrouver via l’application qu’imaginer que ça puisse être une mauvaise blague me donne la nausée.

so, we meet again.

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Je comprends quedal à ce qui est en train de se passer. Non, c'est même pire que ça. Elle me parle de choses dont je n'ai aucune foutue idée. Et pourtant, elle semble sérieuse. Je sais que le temps est passé depuis qu'on s'est vues pour la dernière fois à Los Angeles mais quand même, j'arrive à reconnaître les signes. Sa voix, son ton, son regard aussi qui change. Je sais ce que ça signifie mais je ne comprends pas trop ce que ça vient faire là. C'est elle qui me balance des conneries à la gueule alors pourquoi elle tire la tronche. Non vraiment, y'a un truc qui m'échappe et pas un petit là. Je lève le bras pour commander un autre verre, je pense que je vais en avoir bien besoin. Elle s'énerve, rigole même. Pas d'un rire franc non, celui nerveux, celui qui m'effraie peut être un peu aussi. Je tente de comprendre mais pour le moment c'est flou. " Oui. " C'est ça, de m'inventer une vie. De me raconter des choses que je suis censée avoir fait alors que définitivement ce n'est pas de moi dont elle parle. J'attends. J'attends et elle s'énerve. Et moi aussi je m'énerve. Et bien, ces retrouvailles sont bien sympathiques aussi. Autant avec Louis ça avait été plutôt froid et distant autant là, c'était beaucoup plus sanguin. Et clairement, je ne sais pas ce que je préférais. Ah si, je veux comprendre voilà tout. Elle finit par sortir son téléphone de sa poche. Je la regarde faire, farfouiller quelques instants avant de me montrer une conversation sur le site MatchMaker. Ce site où je me suis inscrite il y a à peine quelques jours. Ces messages que je suis censée avoir envoyé. Je n'ai pas le temps de tous les lire vu la vitesse à laquelle elle les défile mais clairement ma surprise est présente. " Ce... " Alors là non, je comprends plus rien putain. " Attends là ! T'es pas la seule à ne pas comprendre. " A moitié tremblante, j'attrape mon téléphone à mon tour et le sors. Je cherche l'application avec laquelle je ne suis pas encore habituée et l'ouvre sur mon profil. " Ca c'est moi ! Ca fait même pas une semaine que je suis inscrite sur ce site ! " Donc clairement, je ne sais pas avec qui elle parle là mais c'est pas moi. J'attrape son téléphone et regarde ce que je suis censée lui avoir envoyé. " Oh putain... " Ces échanges... Enfin oui pour certains ça pourrait être de ma part mais clairement pas tous. J'ouvre une photo ou je suis en sous vêtements et exclame un cri de surprise avant de me couvrir ma bouche de ma main. " C'est quoi ça ? Putain c'est ma tête mais c'est pas mon corps ça ! " Alors non seulement quelqu'un s'amuse à prendre mon identité mais en plus à faire des montages dégueulasses avec mon visage. Et cette photo à Paris. Je sais que je l'avais publiée sur les réseaux sociaux mais ça commence à dater maintenant. J'ai la tête qui tourne, ça va pas du tout là. Vacillant un peu trop, je me rattrape au tabouret du bar pour m'asseoir. J'attrape mon verre et le descend cul sec. Je ne sais même pas ce que je bois mais j'ai besoin de boire. J'ose même plus regarder Jordan alors que je lui rends son téléphone. Je ne veux plus lire ces messages. C'est vraiment beaucoup trop pour moi.

Je perds patience. Moi qui pensait être super heureuse le jour où je devais la retrouver pour de bon, la prendre dans mes bras et l’y garder pendant des minutes entières. Au lieu de ça, je me sens complètement perdue, abusée, j’ai l’impression d’être folle, qu’elle me prend pour une cinglée et qu’elle s’amuse à enfoncer le clou. Après tout, peut-être simplement qu’elle a mal vécu mon départ de L.A. et qu’elle veut me le faire payer en me manipulant, en se foutant de ma gueule à me faire languir de cette manière. Mais j’avoue que si c’est ça, elle joue bien la comédie, parce qu’elle a l’air aussi paumée que moi. Nerveuse, je laisse échapper plusieurs signes de mal-être et finis par lui montrer mon téléphone et tous les messages qu’elle m’a envoyé sur cette application. Alors quoi ? elle est schizophrène et elle ne se souvient pas me les avoir envoyés ? « Attends là ! T'es pas la seule à ne pas comprendre. » Je la voix chercher dans son sac son téléphone et elle me montre son profil. « Ca c'est moi ! Ca fait même pas une semaine que je suis inscrite sur ce site ! » Je sais assez bien à quel point c’est sécurisé ce genre de truc, on peut pas s’inscrire plusieurs fois, les créateurs ont mis assez de protections pour les utilisateurs, bien que certains arrivent pourtant à se faire passer pour d’autres. Je ne connais plus Eden, je ne sais pas si elle ment ou pas, et ça me rend dingue. Rapidement elle récupère mon téléphone pour regarder les messages envoyés de la part de la ‘fausse eden’ même si je n’en suis pas encore tout à fait convaincue. Mais vu la surprise qui se lit sur son visage, je me dis qu’elle est soit une excellente comédienne, soit c’est pas elle. Mais qui ? Qui putain ? « Oh putain… C'est quoi ça ? Putain c'est ma tête mais c'est pas mon corps ça ! » Je récupère le téléphone, j’ai pas nécessairement envie qu’elle lise tout ce que j’ai pu lui envoyer, qu’elle sache à quel point j’avais envie de la retrouver, peut-être même de tenter quelque chose. Je suis tellement bouleversée…

Eden titube, s’assied près du bar et commande un verre qu’elle boit d’une traite. Je ferai bien d’en faire de même. Je m’accoude sur le bar et passe mes mains dans mes cheveux pour tenter au mieux de réfléchir. « Mais qui peut s’amuser à faire un truc pareil putain ? » Je souffle et ça fuse dans mon cerveau. « C’est quelqu’un qui nous connaît toutes les deux, on aurait vraiment dit toi, cette personne connaît des trucs sur nous, c’est pas juste une usurpation d’identité ! » J’ai tellement la rage, j’ai envie de casser un truc. Ça m’arrive pas souvent, mais qu’on se foute de ma gueule de cette manière, ça me rend folle. Et puis la déception est si dure à accepter, la déception de savoir que tout ce qui m’a été dit n’était pas vrai, qu’Eden, la vraie qui se trouve devant moi, ne ressent pas tout ça pour moi. J’ai envie de hurler putain, et cette boule dans mon ventre ne veut pas partir. Je demande trois shots de vodka que je bois d’une traite les uns derrière les autres. « Faut que je sache qui c’est. » Je vais devenir dingue, clairement.

so, we meet again.

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Je m'assois, je bois. Je bois pour tenter de faire passer cette putain de pilule. Et c'est pas une petite celle là. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Enfin, moi qui était contente de retrouver mes meilleurs amis, j'ai l'impression d'être dans une foutue émission de télé réalité depuis mon arrivée à New York. Je sais que les choses changent, mais là ça fait beaucoup. Enfin Jordan semble être toujours la même, du moins maintenant que je comprends son étonnement face à mes réponses. Mais oui, tout ceci me laisse perplexe. Ou moins élégamment, sur le cul. Alors je bois. Je laisse descendre l'alcool dans le fond de ma gorge, me brûlant l'oesophage par la même occasion. Je lui rends son téléphone ou plutôt elle le récupère rapidement. J'ai eu le temps de lire quelques bribes de conversation qui me laissent pantoise. Vu les échanges un peu olé, je peux comprendre pourquoi la blonde a semblé surprise lorsqu'elle m'a vu. Oui, elle ne devait certainement pas s'attendre à ça vu les messages. Et là, clairement vu la situation, je n'arrive pas à savoir si je suis jalouse de cette nana ou juste énervée parce qu'il se passe. Oui, Jordan a impacté ma vie, et pas qu'un peu. Mais c'est compliqué ce soir. J'arrive à me sentir trahie qu'elle ait eu cette échange avec une autre moi... que moi. C'est complètement con. Alors je bois pour ne plus y penser. Et puis je l'écoute aussi. Si moi je suis énervée, je peux comprendre qu'elle le soit encore plus. Si j'ai été trahie, elle, elle a été trompée. Et ça peut faire mal. Mon identité a été usurpée mais elle c'est sa confiance qui est bafouée. Elle se demande qui peut avoir fait une telle chose. " Je ne sais pas. " Non, je ne sais pas qui peut être assez dérangé pour faire une chose pareille. " Je ne sais pas. " Je me répète encore une fois. Non, je ne sais pas qui a bien pu faire ça. Oui, c'est certainement quelqu'un qui nous connait toutes les deux et pourtant, les réponses, certaines que j'ai pu voir, sont erronées. " T'as énervé quelqu'un dernièrement ? Parce que j'ai du mal à concevoir que quelqu'un veuille prendre ma place pour te parler à toi pour me faire du mal. Enfin, si je devais être visée, c'est plutôt l'inverse qui se serait passé non ? Enfin j'en sais rien. " Y'a pas de logique de toute façon. Je voudrais bien reprendre son téléphone pour tenter d'analyser ce qui a été dit pour tenter de trouver la personne responsable de tout ça, mais je ne suis pas sure d'avoir la force de lire cet échange. Elle commende de la vodka, elle la boit cul sec. Trois petits verres qui descendent bien rapidement. Je la regarde presque avec envie mais je sais que je dois ralentir un peu sur l'alcool. Je connais mes limites. " Moi aussi. Je vais tenter d'envoyer un mail à MatchMaker pour voir s'ils peuvent avoir des infos mais je ne sais pas si ce sera très utile. " Et surtout s'ils me répondront rapidement. Après tout, ils doivent avoir pas mal de taf pour éviter les pervers sur ce genre de plateforme. Je lève le bras, commande un mojito. Au diable les bonnes intentions, j'ai besoin d'alcool. " Dis... je peux te poser une question ? " Je ne sais pas dans quoi je m'embarque, mais j'ai besoin de savoir. " Tu t'attendais à quoi en me... enfin la... enfin bref, en revoyant Eden ? " Vu leurs échanges, je me doute qu'elle ne pensait pas à une soirée tricot au coin du feu. Mais je dois en avoir le coeur net. Même si ce n'est pas avec moi à proprement parlé qu'elle discutait, si émotions et sentiments étranges il y avait, ce n'était pas en quelques messages qu'ils se seraient révélés.

Je perds patience, j’ai envie de me taper la tête contre ce bar, et le besoin de boire se fait ressentir. Maintenant. Je commande de quoi me faire tourner la tête et m’enfile les shots d’un seul coup. Je n’y verrai pas plus clair, mais au moins j’arrêterai peut-être d’avoir envie de tuer la Terre entière. Je pense pas être quelqu’un de mauvais. J’ai fait quelques conneries, mais pas au point de me retrouver dans ce genre de situation. Je me jure de détruire la vie de celui ou celle qui m’a piégée. Enfoiré(e). « T'as énervé quelqu'un dernièrement ? Parce que j'ai du mal à concevoir que quelqu'un veuille prendre ma place pour te parler à toi pour me faire du mal. Enfin, si je devais être visée, c'est plutôt l'inverse qui se serait passé non ? Enfin j'en sais rien. » Je passe nerveusement mes mains dans mes cheveux. « Nan, nan j’ai fait de mal à personne récemment, enfin pas que je sache en tout cas. » Je souffle, essayant d’évacuer ma frustration et ma colère, mais en vain. Elle me dit qu’elle va essayer d’envoyer un mail au site en question, tu parles, j’imagine que je dois pas être la seule à m’être faite avoir. Conneries. Debout, coudes posés sur le bar et ma tête entre mes mains, j’ai envie de m’arracher les cheveux. Ça tourne à une allure folle dans ma tête. « Dis... je peux te poser une question ? » me demande-t-elle, me faisant lever la tête pour la regarder. Je ne réponds rien, mais ma simple attitude lui incite à poursuivre. « Tu t'attendais à quoi en me... enfin la... enfin bref, en revoyant Eden ? » Je fronce les sourcils à sa question. Et quelle question. Mon coeur s’accélère un instant. Mentir, dire la vérité ? J’ouvre la bouche pour répondre et me ravise, soupirant finalement avant de secouer la tête. « J’en sais rien je… » Je serre finalement les mâchoires et détourne le regard du sien, bien trop perturbée de l’avoir face à moi. « C’est tellement perturbant putain. » Je soupire et joue nerveusement avec un des petits verres, entre mes doigts. « Ce qui est sûr, c’est que je m’attendais à tout sauf à ça. » Je ris un peu nerveusement comme pour lâcher la pression. « Je sais même pas comment j’ai pas vu clair plus tôt, j’ai été aveuglée, je sais même pas pourquoi. Mais ça semblait tellement toi… Toutes ces soirées, ces nuits à discuter, tous ces sous-entendus… » Nouveau rire nerveux. « J’me sens trop conne. » Mon regard s’embrume et après la colère vient l’amertume, l’impression d’avoir été abusée. Déception. Tout ce que la fausse Eden disait éprouver pour moi n’existe pas au final. Je me racle un peu la gorge pour évacuer cette boule désagréable et me force un peu à sourire avant de la regarder, le regard luisant de déception. Je voudrais rentrer et chialer comme une gamine. Mais je suis là, et elle aussi. Et je dois changer de sujet. « Alors, tu es à New York pour le boulot ou pour y vivre ? » Pitié, qu’elle soit seulement de passage, et qu’elle reparte aussi vite qu’elle est arrivée pour que je l’oublie le plus vite possible.