that flows in our veins. (samuel)

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Cela fait déjà quelques temps que le travail de Louis commence à lui peser. C’est toujours en trainant les pieds qu’il avance vers le bar, avec cette sensation de retourner en prison à chaque fois qu’il lui faut passer la porte d’entrée et enfiler le fameux tablier qui lui donne un air coincé. A côté de ce travail démoralisant au possible, la prison avec sa bibliothèque accessible toute la journée, semble être un véritable paradis. Un endroit reluisant, peuplé d’êtres supérieurs. Parce que Louis ne le cache pas, ses collègues semblent tous avoir quelques problèmes de QI. Ils sont incapables de rendre la monnaie correctement, faires les poussières de façon correcte, laver un verre sans y abandonner un dépôt ou encore répondre à un client en utilisant un anglais correct. A leur contact, le jeune homme a vraiment cette impression de régresser, de devenir idiot petit à petit. Alors il ne peut s’empêcher de pousser un long soupir au moment de pousser la porte pour s’engouffrer dans ce débarras que certains s’amusent à surnommer bar. Jamais le Fitch n’irait commander quoi que ce soit dans cet endroit, de peur d’attraper des maladies en tout genre, dont il aurait dû mal à se débarrasser. Des fois il se sent même un peu complice de la transmission de certaines intoxications, lorsqu’il lui faut servir un verre à un client. Puis il relativise en se disant qu’il ne leur a jamais mis un pistolet sur la tempe pour les obliger à boire ce qui est servi dans ce bar miteux, véritable nid à bactéries. Pourtant il rêve de partir rapidement de cet endroit, a déjà déposé des candidatures ailleurs, dans des lieux n’ayant parfois rien à voir. Il a même réfléchi au fait de reprendre ses études, mais il ne sait pas s’il en serait capable. Tomber dans une université modeste alors qu’il a fréquentée les bancs d’Harvard ? Redevenir étudiant comme il l’était lorsqu’on l’a envoyé en prison ? Mieux vaut tourner la page là-dessus, tout comme il vaut mieux partir de ce bar miteux avant qu’un contrôle sanitaire n’y soit fait, et qu’il soit jugé coupable de l’intoxication – voire de la mort, qui sait – de centaines de personnes. Il a déjà donné dans ce genre de choses. Et il s’est juré qu’il ne remettra plus jamais les pieds en prison.

Il est en train de réagencer les bouteilles – mélangées entre elles par ses collègues, chose dont Louis a horreur, à croire qu’il commence à devenir maniaque – lorsque son supérieur, un vieil homme à l’aspect négligé, lui fait signe qu’il y a quelqu’un qui attend au comptoir et que tous les autres sont trop occupés pour le servir. Louis ne se presse pourtant pas à se retourner, se disant même que s’il met un peu plus de temps et que le client, agacé, décide de rentrer chez lui, il aura en quelques sortes sauvé une vie. Mais il n’évolue pas dans un film hollywoodien et le client venu se présenter au comptoir parait même être plutôt tenace. Lorsque le Fitch se retourne finalement au bout de quelques longues secondes, s’apparentant à quelques deux minutes et vingt-quatre secondes, l’homme est toujours là, accoudé au bar, avec son regard fixé sur lui. « Bonjour et bienvenue au paradis. Que puis-je pour vous ? » demande Louis de la façon la plus ironique du monde – une chance que son responsable le croit sincère, il aurait été mis à la porte depuis longtemps sinon, mais il en a besoin de ce salaire, parce que Mason ne peut pas simplement payer le loyer de l’appartement seul et lui-même se sentirait mal de ne pas l’aider. A présent qu’il a rangé les bouteilles et nettoyer une nouvelle fois les verres, il se sent tout à fait prêt à le servir. Pour une fois, il ne va pas être obligé de courir partout pour trouver ce qu’il cherche et cela est déjà une bonne chose. Mais alors qu’il le fixe en attendant qu’il lui réponde, Louis ne peut s’empêcher de se montrer intrigué. « On ne se serait pas déjà croisé quelque part ? Votre visage me dit quelque chose. » Il hausse un sourcil, tente de se remémorer où il a déjà vu cet homme là. Mais rien ne lui vient dans l’immédiat. Il a juste cette infinie certitude de l’avoir déjà vu quelque part.

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Avec deux hommes et deux boulots, Samuel n’avait pas beaucoup de temps pour être tout seul. Alors quand il pouvait, parfois, il se prenait une petite soirée pour aller boire un verre en tête à tête avec lui-même. Sans penser à draguer ou à ramener quelqu’un, juste pour écouter un peu de musique devant une bonne boisson, observant au passage ce qui se jouait autour de lui. Quand on était seul, on pouvait voir pas mal de choses. Des drôles de scènes, parfois. Des scènes de ménage, souvent. Des gens qui se prenaient des râteaux, certains des lapins. Alors bien sûr, si on venait lui parler à ce moment-là, il ne repoussait pas. Au contraire, c’était avec plaisir qu’il accueillait quelqu’un dans sa bulle de solitude, juste, il ne se fixait pas d’objectif. Au final, il n’était pas rare qu’on vienne le draguer alors il restait seul environ dix à vingt minutes. Souvent, c’était des femmes. A croire que les gays étaient moins téméraires, ou que la probabilité pour eux de tomber sur un autre gay était très faible. Lui ça ne le dérangeait pas de faire le premier pas, il était plutôt sociable et s’il se prenait un râteau pour telle ou telle raison, il en rigolait. Niveau relations il était plutôt bien servi de toute façon.

Ce soir il choisissait un bar où il n’était jamais allé, pas très loin de chez lui. Le quartier du Bronx n’avait pas très bonne réputation mais il ne fallait pas juger un livre à sa couverture alors ce soir il voulait donner sa chance à cet endroit, qui lui permettrait de rentrer chez lui en moins de deux – et ça n’était pas négligeable. Il poussa les portes du bar sous les coups de vingt heures et… n’y trouva pas foule. Heureusement qu’il n’avait pas prévu de draguer ce soir, il aurait été déçu ! Il s’installa rapidement au bar et attendit patiemment qu’on daigne s’occuper de lui. Directement, le ton du barman le fit rire. On sentait une telle joie de vivre s’échapper de sa bouche… Rien que dans sa posture, sa façon de le regarder, on sentait que ce type n’avait qu’une envie : se pendre. Lui, il ne connaissait pas ça. Il se plaisait dans son boulot, et pour ce qui était du café, il avait connu pire. « Bonsoir. Une bière s’il vous plaît. » Histoire de commencer doucement. Il n’avait de toute façon pas prévu de finir bourré – mais comme il habitait à côté, ça restait une possibilité.
Le type lui lançait un regard vraiment bizarre depuis le début, il choisit finalement de « briser la glace » en optant pour la technique de drague la plus vieille au monde. On ne se connaîtrait pas par hasard ? Nouveau sourire, peut-être un peu moqueur. « Vous n’avez pas plus original ? Non, je ne pense pas qu’on se connaisse. » Parfois, on le reconnaissait. Mais à chaque fois qu’on lui avait sorti une phrase pareille c’était pour l’emballer, voilà pourquoi il avait tiré cette conclusion, parce que c’était tout de même assez rare qu’il tombe sur des gens matant des pornos gays. « Je comprends qu’il n’y ait pas foule ce soir, ça doit être un peu chiant pour vous, mais du coup vous pourriez peut-être revoir votre approche ? Moi j’dis ça pour vous hein ! » Et en toute sympathie avec ça ! Avec le sourire, ça passait toujours mieux de se faire chambrer. Il avait la fâcheuse tendance à vanner un peu tout le monde, sans trop de limites. « Je m’appelle Samuel. Ca vous dit un truc ? » Peu de chance.

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Le jeune homme lui demande une bière et Louis ne peut s’empêcher de le toiser de ce regard perplexe dont lui seul a le secret. Qui se déplace encore dans les bars pour demander des bières en étant venu seul, quand on peut juste s’arrêter à Walmart, prendre un pack pour le prix d’une seule bière achetée dans une enseigne où le seul rôle du serveur est de décapsulé le bouchon, pour aller la siroter sur un banc au beau milieu d’un parc, loin des bars new-yorkais et leur odeur d’urine ? Non, clairement, soit cet homme là est déjà un peu éméché, soit il ne sait vraiment pas ce qui est bon. Mais ce n’est pas Louis qui va s’empresser de lui apprendre. Après tout, faire fuir les clients n’a jamais été le meilleur moyen d’obtenir son salaire à la fin du moins, d’autant plus quand le client s’enfuit juste après vous avoir parlé. Si encore il était parti alors que Louis avait le dos tourné, là ça aurait été différent. Peut-être même plus plaisant, parce que là, le Fitch ne peut s’empêcher de dévisager son interlocuteur alors qu’il revient près du comptoir avec une bière à la main, la tenant du bout des doigts pour ne pas la réchauffer et qu’elle soit au moins bonne à déguster. A ce prix-là, au beau milieu du plus mauvais bar de New-York, autant faire un effort pour que le gars en profite un minimum. Alors qu’il lui décapsule sa bière avant de lui tendre, Louis ne peut s’empêcher de commenter qu’il a l’impression de connaître l’homme qui lui fait face. Il le dit avec le plus de sérieux possible mais ça semble le faire rire. Comme s’il s’agissait d’une blague alors que le blond est on ne peut plus sérieux. Il tique un peu face à son rire, mais ne dit rien. Il ne se rabaisse jamais à attaquer les gens avec bassesse. Il fait ça avec beaucoup plus de finesse. C’est le seul résidu de son éducation de bourgeois d’ailleurs. « Vous n’avez pas plus original ? Non, je ne pense pas qu’on se connaisse. » Il doit se sentir puissant, à croire qu’on lui court après ainsi. Sûrement un petit musicien qui se prend déjà pour le futur Ed Sheraan et qui est venu postuler là, en espérant pouvoir se présenter un soir sur la scène du bar miteux, avec l’espoir de récolter plus de quinze dollars de pourboire. Il doit sûrement attendre qu’on l’arrête dans la rue pour lui demander de signer son premier autographe, alors qu’il est l’inconnu au bataillon numéro six millions deux cent cinquante mille huit cent quatre-vingt seize et que personne ne connaîtra jamais son nom. C’est vraiment le genre de personnage qui insupporte Louis, mais savoir qu’il ne percera jamais dans le milieu de la musique participe au fait de rassurer le Fitch. « Je comprends qu’il n’y ait pas foule ce soir, ça doit être un peu chiant pour vous, mais du coup vous pourriez peut-être revoir votre approche ? Moi j’dis ça pour vous hein ! » Le serveur manque de s’étrangler. Bon sang, ce n’est donc pas un musicien ? Et il le croit être en train de lui faire des avances, en plus de ça. Alors que Louis est hétérosexuel et que, même son double virtuel, est une lesbienne. Aucune part de lui n’est attirée par les hommes. Pourtant, l’idée ne semble pas choquer le jeune homme qui lui fait face. Il faut dire que sa sexualité ne se lit pas sur son visage. « Je m’appelle Samuel. Ca vous dit un truc ? » Un peu perturbé, Louis secoue la tête pour lui donner une réponse négative. Bien sûr que ça ne lui dit rien. Peut-être qu’il a juste croisé ce gars-là dans la rue ou dans le métro et qu’il a retenu son visage pour aucune raison particulière. Mais il ne parvient plus à se rappeler d’où il l’a croisé. « Non, ça ne me dit rien. C’est vraiment votre faciès qui me dit quelque chose. » Il jette sa serviette sur son épaule, continue à dévisager son interlocuteur. Si son patron arrive et le voit dévisager un client de la sorte, il ne manquera pas de lui hurler au visage d’arrêter parce qu’il va le faire fuir. Mais le jeune homme ne semble pas pressé de s’enfuir, au contraire, il semble amusé par la situation. « J’ai peut-être dû vous voir dans le métro. Ou alors, vous allez souvent au Starbucks ? C’est là que j’observe le plus souvent les gens que je croise. » Il lui faut bien passer le temps en attendant que sa boisson soit confectionnée. Et puis, il ne fait rien de mal. « A moins que vous ayez joué dans une publicité ? Je ne sais pas, quelque chose me dit que je ne me souviendrais jamais d’où je vous ai vu. » Il hausse les épaules d’un air désinvolte. Ce n’est pas comme si cela allait l’empêcher de dormir. Bien au contraire, il a plus ce sentiment de s’en ficher comme de l’an quarante.

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Oups, ce n’était visiblement pas une technique de drague foireuse. Alors il restait trois options : soit ils s’étaient bel et bien déjà croisés – qui sait, peut-être qu’ils avaient même déjà couché ensemble, là c’était la loose s’ils ne se souvenaient pas – soit cet homme était effectivement gay et l’avait vu dans un de ses films – il y pensait de plus en plus, après tout, ce genre de rencontre arrivait de temps en temps – soit ce garçon se trompait complètement. Il était barman, il devait voir passer pas mal de monde, quoique ce bar n’avait pas l’air au mieux de sa forme, alors il était facile de confondre. Sam préférait ne s’avancer sur aucune des trois solutions, chacune des issues pouvant se révéler être très gênante. Il n’avait pas spécialement honte de son métier, mais prétendre que la personne en face de nous regardait des pornos gays, ça pouvait mal finir. Et puis, il ne le disait pas non plus à tout le monde, c’était un peu comme son jardin secret, pour la simple et bonne raison qu’il ne voulait pas qu’on le prenne pour une nymphomane ambulante. Du moins, qu’on ne le prenne que pour ça. « Oui ça m’arrive de passer au Starbucks, mais il doit y en avoir un paquet dans le coin… C’est quand même assez peu probable, non ? » Mais toujours plus probable qu’une publicité. Ce fut cependant ce mot-là qui attira son attention plus particulièrement. On se rapprochait un peu plus du monde du cinéma – si on pouvait vraiment appeler ça comme ça. « La pub ça aurait pu me plaire ! Mais non, ça n’est pas là non plus. Par contre… vous avez pu me voir sur le web. Eventuellement. Dans des… courts-métrages, peut-être. » Souvent, le simple fait de dire web aidait à faire remonter les souvenirs. Et aussi très souvent, la personne en face se trouvait gênée parce qu’en un rien de temps, son interlocuteur venait de comprendre qu’elle regardait du porno. M’enfin, ça finissait bien la plupart du temps et ils en rigolaient. Et puis au final rares étaient les personnes à le reconnaître, dans ce genre de films on ne s’attardait pas toujours sur les visages… Ou peut-être que le pourcentage de gays à New York n’était pas très élevé, allez savoir. « En tout cas, moi, vous ne me dites rien donc je ne pense pas qu’on ait fait connaissance... » Il regarda tout autour de lui. « Mais y’a pas grand-monde alors on peut peut-être rattraper les choses. Vous pourriez commencer par me dire comment vous vous appelez ? » Sam but quelques gorgées de sa bière, qui n’était pas… la meilleure de cette ville, il fallait le reconnaître. Mais ça ferait l’affaire pour ce soir. Et oui, draguer, c’était un peu comme une seconde nature chez lui. Ce type était mignon, la conversation était plus ou moins engagée alors même si ça n’était pas son objectif de la soirée, pourquoi pas ?

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Louis ne peut s’empêcher de chercher où il a pu voir le jeune homme qui lui fait face. C’est plus fort que lui, son visage lui dit quelque chose et cela a bien de quoi le perturber. Au moins le temps de son service, parce que cela lui permet de s’occuper un minimum. Mais il sait que s’il ne trouve pas de réponse à cette énigme avant de rentrer chez lui, cela ne l’empêchera pas de dormir pour autant. Il ne restera pas dans son lit toute la nuit avec le regard rivé sur le plafond, à se demander où il a déjà vu son client auparavant. Il est même fort probable qu’il l’oublie avant même d’avoir passé la porte de sortie du bar. Dès que ses horaires de travail sont terminés, il ne demande pas mieux que d’oublier le bar et tous les éléments qui l’y raccrochent. Alors il suffira que l’homme face à lui aille s’installer un peu plus loin pour qu’il l’occulte complètement. Demain, il ne fera plus partie de sa vie. Louis le sait. Mais il ne peut pas lui retirer qu’il est le seul être à lui apporter un peu de distraction dans cet endroit, alors il ne va pas le chasser comme ça, sans raison. Surtout que son patron veille au grain. Il ne faudrait pas que ce charlatan trouve une bonne excuse pour lui retirer quelques dizaines de dollars de sa fiche de paye, car le vieil homme ne demande pas mieux. « Oui ça m’arrive de passer au Starbucks, mais il doit y en avoir un paquet dans le coin… C’est quand même assez peu probable, non ? » Louis hausse les épaules. Il est vrai que, même s’il passe des heures à observer les clients du Starbucks, ceux-ci ne restent généralement pas plus de quelques minutes à l’intérieur. Juste le temps de prendre leur boisson et de partir. Il est fort peu probable qu’un visage ait attiré son attention de façon suffisante pour qu’il s’en rappelle aussi nettement. Encore, s’il s’agissait d’une jeune demoiselle, pourquoi pas. Mais pas un homme. « La pub ça aurait pu me plaire ! Mais non, ça n’est pas là non plus. Par contre… vous avez pu me voir sur le web. Eventuellement. Dans des… courts-métrages, peut-être. » Louis se gratte doucement le menton, perdu en pleine réflexion. La publicité, c’était encore ce qu’il y avait de plus probable. Et il y avait peu de chance qu’il ait pu le voir sur un autre type d’écran. Encore moins celui d’un ordinateur. Louis n’en avait pas les moyens. « Ça m’étonnerait pour le web. Je ne passe pas suffisamment de temps sur l’ordinateur, je pense. » Inutile de préciser qu’il n’en a pas. L’inconnu – ou Samuel, peu importe – n’est pas obligé d’en savoir plus sur lui. Après tout, ils se connaissent depuis à peine moins de cinq minutes et Louis n’a absolument aucun compte à lui rendre. « En tout cas, moi, vous ne me dites rien donc je ne pense pas qu’on ait fait connaissance... » Louis acquiesce d’un signe de tête. De toute façon, il est peu probable qu’ils aient déjà échangé la moindre phrase. Si son faciès lui dit quelque chose, le Fitch n’a aucun souvenir de la voix qui s’adresse à lui. « Mais y’a pas grand-monde alors on peut peut-être rattraper les choses. Vous pourriez commencer par me dire comment vous vous appelez ? » Le serveur laisse échapper un bref sourire, avant de reprendre son expression neutre habituelle. Samuel ne perd pas le nord, bien au contraire. Toujours dans son histoire de drague, il semble même y être bien accroché. Et si Louis n’a aucun penchant homosexuel, il ne ressent aucun dégoût à l’idée de se faire draguer par un homme. Au vu de son profil matchmaker, cela serait bien hypocrite de sa part. « Je m’appelle Louis Fitch. » dit-il sans aucune once de fierté. Certains auraient été heureux de porter le nom d’une marque connue dans le monde entier. Lui ne ressent que du dégoût face à ce nom qui le rattache à une famille qui l’a abandonné. Mais alors qu’il pense à sa famille, une idée lui vient. « En vrai, je pense que je vous ai tout simplement trouvé une ressemblance avec mon frère. Vous vous ressemblez beaucoup et… » Sa phrase reste en suspens alors qu’il prend conscience de ce qu’il vient de dire. Son frère. La ressemblance. Les circonstances dans lesquelles il a vu le visage de Samuel pour la première fois lui reviennent. Il ne peut s’empêcher d’éclater de rire. Comment a-t-il pu oublier ce moment gênant où son ami gay lui a présenté cette vidéo pornographique pour lui présenter une éventuelle ressemblance avec l’acteur principal ? Un moment qui les avait bien fait rire mais qu’il avait rapidement oublié. Mais à présent que le sujet de leur plaisanterie se trouve face à lui, Louis se sent un peu gêné. Difficile de rester de marbre quand on se remémore les images dénudées de la personne face à soi. « Je crois que je viens de me rappeler d’où je vous ai vu. Et finalement, internet n’est pas sans rapport avec notre première rencontre. Vous tournez des courts métrages, c’est bien ça ? » Cette fois, plus de doute possible, Louis se rappelle d’où il a déjà aperçu Samuel. Le pauvre risque de ne rien comprendre.

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Le malaise. Le dénommé Louis sembla finalement se souvenir et revint sur l’idée des « courts-métrages ». En deux secondes Sam venait donc d’apprendre que le barman en face de lui était gay et qu’il regardait du porno. En soi, rien de condamnable ! C’était juste assez drôle. Peut-être toujours un peu gênant au début, mais drôle. Un petit sourire étira alors les lèvres du brun, tandis qu’il sirotait sa bière. « C’est gênant, si je ressemble à votre frère. » Sam devait bien reconnaître qu’il y avait un petit air de ressemblance avec ce Louis, mais pas de quoi le gueuler à la terre entière. Des gens qui se ressemblent, il y en avait des tonnes sans qu’ils n’aient pourtant aucun lien de parenté. S’il savait…
Cela dit, il comprenait tout à fait le fou rire que venait de se taper le barman. C’était assez peu probable comme situation, et forcément il fallait que ça lui arrive. « Enfin, moi je ne juge pas hein ! Qui ne regarde pas ce genre de films… » Parce que oui, il ne voyait pas d’autres conclusions aux paroles de Louis. Et puisqu’il ne perdait jamais le nord et que ce Louis était plutôt pas mal… « Question. Est-ce que du coup, ça ruine toutes mes chances avec vous ou bien je peux encore tenter le coup ? J’comprends que ça puisse rebuter. » D’un autre côté, s’il avait tout vu, il était certain de ne pas être déçu par ce qu’il y avait sous la ceinture !
Et si ça n’était pas qu’une coïncidence ? Si ce petit air de ressemblance n’était pas dû au hasard ? Samuel était fils unique et son père était trop droit pour aller voir ailleurs. Un militaire toujours très carré qui lui avait mené la vie dure, tout ça parce que son lit n’était pas bien fait ou qu’il n’avait pas dit bonjour à telle ou telle personne. Mais il était vrai qu’il avait été souvent absent, laissant presque sa mère à l’abandon. Cela dit, elle non plus il ne la voyait pas aller voir ailleurs. C’est pour toutes ces raisons que Sam préférait prendre ça avec humour et qu’il ne voyait donc aucun mal à draguer le jeune homme en face de lui.

Sauf qu’à sa tête, on comprenait assez facilement qu’il n’était pas intéressé par Sam. Ce qui n’était pas impossible, mais tout de même assez improbable. Samuel fit la moue. « Je ne suis pas votre genre c’est ça ? Ou ça vous gêne, que je ressemble à votre frangin ? Dommage… Du coup, pour affronter ce râteau, il me faudrait au moins une deuxième bière ! »

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Louis ne peut s’empêcher de rire intérieurement de la situation. Après tout, il faut avouer qu’elle est plutôt cocasse. Si on lui avait dit qu’il tomberait sur un acteur pornographique gay dont l’un de ses amis lui avait divulgué les prouesses dans le but de lui confier une éventuelle ressemblance, le jeune homme ne l’aurait pas cru. Les chances pour que le dit acteur vive à New York étaient infimes. Celles pour qu’ils se rencontrent, étaient inexistantes. Et pourtant, Samuel se tenait là, face à lui. Pourtant, les bars sont nombreux dans cette ville. Bon nombre d’entre eux sont d’ailleurs bien mieux que celui-ci, alors il est étonnant qu’il ait choisi de venir s’y réfugier. Louis avait toujours imaginé les acteurs de films pour adultes comme des personnes ayant la grosse tête, se ventant d’être issus de leur petit Hollywood à eux et militant pour obtenir leur propre statuette aux oscars. Mais non, le gars qui se tient face à lui à l’air d’être plutôt simple et de ne pas avoir la grosse tête. « C’est gênant, si je ressemble à votre frère. » commente Samuel, visiblement perdu par la situation. Il n’a pas l’air de savoir s’il doit en rire ou en pleurer et Louis serait bien incapable de l’aider. Il est un peu dans le même cas que lui. Alors il hausse les épaules d’un air désinvolte. C’est le mieux à faire lorsque l’on est sûr de rien. « Enfin, moi je ne juge pas hein ! Qui ne regarde pas ce genre de films… » Louis lui adresse un sourire. En effet, que celui qui n’a jamais regardé de film pornographique jette la première pierre. Et si les femmes restent un peu plus pudiques à ce sujet, il n’est pas sans avoir que tous les hommes ont bien succombé à ce genre de plaisir une fois dans leur vie. Et Louis ne fait pas exception à la règle. Sauf qu’il ne regarde pas réellement les films dans lesquels Samuel peut tourner, de toute évidence. « Question. Est-ce que du coup, ça ruine toutes mes chances avec vous ou bien je peux encore tenter le coup ? J’comprends que ça puisse rebuter. » Qu’est-ce qui pourrait le rebuter ? Ses performances – auxquelles Louis n’avait pas réellement prêté attention, trop occupé qu’il était à tenter de distinguer les traits de son visage – ou bien son métier ? La question semble plutôt porter sur le deuxième point, à son humble avis. « Je n’ai rien contre les acteurs, quels qu’ils soient. Mais ce n’est pas réellement le problème ici. » Le commentaire est adressé avec un léger rire. Il n’aurait rien contre l’idée de sortir avec n’importe quelle femme travaillant dans ce milieu-là. Mais les hommes, il a beau faire ce qu’il veut, ce n’est pas son truc et ça ne le sera sans doute jamais. Ils peuvent être bons amis, mais ça n’ira jamais plus loin, même s’il n’a rien contre les gays et tout ce qui s’en suit. Les gens font ce qu’ils veulent de leur vie, mais lui ne va pas se forcer à suivre cette communauté libérée s’il ne se sent pas de ce bord là. « Je ne suis pas votre genre c’est ça ? Ou ça vous gêne, que je ressemble à votre frangin ? Dommage… Du coup, pour affronter ce râteau, il me faudrait au moins une deuxième bière ! » commente le client en faisant une légère moue. Louis secoue la tête en signe de négation, mais s’exécute aussitôt. La situation a beau être risible, il ne perd pas le nord. Lui, il est ici pour gagner un salaire suffisant pour vivre, pas pour sympathiser avec les clients. Il revient pour déposer la bouteille sur le bar, la décapsule devant Samuel avant de la pousser dans sa direction. « Je crois qu’il y a méprise. Pour tout vous dire, je ne suis pas gay, loin de là. Je n’ai jamais senti mon cœur s’affoler pour un homme et mon regard n’est attiré que par les courbes féminines. Désolé. » Il hausse à nouveau les épaules en adressant un sourire d’excuses à Samuel. Dommage, il aurait peut-être eu un pourboire plus généreux s’il avait répondu à ses avances, mais Louis n’est pas prêt à mentir là-dessus. Se faire passer pour une femme sur MatchMaker, pourquoi pas. Mais se faire passer pour gay, c’est s’impliquer trop personnellement. Au moins, sur l’application, il continue à draguer les femmes. La seule chose qu’il sache faire. « En réalité, c’est une histoire plutôt drôle. J’ai un ami qui ne cessait de me dire qu’il me voyait dans des pornos gays, pour me taquiner. J’ai fini par lui demander de me montrer. Il s’avère qu’il parlait de vous et je dois avouer que la ressemblance existe. » Une histoire banale, stupide, qui ne mérite pas d’éveiller l’intérêt de qui que ce soit. « Je peux vous passer son numéro si vous voulez. Vous aviez l’air de lui faire de l’effet. » Il lui adresse un clin d’œil avant de se saisir d’un verre tout juste lavé, qu’il se met à astiquer dans l’espoir de le faire briller un peu. Effort vain.

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Déception. Il n’était pas gay. Quoique… ça rendait le râteau moins douloureux ! Mais la situation d’autant plus bizarre. Samuel fronça les sourcils, tentant de comprendre comment Louis s’était retrouvé à regarder du porno gay s’il n’était attiré que par les demoiselles. Mystère que le garçon éclaircit dans les secondes qui suivirent alors qu’il lui donnait une deuxième bière. « Eh bah je suis désolé si on vous compare à un acteur porno. Je suppose qu’il y a plus flatteur. » Il haussa les épaules avec un petit sourire. Louis n’avait pas l’air de l’avoir mal pris, au contraire. Sam devait bien reconnaître qu’il y avait peut-être un petit air de famille, mais de là à ce qu’on les confonde ? Heureusement, sa mère lui semblait trop droite pour oser aller voir ailleurs – même si ça n’avait pas dû être facile tous les jours d’être mariée à un militaire. Alors l’idée qu’ils aient du sang en commun, même si elle était assez drôle à imaginer, était totalement impossible… Pour le moment en tout cas. Peut-être qu’elle finirait par se faire un chemin dans sa tête et par semer le doute en oui. Après tout, c’était tentant d’aller voir ailleurs quand son mari n’était jamais là, qu’il avait tendance à être rude, un peu maladroit. Quand on savait qu’il pouvait mourir d’une seconde à l’autre à cause d’une balle perdue. Il aurait tout le temps d’y repenser plus tard, pour le moment Louis venait de lui donner une précieuse information. Son ami semblait le trouver mignon ! De quoi lui faire oublier ce petit râteau de rien du tout. « Ca aussi c’est assez gênant. Maaaais je ne refuse jamais une rencontre avec un fan… » dit-il avec toute l’autodérision possible. C’était bien le seul type d’acteurs à ne pas avoir de fans et à ne pas signer d’autographes. Sauf peut-être en allant faire un tour au salon du X, ou quelque chose dans le genre, ce qui n’était pas du tout son truc. « Sans déconner, pourquoi pas. Ca me donnera peut-être l’occasion de revoir le gars qui visiblement me ressemble… Parce que c’est pas contre vous, mais j’suis pas certain de revenir souvent dans ce bar. » En regardant tout autour de lui, il trouvait l’ambiance assez morne, presque glauque. Heureusement, la bière n’était pas dégueulasse. Il en but quelques gorgées. « Vous avez un stylo ? »

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La situation est plutôt cocasse. Elle avait même tellement peu de chance de se produire qu’elle manque de faire rire Louis, pourtant toujours si sérieux derrière son bar. Les probabilités pour que son ami lui trouve une ressemblance avec un acteur pour adultes étaient faibles. Celles pour qu’il le voit débarquer en face de lui l’étaient encore plus. Et pourtant, tout cela est en train de se produire. Louis ne sait pas pour qui la situation est la plus gênante : pour lui qui sait ce que cachent les vêtements de son interlocuteur ? ou pour l’homme face à lui qui sait que le barman l’a déjà vu nu et en plein ébat ? En tout cas, cela ne dérange pas réellement l’ancien prisonnier, qui ne peut s’empêcher de s’amuser de la situation. « Eh bah je suis désolé si on vous compare à un acteur porno. Je suppose qu’il y a plus flatteur. » lance son client en haussant les épaules, accompagnant ses mots d’un léger sourire. Louis ne peut s’empêcher de rire un peu cette fois. Comme s’il avait besoin de s’excuser pour ça, il n’y était pour rien. Et concrètement, cela a quelque chose de flatteur que son ami le compare à un acteur porno, alors qu’ils sont généralement considérés comme des dieux du sexe. Et en même temps, c’est assez étrange qu’il s’imagine que cet homme ressemble à Louis lorsqu’il regarde ce genre de vidéos. Cela a quelque chose d’ambigu, mais au final, c’est plus amusant qu’autre chose aux yeux du Fitch. « Oh, je ne m’en plains pas vous savez. Vous êtes un peu considéré comme un Apollon par tout le monde alors… J’imagine que c’est plutôt flatteur ? » Il hausse les épaules à son tour avant de secouer la tête. Cette conversation a quelque chose d’assez irréel quand on y pense. Mais la vie est faite de ce genre de petites surprises qui peuvent faire rire. Au moins, ça le met de meilleure humeur que lorsqu’on lui a appris que son père le déshéritait pour l’envoyer en prison. Ça, étonnement, cela avait été beaucoup moins drôle. Louis oriente toutefois la conversation vers son ami, affirmant qu’il ne serait certainement pas contre le fait d’avoir son numéro. Il faut dire qu’il rêve de sortir avec une star du X, une aspiration que Louis respecte même s’il ne la comprend pas. Il est plus du genre à être attiré par un feeling que par une carrière, mais tout le monde ne fonctionne pas de la même façon. « Ca aussi c’est assez gênant. Maaaais je ne refuse jamais une rencontre avec un fan… » commente Samuel avec humour. Louis rit avec lui de bon cœur, c’est vrai que la rencontre ne se ferait pas sur un pied d’égalité, lui n’ayant aucune idée de la personne qu’il aura face à lui. Mais bon, ça n’a pas l’air de l’arrêter. « Sans déconner, pourquoi pas. Ca me donnera peut-être l’occasion de revoir le gars qui visiblement me ressemble… Parce que c’est pas contre vous, mais j’suis pas certain de revenir souvent dans ce bar. » Louis se montre amusé par ce commentaire, même s’il est assez étonné. Sortir avec quelqu’un juste pour revoir la personne qui vous a arrangé le coup ? C’est un concept innovant dont il n’a jamais entendu parler. Mais c’est loin de le rebuter, au contraire, cela l’amuse beaucoup. Il regarde le jeune homme jeter un regard circulaire dans le bar, peu convaincu par ce qu’il y voit. « Vous avez de la chance, personne ne vous oblige à y prendre un abonnement annuel. Et moi encore moins. Mais ne le dites pas à mon patron, il risquerait de mal le prendre et, vous vous doutez bien que je ne suis pas ici par choix. » Oh ça, non. S’il avait le choix, Louis serait bien loin de ce bar miteux dans lequel il ne prend aucun plaisir à travailler. Cet endroit, c’est un peu un remake de l’enfer sur terre. Le genre de lieu où on ne veut pas passer trop de temps. « Vous avez un stylo ? » finit par lui demander son interlocuteur. Louis acquiesce d’un signe de tête. « Evidemment. On les range derrière pour ne pas laisser croire aux clients qu’on fait l’ardoise. Je vous laisse trente secondes, le temps d’aller en chercher un. » Il lui adresse un sourire avant de tourner les talons pour rejoindre l’arrière du bar, où son patron l’attend avec un regard sévère. Il est visiblement mécontent du fait qu’il ne s’occupe que d’un seul client depuis plusieurs minutes. Mais ce n’est pas de la faute de Louis si personne ne veut entrer dans son bar miteux, parce que tout, rien qu’à la devanture, est en mesure de repousser n’importe quelle personne censée. Alors il se contente d’envoyer balader son patron en affirmant que l’homme est un grand consommateur, qu’il l’a flairé de loin et que cela vaut le coup de passer du temps avec lui pour l’inciter à rester. Cela n’a rien de vrai, mais peu importe, si cela peut endormir son patron, il prend volontiers cette excuse là. Il finit par s’emparer d’un stylo et d’une feuille, pour finalement revenir derrière le bar. « C’était le dernier stylo, les autres ont disparu. C’est à se demander ce qu’ils font avec. » s’étonne Louis en rigolant, avant de tendre le précieux ustensile à son interlocuteur. « Tenez, il est tout neuf. Au moins, avec celui-là, vous n’aurez pas à craindre d’attraper des maladies rien qu’en le touchant. » Ce qui n’est pas évident dans ce genre d’endroit.

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louis ∞ samuel

Un Apollon. Louis savait déjà comment l’amadouer et le faire sourire ! Il lui montra alors toutes ses dents dans un grand sourire. « Je sais pas si on me considère vraiment comme un Apollon mais c’est probablement le meilleur compliment qu’on m’ait fait ! Alors je prends. Dommage qu’il vienne d’un hétéro… » Il troqua son sourire contre une petite moue boudeuse. « Il est comment votre ami ? Beau gosse comme vous ? » Il n’aurait aucune obligation envers ce type mais s’il pouvait passer du bon temps avec un bel homme, il ne disait pas non. Sam ne fut pas franchement étonné quand le barman annonça qu’il n’était pas ici par choix. Lui-même travaillait à mi-temps dans un café mais son lieu de travail donnait bien plus envie que cet endroit. Il avait voulu tester pour se faire un propre avis et autant dire qu’il n’était pas certain de revenir – si ce n’était pour tenir compagnie à ce pauvre barman et qui sait, tenter sa chance à nouveau. Ce n’était pas son hétérosexualité qui l’empêcherait de le draguer, que ce soit pour s’amuser, le mettre mal à l’aise ou réellement le faire changer d’avis. Sam n’était pas assez prétentieux pour croire qu’il pourrait le rendre gay, mais ça l’amusait de relever des défis. Et puis le pauvre, il était à deux doigts de se pendre en bossant ici, ça ne lui ferait qu’un peu de divertissement – et quelques pourboires en plus. C’était bien pour ça qu’il avait fait une réflexion sur le fait qu’il pourrait revoir Louis par la suite bien qu’il soit réticent à l’idée de remettre les pieds ici. S’il le fallait… il viendrait ! Surtout que c’était à deux pas de son nouveau chez lui.
« Ah ouais ça vous arrive vraiment d’avoir des clients ? » qu’il dit sur un petit ton moqueur, finissant sa bière alors que Louis allait récupérer un stylo. Samuel ne pouvait pas vraiment se permettre de se juger. Son métier n’était probablement pas mieux réputé que ce bar, à vrai dire beaucoup pensaient que s’il était acteur porno, c’était parce qu’il crevait la dalle. C’avait peut-être été vrai au début, montrer son cul sur internet n’avait pas été un plan de carrière purement réfléchi. Alors il taquinait juste Louis, le pauvre, ce n’était pas son bar de toute façon et il rêvait sûrement de se casser d’ici. Sam se retint de dire qu’ils étaient toujours à la recherche d’acteurs pornos, parce que la blague pouvait ne pas passer, mais ça le fit rire doucement malgré tout.
Il ne put s’empêcher d’écouter la conversation entre Louis et son patron, ce qui ne manqua pas de le faire sourire. Alors quand le barman revint vers lui, il ne put s’empêcher de dire : « Je crois que votre patron se fait des illusions. J’ai vaguement entendu, il a la voix qui porte… » Il regarda autour de lui encore une fois. « Y’a pas grand-monde à servir par ici. Pour ce qui est des maladies, vous savez donner l’envie aux gens de revenir dans le coin… » Il attrapa le stylo et lui griffonna son numéro de téléphone sur un petit bout de papier qu’il tendit à Louis. Il sortit ensuite son portefeuille de sa poche et paya ses deux consommations, signe qu’il avait passé assez de temps dans les parages. « Je vais rentrer, je dois me lever tôt demain. » Pour son deuxième boulot, le plus présentable des deux. « Moi aussi je bosse dans un café, de temps en temps. Les maladies en moins ! Allez… je compte sur vous… enfin, sur votre ami pour m’appeler, hein, frangin d’une autre vie ! » Il lui fit un clin d’œil. Il valait mieux rire de cette ressemblance qu’en pleurer. S’il savait…

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