L’été, je suis plus fatiguée. La chaleur, le soleil, très peu pour moi. Surtout quand on a une peau de rousse. J’ai la peau aussi blanche que de la craie et c’est contraignant. Ma routine avait été pas mal chamboulée de travailler pour Novak. Et d’être sa copine en plus. Enfin, fausse copine pour être exact. Mais c’est entièrement de ma faute. Bien que l’aspect financier ne m’intéresse pas trop et après m’être faite mise en garde par Mercy, j’avais quand même accepté ce jeu dangereux auquel on jouait tous les deux. Je savais que de son côté, il allait remplir l’unique condition (hormis les aspects physiques et sexuels) de la relation que je lui avais posé. Ne pas tomber amoureux de moi. Après réflexions, cette requête semblait futile et débile. Comment un mec comme Novak Darville pouvait tomber amoureux d’une fille comme moi ? J’avais « fait mes devoirs » comme il le disait si bien et à y regarder, je n’étais pas son genre de femmes. Elles étaient toutes très grandes (bon, je mesure 1m75 quand même), blonde et très mince. Ce qui n’est pas mon cas. J’ai des formes et j’aime beaucoup trop la bouffe pour me priver de nourriture. Bien que le nouveau traitement m’empêche d’assouvir ma faim. J’avais aussi suivi l’affaire de son ex-copine chanteuse qu’il avait trompée et sa mystérieuse disparition pendant quelques mois. La première m’avait alertée car je savais, j’en étais certaine, qu’il allait finir par me tromper et donc ça doublerait mes gains tandis que la seconde, ça ne regardait que lui. J’ai bien disparu des tabloïds et des plateaux de shooting pendant un bon mois (voire deux) en mai-juin dernier. Il faut dire que j’étais morte. Enfin, je suis morte une seconde fois. La chance, généralement, on ne meurt qu’une fois mais non. Je ne fais rien comme les autres. Cadavre ambulant que je suis.

Aujourd’hui était une journée plutôt banale. Novak n’étant pas là, j’étais libre à mon boulot. Je m’emmerdais bien volontiers d’ailleurs. J’avais allumé l’ordinateur qu’il avait mis à ma disposition. Après un tchat avec ma petite sœur qui se plaignait que le frigo était vide (my bad c’est à mon tour de faire les courses), je fermai la fenêtre pour aller regarder les mails de la fac. Nous étions en vacances fort heureusement mais je n’avais encore aucune information sur la journée de pré-rentrée. Mon téléphone vibra dans ma poche et je souris en voyant un message de l’un de mes amis. Ma bande de potes n’était composé que de mannequins. La base. Il me proposait un voyage d’une semaine pour un shooting que nous allions faire au bord de la mer. Maillots de bains et vêtements de plage. Les marques s’y prennent bien tard en ce qui concernait les collections. Mais comme j’étais hospitalisée lors du dernier, je m’empressai d’accepter. Je venais de poser mon téléphone lorsqu’un homme s’approcha de mon bureau. Je pris soin de le détailler avant de regarder mon agenda. Louis Fitch. Effectivement, je l’avais eu au téléphone. Un rapide coup d’œil et je me disais qu’il devait être ami avec Nova. « Tocen, commençai-je dans ma langue natale, Novak est en rendez-vous pour le moment mais vous pouvez vous asseoir en l’attendant. » J’avais dit tout ça d’une voix assez douce. Il faut dire que mise à part Junior qui avait tendance à me mettre en colère, j’étais plutôt docile. Je lui souris de lui indiquer la chaise en face de moi. « Je suis désolée, Novak n’a pas encore eu le temps de me présenter tous ses…, je marque une pause pour chercher mon mot, tous ses amis. » Je tends alors la main. « Ludmilla, sa copine mais tout le monde m’appelle Lulu. »