the story of love.
New York, un building de l'Upper East Side. Les cris résonnent contre les murs de l'appartement, couvrant aisément le tumulte des habitants grouillant dans Central Park. Penchée sur l'imposant berceau, Edna secoue le hochet en tentant de calmer les pleurs du bébé. Ce dernier agite ses petits bras, se décrispant lentement tandis qu'il tente d'attraper le jouet. Elle sourit, soulagée.
Les parents sont encore absents, trop occupés à bosser ou fouler de leurs pieds un tapis rouge bien éloigné de l'endroit où se situe leur enfant. Mais la gouvernante, elle, elle est toujours présente. Elle le lange et lui fait son lait, le balade au parc et lui conte des histoires, tard le soir. Elle l'aime, peut-être même plus que sa mère. Pour autant elle attend surtout le salaire qui lui permettra d'assurer la survie de sa propre petite famille. Elle ne peut pas toujours rester s'occuper de ce bébé, aussi gentil et triste qu'il puisse être. C'est pourquoi, la nuit venue, elle quitte la maison, le laissant au bon soin d'une nourrice payée rubis sur l'ongle.
C'est une mamie qui se fiche bien de ce petit être qui gesticule, lui qui déteste la solitude. Elle s'assoit devant la télé et le laisse pleurer jusqu'à ce qu'il se taise après avoir enfin trouvé le sommeil. Elle est de la même espèce que ses géniteurs. Egoïste et ambitieuse, je-m'en-foutiste et antipathique. Il est alors trop petit pour réellement comprendre ce qu'est vraiment sa vie. Un enfant délaissé et non désiré.
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Il rit aux éclats, courant dans cet uniforme sali et déchiré. Derrière lui, l'imposant bâtiment qui lui sert de lycée. La jeune femme le poursuit avant de sauter sur son dos, enlaçant aisément ses épaules. Ses longs cheveux tombent sur son torse tandis qu'elle pose sa joue contre lui. Elle le regarde, l'air clairement sous le charme.
"
Tu me laisses toujours gagner. " marmonne-t-elle dans une moue adorable.
Il lui sourit dans une pathétique tentative de paraître innocent. Elle est si belle et il a bien du mal à lui résister. Il enfonce alors une cigarette entre ses lèvres pleines et lui fait un clin d'oeil, charmeur.
"
Peut-être bien que j'aime trop tes rondeurs pour te faire courir... " fait-il en tirant sur sa clope avant de recracher longuement la fumée. "
Alors... ça fait quoi de sécher le lycée Mademoiselle Parfaite ? "
Elle lui tire la langue avant de pointer du doigt un café. C'est ici qu'ils se sont croisés, la première fois, le jour de la rentrée, l'année où elle a emménagé. Il se rappelle encore de sa crinière ébouriffée et de ses manches relevées de manière presque insolente si on en jugeait par les regards que lui avait lancé leur professeur. C'était une ado du Bronx qui avait grandi dans un milieu bien différent de celui aisé où il est forcé d'évoluer. Une ado dont il était peu à peu tomber amoureux.
"
Okay je te paye ton Mocca mais on ira le boire ailleurs. J'ai un endroit à te montrer ! "
Elle hausse un sourcil inquisiteur, soudainement impatiente de savoir ce qu'il a bien pu lui concocter. Finalement, rencontrer Dean a été la meilleure chose qui lui ait arrivé depuis que ses parents se sont mis à gagner autant d'argent. Cette société coincée au coffre-fort blindé n'est pas non plus sa tasse de thé.
"
Marché conclu beau gosse ! "
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"
C'est strictement hors de question ! "
Son père tempête tandis que sa mère opine de la tête. Il croise les bras, le regard flamboyant, une main sur le ventre arrondie de son éternelle copine. Celle-ci reste à ses côtés, l'air crispé et inquiet. Elle n'a jamais voulu affronter ses horrifiants parents et les circonstances sont tout sauf réjouissantes. Elle est tombée enceinte, à tout juste dix-huit printemps. Dure nouvelle qui les plongent dans l'incertitude. Pour autant, il l'aime, à en perdre la tête et il refuse de la laisser assumer seule cette erreur qu'ils ont commise à deux.
"
Père, mère, voici Hayley et je vais l'épouser. " répète-t-il lentement. "
Nous comptons aussi garder le bébé. "
Il dit cela, décidé. En réalité, il est complètement effrayé. Il n'a jamais imaginé avoir un enfant, pas aussi tôt en tout cas. Pas alors qu'il termine tout juste le lycée. Il l'aime cependant. Il le veut et compte bien lui donner tout l'amour qu'il n'a jamais eu.
Elle sert sa main et il sait que, pour une fois, il fait le bon choix. Hayley est sa première relation solide, son premier véritable amour. Il est jeune, a toute la vie devant lui et c'est avec elle qu'il veut la passer. Qu'elle attende un bébé n'est que l'élément qui le pousse à se fiancer. Il ne fera pas d'elle une paria au sein du gratin New-Yorkais. Il en fera la reine de l'empire qu'il se fera un plaisir de bâtir...
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Il rit en soulevant Louka, le faisant tournoyer dans les airs. Il s'arrête enfin en le gardant entre ses bras musclés, souriant alors que son regard se porte sur la vue en contrebas. Son entreprise est située au beau milieu de Manhattan, surplombant la ville comme si celle-ci lui appartenait. La vie lui réussi.
Son fils joue avec sa cravate et il lui embrasse le bout du nez avant de le chatouiller. Dieu qu'il en est dingue de ce gamin. Le sien. Il ne supporte pas de passer une journée sans l'étouffer sous son amour. Pour lui, rien n'est trop beau et il lui passe tous ses caprices sans éprouver le moindre regret.
"
Louka, papa travaille tu sais ? Tu ne veux pas jouer sur le tapis ? "
Il le pose et se met derrière son bureau avant d'écarquiller les yeux en entendant les soudains hurlement de son enfant. Il se redresse et se penche rapidement sur lui, catastrophé à l'idée qu'il puisse s'être blessé.
"
Bras ! " crie-t-il brusquement en tendant ses doigts vers lui.
Il soupire soudainement agacé mais tout de même soulagé. Ce petit manipulateur ne semblait pas aimer se retrouver à jouer seul. Il n'a cependant aucune envie de le repousser et il se hâte donc de le soulever pour le positionner sur ses genoux, le téléphone en main.
"
Ah Henry ! Oui parlez-moi de cette vente... " demande-t-il de manière autoritaire, les yeux rivés dans ceux de son Bambin qui le fixe d'un air satisfait.
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"
Neal... "
Leurs lèvres se trouvent et il ferme les yeux, découvrant doucement cet homme qu'il a récemment commencé à désirer. Ce dernier se presse contre lui et il enlace sa taille en laissant son dos heurter le mur de sa chambre. Mains baladeuses qui caressent le torse finement ciselé de son associé, langue inquisitrice qui se mêle à la sienne tandis qu'il laisse échapper un gémissement de plaisir.
C'est étrange mais loin d'être désagréable. En fait, il apprécie presque un peu trop de sentir ce corps viril, si différent de celui de sa femme. Sûrement une bêtise de coucher avec lui pendant qu'elle est à son cours de Tai-chi. Pour autant, il n'arrive pas à réaliser qu'il met actuellement toute sa vie en péril.
"
Dean... "
Sa voix rauque lui soutire un frisson et il halète, le poussant sur le lit avant de grimper au-dessus de lui. Il ne sait pas depuis combien de temps ou encore le pourquoi du comment. Cependant, cela fait bien quelques années que le désir qu'il éprouvait pour sa conjointe s'est envolé. Il l'aime, la respecte. La passion s'est tarie et une étrange sensation l'a remplacée. Il a d'abord ressenti cette envie après que Neal ait effleuré sa hanche un peu plus longtemps que nécessaire. Puis, il avait réalisé que son regard dérivait un peu trop sur son postérieur délicieusement bombé. Enfin, il y avait eu ce baiser, cette promesse à peine voilée d'une nuit pleine de délices qu'il n'avait jamais pu imaginer.
A présent, les voilà, étendus dans ce lit, leurs vêtements négligemment jetés sur le parquet. Il lui sourit et l'embrasse à nouveau, comblé. Il le regarde cependant dans les yeux. Il ne peut pas rester alors qu'elle risque d'arriver.
"
Dean ? Que... "
Hayley.
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"
Je ne signerai pas Dean. "
Sa voix claque à ses oreilles et il la regarde neutrement, camouflant son agacement. Hayley le fixe furieusement, plus flamboyante que jamais. Elle est en colère et a toutes les raisons de l'être. Après tout, elle l'a récemment surpris au lit. Avec un homme. Une chose qui la révulse et qu'elle se refuse à accepter. L'homosexualité de cet homme qu'elle a épousé et qui ne semblait jamais avoir douté.
"
Hayley... S'il-te-plaît. " lâche-t-il.
Elle secoue fortement la tête et le pousse pour sortir de chez elle, refermant derrière elle la porte de l'appartement. Voilà deux mois qu'ils sont séparés. Deux mois où il n'a fait que s'excuser avant de lui donner les papiers du divorce. Mais Hayley refuse de signer pour la simple et bonne raison qu'elle espère encore le récupérer. Dean est l'unique amour de sa vie et, pour elle, la flamme de la passion n'a jamais cessé de brûler.
"
Tu sais que je ne signerai pas. N'oublie pas que tu ne verras pas non plus Louka tant que tu ne seras pas rentré et que tu n'auras pas abandonné ce stupide fantasme. "
Il serre les dents mais ravale sa hargne. Elle ne sait pas, ne comprend pas. Il les aime, les corps de ces hommes rencontré sur MatchMaker. Il n'a jamais été aussi satisfait et il a à présent du mal à se rappeler de l'attirance qu'il avait éprouvé pour cette femme tout aussi belle qu'elle puisse être.
"
Et tu sais que je ne reviendrai pas. Louka est majeur, tu ne peux pas le garder enfermer loin de moi. Je ne l'accepterai pas. "
Il est soudainement glacial. Son fils est la seule chose qu'il se refusera toujours à abandonner. Il ne peut pas le laisser, arrêter de l'aimer. Il compte bien secouer Hayley et ne rien lâcher.