« Je t'apprendre. Mais tu dévoiles pas les secrets. Sinon… » J’aime bien quand elle met du suspense dans la fin de ses phrase, j’en viens quand même à me demander si c’est volontaire ou pas. Quoi qu’il en soit, ça me fait sourire, de toute manière tout me fait sourire quand ça vient d’elle, et surtout quand elle boude. Je pose le bout de mes doigts sur ma tempe, main tendue en signe de salut militaire. « Oui chef ! ». Elle émet les règles à savoir une bêtise une punition, elle sait bien que je vais faire des bêtises, je ne sais faire que ça. Elle prend les devants, elle a raison. « Goûter c'est une bêtise. » Je lève les yeux au ciel de manière faussement indignée. « T’es pas drôle ! » Je soupire un peu mais tente de me raisonner un moment, alors que je fais en sorte de rester sage et attentive à ce qu’elle me raconte. Je capte pas toujours tout correctement malgré ses efforts, et c’est sans compter quand elle parle toute seule dans sa langue natale alors là carrément elle me perd. Mais j’avoue que je la trouve sexy quand elle fait ça, déjà parce que sa mine concentrée me fait craquer, et puis son accent lui donne un truc exotique carrément excitant. Je la bouffe du regard en souriant, jusqu’à ce que je fatigue de rester sage. Ça ne me ressemble pas, et c’est ce moment que je choisis pour tremper mon doigt dans la crème. « Je t'avoir vu. » Son anglais est vraiment à chier, j’adore. Un sourire pointe au coin de ses lèvres après que je lui ai mis de la crème sur le bout du nez. Je n’attends plus qu’une chose, qu’elle finisse par rire réellement. Elle rit si peu que c’est chaque fois comme un cadeau, une récompense. « La cuisine c'est sérieux ! » « Le sérieux c’est nul ! » Et voilà qu’elle rit, et moi j’en prends plein le coeur. Ça frétille jusque dans mon ventre de la voir rire de cette manière, ça fait un bien fou. « Je prévenir. Bêtise suivante, tu fais la vaisselle. » Je hoche la tête vivement. « Ouais c’est ça, je ferai la vaisselle. » Elle sait bien que je tiendrai pas et que des bêtises, j’en ferai forcément une ou plusieurs autres. Paula déteste faire la vaisselle, elle la fait assez à son boulot, alors si je dois me plier à cet exercice ce soir pour la libérer et la remercier de son tiramisu, alors je le ferai. Et la revoilà qui se remet à bouder, mais moi ça me fait plus sourire qu’autre chose. « Fais-moi un bisou. Pour pardonner. » Mon sourire s’agrandit et je n’ai même pas besoin d’approcher, elle le fait elle-même. Je ris lorsqu’elle vient frotter son nez sur ma joue et je la regarde filer jusqu’à l’évier pour se laver le nez. « Tu regarder si il reste amaretto ? » Je hoche la tête. « Je vais voir ça. » Je file dans la chambre et récupère la bouteille dans la plaque de Paula. Je la débouche et sens l’odeur amère de cette boisson si caractéristique de l’Italie, son arrière goût d’amande. Il en reste pas grand chose, mais assez pour que je puisse y tremper mes lèvres et en boire une demi-gorgée pour en imprégner mes papilles. Je reviens fièrement et lui tends la bouteille. « Il reste pas grand chose ! » Elle me grille direct, faut dire que ça sent fort ce truc, et avant qu’elle m’engueule je me défends. « J’ai juste trempé mes lèvres ! Et pour ma défense, je comptais t’en offrir une bouteille bientôt, faut juste que j’aille à little italy pour en trouver du bon. » Je penche la tête sur le côté, ma bouille de crapule et je lui souris. « Quoi ? T’es jalouse ? » Je m’approche d’elle en mode lionne ayant verrouillé sa proie, regard intense. « Tu veux goûter ? » Je la coince entre le plan de travail et mon corps, mes mains posées sur le bois, nos visages si près que je peux sentir son souffle s’écraser sur mes lèvres. « D’accord, je ferai la vaisselle. Mais du coup je peux faire toutes les bêtises que je veux maintenant ? » Nouveau sourire charmeur, et je n’attends pas vraiment sa réponse, plongeant sur ses lèvres pour venir l’embrasser, et qu’elle arrête de râler un peu. C’est le seul moyen que j’ai trouvé.

Pourquoi Jordan trouve toujours les mots, les tournures et les intonations qu'il faut ? On dirait qu'elle est devant un panneau de bord et qu'elle en connaît tous les boutons : il lui suffit d'appuyer et enclencher des mécanismes que Paula a du mal à cerner elle-même... Enfin, y a que deux choses qu'elle ait vraiment compris : bouder et jouer les blasées. Parce que la vie n'a fait que l'éreinter et qu'elle continue de le faire. Parce que la vie veut pas qu'elle réussisse, et ça la fait chier. Se battre. Tout le temps se battre. Compter le moindre dollar pour savoir s'ils survivront au prochain jour avec Diego. C'est fatiguant. Ça donne envie de tirer la gueule. Et pourtant, pourtant, la voila, à sourire et à passer du bon temps avec Jordan. Jordan c'est comme un rayon de soleil. Un rayon de soleil qui adore les conneries, d’accord, mais un rayon de soleil quand même.

Paula lève un index moralisateur dans la direction de la blonde quand l'odeur de l'alcool se répand partout. Jordan en a bu, c'est forcé. Sa bouche s'entrouvre, mais on la coupe... Et quand on parlait du fameux tableau de bord. Voila qu'au lieu de l'engueuler, elle est carrément touchée de l'attention. La future attention, peu importe. Sa réputation de Grumpy vole en éclats d'un seul coup. Bim. Poussière. Néant. Pour sauver les apparences, elle proteste quand même. Un peu. Un tout petit peu. « Oui ! Je suis jalouse ! » Elle a pas trouvé grand chose d'autre à protester. Et le regard prédateur qu'on lui jette n'arrange pas vraiment la situation. « Oui ! Je vouloir goûter ! C'est à moi. » Paula continue avec une conviction faiblissante au fur et à mesure que les mètres sont comblés entre elle et Jordan. « Putain, mais Paula, réveille-toi ! Tu fous quoi, là, bordel de merde ? Tu t'es vue un peu à battre des cils devant elle ?... T'es vraiment ridicule. Okey, elle est canon. Okey, elle est gentille... Et puis quoi ? T'es un connard de loup, je te rappelle. Sois un loup. Bouffe l'agneau ! Pas le contraire ! » Les mots défilent en espagnol à une vitesse folle. On dirait qu'elle sermonne Jordan par manque de vocabulaire en anglais, mais en fait non. Paula se maudit plutôt elle-même. Elle s'attache trop. Et que se passera-t-il qu'on ils auront tous vent de leurs problèmes de loyer ? C'est la question à un milliard de dollars. « Et puis merde, on s'en fout. Oui. Fais. » Elle ordonne à moitié alors qu'on écrase déjà ses lèvres sur les siennes. On peut sentir le sourire qui se dessine et les bras qui encerclent la taille. « Mon dieu... Qu'est-ce que j'ai envie de toi, ça devient vraiment ridicule. » C'est à peine un souffle qui s'écrase sur la peau. « Tu avoir intérêt faire la vaisselle. » Elle râle sur Jordan avant de balayer un peu tout ce qui se trouve derrière elle et de se hisser sur le plan de travail. Les mains agrippent la nuque et attirent le corps entre les jambes. « Mon bisou pour pardonner ? » Paula sait qu'elle en a déjà eu un. Ça ne l'empêche pas de réclamer. C'est toujours ce qu'elle fait, de toute façon : rouspéter. Et ça a l'air de plutôt bien fonctionner avec Jordan. Le tout, ce n'est plus de savoir si ça fonctionne. C'est de savoir à quelle vitesse. Parce que quelqu'un finira par rentrer, c'est certain.

italique = espagnol (au cas où)

C’est plus fort que moi, je suis née pour faire des conneries, pour jouer les rebelles et titiller les gens qui m’entourent. Ah oui clairement, il faut avoir les nerfs bien accrochés avec moi, sans compter que Paula est celle que j’aime le plus faire chier à cause du boudin qu’elle a l’habitude de faire à longueur de journée. Alors forcément, quand je reviens après avoir bu une micro gorgée de son alcool italien, la brune me grille immédiatement. J’essaie de me raccrocher aux branches pour ne pas qu’elle boude d’avantage, faut dire que je suis plutôt douée pour lui faire changer de comportement, mon sourire aide, je crois. Mais il n’y a pas que ça, je sais que j’ai un certain effet sur elle, pourtant  certainement moins que l’effet qu’elle peut me faire. C’est encore quelque chose que je n’arrive pas à saisir, je suis du genre à fuir les sentiments, à m’éloigner de la routine, et c’est pour cette raison que je ne couche jamais - ou très rarement - avec la même fille. Mais Paula reste Paula, et si son caractère de boudeuse en emmerde plus d’un, moi, ça me donne juste envie de la croquer. Ses petits sourcils froncés me font littéralement craquer. « Oui ! Je suis jalouse ! » Je souris de plus belle, impossible de faire autrement, surtout quand je vois bien qu’elle essaie de me résister en continuant son boudin de petite fille. « Je vouloir goûter ! C'est à moi. » Je m’approche la bouffe des yeux, la bloque finalement contre le plan de travail pendant que l’espagnole déballe tout un tas de trucs dans sa langue natale. Je ne comprends pas 2 mots de ce qu’elle me raconte et je me contente alors de hocher la tête en me mordant la lèvre inférieure. Elle me rend dingue quand elle parle dans sa langue, et j’ai bien peur qu’elle ait fini par le comprendre. Je ne me retiens plus et cette fois, je viens fondre sur elle, voler ses lèvres, m’en emparer pour les faire miennes. « Tu avoir intérêt faire la vaisselle. » Je ris un peu, contre ses lèvres, et l’embrasse à nouveau. « T’inquiètes pour la vaisselle ma belle.. » La brune se hisse sur le plan de travail avant d’avoir tout balayé sur son passage et je trouve ça follement excitant. Mon corps se fraie un chemin entre ses jambes, et elle agrippe ce dernier entre ses jambes, comme un aimant. C’est moi ou la température vient de grimper de quelques degrés ? « Mon bisou pour pardonner ? » Je souris, à nouveau contre les lèvres de Paula, et l’embrasse à nouveau avant de souffler un petit « Oui » qui traduit simplement à quel point je suis en train de lâcher totalement prise la concernant. Bien sûr que j’ai essayé plusieurs fois, me dire non, que ce n’était pas une bonne idée de recommencer, de jouer avec elle, et puis finalement, je me rends compte que ce n’est plus vraiment un jeu, et qu’au contraire, c’est moi qui suis en train de perdre pieds. Mes doigts glissent déjà sous son t-shirt alors que ma langue cherche la sienne, se frayant un chemin entre ses lèvres. J’ai envie d’elle maintenant, c’est malin. C’était pas prévu comme ça, je pensais pas que la création d’un tiramisu pouvait nous mener jusqu’ici. Merde, j’ai passé la matinée avec une fille dont je ne me souviens plus le prénom et ma libido monte en flèche contre l’espagnole à l’instant. Je crois que j’ai vraiment un problème. Je la presse un peu plus contre moi de mon bras dans son dos et mon autre main remonte à sa nuque pour intensifier encore notre baiser. Et si je devenais raisonnable ? Et si j’essayais, pour une fois, de dire non. Mais lorsque je me concentre, je ne ressens que le coeur de la brune qui tambourine dans sa poitrine jusqu’à trouver la mienne, j’en tremble, j’en meurs. Comment dire non à ça ? Il n’y a que quelqu’un qui entrerait dans l’appartement pour me séparer de ses lèvres. Une de mes mains passe cette fois sous le t-shirt de la belle pour venir caresser sa poitrine, par dessus son sous-vêtement, puis son ventre, la douceur de sa peau, et je grogne, là, tout contre sa bouche. Traduction d’un désir déjà trop intense.