Étrangement, ce soir-là, tu n’avais pas la tête à prendre une bière en compagnie de ceux que tu considérais maintenant, et depuis plusieurs années, tes amis. Vous aviez bouclé cette petite soirée où vous aviez accepté de chanter pour la première partie d’un spectacle, donc évidemment cela s’était terminé assez tôt. Voilà donc où tu étais, assis sur ce petit banc, à attendre que le temps passe. Tu ne savais pas trop pourquoi tu n’avais pas la tête à célébrer ce soir-là, mais pourtant c’était le cas. Tu regardais autour de toi, et pourtant tout semblait se produire au ralenti, comme si tu étais pris dans cette soirée merdique qui semblait ne pas avoir de fin. Alors t’as rapidement agrippé ta guitare, et t’es parti, sans prendre la peine de dire au revoir aux membres de ton groupe. De toute manière, ils ne semblaient pas être prêts à remarquer bientôt que tu étais parti. Tu avais donc quitté ce bar, pour te promener un peu dans les rues de Bronx. Tu ne venais pas très souvent dans ce quartier de New-York et pourtant, tu savais bien la réputation que celui-ci a. C’est donc pour ne prendre aucun risque inutile que tu avais laissé tous tes effets personnels dans la Caravan que vous aviez acheté pour transporter le matériel pour vos concerts. Puis d’ailleurs, tu finirais certainement ta soirée ici, à moins que tu ne trouves le courage d’appeler un taxi pour qu’il te reconduise chez toi.

Un peu perdu dans tes pensées, tu t’étais rendu à quelques miles du bar où tu te trouvais au départ pour finalement atterrir dans cette série de petites ruelles qui ne te semblaient pas très accueillantes. Puis un nouveau bar apparu devant toi. C’était donc ça ta triste réalité. Quitter un bar pour atterrir dans un autre. Tu soupiras. Finalement, tu avais bel et bien besoin d’une bière. Bien vite accouder sur le bar, tu commandas cette bière en espérant qu’elle t’aide à reprendre tes esprits. Pourtant, une voix que tu connaissais très bien fut entendu, ce qui attira bien évidemment ton attention. Tu croyais être fou, comme si cette voix n’était qu’une brise d’un souvenir passé. Pourtant, dans un sens elle te paraissait si réelle. Tu secouas légèrement la tête. Tu devais vraiment arrêter de te torturer de la sorte. Elle et toi, c’était fini. Et c’était pour le mieux. Malgré tout, tu regardas autour de toi avant de réaliser que ces paroles n’étaient pas simplement le fruit de ton imagination. Puisqu’il y avait cette jeune femme, dont tu auras pu reconnaitre la silhouette entre milles. Cependant, tu remarquas très rapidement qu’elle n’était pas seule. Une deuxième silhouette semblait être assise près d’elle, l’importunant légèrement à en déduire avec le ton de sa voix. C’est donc sans grande hésitation que tu quittas ton siège, ta bière à la main, te dirigeant vers elle. Étrangement, tu te doutais que tu allais bien rapidement le regretter. Cela serait bien plus facile pour toi de l’oublier si tu évitais de la croiser. Mais dans cette situation, tu sentais que tu devais agir. Après tout, tu ne lui souhaitais aucun malheur. « Pardonne-moi mon retard, je me suis perdu en chemin » avais-tu simplement lancé à l’intention de Mia. Il n’en avait pas vraiment fallu plus pour que l’homme qui l’embêtait trouve intérêt ailleurs. Tu soupiras, prenant, légèrement las, la place où il était. Tu n’osais pas la regarder. Ni même dire quelque chose d’autre. À vrai dire, tu ne savais pas quoi lui dire. Et si tu avais pu, tu serais aussi rapidement reparti. Peut-être que tu aurais dû.