the story of love.
11.04.87 + six semaines trop tôt, elle a pointé le bout de son nez. c’était en plein après midi. monsieur et madame o’byrne étaient assis sur un banc du parc non loin de chez eux, admirant encore la vue de new york que leur offrait ce petit coin de paradis.
chéri. sa voix n’était pas empreinte de panique étrangement. elle savait que le travail avait commencé, qu’elle accoucherait dans quelques heures, tout au plus, mais elle était calme, sereine.
qu’y a-t-il mon amour? et c’est là qu’il a réalisé, en la regardant, qu’ils devaient se rendre à l’hôpital d’urgence.
déjà? qu’il demanda alors qu’il composait frénétiquement le numéro des urgences. c’est après treize heures de travail acharné que la petite a finalement pointé le bout de son nez, ravissant les nouveaux parents.
18.10.96 + maman? elle était étendue sur son lit d’hôpital, faible. pâle.
maman? gaia avait tourné la tête vers son père qui était assis sur une chaise tout juste à côté d’elle.
maman, réveilles-toi. qu’elle avait répété, la bousculant un peu. il n’y avait rien à faire. elle avait poussé son dernier souffle.
gaia, mon ange. elle savait, mais elle ne voulait pas que ce soit vrai. on lui avait déjà expliqué que sa mère ne s’en sortirait probablement pas, que les chances qu’elle retrouve sa vigueur d’antan, qu’elle voit sa fille grandir, devenir une femme, étaient très, très minces. elle comprenait la situation, mais elle ne voulait pas qu’on lui arrache sa mère, sa meilleure amie, sa confidente.
papa. qu’elle avait lâché en un souffle, les larmes déferlant sur son visage. leur trio était maintenant devenu un duo. ils allaient devoir traverser cette épreuve ensemble.
08.06.04 + c’est ce jour là qu’elle a rencontré celui qui deviendrait son mari. jace. enfin, à l’époque, elle n’avait aucune idée de l’importance qu’il aurait dans sa vie. il faut dire, il n’était pas son genre d’homme, si elle en avait un à l’époque. elle n’était pas vraiment fan du mec musicien, un peu rebelle. elle préférait les jeunes de son âge qui avaient un peu plus de musculature, qui s’entrainaient, qui avaient un mode de vie sain, ce qui se conformait à son propre mode de vie. il était loin de l’homme qu’elle aurait pu juger idéal et pourtant, il s’est avéré charmant et il n’aura fallu que trois rendez-vous pour que, sur le pas de la porte, il l’embrasse.
je t’aime. qu’il avait murmuré, ses lèvres à quelques millimètres des siennes. et elle avait senti ses jambes défaillir. elle était sous le charme. amoureuse.
13.08.07 + tu es certaine que tu veux entreprendre des études de médecine? gaia hocha la tête.
peut-être que je pourrai sauver des gens atteints de cancer, un jour. son père s’assied devant elle.
tu sais, ces études sont longues et fastidieuses. je sais. j’ai fait mes recherches, mais je ne me vois pas exercer un autre métier, papa. il poussa un soupire. non seulement ces études étaient-elle difficiles, mais elles étaient aussi dispendieuses. une famille qui obtient deux salaires peinait bien souvent à envoyer un enfant en faculté de médecine alors imaginez une famille monoparentale. heureusement, gaia était douée et avait toujours obtenu de très bons résultats scolaires, lui donnant ainsi droit à des bourses, mais il n’en restait pas moins qu’elle du travailler pour éponger un peu le fardeau qu’elle avait imposé à son paternel… et pour ne pas finir avec des dettes monstres. (quoi que c’était inévitable.)
04.06.10 + J’aurais tellement aimé que maman soit là. Il y avait peu de moments ou Gaia laissait cette pensée échapper son esprit, mais là, c’était tout un accomplissement. terminer ses études était un moment important dans la vie d’un jeune adulte. c’était déjà une réussite en soit, mais terminer des études en médecine, il y avait de quoi être fière.
je suis certaine qu’elle te regardes de là-haut et qu’elle est immensément fière de toi. par réflèxe, gaia leva les yeux au ciel pour voir un oiseau traverser le ciel au même moment. pas un nuage à l’horizon, le soleil plombait, radieux. rien ne pouvait gâcher cette journée. [color-indianred]tu sais, j’ai eu l’impression qu’elle était près de moi, pendant mes examens. c’est ridicule, non?[/color] son père secoua la tête de gauche à droite.
pas du tout. tu sais, moi aussi je sens parfois sa présence. ça la réconfortait de savoir qu’il ne la prenait pas pour une folle. après tout, ça aurait été surprenant. ils croyaient aux esprits, les o’byrne. ils croyaient qu’un mort ne quittait jamais réellement la terre, tant qu’il n’aurait pas terminé ce qu’il avait à accomplir.
ma main tremblait légèrement et je te jures, j’ai senti une pression, mais personne n’était à proximité. et les tremblements ont arrêtés. je suis certaine que c’était elle. son père lui sourit.
j’en suis certain aussi. elle n’a jamais voulu que ton succès, que tu réussisses tout ce que tu entreprendras. Elle alla prendre sa place et attendit qu’on la nomme pour s’avancer sur la scène. lorsqu’elle eut son diplôme en main, elle leva les yeux au ciel et murmura un
merci dans le vide. peut-être qu’au final, sa mère avait une place de choix pour ce moment.
09.07.12 + toi qui prépares le repas, c’est terriblement louche. qu’elle avait déclaré à la blague ce soir-là.
j’aime bien te surprendre de temps à autre. et puis, je sais, tu as eu une semaine éreintante. elle ne pouvait qu’acquiescer à ses dires. il était vrai qu’elle était crevée et que le fait de ne pas avoir à penser au repas était certes, un léger détail, mais c’était déjà beaucoup pour elle.
alors, si tu pouvais profiter de la soirée et du fait que tu n’as pas à cuisiner, ça ferait mon bonheur. elle rigola avant d’aller enfiler un vêtement plus confortable.
ce chandail te va à ravir. beaucoup mieux qu’à moi. elle secoua la tête avant de s’avancer vers lui et de l’embrasser.
je t’aime, tu sais? il lui sourit.
je t’aime aussi. elle se savait chanceuse d’avoir trouvé un homme comme lui. jace était une véritable perle rare.
je t’aime plus que je n’ai jamais aimé. c’est cliché, tu ne trouves pas? elle hocha la tête.
très cliché, mais si ça vient de toi, ça m’importe peu que ce soit cliché ou non. tant que c’est véridique. elle lui sourit.
en fait, j’ai dis ça simplement parce que i want to get into your pants. elle éclata de rire.
t’es con. et lui, il avait ce sourire niais au visage. un imbécile heureux.
mais tu m’aimes quand même. elle hocha la tête.
oui, je t’aime quand même. et c’est là qu’il a lâché sa taille pour glisser une de ses mains dans la poche de son jeans et y en sortir une petite boite. gaia resta figée, comprenant à moitié la déclaration qu’il lui faisait.
veux-tu m’épouser? c’était sans doute les seuls mots qu’elle avait besoin d’entendre, les seuls auxquels il fallait qu’elle réponde. à peine avait-il terminé la phrase qu’elle répondait par l’affirmative avant de sceller cette promesse d’un baiser.
tu es certaine que tu vas réussir à me supporter pour le restant de tes jours? elle le regarda, l’air songeuse.
je ne sais pas… une pause d’une fraction de seconde.
mais je veux bien essayer. 14.04.13 + On va avoir besoin d’un peu plus de temps que prévu pour le maquillage, je crois. Gaia avait lancé sa chaussure à travers la pièce.
Rappelle-moi pourquoi je t’ai choisi comme demoiselle d’honneur? les deux femmes rièrent à l’unisson tandis que Gaia terminait son petit-déjeuner.
J’ai l’impression que je vais être malade. Son père arriva derrière elle et posa un baiser au sommet de son crâne.
Ce n’est que le stress. Tu verras, lorsque tu seras devant les portes de l’église, tu te sentiras légère comme une plume. Il prit sa fille dans ses bras.
Je t’aime. Elle se sentait comme une petite fille en ce moment, cherchant le réconfort de son paternel.
Toi aussi tu étais nerveux avant d’épouser maman? Il hocha la tête. Il y avait des années qu’elle n’avait pas parlé d’elle et voyait bien que c’était encore difficile pour son père d’aborder le sujet.
Oui. J’avais peur qu’elle réalise qu’elle méritait mieux et qu’elle me fasse faux bond. Gaia ne put retenir un léger rire.
Je pense que tous les mariés ont un peu le trac le jour de leur mariage, mais tente de l’ignorer. Ce sera le jour le plus merveilleux de ta vie. Sur ces sages paroles, elle alla se préparer. Une heure trente plus tard, elle était vêtue de sa robe blanche, marchant dans le couloir telle une reine.
Papa, ne pleure pas, s’il te plait. Parce que je vais pleurer aussi et ça va ruiner mon maquillage. Elle épongea les larmes qui menaçaient de couler à l’aide d’un mouchoir.
Prête à unir ta destinée à Jace jusqu’à ce que la mort vous sépare? Gaia hocha la tête.
Plus que jamais. Son père avait raison parce qu’au moment ou elle se retrouva devant les portes de l’église, ou le canon de Pachelbel retentit, elle se sentait pleine, entière, légère. Plus une ombre au tableau. Et lorsqu’elle le vit, attendant devant l’autel, elle ne voulait qu’accélérer le pas et la musique pour le retrouver plus rapidement, pour pouvoir lui dire oui je le veux plus vite. C’était lui et personne d’autre.
22.01.15 + les cris retentissaient dans la chambre. elle avait mal. quelle idée aussi de dire non à l’épidural. elle le regrettait maintenant, mais elle avait dit qu’elle n’en voulait pas, calme et sereine qu’elle était quelques heures plus tôt. jace, il était debout à ses côtés, impuissant. il tenait sa main, ou plutôt était-ce l’inverse parce qu’il avait l’impression que, lorsqu’elle là lâcherait, il aurait la main fracturée. qui aurait pu croire qu’une personne frêle comme gaia puisse être aussi forte? et après treize heures de travail, voilà que d’autres cris se firent entendre. de petits cris, ceux-là. ceux d’un enfant qu’on vient de mettre au monde. ceux de leur fille, livia. rien ne saurait décrire adéquatement le moment ou elle l’a tenue dans ses bras, ce petit être. aucun mot n’est assez fort pour décrire ce sentiment.
je t’ai vu tomber en amour. que jace lui avait déjà dit.
je n’ai jamais vu autant d’amour dans tes yeux que lorsque tu les as posés sur elle. 14.05.16 + je pars du supermarché. je serai là dans dix minutes, tout au plus. elle l’avait attendu trente minutes, se disant que, peut-être il avait du arrêté mettre de l’essence dans la voiture. peut-être qu’il avait eu un pépin en cours de route, que son portable n’avait plus de batterie. elle avait imaginé dix milles scénarios qui auraient expliqués son retard, que sa fille n’était pas dans ses bras à l’heure actuelle. pourtant, au fond, elle savait que quelque chose leur était arrivé. elle ne savait pas l’ampleur de la chose, mais son cœur s’était serré et déjà, elle avait mal. anxieuse, elle s’était dirigée vers l’hôpital le plus proche, s’informant à savoir si on y avait admis son mari et sa fille. suite à une réponse négative, elle était retournée chez elle et c’est à ce moment qu’elle vit les officiers devant la porte.
je peux vous aider? qu’elle avait demandé, une boule se formant déjà au creux de sa gorge.
vous êtes bien madame o’byrne? elle avait hoché la tête avant qu’on ne lui dise qu’il fallait peut-être mieux qu’elle rentre s’asseoir avant de continuer la discussion.
je suis désolée de vous l’apprendre, mais votre mari et votre fille sont décédés dans un accident de voiture. par chance qu’elle était assise parce que ses jambes auraient flanchées. elle les a plutôt ramenées contre elle, se recroquevillant pour éviter que son cœur n’éclate dans sa poitrine. elle avait l’impression que si elle ne faisait pas ça, son être exploserait en milliers d’éclats et s’étalerait sur les murs de l’appartement. une fois les officiers partis, elle avait sombré dans une colère intense, lançant tout ce qui lui tombait sous la main contre les murs, brisant divers objets auxquels elle tenait, ruinant les cadres qui contenaient des photos de famille, souvenirs de moment plus heureux. elle ne voulait pas les voir. elle voulait que tout disparaisse. ou peut-être voulait-elle être celle qui disparaitrait? elle ne savait pas. elle était perdue. son monde venait de s’écrouler. tout ce qu’elle avait imaginé venait de s’envoler en fumée en une fraction de seconde.
06.17 + il faut que tu y ailles. je suis certaine, ça te fera le plus grand bien. gaia poussa un soupire avant de prendre parole.
je te jures, si cette rencontre est ennuyeuse, je ne t’adresse plus jamais la parole. des menaces qu’elle ne mettrait jamais à exécution, c’était évident.
promis. il a l’air bien ce mec. et puis, je t’assures, ce n’est pas un rancard. juste une soirée pour discuter, pour que tu te changes les idées. un énième soupire s’échappa d’entre ses lèvres avant qu’elle ne cède, troquant ses pantalons joggings et un vieux t-shirt appartenant à jace pour quelque chose d’un peu plus classe quand même, quelque chose qui la rendrait plus présentable. elle se rendit ensuite au point de rendez-vous et fut agréablement surprise de la tournure des évènements. il faut dire, elle s’était imaginé le pire. un mec qui ne correspond pas du tout à son profil, qui n’a pas de classe, qui ne cesse de la reluquer, mais rhys était de bonne compagnie et bien élevé. il avait même réussi à la faire rire, ce qu’elle n’avait pas véritablement fait depuis un peu plus d’un an.
j’en conclue que la soirée n’était pas si pénible? qu’elle lut, une fois arrivée chez elle.
il était correct. répondit-elle simplement, laissant son amie dans le néant quant au déroulement de la soirée. et puis, elle ne voulait pas admettre qu’elle avait eu du plaisir, que peut-être cette soirée lui avait remonté le moral, ne serait-ce même qu’un tout petit peu.