the story of love.
12 ans La relation chaotique de mes parents aura été relativement marquante. J’ai passé mon enfance à être là, en simple spectateur, à regarder mes géniteurs se déchirer entre eux. Mais malgré tout ça, je n’étais pas perturbé. Du moins, c’est ce que je laissais voir aux autres. Un petit garçon équilibré, qu’on qualifiait de normal. J’étais tout simplement plus courageux que les autres. La souffrance, ce n’est pas pour moi. Alors j’enfouissais tout ça. Je réussissais très bien à l’école, j’avais des amis. Je vivais tout simplement, jusqu’au jour de l’annonce du divorce de mes parents. L’atmosphère était pesante. Mes parents ainsi que ma sœur n’avaient pas osé ouvrir la bouche depuis le début du dîner. Agacé, je croisai les bras sur mon torse tandis que mon regard se baladait d’une personne à l’autre.
« Bon ! Qu’est-ce qui se passe ? » Trois paires de yeux se posèrent sur moi, tous interrogateur.
« Ça va, j’suis pas con, je vois bien qu’il y a un truc qui ne va pas. » Poursuivis-je.
« Arrête Zéphyr. » Je levai le regard vers ma sœur, intrigué de son commentaire. Voulant les faire réagir pour savoir enfin ce qui se passait, je leur dit la première chose qui me passa par la tête.
« J'suis gay. » Bon, ce n'était pas totalement vrai, mais il y avait une part de vérité. Ma sœur se leva subitement de sa chaise, la haine se faisait voir dans ses yeux.
« Tu ne vois pas que ce n’est pas le moment ? Attends, tu es quoi ? » Moi qui n’avais jamais entendu ma grande sœur avec tant de colère dans la voix, je ne répondis rien, attendant que l’ambiance s’apaise. Tous les trois me regardaient. J’avais l’impression d’être un animal de foire, mais ne relevai pas sa question. Je savais qu'il se passait quelque chose.
« Alors, il y a vraiment un truc qui ne va pas hein ? » Demandais-je hésitant. Le regard que mon père fit à ma mère semblait tout dire.
« Chaton, ton père et moi avons décidé de nous séparer. » M’avoua-t-elle enfin. J’aurais voulu ne pas réagir aussi violemment, mais j’avais agi par impulsion, encore une fois. Je bondis de ma chaise.
« Quoi ? C’est une blague ? Hein, dites-moi, c’est pas vrai, vous mentez ? » Les questionnai-je pour toute réponse tandis que je leur lançai un regard suppliant. Le silence qui fit suite à mon intervention vint me confirmer que tout ceci n’était pas un jeu, mais bel et bien la réalité. D’un geste presque automatique, je tournais le visage vers ma sœur.
« Et toi, tu le savais ? » Lâchai-je, en colère qu’elle a pu me mentir sur un sujet aussi sérieux et important que celui-ci. Je ne lui laissai toutefois pas le temps de me répondre que je bousculais déjà ma chaise.
« J’ai plus faim. Je monte. » Conclus-je en montant les escaliers afin de me rendre dans ma chambre. Le divorce de mes parents m'avait bouleversé. Mais c'est aussi ça qui m'a forgé, du début à la fin. Ma sensibilité, mon courage, mais aussi mon incontrôlable méfiance viennent sûrement de là, car je ne peux pas dire que l'éducation de mes géniteurs y ait été pour beaucoup. Ils étaient bien trop préoccupés par leurs problèmes de couple que par leurs enfants qui, après chaque dispute, se retrouvaient seuls, au milieu du salon. Pour faire face à tout ça, je me suis rapidement passionné par le sport. Du moins sur le fonctionnement, des muscles et l'alimentation pour vivre sainement. Je noyais ma tristesse dans l'entraînement. Le divorce de mes parents avait été douloureux, et plus les jours passaient, plus je gagnais en maturité, jusqu'à me dire qu'il ne fallait pas laisser fuir la vie sans en profiter. Chaque instant est unique et mérite d'être vécu.
14 ans« Je suis mutée pour mon travail. On déménage à New-York, dans un mois. » D'un air surpris, je regardai ma mère, ne sachant que dire. Cette annonce avait eu l'effet d'une bombe.
« On part s'installer à New-York, aux États-Unis ? » Répétais-je bien malgré moi. Je n'étais absolument pas prêt à quitter l'Angleterre et je n'arrivais pas à comprendre comment ma mère pouvait être aussi décidée à quitter son pays d'origine, comme mon père l'avait fait quelques années plus tôt pour venir vivre ici. Dans tous les cas, j'étais obligé de me plier et ça ne me plaisait pas.
« Mais... J'ai pas envie moi, j'veux pas. » Dis-je en secouant de la tête pour appuyer mes propos.
« Je croyais que tu adorais les États-Unis. » Répliqua alors ma mère, visiblement étonnée par ma réaction.
« Oui, mais pas comme ça, pour des vacances, mais pas pour y vivre. Ils sont tous gros là-bas. » Je me dirigeai ensuite vers le canapé pour me laisser tomber dessus telle une baleine échouée sur le sable.
« Tu t'y feras. Je sais que c'est difficile pour un garçon de ton âge de devoir tout quitter du jour au lendemain, mais cette mutation, c'est une chance en or. » M'expliqua-t-elle calmement.
« Tu sais, j'en ai parlé à ton père et il m'a dit qu'il y avait un très bon programme à l'université en sciences et techniques des activités physiques et sportives » Je relevai timidement le visage. C'est tout ce dont j'avais rêvé. Pourtant, je n'arrivais pas à apprécier l'annonce de ma mère. J'étais incapable de croire que je devrai quitter ma ville, une partie de ma famille, mes amis et tout le reste. Je ne parlais pas, ni même pour remercier ma mère. De toute façon, l'université n'est pas avant quelques années.
23 ansMa tête tournait et la musique résonnait sans cesse dans celle-ci, augmentant considérablement mon mal de tête. Celui-ci était dû au fait que la musique qui passait n’était pas vraiment le style que j’avais l’habitude d’écouter. Cela faisait presque trois heures que nous étions dans ce club, dansant, buvant, flirtant, et même embrassant des inconnus. J’étais avec mes potes tout assemblé à une table, puis une barmaid était venue nous apporter un gros sceau de champagne, un deuxième et finalement un troisième, tout ceci en mélangeant d’autres alcools de tout genre. Soudain, mon meilleur ami arriva avec une quatrième bouteille de champagne, mais c’était à cet instant précis que la soirée s’était corsée pour moi.
« Zéphyr, t’es certain d’aimer les hommes autant que les femmes ? » Je regardai mon meilleur ami interrogativement. Pourquoi voulait-il savoir ça ?
« J’me suis jamais vraiment posé la question. Ayant été attiré par plusieurs corps masculins, j’te dirais que oui. » « Oui, mais t’es pas sûr. Alors, c’est le temps d’avoir ta réponse. » Il se mit à regarder un mec plutôt mignon dans la salle et je compris tout de suite ce qu’il voulait que je fasse. Cela sonnait comme un défi. Défi que je n’avais pas le choix de réaliser, n’ayant jamais refusé ses petits jeux depuis que nous nous connaissions. Je me levai de mon tabouret et m’avançai vers ma proie, bouteille à la main en chancelant un peu dû à l’alcool ingurgité au cours de la soirée. Je me suis assis à ses côtés, ne laissant que très peu d’espace entre nous. Je ne savais même pas s’il était attiré par la gente masculine, mais je ne m’en préoccupai pas. J’allais simplement me faire repousser si c’était le cas et je m’en fous de ça.
« Salut, moi, c’est Zéphyr et j’vais t’embrasser. Tu vas être comblé. » Au moins, le message était clair, net et précis. Je n’attendis pas sa réponse et déposai ma main sur sa nuque pour l’attirer vers moi. Je ne savais pas vraiment comment réagir et j’avoue avoir été stressé, mais j’allais être fixé. Le baisé fut doux tout d’abord, mais lorsque nos langues se touchèrent, se fut l’explosion. J’attirai un peu plus ce garçon contre moi et le baiser devint moins timide, plus brutale. Ce fut au bout de plusieurs et longues minutes que nous nous sommes détacher l’un de l’autre. Le sourire aux lèvres, je lui attrapai la main pour le faire sortir à l’extérieur de la boîte de nuit. Une longue soirée s’en suivi. Oui, il n’y avait plus aucun doute, j’aimais autant les hommes que les femmes.
26 ansAllongé de tout mon long sur une chaise longue, une cigarette aux lèvres, je regardais toutes les personnes présentes sans exception. Quelques fois mon regard resta accroché au torse de certains mecs ou à la poitrine des femmes, pour le plaisir de mes yeux. Ce n’est tout de même pas moi qui allais s’en plaindre. Tellement absorbé dans ma contemplation, je n’entendis aucunement quelqu’un arrivé vers moi.
« Zéphyr, viens avec moi, j'ai quelqu'un à te présenter. » Je me suis mis à regarder Karl d'une façon interrogative, avant qu'il ne me tire par le bras en criant par-dessus la musique et les rires pour me faire bouger. Je soupirai lourdement, puis le suivis jusqu'au bord de la piscine, où je regardais encore les environs, écoutant d'une oreille distraite, les paroles de Josh, un peu trop ivre.
« Zéphyr, je te présente Rose Gallagher, ma meilleure amie. » Lorsque je me décidai enfin à regarder la personne qu'on venait de me présenter, j'eus un frisson qui me parcourra l'échine dorsale. Je n'étais tout simplement plus capable de regarder ailleurs que ses magnifiques yeux qui me transperçaient. Hypnotisé par son regard. Cette Rose était d'une beauté phénoménale. Un mutisme s'empara de moi quelques secondes avant que je me décide finalement à la saluer, voyant comme je pouvais être stupide de la regarder comme ça, sans réagir. Je lui tendis la main qu'elle accepta.
« Enchanté, je suis heureux de faire ta connaissance. Karl m'a beaucoup parlé de toi. » Mensonge, je ne connaissais pas son existence avant ce soir et j'en voulus presque à Karl pour m'avoir caché l'existence de sa meilleure amie aussi... Aussi, je ne trouve pas de mot adéquat pour le qualifier sans être vulgaire. Disons qu'elle me faisait beaucoup d'effet. Un sourire fini par se frayer un chemin sur mes lèvres, qui ne me lâcha plus de la soirée. C'était comme si nous nous connaissions depuis des années. L'entente était merveilleuse, je n'aurais pas pu rêver mieux. Moi qui croyais m'ennuyer à cette fête, je m'en serais voulu de ne pas y avoir mis les pieds. La soirée se passait bien et on avait perdu de vue Josh, mais je ne m'en faisais guère. Ils avaient vraiment tout prévu. La sono, les drogues, l'alcool à profusion, l'éclairage coloré qui se remarquait à des kilomètres à la ronde. Déjà minuit passé, la soirée battait son plein, de plus, j’étais en merveilleuse compagnie. Et sans vraiment comprendre ce qui m’arrivait, une pulsion s’empara de moi, comme par magie et je pris les lèvres de Rose en otage, ce qui me donna de drôle de sensation. Comment était-ce possible de ressentir ça, seulement avec un simple baiser ?
6 mois plus tardAujourd'hui, cela fait six mois que je suis en couple avec Rose et elle veut me présenter à sa famille. J'avoue que je suis énormément stressé, puisqu'ils ne sont pas dans la même classe sociale que moi. Certes, je ne suis pas dans la pauvreté, mais je ne fais pas partie de la bourgeoisie comme eux. Je ne suis pas de ces gens super bien éduqués qui se tiennent droit à table et qui ne mettent pas leur coude sur la table lorsqu'ils mangent, mais je sais tout de même me tenir bien. Je sais me faire apprécier des autres grâce à mon charisme. Je ne sais pas comment sa famille va me trouver, mais il me tarde de le savoir. Dans tous les cas, j'espère passer un bon moment et être respecté par eux. Sait-on jamais, je pourrais avoir quelques surprises.