Encore du grand art Eden, vraiment. Je soupire en retournant chez moi. Une soirée, une nouvelle où je me suis perdue. Pas bien loin non. Juste dans les méandres de mon cerveau qui carbure à deux mille. Et encore je suis gentille. Une exposition ce soir, un vernissage pour être précise. C'est le premier que je fais dans ma galerie alors c'était un événement important. Et pourtant... Je n'étais pas vraiment moi. Enfin, de toute façon, je m'y ferai. C'est ma vie après tout maintenant. Oui, c'est ma vie. Et je me suis battue pour l'avoir. Et quand je me donne à fond comme ça, j'oublie tout. Oui tout. Il faut dire que ces dernières semaines je me suis vraiment concentrée dans ce vernissage. Du matin au soir et parfois même la nuit. Tout est une question de détails et je suis du genre à ne rien vouloir laisser au hasard. Alors oui, peut être que je m'oublie un peu la dedans. Que j'oublie le reste de ma vie mais j'en ai pas vraiment non ? Je suis venue à New York pour bosser, voilà tout. Douce rengaine que je me répète jusqu'à ce que j'y crois dur comme fer. Non, je ne laisserai pas mes pensées s'égarer vers une belle blonde. Depuis le dernier soir, celui où l'alcool avait dicté mes mots, c'était bien trop compliqué. Non, je ne regrettais pas ce que je lui avais dit. Mais je n'aimais pas la manière dont je le lui avais annoncé. Bourrée, déchirée, bien trop imbibé. Oui, voilà, un peu tout ça. Et non, je ne voulais pas qu'elle croit que j'avais fait ça sous le coup de l'alcool. Surtout vu son regard lorsqu'elle avait vu ma bague. Foutue bague. Dès qu'elle était partie je m'étais dépêchée de la retirer et elle avait fini sa course dans l'eau. Peut être un geste désespéré. Mais ce fut le moment. Oui, je n'avais plus besoin d'elle voilà tout. Je ne crois toujours pas plus en l'amour mais je n'ai plus besoin de cette bague c'est tout. Je me suis faite une raison. Bref, les pensées perdues, j'arrive face à ma péniche. Enfin chez moi. Je me pointe face à la porte et fouille dans mon sac pour récupérer mes clés. Tiens, elles n'y sont pas. A nouveau, je fouille, je le vide presque sur le ponton en bois. Toujours rien. Comment est ce possible, je suis persuadée de les avoir mises dans mon sac pourtant. Je commence à vider mes poches, celles de mon jean brut, celles de ma veste beige. Rien. Elles ne peuvent pas être ailleurs, j'ai pas de poche à mon tee shirt blanc ni à mes escarpins rouges. J'ai pas bu grand chose ce soir, juste une coupe de champagne alors oui, je résonne comme ça sous le coup de la panique plus qu'autre chose. Je me décide à appeler mon assurance. Ils vont bien me trouver une solution. " Pardon ? Comment ça personne ne peut venir avant lundi ? On est vendredi je fais quoi jusque là moi ? " Et l'autre dinde au téléphone qui me raccroche au nez. Parce qu'on est vendredi soir et qu'il est 23h, y'a pas un foutu serrurier de disponible ? Putain mais c'est pas vrai. Je peste et me laisses tomber à même le sol. Il va falloir que j'aille à l'hôtel, j'ai pas le choix. Je pianote sur mon téléphone à la recherche d'un hôtel. Je sors ton porte feuille pour préparer ma carte en vue du paiement mais c'est là que je comprends que je ne l'ai pas. " Et merde ! " Evidemment pour aller à un vernissage je n'ai pas pris mes papiers, ça ne servait à rien. Enfin c'était ce que je pensais à ce moment là. Me voilà donc à la rue, en plein mois d'octobre, à New York. Parfait. Je pourrais appeler mes parents mais ce serait leur avouer mon échec et ça, c'est hors de question. Alors je réfléchi. Quelle est la seule personne que je connaisse ici. Jordan bien sur. Heureusement que j'avais cherché son adresse quelques jours après nos retrouvailles pour aller lui parler. Sans jamais oser mais au moins je l'avais. Il m'a fallu presque une heure pour rejoindre son appartement. Forcément, pas d'argent, pas de taxi. Je monte les marches essoufflée et arrive enfin face à la porte. J'espère juste qu'elle sera là. Je frappe et j'attends. Pitié que ce soit elle qui ouvre la porte. Même endormie, même si elle n'est pas seule. Non, ça je ne le voulais pas mais bon, j'ai juste besoin d'un lit et d'un endroit ou virer ces foutus talons qui commencent à me faire un mal de chien. La porte s'ouvre enfin et je retiens ma respiration. " Hey. Salut. " Je penche la tête et tente un sourire timide. " T'as de la place pour une SDF ? " Et bien maintenant si elle dit non, je ne suis pas dans la merde.

Ça tourne dans ma tête, j’ai du mal à dormir, du mal à réfléchir. Chaque fois que je ferme les yeux je vois son visage, ses lèvres à quelques pauvres centimètres, jusqu’à ce qu’on finisse par s’embrasser, encore et encore. Dans mes rêves les plus fous, ça ne s’arrête pas là, mais j’ai depuis tendance à me réveiller en sursaut en plein milieu de la nuit, en sueurs. J’essaie pourtant de ne pas y penser, elle avait dit que c’était fini avec sa petite amie, celle de Paris. Pourtant, elle porte encore cette alliance, ce bout de métal qui a semblé me brûler le soir où je l’ai raccompagnée chez elle. Evidemment qu’on aurait pu passer la nuit ensemble, mais toute cette histoire, ce passé qui ressurgit, ça me flanque une trouille abominable. J’étais bien avant qu’elle revienne, qu’elle foute le bordel dans ma vie et dans ma tête. J’enchaînais les coups d’un soir et ça m’allait bien. Et depuis elle, depuis son retour, plus rien. J’y arrive plus, ça me bloque complet. Pour un peu que je ferme les yeux, c’est elle que je vois à la place de la fille que je suis à deux doigts d’envoyer au septième ciel. Ça me prend la tête, et ce soir, j’ai bien décidé de passer au dessus de ça. Ce soir, je suis seule à l’appart, tout le monde a quelque chose à faire, et moi, je vais ramener une fille. Je dois le faire, pour ma propre santé mentale, avant de devenir complètement cinglée à penser à Eden jour et nuit.

Comme souvent, je passe quelques heures dans mon QG, ce bar gayfriendly où j’ai ma réputation, certes, mais où je sais que je vais pouvoir draguer sans compter. Je jette mon dévolu sur une brune, métisse même, aux antipodes de la blonde qui hante mes pensées, pour éviter qu’elle ne surgisse des méandres de mon cerveau qui semble péter un plomb ces derniers jours. La drague est facile, les sous-entendus équivoques, je ne mets pas longtemps à lui proposer de monter chez moi. « J’habite à trois rues ». C’est plus facile que d’habiter à l’autre bout de New York. Je ris, j’ai bu, un peu. Pas assez pour ne pas me souvenir, mais suffisamment pour faire taire mon cerveau, ou du moins c’est ce que j’imagine. Lydie est jolie, ses yeux pétillent de malice, elle est fraîche, drôle, elle a tout pour elle, mais il lui manque quelque chose. Pourtant, je décide de poursuivre la soirée chez moi, quelques rues, la porte qui claque et ses lèvres qui se retrouvent sur les miennes. Ma veste foule le sol, mon coeur s’emballe. Ne pas penser à Eden, ne pas penser à Eden, ne pas penser à Eden. Mon coeur tambourine dans ma cage thoracique et j’entends qu’on sonne à la porte. Au dessus du corps de la brune sur le canapé, ses mains prenant place sur le mien, je m’arrête nette. « Ne réponds pas. » Comme une intuition étrange, je me dis que je peux pas faire ça. A une heure pareille, ça doit forcément être important. « Faut que j’aille ouvrir. » Et puis, ma curiosité est plus forte que mon attirance pour cette fille que je ne connaissais pas y’a encore quelques heures.

J’ouvre alors la porte et tombe nez à nez avec Eden. Bordel. Mon coeur rate un battement, ma main nerveuse vient s’échouer dans mes cheveux sans doute un peu en bataille. « Hey. Salut. » Je déglutis avec difficulté. « Eden. » Qui d’autre. « T'as de la place pour une SDF ? » Je me pince les lèvres sans la lâcher des yeux, dans l’incompréhension totale. Qu’est-ce qu’elle fait là ? A une heure pareille ? Pourquoi elle parle de SDF ? « Jordan ? Tout va bien ? » Ma voix de Lydie se fait entendre et je vois dans le regard d’Eden qu’elle comprend, dans la seconde. Elle s’excuse, faisant presque immédiatement demi-tour. Pas question. Je la rattrape dans le couloir, agrippant son poignet pour la faire se retourner. « Reste. » J’entends des pas dans mon dos et la brune s’incruste alors que je lâche la main d’Eden. « Te fatigue pas, j’ai compris. Bonne nuit. » Je soupire en voyant les flammes dans les yeux de la brune. Tant pis. Je regarde Eden à nouveau et hausse un peu les épaules avant de lui sourire. A peine. « Toute façon, elle embrassait même pas bien. »

J'aurais pu aller chez Louis. Enfin non. J'aurais DU aller chez Louis. Parce que là, je me retrouve devant la porte de Jordan, à attendre qu'elle m'ouvre la porte. Elle est là, elle m'ouvre la porte et je l'observe. Oh forcément, elle ne s'attend pas à ma venue, ça parait logique. Comme aurait-elle pu. Je débarque un vendredi, presque à minuit pour lui demander son hospitalité. Vraiment, j'aurais du aller chez Louis. Elle est nerveuse, je le vois. Sa main qui se passe dans ses cheveux et mes yeux qui ne peuvent s'empêcher de suivre ce geste. Mon prénom qu'elle prononce. Elle ne semble pas forcément à l'aise, ce que je peux comprendre. Bon, je ds pas que j'aurai voulu des retrouvailles avec étreintes et tout le bordel mais là, je me sens de trop. Surtout lorsque j'entends une voix sortir de son appartement. Pitié que ce soit l'une de ses colocataires. Et pourtant, à peine mes yeux se posent sur la fille qui vient de faire son apparition, que je comprends. Mon sourire se perd aussitôt et je fais volte face. " Je... Désolée je n'aurais pas du venir. " Et merde, merde, merde et re-merde. Donc c'est bien ça, cette nana n'est pas là pour faire office de tapisserie. Et ce n'est clairement pas sa colocataire. Je dois m'enfuir de là au plus vite. Pour aller je ne sais où mais tant pis. Partout sauf ici. Sauf que je n'ai pas le temps de faire plus de 2 pas qu'une main s'agrippe à la mienne. Et cette voix qui prononce ce simple mot. Je mets quelques secondes à me retourner, à prendre conscience de ce qu'elle vient de me demander. Ce n'est pas rien. Et encore moins lorsque je vois la brune arriver derrière Jordan. Elle n'a pas l'air super ravie, ce que je peux comprendre. Visiblement j'ai mis fin à leur petite partie de jambes en l'air. Je me retiens de sourire, parce que là pour le coup, je suis plutôt fière. Ce n'est pas bien je sais mais comment faire autrement en pensant qu'elle ne finira pas entre les cuisses de la blonde. Et la brune part, comme si elle était de trop. C'est le cas non ? Elle l'est. Pour moi elle l'est. Et pas qu'un peu. Elle n'a pas à être là. Même si je ne sais pas si c'est réellement ma place à moi. En tout cas Jordan semble le penser vu qu'elle m'a demandé de rester non ? D'ailleurs je l'observe, pas plus perturbée que ça que la brune soit partie. Elle hausse même les épaules avant de me dévoiler une info que je n'aurai jamais voulu savoir. Elle va surement le remarquer à la grimace que j'effectue. " J'avais pas forcément besoin de savoir ça... " Non, savoir qu'elle l'avait embrasser, je m'en serais bien passé. " Désolée d'avoir écourté ta soirée. J'aurai du prévenir avant mais j'avais pas ton numéro. " Je me balance d'une jambe à l'autre, enfin je tente vu les échasses sur lesquelles je suis perchée. Vivement que je vire ces instruments de torture !

« Je... Désolée je n'aurais pas du venir. » Je comprends immédiatement qu’elle comprend et je refuse qu’elle s’échappe comme ça, pas maintenant qu’elle est là. Combien de jours j’ai rêvé qu’elle m’appelle, qu’elle me retrouve quelque part, j’ai même été jusque flâner devant sa péniche en espérant la croiser au ‘hasard’. Je regrette d’être partie comme ça la dernière fois, j’aurai sans doute mieux fait de lui demander pourquoi elle portait cette putain de bague à son annulaire gauche. Mais non, je me suis enfuie comme une putain de trouillarde. Et maintenant elle est là, pas au meilleur moment, mais elle est là, et il n’est pas question que je la laisse s’enfuir à cause de cette fille qui m’attend sur le canapé. Cette fille, la pauvre, elle ne signifie rien, et je cours déjà pour rejoindre Eden et lui demander de rester. Je n’ai pas besoin de la supplier, mon regard le fait pour moi. Ma conquête de soir comprend qu’elle doit partir, de toute manière, personne ne fera jamais le poids contre Eden, c’est comme ça. Une fois la brune disparue je repose mon regard dans celui d’Eden qui me surplombe un peu à cause de ses talons hauts, alors que je suis pieds nus. Je bredouille un truc, sans doute à cause de l’angoisse qui me saisit, celle qu’elle s’en aille pour de bon, qu’elle me fuit comme je l’ai fuit la dernière fois chez elle. Pourtant, j’ai l’impression d’avoir encore le goût de ses lèvres sur les miennes. « J'avais pas forcément besoin de savoir ça… » Je grimace un peu, j’ai encore perdu une occasion de me taire. Faut dire que j’ai jamais trop pris le temps de réfléchir avant de parler, je suis comme ça, spontanée, mais ça me joue souvent des tours. Ce soir encore. Je me racle seulement la gorge comme un signe de désolation de moi même, mais aussi d’excuses envers la blonde. « Désolée d'avoir écourté ta soirée. J'aurai du prévenir avant mais j'avais pas ton numéro. » Je secoue la tête. « Ne t’excuse pas, tu as bien fait, enfin je sais même pas pourquoi j’ai ramené cette fille je… » je soupire un peu et passe ma main sur mon visage d’un air dépité. « Bon viens, on va pas rester dans le couloir. » En plus je me rends compte que y’a personne chez moi et que j’ai pas pris les clés en sortant, si la brune a claqué la porte, on est enfermées. Mais heureusement elle n’a pas fait ça, et nous pouvons rentrer chez moi. « Entre, y’a personne, mes colocs sont pas là, y’en a qui bossent et d’autres qui sont sortis. Tu veux boire quelque chose ? Installe-toi… » Je lui fais un signe du menton pour l’inciter à s’installer dans le canapé alors que je file dans la cuisine ouverte pour récupérer quelques trucs à boire avant de la rejoindre dans le salon où elle a pris soin de retirer ses chaussures. Ses pieds sont rougis par ses talons et elle a l’air de souffrir le martyre. Voilà pourquoi je mets jamais de talons. « Comment ça se fait que t’es à la rue ce soir ? Il s’est passé quelque chose avec ta péniche ? »

Elle m'empêche de partir, elle m'empêche de fuir. Et pourtant j'aurai bien voulu m'en aller loin d'ici après avoir vu cette sublime nana chez elle. Je dois bien le reconnaître moi aussi, elle est belle. Pas autant que Jordan, mais tout de même. Enfin en ce moment j'ai l'impression qu'aucune fille ne lui arrive à la cheville et ça a un côté un poil inquiétant. Je pars totalement en vrille quand il s'agit d'elle et j'aime pas forcément ça. Je ne veux pas revivre le fiasco d'il y a quelques mois. Aucune femme ne doit avoir une emprise sur moi, c'est fini ça. Non ? Oui, il le faut. Enfin, la brune se barre, c'est pas plus mal. Même si la réflexion de Jordan me reste en travers de la gorge. Elle s'en excuse, enfin elle grimace. Au moins elle a comprit ce que je lui ai dit. Bon, c'est pas méchant quand même, je ne lui ai pas dit de se la fermer. J'ai juste pas envie de savoir comment une autre fille embrasse. J'ai pas envie de savoir qu'une autre bouche a touché la sienne. Et c'est encore pire lorsqu'on voit passer cette foutue bouche avec tout un corps accroché. Mais maintenant il ne reste que nous deux. Alors il se passe quoi? Elle est partie parce qu'elle m'a demandé de rester, donc si je pars, c'est un peu con. Surtout que j'en ai pas réellement envie. Elle commence à s'excuser enfin plutôt à dire qu'elle n'aurait pas du ramener cette nana. Ca sonne comme une justification ou je ne sais quoi. Je souris doucement. Elle s'embourbe dans ses paroles mais je ne relève pas. De toute façon elle ne m'en laisse pas l'occasion et me fait entrer chez elle. Et elle m'apprend qu'elle est seule en plus, aucuns colocataires. En même temps si elle avait prévu de s'envoyer en l'air avec cette brune, c'était préférable. Je grimace en pensant à ce qui aurait pu se passer ici si je n'étais pas arrivée. Ouais non, faut pas que je pense à ça. " Ce que tu veux, je suis pas bien difficile. " Alcool ou non, pour ce soir tout ira parfaitement. Même si un verre relevé n'est pas de refus. Je ne veux juste pas finir dans le même état que la dernière fois où l'on s'est vues. Je n'étais plus maitre de moi même et je ne veux pas que ça se reproduise. Elle s'éclipse vers ce qui semble être la cuisine tout en m'indiquant le canapé. Je ne me fais pas prier et m'en approche après avoir retiré ces escarpins de malheur. Un long soupir s'échappe d'entre mes lèves. " Putain que ça fait du bien. " Je n'ose même pas imaginer l'état de mes pieds. Je ne sens déjà plus mes orteils, si ça se trouve ils sont restés au fond des godasses. Bon bien sur c'est impossible mais en tout cas y'a plus beaucoup de sang qui y circule actuellement. Je me pose dans le canapé en attendant le retour de Jordan. En tailleur je me masse doucement les pieds pour que le sang s'active un peu plus rapidement. " Non ma péniche est toujours au même endroit, tout va bien. J'ai juste paumé mes clés. " Je hausse les épaules comme si tout est normal. " Et forcément, aucun serrurier de disponible le vendredi soir. Mon assurance m'a même dit que ça ne servait à rien que j'espère en trouver un avant lundi. " Trois nuits à la rue, voilà ce qui m'attend. " Ah et oui, évidemment, j'ai pas mon porte feuille non plus donc l'hôtel c'est pas envisageable. Et mon portable est HS. Bref, une bonne soirée. " Bon d'accord je noircis le tableau, avant tout ça, j'ai quand même passé une bonne soirée. Je ne sors pas mes poubelles en escarpins tout de même. " Ah si y'a un truc aussi ! J'ai gagné des places pour le parc Disney. Une tombola. Même si j'ai organisé la soirée, je ne comprends toujours pas comment un lot pareil a pu sortir durant un vernissage. Ils sont bizarres les donateurs. " Et moi je me retrouve avec ce pass de trois jours. Avec ce type qui m'a dit que je pourrais en faire profiter mes enfants. Il m'a pas bien regardé lui. Des gosses, manquerait plus que ça. " T'y as déjà été ? " J'étends mes jambes sur elle et attrape un verre que je lui tends pour qu'elle le remplisse. Peu importe ce qui atterrira dans le récipient, il finira en quelques secondes dans mon estomac. C'est que j'ai soif d'avoir traversé la moitié de New York à pieds.

J’ai pas envie qu’elle parte, elle est venue jusqu’ici, m’a empêché de faire n’importe quoi avec une fille que je connaissais même pas, maintenant, elle doit rester, c’est ma mission. Je lui fais les yeux doux, j’essaie de l’amadouer. Heureusement elle accepte et je lui propose de s’installer, et même quelque chose à boire. Je la rassure, il n’y a personne ce soir, et ça m’arrange bien. J’aurai pas voulu expliquer à tous mes colocs qui est Eden pour moi. C’est déjà bien assez compliqué dans ma tête, ne me demandez pas d’écouter mon coeur en plus de tout ça. Je la laisse s’installer et ramène de quoi boire, pour nous deux. J’opte pour une bouteille de vin blanc doux, sucré comme elle les aimait à l’époque, je sais pas si c’est toujours le cas, mais je pense toujours à elle quand j’en bois. Je la retrouve dans le salon avec la bouteille et les deux verres à pied. Je m’installe et lui demande ce qui lui est arrivé, pendant que je nous sers et lui tends son verre. « Non ma péniche est toujours au même endroit, tout va bien. J'ai juste paumé mes clés » Je lève les yeux au ciel et souris devant sa maladresse. En général, c’est plutôt moi qui fait ce genre de conneries. « Et forcément, aucun serrurier de disponible le vendredi soir. Mon assurance m'a même dit que ça ne servait à rien que j'espère en trouver un avant lundi. » « Les salopards ! » Enfin, ça m’arrange bien je dois dire, parce que le fait qu’elle vienne chez moi après une galère, ça prouve quand même que je suis pas n’importe qui, alors qu’on vient tout juste de se retrouver. « Ah et oui, évidemment, j'ai pas mon porte feuille non plus donc l'hôtel c'est pas envisageable. Et mon portable est HS. Bref, une bonne soirée. » Je hausse un peu les épaules en regardant mon verre, et en souriant légèrement. « Je vais pas m’en plaindre… » lui dis-je à demi-mot. Parce que oui, je suis heureuse qu’elle soit là ce soir, et je ne saura pas comment le dire autrement. « Ah si y'a un truc aussi ! J'ai gagné des places pour le parc Disney. Une tombola. Même si j'ai organisé la soirée, je ne comprends toujours pas comment un lot pareil a pu sortir durant un vernissage. Ils sont bizarres les donateurs. » Je relève les yeux vers elle, pétillants de malice et d’envie. « Disney sérieux ? » J’ai toujours rêvé d’y mettre les pieds, mais jamais eu l’occasion, jamais trouvé des gens qui auraient été susceptibles de m’y accompagner, et seule c’est quand même vachement moins drôle. « T'y as déjà été ? » Je secoue vivement la tête alors que la blonde me tend son verre que je m’empresse de remplir du liquide doré. « Non, jamais, jamais eu l’occasion, mais c’est pas l’envie qui manque. » Je repose la bouteille sur la table et mine de rien lui demande. « Tu comptes y aller avec qui ? » C’est pas si innocent, et puis ça doit bien se voir sur mon visage. Ses jambes étendues sur moi, je me penche pour déposer mon verre sur la table basse et dépose mes mains sur ses mollets pour commencer à les masser doucement. Elle a beaucoup marché, et avec ses talons, elle doit être épuisée. « Tu voudras que je te fasse couler un bain ? On a une baignoire d’angle immense, ça pourrait pas te faire de mal après tout ce que t’as traversé ce soir. » L’espace d’un instant, je m’imagine prendre un bain avec elle, et clairement, je dois me raviser rapidement avant de piquer un fard et avoir carrément super chaud. Faut que j’arrête, que je bloque mon esprit avant de faire des catastrophes.