Bosser pour le label Darville, être étudiante, et enfin, être mannequin, ça demande du temps. Si on y ajoute en plus une activité imprévue –être la « petite amie » de Novak Darville- je me sentais faiblir de jour en jour. J’étais de plus en plus fatiguée et ça se voyait dans le miroir. Mes cheveux roux étaient en désordre et je peinais à décoller mes yeux. Fort heureusement, je ne travaillais pas aujourd’hui. Aucune de mes trois activités. Une journée de repos dans mon emploi du temps de ministre. Je devais toujours m’occuper de Novak à distance, le garder à l’œil. Je ne voulais pas qu’il me ridiculise devant tout le monde. Après tout, je ne le connaissais pas ce mec. Je me tenais au rebord du lavabo avant d’ouvrir l’armoire à pharmacie et de sortir mon flacon de pilules. J’en avalais deux avant de sortir de la salle de bains pour rejoindre le salon. Mercy était partie comme une tornade, tôt et je devais m’occuper des corvées. Je lis le mot qu’elle m’avait laissé en fronçant les sourcils. Aller chercher ses vêtements à la blanchesserie. Oh mais fuck. J’ai pas que ça à foutre. Jurant dans ma barbe, j’attrape ses clés de voiture et un manteau avant de sortir de chez moi.

Nous allions toujours à la même. Celle des Daley. J’aimais bien le gamin qui la tenait. Enfin le gamin, il me semble qu’Alwin est plus vieux que moi. Mais il avait une tête de bébé un peu candide. J’essayais de vaincre un peu ma timidité en lui faisant la conversation. Surtout quand on savait que j’appréciais particulièrement l’ainé de la famille. Un peu l’oisillon tombé du nid le Flynn mais ce n’était pas trop grave encore. Tandis que je pianotai derrière mon volant, je voulais dans la boite à gants pour essayer de trouver le ticket de pressing. Mercy comme moi étions deux maladroites. Plus un énorme chien –Jack- nous étions constamment pleines de tâches. Sauf qu’étant « compagne » de Novak, je me devais d’être impeccable. Pas de tâches, toujours bien coiffée et bien maquillée. Moi qui me contentais que du strict minimum, il en fallait pour convaincre le chef de famille des Darville que le fiston était désormais stable. Ça me faisait rire quand on savait qu’il était en réalité avec une mourante.

Trouvant une place facilement, je me gare juste devant pour descendre. Il faudrait que je dise à ma sœur de prendre une voiture moins tape à l’œil la prochaine fois. Ou alors que je songe à m’en acheter une un jour. Mais mon traitement me prenait tout mon argent. Je passais une main sur mon visage fatiguée avant d’entrer dans le petit commerce. Je m’accoude contre le comptoir en consultant mes textos. Je fronce un peu les sourcils en voyant un énième message de Novak. Pour me rappeler un truc. Je n’ai pas le temps pour ces conneries. Je relève la tête tandis qu’une silhouette s’approche. J’esquisse alors un sourire cherchant mes mots en anglais. Foutue langue de Shakespeare. « Bonjour Alwin, ça va ? » Je passe une de mes mèches derrière de mes cheveux avant de le regarder. « Je crois que t’as quelque chose pour moi, nan ? Tiens, le… » Je marque une pause. Confuse. J’avais oublié comment on prononçait ticket en anglais. Fatigue de merde.