La marche des fiertés. Qui de mieux placé qu’Elian pour y participer ? Le métis avait fait son coming out jeune, il n’avait eu aucun problème à être fier de ce qu’il était. Le jeune homme avait la chance d’avoir une mère tolérante et un père inexistant. Donc si ce dernier était homophobe, le ténébreux n’en savait foutrement rien et ça ne l’intéressait pas de savoir ce que ce dernier pensait de l’homosexualité. Il n’avait pas besoin de l’approbation de ce connard qui avait assez d’enfant pour faire une équipe de foot, remplaçants et manager compris. Alors ouais, comme tous les ans, Elian était présent à la Gay Pride de New York. Vêtu d’un jean rose et d’un t-shirt blanc, il portait bien les couleurs claires, ça le mettait en valeur. Il avait laissé une fille rigolote lui peindre les couleurs du drapeau LGBT sur les joues. Les couleurs, c’était un peu la priorité de la journée.

Le métis agitait donc son drapeau, derrière les barrières. Matant les mecs sexy qui défilaient torses nus… il aurait bien laissé son numéro à certains d’entre eux… ou à tous… Les abdos saillants et les petits shorts moulants, ça ne le laissait pas de marbre. L’ambiance était festive et clairement, la plupart des gens présents finiraient dans des bars ou des nightclubs qui se trouvaient aux alentours. Sans surprise, Elian serait de la partie. Mais pour le moment, il profitait de cette journée. Il avait de la chance d’être né à New York. C’était facile de s’assumer ici… Ce n’était pas le cas en Afrique, au Moyen-Orient ou alors… en Tchétchénie par exemple. Peut-être que l’élection de Trump n’était pas quelque chose de très jouasse pour les US, mais on n’était pas encore au génocide des personnes LGBT… à moins qu’une bombe nucléaire tombe d’un coup en plein Central Park.

Que faisait-elle là ? Diana se tenait au beau milieu d'une foule mouvante, dansante, hurlante. Un mélange de couleurs qui s'agitaient sans arrêt. Une joie commune, également, éprouvée par tous les manifestants, fiers d'appartenir à la communauté LGBT. Que faisait-elle là ? Techniquement, elle avait tout à fait sa place au sein de la parade. Elle aimait les femmes, ne s'en était presque jamais caché, et l'assumait pleinement. Cependant, elle n'était pas du tout du genre à aller le crier haut et fort dans la rue. Elle n'était pas non plus du genre à aller faire la fête toute une journée dehors, en particulier si cela signifiait manquer une journée de travail. Elle entend encore la voix de Meredith, sa secrétaire : « Amusez-vous, Miss Hefner... Ne vous inquiétez pas le travail sera fait.... Non, l'entreprise ne pas pas mourir sans vous... Si vous ne quittez pas ce bureau, je démissionne. » Elle avait un sacré caractère, Meredith. Si elle ne l'aimait pas tant, elle lui aurait probablement reproché de lui parler ainsi, mais Mer' avait une place spéciale dans le cœur de la blonde. Elle était sa confidente, en quelques sortes. Et puis elle était très douée dans son travail.

Ainsi, Diana se retrouvait donc dans une situation qui lui déplaisait fortement, la faisant se sentir comme un poisson hors de l'eau. Parmi cette incroyable masse compacte de gens se mouvant dans tous les sens, Diana ne reconnaissait personne, aucun visage ne lui était familier. Elle n'y avait pas sa place. Elle avait beau tenir un petit drapeau arc-en-ciel, on la prenait davantage pour une straight ally qu'une lesbienne assumée. Son malaise devenant presque insoutenable, elle préféra se diriger vers un stand pour commander quelque chose à boire. Elle avait besoin de se rafraîchir les idées...

Callie avait préparé la gay pride comme d’autres préparent un mariage. En y mettant autant de cœur à l’ouvrage, si ce n’est plus. Chaque année, elle avait l’impression que c’était toute la communauté qui célébrait un évènement important. Et pour cause, on célébrait l’avancée des droits humains tout en militant pour en gagner de nouveaux. Grande habituée de cet évènement qu’elle défend depuis des années, elle prévoit pourtant un changement conséquent dans sa manière de le vivre. Cette année, elle ne passera pas la pride perchée à un stand au milieu de son association lgbt, mais bien par terre au milieu de la foule. Vêtue de son plus beau chemisier couleur arc-en-ciel et d’un pantalon noir, elle n’oublie pas de se saisir de ses tracts ni de remplir son sac de confettis.

La voilà ainsi qui zigzague entre les gens, fendant la foule de joyeux fêtards, afin de jeter des confettis en masse et distribuer ses tracts. Beaucoup laissent voir qu'ils n'en ont rien à faire, alors que d’autres sont ouverts à la discussion. Mais bien vite, elle est contrainte d’arrêter son manège. Les talons étaient peut-être sympathiques les années où elle ne bougeait pas de son stand, mais à présent qu’il lui faut courir dans tous les sens, elle regrette de ne pas avoir tout de suite enfilé ses baskets. Se mettant quelque peu en retrait, elle ne tarde pas à se déchausser afin d’apprécier la fraicheur de l’herbe de Central Park entre ses orteils, celle-là même qui vient lui chatouiller la plante des pieds. Elle range un instant ses tracts afin de sortir une paire de basket et des chaussettes de son sac. A vrai dire, elle aurait également mieux fait de ne pas trop se charger.