Comment ils se sont retrouvés dans les rues de New York à quatre heures du matin la nuit de la Saint Valentin, Lexie serait bien incapable de le dire. Les shots d’alcool dans des verres qui n’étaient pas fait pour, ayant eu raison de son pseudo régime et boycott de ces industries désastreuses pour la gastronomie, l'économie des petits commerces et globalement pour la planète, c'est pour cela que Lexie cherche désespérément le plus proche fastfood pour assouvir sa faim à faire pâlir un vampire. Et surtout que fait-elle à déambuler sur les rues froides de Manhattan en compagnie de Vitaly Romanov, elle le sait encore moins. Certes, sa présence ne la laisse pas indifférente, et les regards échangés dans la chaleur du dance club l’ont fait fondre à plusieurs reprises. D’ailleurs, la conversation s’est vite transformée en contact plus qu’osé sur la piste de danse, leurs corps se rapprochant dangereusement et très sensuellement au rythme de la musique, du dernier tube de Rihanna ou sur un bon morceau d'electro-swing. Lorsque ses doigts ont effleurés son dos nus, c’était comme si tout le duvet de sa peau se hérissait, comme si chaque doigt qui la touchait embrasaient les courbes de son dos. Déjà à ce moment, elle ne répondait plus vraiment de rien, l’alcool ayant commencé à la rendre malléable et plus ouverte, plus encline à une conversation à demi-mots et une communication plus suggestive. Jetant à la poubelle ses réticences, ses doutes quant à la dangerosité de ce rapproché, Lexie ne pensait plus vraiment avec sa tête. Leurs différences plus qu’évidentes et toutes les alarmes qui s’étaient déclenchées dans son esprit durant leur blind-date, s'éteignirent en même temps qu'elle sentit son souffle contre son cou. Et puis il y avait eu sa voix grave, et ce distinct accent exotique, à chaque r roulé c’était comme un papillon qui s’envolait dans son bas-ventre. Maudits hormones ! Et puis c'était pas comme s'il la demandait en mariage, elle pouvait se laisser aller à une nuit de plaisir, non, tentait-elle de se convaincre, le petit diablotin en elle éveillé et tout excité à l'idée d'une nuit aux côtés du séduisant Russe.

Ils sont bien là, Vitaly et Lexie à marcher côte à côté, pas tout à fait droit, les yeux un peu vitreux et le sourire béat sur le visage, du moins pour la jeune femme bien plus ivre qu'elle ne le devrait. Elle a même oublié son blouson dans les vestiaires, et frissonne parce qu’on est toujours en février, que c’est le milieu de la nuit et que ses vêtements ne laissent pas grand chose à l’imagination. Ses cheveux sont un peu emmêlés d’avoir tant dansés et lui collent aussi à la peau. Elle en vient à se demander à quoi elle ressemble, mais bloque ces pensées, pas d’insécurité ce soir... Not with such a handsome man by your side, son esprit arrosé ne peut s’empêcher d’ajouter. « That was a great night. I should go to these events more often. Not the lovey dovey one tho ! » Lexie effectue un petit pas de danse tandis qu'une jaculation enjouée s'échappe de ses lèvres, les bras levés vers les cieux alors qu’elle tourne sur elle-même. « I’m feeling so exhilarated right now. Like I could take on the world and nothing would stop me » L’effet de l’alcool est bel et bien présent, dans sa voix plus rauque, dans les mots qui ne sortent pas tout à fait comme il faut, et dans cette joie de vivre dix fois plus puissante qui illumine son visage, fait pétiller ses yeux et sautiller son corps élancé. Ils ont bu juste assez pour ne pas qu’elle ressente le mal de ventre et les nausées, juste ce qu'il faut pour qu’elle sente le vent sur sa peau, qu’elle entende le klaxon des voitures qui filent et défilent à toute allure sur les grandes routes de sa ville adorée et pour que chaque lumière soit décuplée sous son regard. Tout est plus fort, tout est plus beau. Même si c’est sans doute très faux. Comme leur échange peut-être. Pourquoi l’alcool leur permet de s’ouvrir là où un repas en tête à tête n’a fait que les éloigner ? « How was your night ? Hope the company wasn’t too bad. » Son rire se répand dans la rue plus calme mais jamais silencieuse de cette city qui ne semble jamais dormir. Et elle le pousse doucement de son épaule dénudée, pour le taquiner et peut-être juste pour chercher le contact de son corps qu'il faudrait être aveugle pour ne pas admirer. Et cette nuit, Lexie n'a jamais vu aussi clair.